Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

ou littérateurs indigènes, ce type peut être caractérisé par les traits suivants : sobriété, propreté relative, caractère ordinairement calme, impassibilité, dissimulation, modestie et soumission, passion du jeu et du combat de coqs, goût prononcé pour la musique, respect envers les parents et les vieillards, amour touchant pour les enfants, fidélité conjugale.

Ajoutons que tous les Philippins civilisés, sauf un nombre assez faible de protestants, sont des catholiques fervents, à la façon des Hispano-Américains, aimant surtout les pompes du culte extérieur, les processions, les images et mélangeant la crédulité d'origine chrétienne aux superstitions indigènes. Ces huit peuples indigènes « civilisés se répartissent comme suit, du

nord au sud.

Dans le nord de Luçon, dans la vallée du Cagayan et sur la côte septentrionale, ainsi que dans les îles qui la prolongent vers Formose, vivent les Cagayans, dont le type est peut-être plus altéré que celui des autres Philippins par les mélanges avec les Négritos, leurs voisins de l'est.

La côte ouest et quelques points de l'intérieur dans le nord de Luçon sont occupés par les Ilocanes, plus industrieux et moins rudes que les Cagayans, et les seuls, parmi les Philippins, qui soient portés à la colonisation.

En suivant la côte occidentale vers le sud, on rencontre les Pangasinans, la moins nombreuse de toutes les peuplades civilisées des Philippines, vivant presque exclusivement de l'exploitation du sel, et, plus au sud, les Zambalans. A l'est de ces derniers, dans la vallée du Pampangan, on trouve les Pampangans, qui sont séparés des Zembalans par un massif montagneux peuplé de Negritos.

La partie centrale de Luçon est occupée par les Tagals ou Tagalocs, qui sont le peuple le mieux connu et aussi le plus mélangé de tout l'archipel. Les Tagals sont très policés et leur dialecte tend à devenir le parler commun de tous les Philippins. Il y a eu parmi eux des littérateurs dont les œuvres ont eu une puissante influence, comme J. Rizal, et des peintres de talent, comme Luna. Enfin le sud-est de Luçon est habité par les Bicols, d'ordinaire plus grêles, plus soumis et moins énergiques que les Tagals.

Les iles Samar, Leyte, Masbate, Cebu et Bohol, sont presque exclusivement peuplées de Bissayas ou Vissayas, qui occupent aussi toute la côte des iles Panay et Negros, dont l'intérieur est habité par des tribus non civilisées ». On trouve aussi des Vissayas sur la côte nord de Mindanao; ils vivent également sur la côte sud de Mindoro, le reste des côtes de cette ile étant peuplé de Tagals. Les Vissayas sont la peuplade la plus nombreuse des Philippines et la première découverte par les Espagnols. Ils forment presque la moitié de la population totale: 42,6 p. 100. Les Tagals en constituent presque un cinquième (19,3 p. 100) et les Ilocanes le dixième. Le reste des tribus

Les tribus « non civilisées» sont, avons-nous dit, au nombre de 16 d'après le Census. Au premier rang il faut placer les Négritos, race aborigène tout à fait distincte de toutes les autres tribus, « civilisées » ou non. Ce sont les pygmées asiatiques; ils ont le teint noir et les cheveux crépus ou frisés. Leur principal groupement se trouve dans les parties septentrionale et centrale de la côte est de Luçon et aussi vers la côte ouest. On les trouve, en outre, dans les montagnes du reste de l'île, ainsi que dans l'intérieur des îles Panay et Negros, et dans le nord-est de Mindanao, où ils vivent côte à côte avec les Bukidnons, sorte de métis négrito-malais ou négrito-indonésiens.

Un autre groupe de « non civilisés » est connu sous le nom de Moros; ce sont des musulmans malais. Venus surtout de Bornéo, ils occupent le sudouest de Paragua, l'est de Mindanao et l'archipel de Soulou ou Jolo. Ils forment la peuplade inculte la plus nombreuse de l'archipel : 3,7 p. 100 de la population totale.

<<< non

La seconde, comme importance numérique, parmi les peuplades civilisées» est celle des Igorotes, que l'on trouve au nord de Luçon (2,8 p. 100). Les Négritos et les Bukidnons représentent à peine 1 p. 100 de la population. totale de l'archipel.

