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Les Philippines sous la

domination des
des Etats-Unis '

Par l'une des clauses du traité de Paris (janvier 1899) l'Espagne dut céder l'archipel des Philippines aux États-Unis. Mais les Américains se virent contraints de reconquérir pour ainsi dire à nouveau ces iles, agitées depuis de longues années déjà par un mouvement séparatiste persistant. Ayant débuté en 1872 par l'insurrection de Cavite, entretenue ensuite par le parti autonomiste dont le littérateur et savant Jose Rizal fut l'âme, cette agitation aboutit à une véritable révolution qui, depuis 1896 jusqu'à la destruction de la flotte espagnole par les Américains en 1898, a gagné une grande partie de la colonie.

Le passage des Philippines sous la domination des États-Unis ne fit pas cesser ce mouvement insurrectionnel. Son chef, Aguinaldo, rêvait l'expulsion

1. Census of the Philippine Islands, taken und. the Direction of the Philippine Commission in the year 1903. Director, Gen. J. P. Sanger; Assist. directors, H. Gannett [and]. V. H. Olmsted. Compil. a. published by the U. S. Bureau of the Census, Washington, 1905, 4 vol., 24 cm. av., nombr. pl. et cartes. T. I, Geography, History, and Population, 619 p.; t. II, Population, 1048 p.; t. III, Mortality, Defective classes, Education, Families, and Dwellings, 840 p.; t. IV, Agriculture, Social and Industrial statistics, 637 p. [chaque vol. est muni d'un index]. Fifth Annual Report of the Philippine Commission, 1904. Bureau of Insular Affaires, War Department. Washington (Governm. print. Office), 1905, 3 vol., 23,5 cm.; av., nombr. pl. - T. (Part) 1, Rapports de la commission, du gouverneur général, des gouverneurs des provinces, 884 p.; t. II, Rapport du secrétaire du dép. de l'Intérieur. Rapport du gouverneur de la prov. des Mores, 746 p.; t. III, Rapport des secrétaires des dép. du Commerce et Police et des Finances et Justice, Rapport du secrétaire du dép. de l'Instruction Publique. Rapport du chef de bureau des Affaires insulaires. Index pour les 3 volumes), 1 080 p. Ethnological Survey Publications (Depart. of Interior): vol. I, A. E. Jenks, The Bontoc Igorot, Manila (Bur. of publ. print.), 1905, 266 p., av. 155 pl. ou cartes et 9 fig.; 26 cm.: vol. II, part I, W. A. Reed, Negritos of Zambales, Manila (Bur. of publ. print.), 1904, 90 p., av. 62 pl. ou cartes et 2 fig.; 26 cm.; vol. IV, part I, Najeeb M. Saleeby, Studies in Moro History, Law, and Religion, Manila, 1905, 108 p., av. nombr. pl.; 26 cm. A. E. Jenks, Bontoc Igorot Clothing, in American Anthropologist, n. s., t. IV, no 5, p. 695 (oct.-dec. 1904), Washington. - Census of the Philippine islands, 1903; Bulletin 1; Population of the Philippines [Manilla] (Bur. of the Census), 1904, 100 p., 23 cm. H. Gannett, The Philippine Islands and their People, in The National Geographic Magazine, t. XV, no 3 (mars 1904), p. 90. Col. Clarence R. Edwards, Governing the Philippines Islands, in Ibid., n° 7 (juillet 1904), p. 273. A Revelation of the Philipinos (sic!) (résumé, assez incomplet, du Census), in The Nation. Geogr. Magazine, t. XVI, no 4 (avril 1905), p. 139, av. pl. Hon. William H. Taft, The Philippines, in Ibid., no 8 (août 1905), p. 362, av. 1 grande carte. - Diplomatic and Consular Reports, no 3512, Ann. ser. United States. Trade of the Philippine Islands for the year 1904. [London]. Foreign Office, october 1905, 53 p. avec carte. Ibid. for the year 1905, n° 3731, [Londres], Foreign Office, nov. 1906, 30 p.

