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Entièrement désarmée, Sainte-Hélène est retombée dans la situation où elle se trouvait en juin 1659. A cette époque, la Compagnie anglaise des Indes Orientales, qui ne possédait dans les mers australes aucun point de relâche pour ses navires, en prit possession. Sur son ordre, le capitaine John Dutton y érigea une forteresse et le souvenir de cet événement mémorable a été conservé par une inscription, qui se lit aujourd'hui encore sur la muraille du château de Jamestown: Capt Iohn Dutton governor of this isle first erected this fortification for the English East India Compy Iune ye an: dom. 1659. Opera testantur de me.

La mainmise par l'Angleterre sur cette île, petite comme superficie, mais de possession enviable sous les rapports stratégique et économique, ne laissa pas que d'exciter la jalousie des deux autres puissances maritimes, la France et les ProvincesUnies des Pays-Bas. Colbert s'arrêta un instant à l'idée de la conquérir, mais ce ne fut de sa part qu'une velléité. La Compagnie hollandaise des Indes-Orientales alla beaucoup plus loin. Le 11 janvier 1673, une escadrille de quatre navires, sous les ordres du commandant Jacob de Geus, s'en empara. Mais cette occupation fut éphémère, et, le 15 mai de la même année, une escadre anglaise de six navires, commandée par Richard Munden, la reconquérait. Rentrée en possession de l'île, la Compagnie anglaise des Indes-Orientales fortifia les rares points du rivage qui sont accessibles, Chappel Valley où s'éleve Jamestown, Rupert Valley au nord-est, et, Appel Valley au sud-ouest'.

Puis, pendant près de cent cinquante ans, Sainte-Hélène fournit régulièrement aux navires qui revenaient des Indes de l'eau fraiche, des légumes, et surtout des oranges et des citrons, remèdes contre le scorbut.

La monotonie de cette histoire ne fut troublée que par un seul événement : l'internement de Napoléon en 1815, qui eut pour conséquence le renforcement de la garnison, portée à plus de 2700 hommes, et le stationnement permanent de plusieurs navires de guerre.

Mais deux faits allaient au XIXe siècle porter un coup irrémédiable à la valeur économique et stratégique de Sainte-Hélène : l'application de la vapeur à la marine, qui permet aux navires d'accomplir leurs traversées, sans faire d'escale, l'ouverture du canal de Suez, qui a restauré la route antique et médiévale entre l'Inde et l'Europe par la mer Rouge.

Ayant décidé, il y a quelques mois, d'opérer une distribution nouvelle des forces britanniques, M. Haldane, le secrétaire d'État à la Guerre, jugea que les quatre cents hommes cantonnés à Sainte-Hélène seraient plus efficacement employés dans une autre colonie.

La nouvelle de la suppression de la garnison suscita une vive émotion dans la population civile de Sainte-Hélène, qui tirait la plus grosse part de son revenu de la fourniture de vivres aux soldats. Un comité de protestation se constitua, une délégation fut envoyée à Londres, au ministère de la Guerre; mais en vain.

Le 29 octobre, les habitants de Sainte-Hélène ont vu avec résignation s'éloigner

1. Nous avons exposé ces événements en détail dans La prise de possession de Sainte-Hélène

les jaquettes rouges de S. M. Édouard VII, successeurs des soldats commandés par le capitaine John Dutton, au temps de Cromwell, successeurs encore des vétérans, qui sous Wellington avaient combattu dans la Peninsular War, et peut-être à Waterloo. Ils subissent les conséquences de ce fait que l'océan Atlantique austral est dépossédé du rôle de grande route du globe, qu'il jouait depuis la fin du xve siècle. HENRI DEHÉRAIN.

Un nouveau volume de la « Collection des ouvrages anciens concernant Madagascar ». MM. Alfred et Guillaume Grandidier, poursuivant avec persévérance la lourde tâche que leur a naguère confiée le Comité de Madagascar, ont publié en 1905 un nouveau volume de la Collection des Ouvrages anciens concernant Madagascar'. C'est, comme les tomes précédents, un recueil de textes très intéressant pour l'histoire de la géographie de notre grande colonie de l'océan Indien; mais ce troisième volume se distingue des deux premiers en ce qu'il ne contient aucun document français, et se borne à fournir (en traduction française) des ouvrages ou extraits d'ouvrages anglais, hollandais, portugais, espagnols et allemands. Les textes originaux (imprimés ou inédits) rédigés en notre langue seront publiés plus tard dans une série de volumes dont la mise au jour suivra immédiatement celle des volumes réservés aux documents étrangers.