Quant aux autres tribus incultes, au nombre de 12, elles ne forment ensemble, que 1,4 p. 400 de la population totale. Ce sont les Ilongotes, qui vivent à Luçon, au sud-est des Igorotes, près des Négritos; les Mangyans, à l'intérieur de Mindoro; les Bataks et les Tagbanuas de l'île Paragua; enfin les tribus encore peu connues de l'intérieur de Mindanao : les Bubanos, dans le nord-est; les Atas, les Bogobos, les Mandayas dans le sud-est; les Manobos dans le nord-ouest; et enfin les Tirurays, les Bilans et les Tagacaols dans le sud. Le tableau suivant résume la composition ethnique de l'archipel et l'importance numérique des divers groupes :

[blocks in formation]
[blocks in formation]

On connaissait déjà les Négritos par les descriptions de A. B. Meyer, de Schadenderg, de Jagor, de Montano, mais l'ouvrage publié récemment par l'un des fonctionnaires du Census chargé des enquêtes relatives à la population, M. Reed, fournit sur cette intéressante peuplade des détails nouveaux. Il confirme la petitesse de leur taille qui, d'après les mesures prises sur 48 hommes, est de 1 mètre 46, chiffre identique à la moyenne que donnent les observations combinées de Montano et de Schadenberg sur 42 sujets. La taille des femmes, d'après 29 mensurations, est de 1 mètre 38. M. Reed établit aussi que les Négritos appartiennent bien au type brachycéphale (indice céphalique : 82 pour les hommes et 86 pour les femmes) et confirme plusieurs autres traits caractéristiques précédemment mentionnés. On trouve, en outre, dans cet ouvrage, des détails curieux sur l'habitation (parfois une hutte surélevée), sur le costume, sur les tatouages (par incision), sur les danses (pantomimes individuelles et collectives), sur la chasse (armes, pièges, partage du butin, etc.). Une abondante illustration en photogravures complète le texte de la façon la plus heureuse.

Les Igorotes, et plus spécialement ceux de Bontoc, province centrale de la partie nord de Luçon, ont été l'objet d'une très belle monographie de M. A. E. Jenks. Observateur consciencieux, il a constaté que d'importantes différences pouvaient être relevées de tribu à tribu en ce qui concerne l'organisation sociale; aussi s'est-il borné à décrire une seule tribu, celle de Bontoc, parmi laquelle il a habité et c'est seulement en passant qu'il a noté les traits qui la différencient des autres tribus. Cantonnés, d'ailleurs, dans des montagnes d'accès difficile et au centre de la zone où vivent les Igorotes en général, les Igorotes-Bontoc ont dù vraisemblablement conserver leurs anciennes coutumes plus intactes que n'ont pu le faire les autres tribus de ce même peuple.

Deux traits principaux différencient les Igorotes-Bontoc de toutes les autres tribus avoisinantes: c'est l'absence de chefs, avec une organisation républicaine de l' « Igtougtoukou », ou conseil des anciens, et l'existence de l' « Olag », ou mariage à l'essai. Comme la plupart des peuples de l'Océanie et comme tous les Indonésiens, depuis l'Inde et la Birmanie jusqu'aux îles de l'archipel asiatique, les Igorotes ont des maisons communes »1; mais,

tandis que, chez la plupart des Indonésiens, chaque village n'en possède qu'une seule qui est en même temps garçonnière, club, hôtel des étrangers, musée des trophées et mairie, chez les Igorotes, chaque village (ato) possède trois sortes de maisons communes le Pabafunan, qui est à la fois club, musée et garçonnière; le Fawi, où couchent les jeunes gens et les hommes mariés, mais qui sert plus particulièrement au conseil des anciens du village et remplit ainsi le rôle d'une véritable mairie; enfin l'Olag, où couchent toutes les filles depuis l'âge de deux ans jusqu'au moment du mariage permanent.

Beaucoup d'autres détails donnés par M. Jenks sur la vie des Igorotes, éclairent aussi d'une vive lumière de nombreux faits encore mal interprétés de la sociologie des Indonésiens.

Au point de vue physique, les Igorotes sont petits comme tous les Indonésiens; la taille moyenne des hommes est de 1 m. 60 d'après les mesures de M. Jenks. Ils sont dolichocéphales : l'indice céphalique moyen de vivants est 79,1. Leur teint est brun jaunâtre. Ils ont les cheveux noirs et lisses, le nez proéminent, droit et mince, les lèvres moyennement grosses, les yeux disposés horizontalement, les pommettes légèrement saillantes.