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2. On peut dire que la publication Noli me tangere et de El Flibusterismo par ce romancier de race tagale fut le signal de la révolution de 1888.,

des Américains et l'établissement d'une république indépendante. Aussi les nouveaux occupants eurent-ils à soutenir contre lui une véritable guerre, avant de pouvoir installer, en 1901, un gouvernement civil qui réorganisa ces îles. En décembre de la même année, les indigènes instituèrent un « fédéral », en vue de coopérer, de concert avec la « Commission civile » américaine, que présidait M. W. H. Taft, à l'apaisement des esprit et au rétablissement de l'ordre social.

parti

A part les îles de Mindanao et de Jolo ou Soulou, qui n'ont jamais été entièrement soumises à l'Espagne et dans lesquelles l'insurrection des « Moros » musulmans a duré jusqu'à ces dernières années, on peut dire qu'à partir de l'année 1902 les îles Philippines sont entrées dans une phase de développement régulier et progressif.

Il n'est pas inutile d'indiquer brièvement quelle fut la première organisation établie par les États-Unis aux îles Philippines. La loi organique approuvée par le Congrès, à Washington, le 1er juillet 1902, leur accorde un régime d'autonomie qui, dans son esprit, était susceptible d'être peu à peu développé. Le pouvoir législatif est confié à un corps dénommé la « Commission des Philippines », et composé de huit membres, dont cinq Américains et trois Philippins; ce corps est aussi chargé de la surveillance générale du gouvernement des îles. Le gouverneur civil, chef du pouvoir exécutif, est président de droit de cette commission. Il est assisté par un vice-gouverneur et par les directeurs des quatre départements Intérieur, Commerce et Police, Finances et Justice, Instruction Publique. Ces directeurs, sortes de ministres, font, .de droit, partie de la commission. La loi du 1er juillet 1902 accorde aux Philippins les mêmes droits qu'aux citoyens américains, sauf qu'ils ne peuvent porter les armes et qu'ils ne bénéficient pas de l'institution de jury'.

:

Cette organisation n'est que provisoire. Elle sera bientôt remplacée par une autre, dans laquelle un corps élu, une chambre basse, constituéra, avec la Commission, une assemblée législative des Philippines. Les membres de cette chambre au nombre de 50 à 100, seront élus librement par tous ceux qui ont actuellement le droit de vote dans les élections municipales. D'après une proclamation du gouverneur, lancée avant les dernières opérations de recensement, cette nouvelle organisation sera mise en vigueur deux ans après la publication des résultats du recensement ou « Census ».

On voit par là que la publication du Census de 1903, faite en 1905, est une date historique pour les Philippines: elle indique l'époque où leur indépen

:

1. Il existe, toutefois, un correctif à cette restriction les juges des différentes instances peuvent exiger la présence de deux assesseurs indigènes; en outre le recours est toujours possible devant la cour suprême, qui est composée de quatre Américains et de trois Philippins.

2. Est aujourd'hui électeur municipal: tout homme ayant plus de vingt-trois ans au moins, six mois de résidence, et payant une taxe de 30 pesos (75 fr.), ou possédant une propriété de 500 pesos (1 250 fr.), ou bien ayant occupé une situation officielle sous le gouvernement espagnol, ou enfin sachant simplement parler, lire et écrire l'espagnol ou l'anglais.

dance deviendra presque complète. C'est vers la fin de 1907 que la nouvelle constitution entrera en vigueur dans l'archipel.

En reliant ainsi la question de recensement à celle de la future autonomie des Philippines, le gouvernement des États-Unis a procédé très sagement. Il a inspiré confiance au peuple qui, dès lors, a vu dans le recensement, non plus un moyen d'établir de nouveaux impôts, comme cela se passait jadis, mais tout à la fois une garantie assurant, pour l'avenir, une répartition, aussi équitable que possible, des représentants à élire d'après le chiffre de la population, et un moyen de connaître plus exactement les ressources du pays et d'assurer la mise en valeur de ses richesses naturelles.

