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Triangulation du littoral marocain. De nouvelles datées de Rabat le 11 octobre, il résulte que la mission scientifique dirigée par le commandant Dyé depuis 1903 aura achevé en moins de trois ans pour les provinces de l'Atlantique la triangulation du littoral marocain.

On sait, en effet, qu'en novembre et décembre 1905 un groupe de la mission, dirigé par MM. Larras et Traub, lieutenants de vaisseau, a pu mener à bonne fin les opérations de triangulation côtière dans les provinces des Doukkala et des Abda, entre les ports importants de Mazagan et de Safi.

Ce travail a été fait en utilisant surtout les signaux naturels qui existent assez souvent sur les sommets.

L'instrument employé était un grand théodolite à microscopes, permettant de lire la seconde d'arc. Aux deux extrémités, des observations à l'astrolabe, système Claude, ont permis de vérifier la longueur des bases mesurées.

Le calcul des triangles étant achevé, nous pouvons, dès maintenant, d'après le chef de mission, les coordonnées géographiques exactes de ce secteur de la côte marocaine.

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Les opérations géodésiques ont été facilitées par le gracieux concours de M. J. Bruda, agent consulaire de France à Mazagan et de M. J. André, négociant à Safi.

Le résultat de ces travaux témoigne du soin apporté par M. le commandant Dyé et ses collaborateurs techniques, MM. Larras, Traub et Poléguin, dans les importantes opérations scientifiques qu'ils ont entreprises sur la côte du Maroc grâce à la généreuse initiative de Mme Hériot.

De Tombouctou à Taodéni (Jonction des Sahariens et des Soudanais en mai 1906). — La compagnie de méharistes de Tombouctou, de formation toute récente, se mit en route, le 27 février 1906, pour une nomadisation de deux mois dans les pâturages de l'Azaouad, au nord du Niger. Elle y visita successivement les deux localités de Bou-Djebeha et d'Araouan.

Le 15 avril, alors qu'elle se préparait à redescendre vers le sud, elle reçut par expres, l'ordre de se porter immédiatement à 500 kilomètres plus au nord, dans la région de Taodéni, pour y opérer avec le colonel Laperrine venant du Touat, une nouvelle jonction à laquelle, disait la note, le Gouvernement de l'Afrique occidentale attachait un « intérêt majeur ». La date de la rencontre, fixée par les Algériens était le 10 mai.

Le capitaine Cauvin, commandant la compagnie, forma de suite un détachement de 50 hommes et de 80 chameaux et se porta sur Araouan pour y compléter dans la mesure du possible les approvisionnements en vivres et en peaux de bouc. Le 28 avril, la petite

troupe comprenant le capitaine Cauvin, le lieutenant Cortier, les sergents Ribbe, Dufour, Mille et 45 tirailleurs soudanais, se mit en route vers le nord.

Le 6 mai, après une étape pénible de 380 kilomètres sans eau, elle atteignit le puits de Ounâu et le 9 mai elle campait sous les murs de Taodéni.

Taodéni, jusqu'alors inexploré, est une petite ville de 150 à 200 habitants entourée de murs et sise au centre d'une immense dépression. Elle est célèbre par ses mines situées à 3 kilomètres au sud, où s'exploitent à air libre, trois épaisses couches de sel gemme stratifiées à 6 ou 7 mètres de profondeur au-dessous de la surface du sol.

Le détachement du capitaine Cauvin, demeura sept jours sous les murs de Taodéni dans l'attente du colonel Laperrine qui ne vint pas et dont aucune nouvelle ne fut reçue 1. Les vivres s'épuisaient le retour fut décidé.

Le 17 mai, les méharistes soudanais vinrent camper aux puits de Telik, à 30 kilomètres à l'est de Taodéni. Là le détachement se fractionna. Tandis que le capitaine Cauvin avec quelques hommes, revenait sur Araouan par la route suivie à l'aller, le lieutenant Cortier avec 37 hommes et 2 sous-officiers européens se portait dans l'est, vers le puits de Gattara pour revenir ensuite directement au sud sur Bou-Djebeha où le rendezvous de la compagnie était fixé pour les premiers jours de juin.

En atteignant Gattara, le 20 mai 1906, le détachement du lieutenant Cortier y rencontrait enfin le colonel Laperrine, les lieutenants Niéger, Muhel et Laumonier et leurs Chambâs. Ceux-ci, retardés par des difficultés de route et de guide, arrivaient par le sud et se hâtaient vers Taodéni.

