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N.

maures et que les tirailleurs allaient réparer et mettre en état de défense. D'importantes nouvelles arrivaient en effet du nord; Taodéni, au dire des indigènes, était occupé par un rezzou de 400 Doui-Menia qui y attendaient la grande caravane de sel ou azalaï des Bérabiches. Ces derniers, prévenus

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reculaient la date fixée pour leur départ et il était possible que les Doui-Ménia descendissent dans l'Azaouad pour y razzier les chameaux vainement attendus plus au nord.

Bou-Djebeha est une petite bourgade d'une quarantaine de cases à moitié enfouies sous le sable. Elle fut fondée, dit la légende, par un chef bérabiche dont les pâturages préférés étaient sur l'emplacement actuel du village. Pour instruire ses fils et ceux de ses compagnons il fit venir d'Araouan une famille maraboutique qui, n'ayant pas l'habitude des tentes et de la vie nomade, construisit une case en terre autour de laquelle, plus tard, se groupèrent d'autres cases. Des puits furent forés dont le nombre s'accrut peu à peu et Bou-Djebeha devint un centre important pour les caravaniers marocains qui y installèrent leurs entrepôts.

L'organisation défensive de la kasbah dans le but de parer à toute attaque des pillards nous demanda plusieurs jours durant lesquels les chameaux purent pâturer à leur aise.

Dans la première quinzaine d'avril nous apprîmes que le rezzou se réduisait à une quarantaine d'hommes et que prévenu de notre présence il était déjà remonté vers le nord. Une petite reconnaissance fut alors tentée sur Araouan qui fut occupé pendant quelques jours; le retour du détachement eut lieu par le puits de Guir et fut hâté par la venue d'un courrier annonçant l'arrivée d'ordres importants pour le capitaine à Bou-Djebeha.

Une note officielle, en effet, parvenue le 15 avril, annonçait que le lieutenant-colonel Lapérrine, commandant supérieur des Oasis Sahariennes, ayant l'intention de pousser une pointe sur Taodéni, qui est situé sur le territoire de l'Afrique Occidentale, avait télégraphié qu'il serait heureux de se rencontrer avec les méharistes soudanais en ce point où il pensait être en fin avril. En conséquence, des instructions étaient données pour que la compagnie se portàt dans le plus bref délai sur Taodéni et y opéràt avec les Algériens une jonction à laquelle le Gouverneur attachait un « intérêt majeur ».

Après avoir mûrement réfléchi sur les chances de réussite, le capitaine. Cauvin décida que l'impossible serait tenté pour justifier la confiance que le gouvernement de l'Afrique Occidentale mettait en lui.

De suite un choix fut opéré parmi les tirailleurs et les animaux, les bagages réduits, chaque homme n'emportant qu'une couverture, ses vivres, et. sa peau de bouc; et, le 18 avril, la petite reconnaissance, quittait Bou-Djebeha en route sur Taodéni. Elle comprenait le capitaine Cauvin, le lieutenant, auteur de cette notice, les sergents Dufour, Ribbe et Mille, 45 tirailleurs et 80 chameaux. Restaient à Bou-Djebeha, sous les ordres de l'adjudant, les tirailleurs moins robustes à la garde des bagages laissés et les chameaux affaiblis incapables de cette longue randonnée.

L'intention du capitaine était de se porter immédiatement sur Araouan, centre plus important et plus peuplé, où il serait possible de se ravitailler pensait-il, d'achever les préparatifs, de trouver des guides et de grouper tous

La distance de Bou-Djebeha à Araouan est d'environ 100 kilomètres. Le terrain est tout d'abord uniformément uni et plat et les quelques noms que les indigènes appliquent à des surfaces qu'ils traitent de dunes, seraient plutôt des noms de région, tant sont faibles les mouvements du sol. Les pacages sont fournis et là où fut jadis l'ancien puits détruit d'Akortat se trouve un pâturage garni d'herbe fine, un des plus beaux de l'Azaouad. Mais au delà, peu à peu, les touffes se raréfient jusqu'à la grosse dune de Bourouhérai qui borde le sud d'Araouan et s'étend vers l'est et l'ouest, montrant jusqu'à l'horizon ses cônes de sable mouvant coiffés d'une fumée de sable emporté par le vent. Là, la végétation cesse complètement et jusqu'à Araouan, visible dans le lointain, ne s'étend plus qu'une plaine de sable, à peine mamelonnée de quelques dunes mobiles, sans un brin d'herbe aussi loin que l'œil peut porter. L'impression est celle d'un paysage lunaire dans toute sa stérilité.

Le 20 avril, le capitaine Cauvin installait devant les puits orientaux d'Araouan le campement de la reconnaissance.

Araouan, centre antérieur à Tombouctou, dit le Tarik-ès-Soudan, compte de 900 à 1 000 habitants. Il est bâti au fond d'une cuvette, très étroite, dont des monticules de sable mélangé de débris détritiques forment de tous côtés les bords. Seules quelques-unes de ses cases, débordant la dune, sont visibles de loin; le gros de la ville n'apparaît au voyageur que lorsqu'il a gravi cette ceinture entièrement fermée; il reste alors stupéfait d'entrevoir à ses pieds tout ce groupement de maisons dans un trou qu'il n'avait pas soupçonné! Sur les points culminants de cette dune qui l'enserre et vient ensabler ses maisons extrêmes, Araouan a construit, à l'est, au nord, au sud et à l'ouest, quatre tours carrées de défense; deux puits sont dans la ville; les autres sont épars dans toutes les directions de l'autre côté de la dune, particulièrement nombreux vers l'ouest.

