Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

sur les mesures d'ionisation. On a reporté au sixième livre, relatif aux théories les plus importantes, les développements qui figuraient autrefois dans le corps de l'ouvrage, sur l'influence du frottement sur la direction du vent dans les dépressions et sur la relation de la force du vent avec la grandeur du gradient barométrique. On sait, et le professeur Hann en donne des exemples numériques très saisissants, que, dans les bourrasques de nos régions, c'est la force centrifuge composée » due au mouvement de rotation de la terre, qui joue le rôle important dans la rotation des vents autour du centre du cyclone, et que la « force centrifuge proprement dite » n'atteint jamais que 10 à 15 p. 100 de la valeur totale de la force qui tend à éloigner du centre les molécules d'air. Dans les cyclones tropicaux, au contraire, la proportion est renversée et la force centrifuge proprement dite peut atteindre une valeur égale à 5 ou 6 fois celle de la force centrifuge composée due à la rotation terrestre. Cette remarque a été le point de départ de nos propres travaux sur l'influence de la rotation terrestre sur le sens de rotation des tourbillons aériens ou d'eaux courantes, influence qui reste sensible et même décisive pour des valeurs encore beaucoup plus grandes que celles données par le professeur Hann pour les cyclones tropicaux, du rapport entre la force centrifuge proprement dite et la force centrifuge composée.

L'ouvrage comprend 89 figures, 9 planches en autotypie et 14 cartes.

Il n'est pas excessif de dire qu'il est essentiel à quiconque veut trouver groupées en un livre unique les données les plus importantes acquises à la météorologie moderne.

BERNARD BRUNHES.

MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE

EUROPE

Rectifications apportées à la frontière franco-belge. Le 9 janvier 1906 a été promulguée au Journal officiel une loi portant approbation par les Chambres d'une convention conclue le 12 avril 1905 entre la France et la Belgique au sujet de la rectification de la frontière franco-belge le long du ruisseau dit le Riz de France'. Cette convention a pour objet l'échange d'un certain nombre de parcelles de terre dont la situation a été modifiée par le redressement du « Riz de France », et, qui jadis se trouvant sur la rive droite de ce ruisseau, sont actuellement sur la rive gauche, et réciproquement.

Ce cours d'eau, mitoyen entre la commune de Mièzes (Belgique) et celle de Neuville-aux-Tourneurs (France, département des Ardennes), présentant sur ce parcours beaucoup de sinuosités, a été rectifié pendant ces dernières années sur une longueur d'environ 1 500 mètres, afin d'améliorer son régime et d'assainir une vallée marécageuse qui va devenir d'une grande fertilité.

Le maintien, comme limite, de l'ancien lit de ce cours d'eau nécessitant le placement d'un nombre considérable de bornes nouvelles, une commission a procédé à une nouvelle délimitation dont le tracé a été jugé satisfaisant par les deux gouvernements. Trente-deux parcelles d'une contenance totale de 1 hectare 21 ares 35 centiares sont cédées par la France à la Belgique, tandis que la Belgique remet à la France trente et une parcelles d'une contenance totale de 1 hectare 22 ares 01 centiare.

Ainsi se trouve rectifiée la frontière franco-belge décrétée jadis dans l'article 40 du « Procès verbal de la délimitation entre les Royaumes des Pays-Bas et de France >> annexé au traité de limites signé à Courtrai, le 28 mars 1820.

-

VICTOR HUOT.

Les lapiaz du Silbern. La question de la formations des lapiés ou lapiaz que vient d'aborder le professeur Chaix touche à la fois à la géologie, l'hydrologie, la météorologie, la géographie physique; gros débats en perspective. J'ai dit ici même à propos de l'«Ouane » de Chabrières (Hautes-Alpes) pour quelles raisons cette question des lapiés ou lapiaz devait être reprise de fond en comble malgré l'abondante littérature scientifique dont elle a déjà été l'objet. L'étroite relation entre cette curieuse

1. Le décret promulguant la convention franco-belge, daté du 17 janvier 1906, a été inséré au Journal officiel du 23 janvier 1906. 2. Émile Chaix, Contribution à l'étude des Lapiés. Le Silbern (Schwytz), in Le Globe, Genève, juin 1905.