Pas n'est besoin de justifier cette décision, dont l'histoire de la grande île montre le bien fondé. Les Français ne sont-ils pas, en effet, depuis 1642, les protagonistes de l'histoire de Madagascar? et leurs efforts pour s'établir définitivement sur les côtes méridionales et orientales, pour en exploiter les richesses, je ne veux pas dire pour coloniser le pays, n'ont-ils pas été beaucoup plus continus et plus répétés que ceux des autres peuples? C'est pourquoi nombre de documents d'origine française, parfois d'un grand intérêt, relatent les faits et gestes de nos marins, de nos marchands et de nos colons, et ne peuvent que gagner à être étroitement rapprochés les uns des autres. Est-ce à dire que jamais dans le troisième volume des Ouvrages anciens, il n'est question des entreprises françaises? Nullement. Il est possible, au contraire, d'y rencontrer différents textes étrangers qui complètent ou corroborent heureusement des documents français dont la publication aura lieu ultérieurement; mais ce qu'on y trouve surtout, ce sont des extraits relatifs aux faits et gestes des Anglais, des Hollandais et des Portugais, soit à Madagascar même, soit dans les terres avoisinantes.

Entre 1640 et 1716, telles sont les dates extrêmes auxquelles se rapportent les textes publiés dans ce volume, les marins et les négociants de ces différentes nations n'ont pas fait œuvre importante à Madagascar même. Sans doute les Anglais, qui avaient déjà commencé, dans les années immédiatement antérieures à 1640, à envisager l'opportunité d'établissements sur la côte sud-occidentale de

1. Collection des Ouvrages anciens concernant Madagascar, t. III. Ouvrages ou extraits d'ouvrages anglais, hollandais, portugais, espagnols et allemands relatifs à Madagascar (1640 à 1716), par MM. Alfred Grandidier et Guillaume Grandidier. Paris, Comité de Madagascar, 1905, in-8 de 719 p.. cartes et gravures. Cf., sur les volumes précédents, La Géographie, t. VIII, 2, 15 août 1903, p. 96-97 et t. XI, 3, 15 mars 1905, p. 230-232.

l'île de Saint-Laurent, ont continué de s'en préoccuper, en dépit des événements intérieurs qui paralysaient alors leur expansion maritime et coloniale; ils ont même, en 1644-1645, essayé de fonder une colonie sur les bords de la baie de SaintAugustin 2. Mais, abstraction faite de cette tentative (qui échoua lamentablement), il est impossible de leur attribuer, à eux aussi bien qu'aux Portugais et aux Hollandais, jusqu'en 1716, le moindre essai d'établissement à Madagascar. Les peuples maritimes de l'Europe occidentale semblent y laisser le champ libre aux Français; pour eux, ils se contentent, soit de relâcher simplement sur le littoral de l'île de Saint-Laurent, soit d'y aller chercher des esclaves qu'ils transportent ensuite parfois jusqu'en Amérique. Ceux d'entre eux qui veulent fonder des établissements dans cette partie de l'océan Indien le font de préférence dans certaines petites îles avoisinantes, l'ile Maurice en particulier, que les Hollandais ont occupée à plusieurs reprises différentes; de Madagascar même, ils se sont tellement désintéressés qu'ils ont laissé, après l'abandon de Fort-Dauphin par les Français, les pirates s'y établir à leur guise, et en faire, comme naguère les flibustiers de Saint-Domingue dans les Antilles, leur quartier général et la base de leurs opérations.