Le chef d'Araouan est le grand marabout Arrouata, un beau vieillard de soixante-dix à quatre-vingts ans, toujours la pipe à la bouche, la réflexion lente, mais encore nette.

Durant les deux jours que le détachement de méharistes passa à Araouan, le vieil Arrouata, sur la demande du capitaine, avait fourni deux guides; il nous avait renseigné sur les difficultés de la route, les pâturages, le mode de voyage; fait rassembler tout le riz disponible et fourni des peaux de bouc de rechange.

Le 22 avril, la reconnaissance se trouvait donc à peu près en état de tenter cette terrible étape de 500 kilomètres qui la séparait de Taodéni. Vers le kilo

mètre 380, elle devait bien rencontrer le puits d'Ounân; mais il n'a qu'un faible débit et est même très souvent à sec; dans ces conditions il eût été imprudent de compter sur cette ressource et toutes les dispositions durent être prises pour atteindre, le cas échéant, Taodéni d'un seul bond.

En conséquence, il fut décidé, qu'adoptant le mode de cheminer des cara

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Leve par le Lieutenant Cortier de la Cmontée de Tombouctou

FIG. 53. -
PLAN D'ARAOUAN LEVÉ PAR LE LIEUTENANT CORTIER.
Le point le plus bas a été pris comme 0 arbitraire du nivellement.

vanes maures, la reconnaissance effectuerait neuf étapes successives de nuit; à l'allure d'environ 4 km. 5 à l'heure, elle aurait à marcher seize heures sur vingt-quatre, sans arrêt autre que la halte de jour entre neuf heures du matin. et cinq heures du soir. D'autre part, le grand azalaï semestriel, sous la conduite de Mahmoud-oul-Dhaman, chef des Bérabiches, retardé par la présence au nord du ressou dont il a été question, était encore groupé près des puits.

imminent. Bien que notre présence fût de nature à accroître la sécurité de la caravane, les indigènes se montraient peu enthousiastes d'être ainsi accompagnés; cependant, en se maintenant à distance, tout en réglant notre marche sur la leur, il était possible d'alléger nos animaux en leur confiant quelques charges et d'effectuer le trajet dans des conditions plus favorables. Nous pouvions, en effet, profiter de leurs guides, suivre les traces laissées par leurs animaux et surtout être renseignés par eux sur ce qui se passerait à l'avant.

Quelques heures avant le départ, un courrier rapide qui avait franchi à chameau en trente-deux heures les 250 kilomètres qui nous séparaient de Tombouctou, apportait la copie d'une dépêche annonçant que le lieutenantcolonel Lapérrine fixait d'une façon ferme au 10 mai la date de jonction à Taodéni. Une note du commandant du territoire militaire apportée en même temps ouvrait un crédit pour la location de quelques chameaux supplémentaires.

Dans ces conditions, étant donnée la quantité limitée de vivres dont nous disposions, le départ fut retardé de sept jours et le détachement vint s'installer dans une case du village d'Araouan pour compléter ses préparatifs et attendre les animaux qui furent demandés de suite aux divers chefs de fraction.

Ce sursis fut des plus profitables et peut-être est-ce à lui que doit être attribué le succès de l'expédition; une inspection plus minutieuse put, en effet, être passée et tous ceux de nos chameaux reconnus médiocrement aptes aux efforts prévus, furent remplacés par des bêtes louées et spécialement choisies. Aussi, lorsque le 30 avril au soir, le détachement, fanion en tête, défila aux portes d'Araouan sur la route de Taodéni, la confiance régnait parmi les noirs comme parmi les blancs et l'appréhension des fatigues à subir avait disparu devant la certitude de la réussite et l'espoir de la récompense.

A quelques kilomètres au nord, Araouan voit encore son horizon fermé par une dune de sable mouvant. Là, les chameaux dont certains n'ont reçu qu'un dressage hâtif, enfoncent, hésitent devant la descente abrupte et glissent avec leurs charges qui roulent dans le sable. Il faut alors arrêter le convoi; les chameliers s'affairent, font coucher les animaux dont les grognements rauques résonnent au loin dans la nuit silencieuse, et replacent en équilibre l'échafaudage laborieux des deux charges égales tenues par des cordes. Que de fois durant les étapes se reproduiront cette scène et ces bruits impressionnants et lugubres !

Mais sitôt le mauvais pas franchi et dès que sont dépassées les ruines d'un village dont subsiste seule la tombe de son ancien chef, nous n'avons plus devant nous pendant 200 kilomètres que l'immensité unie des sables où deux ou trois pacages desséchés sont les arrêts forcés des caravanes.

L'aube du troisième jour trouve le détachement campé dans la région de Bougouérai. Là, sont les derniers pacages existant vers le nord; de ce point

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