manifestation morphologique et le phénomène des abîmes absorbants d'une part, et celui des marmites rocheuses des gorges d'autre part, me paraît désormais hors de doute. A propos des puits à neige du désert de Platé et du Parmelan, à propos des crevasses et trous du Pont des Oulles, j'ai déjà formulé (C. R. Ac. Sc. 15 déc. 1902) mes idées sur la refonte nécessaire de ce sujet. Très cordialement, M. Chaix, avec qui j'ai eu en 1897 le plaisir de visiter le Platé, m'a personnellement avisé qu'il regrette de me voir généraliser ainsi un phénomène selon lui spécial; c'est ailleurs que j'exposerai le détail de mes observations encore insuffisamment coordonnées. Ici je n'ai qu'à résumer, au sujet du Silbern, les idées de M. Chaix ; il limite exclusivement le lapié à un effet de corrosion « dû à l'action dissolvante chimique de l'eau acidulée et non à un travail mécanique », et d'ailleurs combiné quelquefois avec un phénomène «< dynamique externe de fracture »; mais il n'admet mon opinion sur l'érosion mécanique (que je suis loin d'ailleurs d'avoir exprimée le premier) qu'au point de vue de la topographie générale. Alors, comme l'ajoute M. Chaix lui-même, nous sommes d'accord, à cette différence près qu'il veut, comme M. Cvijić, borner le lapié à la ciselure superficielle où il n'y a pas trace d'action mécanique. Or, considérer les choses ainsi, c'est restreindre le grandiose accident naturel des lapiaz à l'un de ses détails seulement, c'est l'amputer absolument de ses principaux caractères généraux. Il me semble que M. Chaix, recherchant surtout la précision du détail, dans la subdivision des formes lapiazées en rigoles, cannelures, quilles, bourrelets, briques, balafres, tabourets, trottoirs, cubes, etc., s'est laissé allé à perdre de vue l'ensemble global du sujet. Tel est l'inconvénient des excès de nomenclature et des clas sifications à outrance. Ce qui le prouve, c'est que l'auteur est contraint d'expliquer la préparation des crevasses de lapiaz par les dislocations tectoniques, et le creusement de leurs puits ou abîmes, par la première circulation profonde qui a remplacé « la circulation superficielle active ». Voilà où nous sommes bien d'accord. Mais j'ajoute que ces crevasses et gouffres sont portions intégrantes et caractéristiques de la physionomie d'ensemble des lapiaz: au Silbern même ils engloutissent actuellement encore (M. Rahir vient récemment de l'établir), les eaux qui vont, à travers l'immense caverne du Höll-Loch, alimenter la grande résurgence de la source rampante (v. La Géographie, 15 mai 1903). Donc, sur ce lapiaz, l'érosion mécanique poursuit son œuvre d'altération; ceci suffit à rendre tout à fait manifeste que l'article de M. Chaix ne considère qu'un élément du problème des lapiaz, celui des ciselures, d'ordre secondaire en quelque sorte, accessoire presque; cet élément, je serais provisoirement disposé à le regarder comme la dernière phase, la plus réduite, de l'accomplissement du phénomène, la corrosion, vraiment chimique, et complémentaire, par les pluies et par la végétation actuelle. Mais je reprendrai tout cela plus tard. Ajoutons que, prise ainsi comme étude partielle, la contribution de M. Chaix est remplie d'utiles et instructifs détails. E. A. MARTEL.

Inondation marine sur les côtes d'Allemagne, de Hollande et de Belgique. — II y a quelque mois, les côtes allemandes, hollandaises et belges ont été soumises à une irruption de la mer du Nord. Toute cette région littorale est, comme on sait,

mers et le long des fleuves cette zone déprimée s'étend jusqu'à une grande distance dans l'intérieur. Contre l'invasion de la mer ces terres sont protégées soit par des dunes, soit par des digues. Mais, sous l'influence de tempêtes de nord-ouest la marée atteint-elle une hauteur exceptionnelle, les défenses naturelles ou artificielles peuvent être renversées, tout le pays se trouve alors sous l'eau, et, parfois il est arrivé que les territoires ainsi submergés aient été définitivement acquis au domaine maritime. Pareil événement se produisit en 1277. Une inondation survenue à cette date engendra la formation du Dollart, à l'embouchure de l'Ems, engloutissant 43 paroisses et noyant 80000 personnes. Trois siècles plus tard, à la Toussaint 1570, se produisit une nouvelle irruption des flots non moins calamiteuse. Des bouches de la Meuse à Skagen, la pointe nord du Jutland, 100 000 personnes périrent dans ce nouveau déluge. A Noël 1717 nouvelle invasion de la mer encore plus forte que la précédente, puis le 3 et le 4 février 1825. A cette dernière date, à Emden le flot s'éleva à 2 m. 23 au-dessus du zéro. En 1901 ce niveau a été notablement dépassé; la mer est montée à 3 m. 94. Enfin, tout dernièrement, dans la nuit du 12 au 13 mars 1906, sous la poussée d'une violente tempête, toujours à Emden, elle a atteint 4 m. 06, soit 0 m. 83 de plus qu'en 1825.

Ainsi donc la hauteur de ces inondations paraît augmenter avec le temps; peutêtre, fait observer à cet égard le Geographische Zeitschrift (XII, 5, 29 mai 1906, p. 293) auquel nous empruntons ces renseignements, faudrait-il voir dans ce fait le résultat d'un lent affaissement de la côte de la Frise orientale.

Dans la plaine maritime de la Belgique la marée du 12 mars 1906 a également exercé de grands ravages, principalement dans la région des polders de l'Escaut inférieur jusqu'aux environs de Termonde. Dans cette région comme à Emden le flot s'est, à cette date, élevé plus haut que lors des inondations précédentes, de 0 m. 50, 0 m. 80 et même 0 m. 90. Sous la poussée des eaux, en aval de Termonde les digues ont cédé et de vastes territoires fertiles ont été inondés; ils demeurent noyés jusqu'au jour où les brèches auront été fermées et l'évacuation de l'eau obtenue. Dans une seule commune les dégâts sont évalués à 500 000 francs, d'après M. Raoul Blanchard qui, avec la connaissance spéciale qu'il possède de cette région, a consacré à ce désastre une intéressante notice 1.