Les deux groupes, Algériens et Soudanais, demeurèrent ensemble quarante-huit heures au puits de Gattara pendant ce temps la plus grande cordialité ne cessa de régner. Le 21 mai au soir, les Algériens repartirent vers les puits de El-Biar au nord, tandis que les Soudanais se portaient vers le sud sur le puits de Inichaïg ou Aneschaye. Ce dernier ne fut atteint que le 28 mai, après une étape extrêmement dure de 270 kilomètres au cours de laquelle, le guide s'étant perdu, l'eau manqua durant quarante-huit heures. Le 1er juin le détachement touchait au puits de Lem' raheti et le 3 juin regagnait Bou-Djebeha où il retrouvait le capitaine Cauvin arrivé la veille, et le dépôt de la compagnie.

Après un repos de quelques jours, les méharistes, au complet, repartaient vers Tombouctou qu'ils atteignaient enfin le 17 juin.

Durant ce raid 2000 kilomètres d'itinéraires presque partout nouveaux, avaient été parcourus et levés. Taodéni avait été reconnu et la jonction de l'Algérie et du Soudan opérée dans d'excellentes conditions.

Les résultats politiques étaient importants les Ouled-Djérir et Doui-Menia, qui viennent chaque année à Taodéni, parfois plus au sud encore, piller les grandes caravanes semestrielles des Berabiches soumis, annonçaient depuis des années que les Français n'atteindraient jamais Taodéni. Ils considéraient cette région comme un territoire neutre où tous les pillages étaient permis.

Or non seulement Taodéni était doublement visité par les blancs, mais encore était prouvée la possibilité d'y porter par le nord et par le sud, en un temps relativement court, des troupes suffisantes pour repousser n'importe quel rezzou.

Cette occupation de Taodéni a eu dans toutes les régions limitrophes du Niger, un retentissement considérable.

Région du Tchad. L'année 1905 a permis de compléter les connaissances géographiques que nous avions sur le cercle du Kanem et sa zone d'influence. La formation d'un peloton de méharistes, sous les ordres du capitaine Mangin, a rendu possible de très importantes reconnaissances à travers l'Egueï et le Toro. Le capitaine s'est avancé jusqu'à

1. Voir La Géographie d'octobre 1906, p. 241, le raid du colonel Laperrine.

Foukka, à l'entrée du Borkou recueillant des données positives sur cette partie du centre de l'Afrique que seul Nachtigal avait visitée.

A l'ouest, le Tchad a été parcouru dans sa partie nord par le lieutenant Freydenberg. Dans la lettre du 26 avril qu'il nous adressait de Fort-Lamy, le colonel Gouraud insistait sur les travaux de cet officier d'élite, licencié ès sciences. En fait, les itinéraires et les renseignements que nous a soumis M. Freydenberg complètent nos connaissances sur le Tchad. Par le lieutenant Lacouin, les lieutenants de vaisseau d'Huart et Audoin, le capitaine d'Adhémar nous étions documentés sur la partie sud; par les levés et les observations du capitaine Tilho comme par les itinéraires du capitaine Hardellet la côte est a été décrite. Le nord-ouest est maintenant relevé. A ces travaux s'ajoutent de nombreux itinéraires dans l'est et le nord-est du Baguirmi, jusque dans l'Ouadaï. En même temps que ses propres itinéraires M. Freydenberg a rapporté ceux du capitaine Mangin dans l'Egueï, plus une collection de fossiles et d'échantillons recueillis dans cette région et qui sont actuellement soumis à M. de Lapparent.

Le retour de M. Gentil. Le commissaire général du gouvernement au Congo français et dépendances est arrivé à Bordeaux le 12 octobre. Au cours de son dernier séjour en Afrique il a assuré le fonctionnement normal de l'organisation nouvelle suivant les décisions ministérielles. Pour se rendre compte de la tâche accomplie il conviendrait de lire ses instructions du 25 mai au commissaire spécial près les sociétés concessionnaires, du 31 mai au secrétaire général et aux lieutenants-gouverneurs du Gabon, du Moyen-Congo et de l'Oubangui-Chari-Tchad et aux trésoriers payeur et particuliers, du 9 juin à ses lieutenants-gouverneurs sur la politique générale. Il n'entre pas dans le cadre de nos travaux d'entreprendre ici cet examen; mais nous aurons fréquemment, à propos de délimitation, de création de voies ferrées, d'amélioration de voies fluviales, etc., à nous occuper du programme économique dont M. Gentil compte poursuivre l'exécution. Rentré en France pour y soutenir son projet d'emprunt de 75 millions, adopté en principe par le gouvernement et qui sera soumis au vote du parlement, il espère doter d'un outillage moderne, adapté aux nécessités du pays, ce Congo français dont la prospérité s'est constamment accrue sous son administration, mais dont la mise en valeur et l'essor définitif dépendent des moyens qui seront mis à sa disposition.