C'est ce qui était d'ailleurs expliqué dans les proclamations répandues jusque dans les villages les plus lointains et que l'on avait eu le soin de publier à la fois en espagnol et en une dizaine de langues indigènes.

Le succès du Census est dû non seulement à la parfaite ordonnance que lui ont donnée les agents, particulièrement compétents, envoyés d'Amérique pour s'en occuper, mais aussi au zèle et au dévouement des municipalités et des gouvernements provinciaux. Ceux-ci possédant une certaine autonomie locale, ont vu déjà par expérience combien elle a contribué à la prospérité du pays, et, ils comprennent que l'extension du système du « self-government » à l'ensemble du pays conduira à des résultats meilleurs tant au point de vue local qu'au point de vue général.

Sans entrer dans tous les détails des opérations du Census, notons qu'elles étaient dirigées par le général J. P. Sanger, assisté de MM. Gannett et V. Olmsted, statisticiens bien connus, qui ont fait leurs preuves dans l'établissement des Census de Cuba et de Porto-Rico. Ils avaient pour auxiliaires 7627 recenseurs, dont 125 seulement n'étaient pas Philippins. Au nombre des agents employés figurent 40 femmes; c'est la première fois que des femmes remplissent des fonctions officielles dans le pays.

Les recenseurs étaient initiés aux opérations du recensement par les présidents de chaque district qui, au préalable, avaient été convoqués dans les chefs-lieux de province où le gouverneur leur avait expliqué tout le mécanisme du Census. Les gouverneurs eux-mêmes avaient été, auparavant, réunis à Manille et ils avaient concouru, avec le gouverneur général et le directeur du Census, à l'élaboration du programme du recensement; ils avaient regagné leurs postes munis de toutes les instructions nécessaires pour son application. Il est bon d'ajouter que toutes les personnes qui ont pris part au travail du Census, depuis les gouverneurs jusqu'aux recenseurs, ont été largement rétribuées.

Des recenseurs spéciaux ont été dressés directement par le directeur du Census ou par les gouverneurs pour les opérations à faire parmi les tribus

du classement des tribus et des peuplades tant sauvages que civilisées. Il y a parfaitement réussi et a pu réduire considérablement le nombre des tribus relevées, dont beaucoup ne se distinguaient les unes des autres que par des différences sans importance.

La direction du Census estime que le dénombrement de la population fait aux Philippines en 1903, est exact à 1 p. 100 près pour la population civilisée, qui comprend les indigènes de 447 municipes organisés et les étrangers (Chinois, etc.). Pour les tribus non civilisées, l'erreur est plus grande, mais elle ne doit guère dépasser 10 p. 100. Pour le surplus des renseignements portés au Census, la certitude oscille également entre ces deux chiffres.

En prenant pour base le Census et quelques autres publications, pour la plupart officielles, mentionnées au début de cet article, on peut se faire une idée très exacte de la situation actuelle des Philippines '.

Nombre des îles. Superficie. L'archipel se compose de 3141 îles ou îlots, dont 1 668 seulement portent un nom. Sur ce nombre, deux îles seulement, Luçon et Mindanao ont une superficie supérieure à 90 000 kilomètres carrés et neuf une superficie supérieure à 2 500 kilomètres carrés 2. Quant aux autres îles, les unes ont une étendue variant entre 1750 kilomètres carrés et 25 hectares, les autres sont de simples ilots ayant moins de 25 hectares. On compte 2 046 de ces derniers.

La superficie totale de l'archipel est de 297 917 kilomètres carrés, chiffre peu éloigné de celui de 296 282 qu'avait donné le calcul planimétrique exécuté à l'Institut géographique de Gotha en 1888.