Ce n'est pas ici le lieu de raconter les curieuses et dramatiques, et parfois aussi très amusantes aventures de ces pirates; bornons-nous à constater que MM. Alfred et Guillaume Grandidier ont commencé, dans la dernière partie du troisième volume de la Collection des Ouvrages anciens (p. 450-638), à grouper tous les textes relatifs à cette histoire qui, pour être moins connue que celle des flibustiers des Antilles, n'en présente pas moins un très réel intérêt. Les diligents éditeurs ont également réuni dans le tome III une foule de documents très intéressants pour l'histoire économique et aussi (car les deux choses sont souvent étroitement liées) pour l'histoire géographique de la grande île. Peu de lectures sont plus curieuses, à cet égard, que celle des descriptions et des rapports, parfois contradictoires, sur Madagascar, publiés dans ce troisième volume, mais toutefois le document de beaucoup le plus précieux, au point de vue de la connaissance des côtes, un document hors cadre en quelque sorte, est le « routier (roteiro) de l'île de Saint-Laurent, avec la description de ses côtes, ports, récifs et bancs de sable », rédigé par le P. jésuite Luis Mariano, d'après les observations recueillies et les levés exécutés en 1613-1614 par la Nossa Senhora da Esperança au cours de son voyage de circumnavigation autour de Madagascar.

Peut-être se rappelle-t-on que, en dépit de tous leurs efforts, MM. Alfred et Guillaume Grandidier s'étaient trouvés dans l'impossibilité d'insérer ce texte dans ce dossier inédit, relatif à l'évangélisation de la grande ile par les Jésuites portugais dans le premier quart du XVIIe siècle (1613-1620), par lequel s'ouvre le tome II de la Collection des Ouvrages anciens; les savants éditeurs ont pu enfin s'en procurer le texte original, et c'est sur ce texte qu'ils ont établi la traduction publiée dans les

1. V. dans le tome II de la Collection des Ouvrages anciens, les mémoires et documents insérés aux p. 442-463 et 511-514.

2. T. III, p. 484-187.

3. En 1676 et en 1679 (t. III, p. 381).

les jaquettes rouges de S. M. Édouard VII, successeurs des soldats commandés par le capitaine John Dutton, au temps de Cromwell, successeurs encore des vétérans, qui sous Wellington avaient combattu dans la Peninsular War, et peut-être à Waterloo. Ils subissent les conséquences de ce fait que l'océan Atlantique austral est dépossédé du rôle de grande route du globe, qu'il jouait depuis la fin du xve siècle. HENRI DEHÉRAIN,

Un nouveau volume de la « Collection des ouvrages anciens concernant Madagascar». MM. Alfred et Guillaume Grandidier, poursuivant avec persévérance la lourde tâche que leur a naguère confiée le Comité de Madagascar, ont publié en 1905 un nouveau volume de la Collection des Ouvrages anciens concernant Madagascar'. C'est, comme les tomes précédents, un recueil de textes très intéressant pour l'histoire de la géographie de notre grande colonie de l'océan Indien; mais ce troisième volume se distingue des deux premiers en ce qu'il ne contient aucun document français, et se borne à fournir (en traduction française) des ouvrages ou extraits d'ouvrages anglais, hollandais, portugais, espagnols et allemands. Les textes originaux (imprimés ou inédits) rédigés en notre langue seront publiés plus tard dans une série de volumes dont la mise au jour suivra immédiatement celle des volumes réservés aux documents étrangers.

Pas n'est besoin de justifier cette décision, dont l'histoire de la grande ile montre le bien fondé. Les Français ne sont-ils pas, en effet, depuis 1642, les protagonistes de l'histoire de Madagascar? et leurs efforts pour s'établir définitivement sur les côtes méridionales et orientales, pour en exploiter les richesses, je ne veux pas dire pour coloniser le pays, n'ont-ils pas été beaucoup plus continus et plus répétés que ceux des autres peuples? C'est pourquoi nombre de documents d'origine française, parfois d'un grand intérêt, relatent les faits et gestes de nos marins, de nos marchands et de nos colons, et ne peuvent que gagner à être étroitement rapprochés les uns des autres. Est-ce à dire que jamais dans le troisième volume des Ouvrages anciens, il n'est question des entreprises françaises? Nullement. Il est possible, au contraire, d'y rencontrer différents textes étrangers qui complètent ou corroborent heureusement des documents français dont la publication aura lieu ultérieurement; mais ce qu'on y trouve surtout, ce sont des extraits relatifs aux faits et gestes des Anglais, des Hollandais et des Portugais, soit à Madagascar même, soit dans les terres avoisinantes.

