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N. Lacroix. Aujourd'hui un second pas très important vient d'être réalisé dans cette voie par la distribution d'une deuxième édition de cet ouvrage, remaniée et complétée jusqu'en 1906. On sait quels progrès considérables ont été faits dans le Sahara durant ces six dernières années et quelle masse énorme de publications pendant ce laps de temps a vu le jour sur les questions géographiques et politiques de l'Extrême-sud algérien. Aussi bien, cette nouvelle édition est-elle véritablement un nouveau livre et son intérêt est capital.

La pénétration saharienne de M. Augustin Bernard et du commandant Lacroix se distingue d'abord par deux grandes qualités particulièrement utiles chez des historiens la clarté et la concision. Chacune de ces si diverses politiques, qui ont été suivies au Sahara, est résumée en quelques lignes, chaque fait important apprécié en une ou deux phrases précises. En second lieu, et ce n'est pas le moindre service que la nouvelle publication de MM. Augustin Bernard et Lacroix rendra aux géographes, le résumé de chaque expédition est accompagné d'une bibliographie critique très complète. Ce volume constitue un guide unique dans le labyrinthe de la bibliographie et de l'histoire sahariennes.

1. Gouvernement général de l'Algérie.

CHARLES RABOT.

Augustin Bernard et N. Lacroix, La pénétration saharienne (1830-1906). Un vol. de x + 195 p. avec une carte. Alger. Imprimerie algérienne, 1906.

BIBLIOGRAPHIE

J.-B. Charcot. Journal de l'expédition antarctique française 1903-1903. Le « Français » au pôle Sud. Préface par l'amiral Fournier. Un vol. grand in-8° de XXXVII et 483 p. contenant 300 illustrations et une carte hors texte. Flammarion. Paris [s. d.]. Prix, 12 francs.

L'expédition du Dr Charcot a eu des résultats scientifiques considérables dont notre amour-propre a tout lieu d'être satisfait. Dans le domaine de la géographie, c'est la détermination des contours extérieurs des grandes îles qui forment le détroit de Gerlache, c'est ensuite la reconnaissance de la côte sud-ouest de la terre de Graham sur une étendue de près de deux degrés en latitude, c'est, enfin, devant cette terre le relèvement ou la découverte d'archipels, d'îles, d'ilots et de cailloux dont l'existence modifie complètement l'aspect de cette région. Que l'on examine, d'ailleurs, les cartes de l'Antarctide américaine dressées avant le retour du Français, puis celle figurant les levers de l'expédition Charcot et publiée ici même (La Géographie, XIV, 5 nov. 1906, pl. IV), un simple coup d'œil montrera l'importance des modifications apportées par nos compatriotes à la représentation de cette partie de la zone antarctique. Sur le revers ouest de la terre de Graham les découvertes du Dr Charcot et de ses compagnons ne sont pas moins considérables que celles effectuées sur la côte est par le Dr Otto Nordenskjöld que naguère Paris se plaisait à acclamer.

Non moins que la géographie, toutes les autres branches de la science, la physique du globe, la climatologie, la zoologie ont été enrichies par l'expédition antarctique française de précieux documents dont la valeur est proclamée par les spécialistes les plus éminents. Toutes les observations recueillies par la mission et tous les mémoires techniques sur les nombreuses collections qu'elle a rapportées seront exposées dans un ouvrage scientifique en sept volumes dont le premier paraîtra ces jours-ci.

Pour mettre le grand public à même de juger et d'apprécier son œuvre dont il a le juste droit d'être fier, le Dr Charcot nous offre aujourd'hui le récit anecdotique de son expédition. Plein d'entrain et de belle humeur, semé d'épisodes dramatiques simplement et lestement contés, ce livre est une des plus attachantes relations de voyage que compte

1. Ce sont: 1° Carte des connaissances actuelles des terres antarctiques comprises entre les 53° et 75° méridiens ouest de Greenwich compilée et dressée par A. de Gerlache, 1900 (jointe à la 2o édition de A. Gerlache, Quinze mois dans l'antarctique, Bruxelles); 2° Expédition antartique belge. Résultats du voyage du S. Y. Belgica en 1897-1898-1899 sous le commandement de A. de Gerlache de Gomery. Rapports scientifiques. G. Lecointe, Travaur hydrographiques et instructions nautiques, Anvers, 1905. Cartes V et IV; 3° S. A. Duse och Otto Nordenskjöld, Karta öfver Norra delen af det Västantarktiska Landområdet (S. A. Duse et Otto Nordenskjöld, carte de la partie nord de la masse continentale antarctique occidentale), in Otto Nordenskjöld, Antarctic», Två år bland sydpolens