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Mission de délimitation Congo-Kameroun. Deux lettres fort intéressantes du commandant Moll sont parvenues à M. Le Myre de Vilers, l'une de Ouantounou le 20 juin, l'autre de Léré le 26 août.

La première annonce que la mission est arrivée sur le Logone où elle allait embarquer ses convois sur les baleinières que Laï devait lui envoyer. M. l'enseigne de vaisseau Dardignac faisait à ce moment la longitude d'un point voisin de l'intersection du parallèle 8° 30′ avec le 15° est de Greenwich. M. Brussaux devait être à Léré ou à Lamé, puis en revenir au-devant du commandant avec des moyens de transport terrestres. Un autre détachement sous les ordres du lieutenant Mailles et fort seulement de 6 tirailleurs (la mission ne possède en tout que 27 tirailleurs d'escorte) a réussi à passer malgré l'hostilité des indigènes. Les convois ont eu beaucoup de peine à se frayer la route au milieu de ces populations sauvages. Le pays est très accidenté, couvert de rochers où se réfugient les habitants. C'est d'un aspect très pittoresque. Les porteurs recrutés dans le sud, ne voulant pas pénétrer dans ce pays difficile ont abandonné les charges en pleine brousse, ce qui occasionna des retards. « Mais, observe le commandant Moll, comme les difficultés sont faites pour être vaincues, nous venons petit à petit à bout de celles-ci, qui deviennent même un excitant. Il faut avoir à triompher de quelque chose. Nous avons

fait je crois de bonne besogne nous avons reconnu les sources de la Mamberé, de la Nana et de ses affluents, de la Kadeï, de l'Ouahme, du Logone oriental, du Lim, de la Mambéré, affluent du Logone occidental, du Lom, etc., et tout un massif montagneux excessivement curieux. Nous connaissons le cours du haut Logone jusqu'à 100 kilomètres de la frontière, de même celui de la Mambéré; nous avons pénétré le mystère du mont Dé. << Pour le moment nous faisons de la véritable exploration. Je compte que dans le courant de juillet tous nos bagages seront à Laï et que M. Mailles, qui aura descendu le Logone, gagnera l'intersection du 10o parallèle et du Chari, tandis que M. Dardignac et moi, nous opérerons vers Léré et Bipâré. »

Cette lettre contient une énumération de découvertes tout à fait importantes et qui nous fixeront sur le relief et l'hydrographie d'une des régions les plus caractéristiques de l'Afrique tropicale.

Heureusement les bruits alarmants qu'on avait fait courir sur le sort du commandant Moll et de ses collaborateurs n'étaient nullement fondés. La lettre que notre président, a reçue récemment du chef de la mission Congo-Kameroun nous rassure, dès le début, sur ce point.

«Tout d'abord nous sommes en bonne santé. Nos relations avec la mission allemande sont aussi parfaites que possible et nos travaux menés de concert dans un excellent esprit d'entente, avancent très vite.

<< La mission allemande est concentrée, non loin de nous, à Bipâré.... Nous rapporterons, je pense, un travail des plus complets.

«Tout d'abord une carte fort complète de régions qui étaient jusqu'ici inexplorées. Nos levés se sont écartés quelquefois jusqu'à 200 kilomètres de la frontière. Cette carte comprendra toute la région de la Sangha, une bande de 100 kilomètres de large le long de la frontière entre Koundé et le Logone, tout le territoire compris entre le Logone et la frontière allemande du 7e au 10o parallèle, c'est-à-dire tout le pays Laka encore inconnu, pays d'ailleurs merveilleux par la densité de la population, la richesse de ses pâturages et de ses cultures.

« Une partie de la mission a descendu le Logone de la frontière allemande à Laï. Nos convois ont été transportés en baleinière et en pirogues. Un levé hydrographique du fleuve a été fait.

<«< Nous avons des études ethniques sur les Bôyas, les Lakas, les Moundangs, très complètes, d'autres sur le caoutchouc et le coton.

« L'Association cotonnière coloniale m'avait remis des graines. Je les ai fait distribuer sur place à des chefs de poste, agents de factoreries, chefs indigènes. Nous avons constaté les premiers résultats obtenus avant de quitter la Sangha; ils étaient bons. J'avais envoyé d'avance des graines dans ce pays où nous sommes maintenant. Le coton y est de fort belle venue. Ces pays, plus que le Sénégal et le Soudan, sont aptes à la culture du cotonnier.

« Nous avons récolté une ample moisson de documents géologiques et autres et plus de 1500 photographies.

<«< Nos itinéraires comprendront plus de 15 000 kilomètres qui s'appuieront sur plus de cent points astronomiques.