Entre 1640 et 1716, telles sont les dates extrêmes auxquelles se rapportent les textes publiés dans ce volume, les marins et les négociants de ces différentes nations n'ont pas fait œuvre importante à Madagascar même. Sans doute les Anglais, qui avaient déjà commencé, dans les années immédiatement antérieures à 1640, à envisager l'opportunité d'établissements sur la côte sud-occidentale de

1. Collection des Ouvrages anciens concernant Madagascar, t. III. Ouvrages ou extraits d'ouvrages anglais, hollandais, portugais, espagnols et allemands relatifs à Madagascar (1640 à 1716), par MM. Alfred Grandidier et Guillaume Grandidier. Paris, Comité de Madagascar, 1905, in-8 de 719 p.. cartes et gravures. Cf., sur les volumes précédents, La Géographie, t. VIII, 2, 15 août 1903, p. 96-97 et t. XI, 3, 13 mars 1905, p. 230-232.

l'ile de Saint-Laurent, ont continué de s'en préoccuper, en dépit des événements interieurs qui paralysaient alors leur expansion maritime et coloniale; ils ont même, en 1644-1645, essayé de fonder une colonie sur les bords de la baie de SaintAugustin. Mais, abstraction faite de cette tentative (qui échoua lamentablement), il est impossible de leur attribuer, a eux aussi bien qu'aux Portugais et aux Hollandais, -- jusqu'en 1716, le moindre essai d'établissement à Madagascar. Les peuples maritimes de l'Europe occidentale semblent y laisser le champ libre aux Français; pour eux, ils se contentent, soit de relâcher simplement sur le littoral de l'ile de Saint-Laurent, soit d'y aller chercher des esclaves qu'ils transportent ensuite parfois jusqu'en Amérique. Ceux d'entre eux qui veulent fonder des établissements. dans cette partie de l'océan Indien le font de préférence dans certaines petites îles avoisinantes, l'ile Maurice en particulier, que les Hollandais ont occupée à plusieurs reprises différentes; de Madagascar même, ils se sont tellement désintéressés qu'ils ont laissé, après l'abandon de Fort-Dauphin par les Français, les pirates s'y établir à leur guise, et en faire, comme naguère les flibustiers de Saint-Domingue dans les Antilles, leur quartier général et la base de leurs opérations.

Ce n'est pas ici le lieu de raconter les curieuses et dramatiques, et parfois aussi très amusantes aventures de ces pirates; bornons-nous à constater que MM. Alfred et Guillaume Grandidier ont commencé, dans la dernière partie du troisième volume de la Collection des Ouvrages anciens (p. 450-638), à grouper tous les textes relatifs à cette histoire qui, pour être moins connue que celle des flibustiers des Antilles, n'en présente pas moins un très réel intérêt. Les diligents éditeurs ont également réuni dans le tome III une foule de documents très intéressants pour l'histoire économique et aussi (car les deux choses sont souvent étroitement liées) pour l'histoire géographique de la grande ile. Peu de lectures sont plus curieuses, à cet égard, que celle des descriptions et des rapports, parfois contradictoires, sur Madagascar, publiés dans ce troisième volume, mais toutefois le document de beaucoup le plus précieux, au point de vue de la connaissance des côtes, un document hors cadre en quelque sorte, est le « routier (roteiro) de l'île de Saint-Laurent, avec la description de ses côtes, ports, récifs et bancs de sable », rédigé par le P. jésuite Luis Mariano, d'après les observations recueillies et les levés exécutés en 1613-1614 par la Nossa Senhora da Esperança au cours de son voyage de circumnavigation autour de Madagascar.

Peut être se rappelle-t-on que, en dépit de tous leurs efforts, MM. Alfred et Guillaume Grandidier s'étaient trouvés dans l'impossibilité d'insérer ce texte dans ce dossier inédit, relatif à l'évangélisation de la grande ile par les Jésuites portugais dans le premier quart du xvn siècle (1613-1620), par lequel s'ouvre le tome II de la Collection des Ouvrages anciens 1; les savants éditeurs ont pu enfin s'en procurer le texte original, et c'est sur ce texte qu'ils ont établi la traduction publiée dans les

1. V. dans le tome 11 de la Collection des Ouvrages anciens, les memoires et documents inseres aux p. 412-463 et 511-514.

2. T. III. p. 185-187.

3. En 1676 et en 1679 (t. III, p. 381.

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