Le 4 février 1875 et le 31 janvier 1877 se produisirent sur la côte flamande des marées presque aussi fortes que celle de mars 1906; ces irruptions de la mer sont donc relativement fréquentes. Cette circonstance ne saurait être jamais perdue de vue dans l'étude de la genèse des terrains qui constituent les plaines maritimes.

CHARLES RABOT.

La pluviosité en Allemagne. La carte de la pluviosité en Allemagne dressée par le professeur G. Hellmann, d'après la moyenne annuelle des précipitations observées dans 3000 stations durant la période décennale 1893-1902, met une fois

1. A propos des inondations récentes dans les polders du Bas-Escaut, in Bull. de la Société de Géographie de Lille, 1906, avril, n° 4, Lille, p. 237.

2. Regenkarte von Deutschland. Mit erläuternden Bemerkungen. Reimer. Prix: 3 marks.

[ocr errors]

Berlin, 1906, Dietrich

de plus en évidence la décroissance des précipitations d'ouest en est dans l'Allemagne du nord. Cette décroissance se manifeste sur toute la surface de cette région, sur la côte comme dans l'intérieur des terres, dans la plaine comme dans les zones des collines. Ainsi, le long du 52° de Lat. N., alors que dans la vallée supérieure de l'Ems (Westphalie) les précipitations annuelles atteignent de 0 m. 70 à 0 m. 801, à Posen elles ne sont plus que de 0 m. 40 à 0 m. 50. Pareillement sur la côte de Frise, on observe 0 m. 60 à 0 m. 70 et à Danzig seulement 0 m. 50 à 0 m. 60; dans l'Ardenne, à l'ouest d'Aix-la-Chapelle, 1 m. 20 à 1 m. 40, et aux sources de la Neiss, dans les Sudètes, 0 m. 90 à 1 mètre.

Les côtes basses de l'Allemagne reçoivent une moindre quantité de pluie que les régions voisines. La différence est, toutefois, faible de 0 m. 01 à 0 m. 06. En Flandre, qui fait d'ailleurs partie de cette même zone de côtes basses qui forment le front maritime de l'Europe centrale, M. Raoul Blanchard a relevé le même trait, mais plus accusé. En Belgique la pluviosité dans les stations de l'intérieur peut dépasser de 0 m. 14 celle du littoral belge.

La carte du professeur Hellmann met une fois de plus en évidence l'influence du relief sur l'abondance des précipitations, de telle sorte que la carte pluviométrique de l'Allemagne dessine les principales saillies du terrain. Nulle part cette influence n'apparaît mieux que dans les grandes plaines du nord, où l'on voit la pluviosité augmenter, dès que se présente une colline. Ainsi au milieu du Hanovre et de la Saxe où les précipitations ne dépassent pas 0 m. 40 à 0 m. 80, elles s'élèvent brusquement à 1 m. 70 au Brocken.

Le professeur Hellmann signale, enfin, la diminution de la pluviosité par rapport aux régions environnantes dans les vallés moyennes des fleuves entourées de reliefs. Les parties de l'Allemagne les plus abondamment arrosées sont le versant est des Vosges (2 m. 12 au sommet du ballon de Guebwiller, les Alpes bavaroises (2 m. (?) dans le massif des Watzmann), le sud et le centre de la Forêt Noire (1 m. 80 à 2 m. environ), enfin, dans le nord, le Brocken. Dans trois régions de l'Allemagne du nord la somme des précipitations annuelles est inférieure à 0 m. 50; ce sont : 1° une zone très étendue embrassant la partie orientale de la province de Posen et le centre la Prusse occidentale (0 m. 41) avec maximum sur les bords du lac Goplo et dans le pays de Kulm; 2° une région beaucoup moins grande que la précédente, à cheval sur l'Oder immédiatement au sud de Stettin (Brandebourg et Pomeranie) où la moyenne annuelle la plus basse est de 0 m. 45; 3o une zone riveraine de la Saale entre Halle et Magdebourg, à l'est du Brocken, soit le versant de ce relief opposé aux vents pluvieux, où la moyenne annuelle peut descendre à 0 m. 44. Un quatrième centre de sécheresse se trouve autour de Mayence sur les bords du Rhin et dans la vallée inférieure de la Nahe (0 m. 43). On observe, en outre, de petits ilots de faible pluviosité disséminés dans l'étendue

1. La hauteur des précipitations est exprimée en centimètres. Une pluie fournissant une hauteur de 0 m. 01 au pluviomètre correspond à 10 litres par m2, soit à 100 hectolitres par ha.

2. Raoul Blanchard, La Flandre. Étude géographique de la plaine flamande en France, Belgique et Hollande. Un vol. in-8. Publié par la Société dunkerquoise pour l'avancement des lettres,

« ZurückWeiter »