<< Nous espérons terminer au Tchad en décembre ou janvier et prendre alors le chemin du retour par la Bénoué et le Niger.

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Le commandant Moll qui a déjà étudié au mois de juillet le Toubouri et y a fait «< des découvertes fort intéressantes >> compte poursuivre ces recherches et les compléter dans les mois suivants ainsi qu'au retour.

Il espérait au 26 août dernier quitter Yola à la fin de janvier 1907 et rentrer en France

Le chemin de fer du Cap au Caire. Il y a deux mois environ, M. L. Vossion, consul général de France au cap de Bonne-Espérance nous adressait de Capetown, par l'obligeante entremise du ministre des Affaires étrangères, l'étude que nous publions cidessous.

Le Cap, 5 septembre 1906.

« Les progrès du chemin de fer du Cap au Caire ne cessent de s'affirmer. Le pont sur la Kéfué, affluent de gauche du Zambèze, sur lequel passe le chemin de fer, est un des plus beaux triomphes de l'art de l'ingénieur en Afrique du sud tout en fer, quatorze cents pieds de long, et reposant sur des séries de colonnes en ciment. Si l'on pense que sa construction, à douze cents milles de la côte et dans une sorte de désert, n'a demandé que six mois, on reste frappé d'admiration pour tant d'énergie. Le pays, d'ailleurs, est sain, il n'y a que quelques fièvres, comme en tout pays où l'on remue des terres vierges. Le plateau au nord de la Kéfué, où le chemin de fer a pénétré, est à environ 4 000 pieds au-dessus du niveau de la mer; l'air y est vif, et en ce moment, en août, il y fait même froid; d'après les rapports des ingénieurs de la voie, il y a un pouce de glace sur les étangs. La terre y est fertile, le bétail y prospère, et la main-d'œuvre y abonde. Les richesses agricoles du pays ne seront mises en complet développement que plus tard; pour le moment, les entreprises minières sont la grande affaire. Le fermier suivra le mineur, quand celui-ci aura créé des centres de population et de marchés.

<< Actuellement, la ligne est complétée, non seulement du Cap aux chutes de Victoria, mais à près de 300 milles au nord du Zambèze. Le terminus est dans le district de Broken Hill, et les plans pour le tronçon suivant, dans la direction de B'wana M'kuba sont énergiquement poursuivis par Sir Charles Metcalfe et les entrepreneurs, MM. Pauling et Cie. Il y a dans le district de Broken Hill un grand nombre de kopjes (collines) contenant du minerai de zinc et de plomb dont, au dire des ingénieurs, il y a 750 000 tonnes en vue, en calculant jusqu'à une profondeur de 30 pieds. On travaille déjà à ces mines, et des envois de minerai ont été faits à Swansea, par le port de Beira. Les trois principales compagnies minières du district sont la Rhodesia Copper Company, la Northern Copper Company et enfin la Broken Hill Development Company.

« Quant à B'wana M'kuba, à 100 milles environ au nord de Broken Hill, il s'y trouve des mines de cuivre très riches. Ces mines, comme celles de Broken Hill et les locomotives du chemin de fer, emploient les charbons de la mine de Wankie, au sud du Zambèze, propriété de la Chartered.

<«< B'wana M'kuba, près de la ligne de séparation entre la Rhodésia du nord-ouest et l'État libre du Congo, est par 28° 30′ de Long. E. et par 13o de Lat. S. Ce sera, sous peu, le terminus de la ligne au Cap au Caire. En dehors des minerais de cuivre, il y a de nombreuses caves de malachite vert, donnant jusqu'à 35 p. 100 de cuivre. Il y aura là, plus tard, évidemment, une exploitation cuivrière d'une grande importance. On avance le rail à la vitesse moyenne d'un mille par jour, parfois beaucoup plus, allant jusqu'à trois milles. Il y a beaucoup d'eau et le climat est excellent pour les Européens.

« A 320 milles au nord-ouest de B’wana M’kuba, se trouve la mine de Kansanchi, et à 100 milles encore plus au nord, celle de Kamboni; or, Kamboni, qui doit être le terminus proposé, en ce district, du chemin de fer partant du port de Lobito Bay, Benguela, fait partie du district de Kalanga, dans l'État libre du Congo, à une distance d'à peu près 400 milles de la côte sud-ouest du lac. De Kamboni à Benguela, on compte 1 300 milles, moins loin, par conséquent que de Kamboni à Beira, que séparent 1 600 milles. Mais cette route, plus longue, a l'avantage d'avoir du charbon qui manquerait sur la route de Benguela.

« De même qu'au sud de l'Afrique, il y a conflit entre Lourenço-Marquez, Durban et

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