isar. Stockholm (s. d.] (1905). Vol. I, et Preliminär Karta öfter Antarctic's kurs inom det södra polaromvådet och angränsade trakter, 1902-03 (Carte provisoire des routes de l'Antarctic dans la zone polaire australe et dans les mers voisines), in Ibid., vol. II. Une réduction de la première de ces deux cartes suédoises se trouve dans l'édition française de l'ouvrage du D' Otto Nordenskjöld,

la littérature géographique française. Jamais l'intérêt du récit ne faiblit et chaque page est empreinte de cette crânerie et de cette gaîté devant le danger que nous prisons pardessus tout et que pour cette raison nous nous plaisons à qualifier de françaises. Après avoir conquis son équipage par les grandes qualités de son caractère, M. Charcot conquerra la sympathie de tous ses lecteurs. Mais suivons-le dans l'Antarctique, d'autant qu'aucune relation complète de l'expédition n'a été encore publiée.

Parti le 27 janvier 1904 de la baie Orange (terres magellaniques), le Français arrive le 1er février en vue des Shetlands du Sud et de là fait route au sud-ouest, relevant d'abord les grandes îles qui séparent du Pacifique le détroit de Gerlache, puis longeant la terre de Graham jusqu'à hauteur des îles Biscoe, vers le 65° 50′ de Lat. S. De tous côtés des îles et des «< chaussées » de cailloux sur lesquelles s'appuient des assemblées d'énormes icebergs et des masses compactes de glaces flottantes. La saison est déjà avancée; on est au 27 février (27 août de notre hémisphère), et dans ces parages pas le moindre havre où l'expédition puisse hiverner en sécurité; sur le continent voisin, toujours et partout une falaise de glace abrupte. On sait qu'une des principales causes des énormes difficultés que présente l'exploration antarctique est précisément l'extrême rareté, on pourrait même dire l'absence de mouillages. Dans ces conditions Charcot décide de revenir dans le nord, à l'île Wandel où il a découvert un abri sûr. Mais voici qu'une énorme houle soulève toute la pesante carapace de glace qui couvre la mer et à travers laquelle le navire s'ouvre péniblement un passage. Sur le fond noir du ciel nocturne, se détache la plaine blanche, qui dans l'obscurité parait compacte, maintenant tout en mouvement par de hautes et longues ondulations, sorte de liquide solide. Puis un grand talus blanc s'élève à l'avant du bateau, plus haut que notre hune, et lui barre la route, s'avançant menaçant, Mais sur ce talus qui fuit obliquement sous lui, le bateau semble monter, monter et l'horizon s'élargit, puis l'arrière se relève et nous descendons toujours dans le fracas et le bruit que, cependant, la nuit, de plus en plus épaisse, semble assourdir, pour courir audevant d'un nouveau talus qui se dresse, prend et soulève notre avant, passe sous nous de nouveau, et nous laisse encore glissant dans le creux, pour remonter ensuite... »

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Une fois hors de la glace, le bâtiment est assailli par un de ces coups de vent formidables qui rendent l'océan Antarctique si dangereux, un véritable ouragan; avec cela une neige épaisse qui bouche complètement le temps, et de tous côtés des icebergs! On est paré à manœuvrer, mais en aura-t-on le temps? La consolation sera dans une solution rapide, écrit flegmatiquement le Dr Charcot.

Enfin, voici l'expédition à l'île Wandel. Dès lors, durant neuf mois, ce sera l'immobilité, mais non le repos. Pendant toute cette longue détention, observations météorologiques, observations magnétiques, observations sur la pesanteur, observations des marées, recherches zoologiques, glaciologiques, bactériologiques, sont poursuivies régulièrement. Et par quel temps! A chaque instant d'effroyables ouragans accompagnés d'énormes variations de température; en plein hiver, en quelques heures, le thermomètre passe de plusieurs. degrés en dessous de zéro à plusieurs degrés en dessus.

Ces coups de vent et ces élévations de la température déterminent de fréquentes débâcles et par suite interdisent toute reconnaissance à grand rayon. Toutefois, à la fin de novembre le Dr Charcot avec trois compagnons accomplit dans le sud une longue excursion qui lui permit de reconnaître que dans ces parages aucun détroit n'existe dans l'épaisseur de la terre de Graham entre le Pacifique et l'Atlantique, comme on l'avait supposé. Le détroit découvert en 1874 par le baleinier allemand Dallmann et baptisé par lui du nom de Bismarck n'est autre que l'entrée sud du détroit de Gerlache.