Les Igorotes cultivent le riz sur des terrasses artificielles, en employant des engrais et en s'aidant de tout un système d'irrigation. La moisson est accompagnée de pratiques très curieuses d'un caractère religieux.

L'habillement des deux sexes consiste en une étroite ceinture, qui soutient parfois un tablier ou une jupe, et dans laquelle sont retenus, par devant et par derrière, pendant les travaux des champs, des bouquets de verdure. Les hommes portent comme coiffure une toque tressée qu'ils placent sur l'occiput et qui leur sert en même temps de poche. Le tatouage est très répandu. Notons, enfin, que les Igorotes, de même que beaucoup d'autres Indonésiens, sont de fervents « chasseurs de cranes ». La coutume de couper les têtes est chez eux un moyen de venger le meurtre d'un membre du clan perpétré par un individu d'un autre clan; en même temps, c'est pour eux une satisfaction donnée à leurs instincts guerriers, une manière de prouver la bravoure et d'obtenir du succès auprès des jeunes filles. Les têtes coupées sont conservées dans la maison commune.

Les Igorotes de Leponto sont à demi civilisés et ont adopté les coutumes. soit des tribus civilisées, soit des Espagnols.

En dehors des Négritos et des Igorotes, les autres peuplades incultes n'ont pas été encore étudiées en détail. Cependant le Census donne quelques indications sur l'état actuel des Ibilaos ou Ilongotes, chasseurs de têtes enragés, sur les Bataks et les Tagbanuas de l'île Paragua, et surtout sur les Moros, dont

[ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

les coutumes religieuses et sociales ont donné lieu à une étude intéressante d'un auteur indigène, Nadjeeb M. Saleeby.

Les Moros vivent dans des villages, ordinairement situés sur les bords de la mer ou de lacs; ils sont renommés comme constructeurs de bateaux. Leur culture intellectuelle est plus élevée que celle des tribus dites sauvages et se rapproche souvent de celle des Philippins «< civilisés ». Ils fabriquent eux-mêmes leurs armes, y compris les fusils et les canons. Leurs femmes tissent des étoffes très solides et portent des bijoux de fabrication indigène.

L'islamisme a porté son empreinte de fanatisme parmi les Moros et a servi, avec l'établissement du pouvoir absolu des « dato » ou petits chefs, à développer la piraterie, les guerres et, comme conséquence, l'esclavage. Malgré les efforts des Espagnols et des Américains, les Moros sont demeurés presque indépendants jusqu'en ces derniers temps. Les profits du brigandage et de la traite sont restés le plus clair de leurs revenus; à côté de ces ressources, ce ne sont que de fort maigres bénéfices que leur fournit le commerce du caoutchouc et des perles, ce dernier développé surtout dans l'archipel Soulou. Cependant, grâce à des mesures assez sages, les Américains sont parvenus aujourd'hui à réduire.considérablement la piraterie. Tout en laissant un semblant d'indépendance aux sultans et aux autres « datos », ils surveillent de près leurs agissements et répriment sévèrement toute tentative faite pour rétablir la traite sur une échelle un peu vaste.

Démographie. -La première indication tant soit peu précise que l'on possède sur l'accroissement de la population, se trouve dans l'estimation faite en 1591 par les autorités espagnoles; la population chrétienne et civilisée était alors de 667 612 individus. En 1735, le frère San Antonio évalua la population civilisée au chiffre de 837 182; en 1800, Zañiga donne celui de 1 561 251; en 1845, le Diccionario geográfico du frère Manuel Buzeta porte le chiffre à 3488 258; enfin le Census de 1905 donne la première évaluation qui peut être regardée comme exacte: 6 987 686 habitants.

L'accroissement annuel dans les intervalles de ces cinq estimations est : 0,15; 0,96; 1,80 et 1,24 p. 400. Le chiffre donnant l'accroissement correspondant à la dernière période, 1845-1903, est le plus intéressant en même temps que le plus exact. Si on compare ce chiffre à ceux relevés pour des pays voisins, on voit qu'il se rapproche de celui donné pour le Japon (1,22 p. 100 pour 1898), mais il indique un accroissement de population moitié moindre que celui de Java, la moyenne annuelle de l'accroissement ayant été, dans cette ile, de 2,1 p. 100 pendant le cours du XIXe siècle.

La population des Philippines comprend des individus de l'un et de l'autre sexe en nombre à peu près égal, à 5000 individus près sur un total de

« ZurückWeiter »