Divisions administratives. Le territoire de l'archipel est réparti administrativement entre 39 provinces, auxquelles il faut ajouter celle « des Moros », comprenant Mindanao et les îles voisines, habitées par les indigènes mahométans. Cette dernière province, à peine pacifiée, a une organisation spéciale et un régime ne comportant pas d'autonomie municipale. Sous la domination espagnole, il y avait 8 provinces à Mindanao et 45 dans le reste de l'archipel. Les provinces sont divisées en municipes.

Climatologie, météorologie.

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Le chapitre Climatologie, rédigé par le R. P. José Algué, directeur du bureau météorologique des Philippines, est fort intéressant, bien qu'il nous apprenne moins de faits nouveaux que les autres. Si, par exemple, l'on compare les moyennes mensuelles de la température, ainsi que les maxima et les minima, relevés à Manille de 1882 à 1902 avec les chiffres correspondants pour la période de 1870 à 1877 que donne Vivien de

1. Pour les termes de comparaison avec l'état ancien, nous nous sommes référés à l'article PHILIPPINES du Dictionnaire de Géographie Universelle de Vivien de Saint-Martin et Rousselet, t. IV (1890) et Supplément (1899).

2. Ce sont par ordre de grandeur : Samar, Negros, Panay, Paragua, Mindoro, Leyte, Cebu, Bohol, Masbate.

Saint-Martin dans son Dictionnaire (t. IV, p. 785), on trouve des différences de quelques dixièmes de degré seulement. Ou bien encore, on trouve que les mois signalés comme les plus chauds sont ceux de mars à juin, au lieu d'ètre ceux de mars à mai, comme on avait dit jadis. Ce sont des différences qui ne méritent pas qu'on s'y arrête.

Toutefois, les conclusions générales déduites, en ce qui concerne la température, des observations faites dans l'archipel, sont intéressantes à retenir. En voici un résumé succinct.

1o La période des grandes chaleurs dure d'avril à juin. L'isotherme de 30° passe alors à travers toutes les îles.

2o Réduite à un même niveau au-dessus de la mer, la température est, en général, plus douce sur les côtes que dans l'intérieur. Cette différence va en croissant avec la grandeur des iles.

3o La variation annuelle permettant de distinguer une saison fraîche d'une saison chaude n'est suffisamment sensible qu'au nord du 18° de Lat. N.; dans la plupart des îles situées au sud de cette latitude on ne peut guère établir cette différence.

On peut distinguer trois groupes climatiques dans l'archipel; l'un comprend les régions qui ont deux saisons, l'une chaude, l'autre fraîche; l'autre possède un climat chaud sans variation de température durant toute l'année; enfin le troisième est à climat tempéré, également sans variation. Dans le premier groupe, la température moyenne des mois les plus chauds est de 27° (régions à température douce, de la carte); dans le second, elle est de 30° à 31° (régions de haute température, de la carte); dans le troisième, de 29° (régions de température intermédiaire, de la carte). Il y a, enfin, des régions qui, en raison de leur altitude sont qualifiées de fraîches. La distribution de ces régions est montrée sur une carte, dans le tome Ier du Census reproduite ci-après (fig. 56).

Les observations pluviométriques qui, du temps des Espagnols, ne se faisaient qu'à Manille et sur deux ou trois autres points de Luçon, ont été pratiquées avec grand soin par les Américains depuis 1902 dans 80 stations environ, réparties dans tout l'archipel.

D'après les observations d'une seule année (août 1902-septembre 1903), résumées dans le Census, on peut diviser l'archipel en deux zones :

1° Une zone à deux saisons, humide et sèche, comprenant la partie ouest. de Luçon, de Mindoro et de Panay, puis les îles Palaouan et Calamianes.

2o Une zone où la distribution des pluies est à peu près égale pendant toute l'année, qui comprend l'est de Luçon, les îles orientales des Visayas, l'archipel de Soulou, Mindanao, etc.

Dans chacune de ces zones, il y a des régions où les pluies sont abon

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