Le 25 décembre 1904, le Français quittait définitivement l'ile Wandel et après quelques travaux hydrographiques reprenait la route du sud. Quelle navigation! Toujours de la brume et partout des écueils ou des icebergs. Un jour la brume blanchit, une énorme masse de glace avance sur le navire, à peine a-t-on eu le temps d'éviter, qu'un second glaçon non moins monstrueux se présente par l'avant. Et « miraculeusement le Français passe entre les deux montagnes flottantes par un chenal qui est à peine large comme

deux fois le bateau ». On atteint finalement une terre inconnue, la terre Loubet, lorsqu'une catastrophe faillit déterminer la perte de l'expédition. Le navire donne sur une tête de roche à fleur d'eau et menace de couler bas. Il faut alors revenir dans le nord,

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toujours en pompant pour maintenir le bâtiment à flot. Mais telle est l'énergie de ces hommes solidement trempés qu'ils n'en abandonnent pas pour cela leurs travaux, et que sur leur bateau coulant bas ils continuent à faire l'hydrographie des côtes qu'ils ont découvertes.

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la littérature géographique française. Jamais l'intérêt du récit ne faiblit et chaque page est empreinte de cette crânerie et de cette gaîté devant le danger que nous prisons pardessus tout et que pour cette raison nous nous plaisons à qualifier de françaises. Après avoir conquis son équipage par les grandes qualités de son caractère, M. Charcot conquerra la sympathie de tous ses lecteurs. Mais suivons-le dans l'Antarctique, d'autant qu'aucune relation complète de l'expédition n'a été encore publiée.

Parti le 27 janvier 1904 de la baie Orange (terres magellaniques), le Français arrive le 1er février en vue des Shetlands du Sud et de là fait route au sud-ouest, relevant d'abord les grandes îles qui séparent du Pacifique le détroit de Gerlache, puis longeant la terre de Graham jusqu'à hauteur des îles Biscoe, vers le 65° 50′ de Lat. S. De tous côtés des îles et des «< chaussées» de cailloux sur lesquelles s'appuient des assemblées d'énormes icebergs et des masses compactes de glaces flottantes. La saison est déjà avancée; on est au 27 février (27 août de notre hémisphère), et dans ces parages pas le moindre havre où l'expédition puisse hiverner en sécurité; sur le continent voisin, toujours et partout une falaise de glace abrupte. On sait qu'une des principales causes des énormes difficultés que présente l'exploration antarctique est précisément l'extrême rareté, on pourrait même dire l'absence de mouillages. Dans ces conditions Charcot décidé de revenir dans le nord, à l'île Wandel où il a découvert un abri sûr. Mais voici qu'une énorme houle soulève toute la pesante carapace de glace qui couvre la mer et à travers laquelle le navire s'ouvre péniblement un passage. « Sur le fond noir du ciel nocturne, se détache la plaine blanche, qui dans l'obscurité parait compacte, maintenant tout en mouvement par de hautes et longues ondulations, sorte de liquide solide. Puis un grand talus blanc s'élève à l'avant du bateau, plus haut que notre hune, et lui barre la route, s'avançant menaçant, Mais sur ce talus qui fuit obliquement sous lui, le bateau semble monter, monter et l'horizon s'élargit, puis l'arrière se relève et nous descendons toujours dans le fracas et le bruit que, cependant, la nuit, de plus en plus épaisse, semble assourdir, pour courir audevant d'un nouveau talus qui se dresse, prend et soulève notre avant, passe sous nous de nouveau, et nous laisse encore glissant dans le creux, pour remonter ensuite... >>

Une fois hors de la, glace, le bâtiment est assailli par un de ces coups de vent formidables qui rendent l'océan Antarctique si dangereux, un véritable ouragan; avec cela une neige épaisse qui bouche complètement le temps, et de tous côtés des icebergs! On est paré à manoeuvrer, mais en aura-t-on le temps? La consolation sera dans une solution rapide, écrit flegmatiquement le Dr Charcot.

Enfin, voici l'expédition à l'île Wandel. Dès lors, durant neuf mois, ce sera l'immobilité, mais non le repos. Pendant toute cette longue détention, observations météorologiques, observations magnétiques, observations sur la pesanteur, observations des marées, recherches zoologiques, glaciologiques, bactériologiques, sont poursuivies régulièrement. Et par quel temps! A chaque instant d'effroyables ouragans accompagnés d'énormes variations de température; en plein hiver, en quelques heures, le thermomètre passe de plusieurs degrés en dessous de zéro à plusieurs degrés en dessus.

Ces coups de vent et ces élévations de la température déterminent de fréquentes débâcles et par suite interdisent toute reconnaissance à grand rayon. Toutefois, à la fin de novembre le Dr Charcot avec trois compagnons accomplit dans le sud une longue excursion qui lui permit de reconnaître que dans ces parages aucun détroit n'existe dans l'épaisseur de la terre de Graham entre le Pacifique et l'Atlantique, comme on l'avait supposé. Le détroit découvert en 1874 par le baleinier allemand Dallmann et baptisé par lui du nom de Bismarck n'est autre que l'entrée sud du détroit de Gerlache.

Le 25 décembre 1904, le Français quittait définitivement l'ile Wandel et après quelques travaux hydrographiques reprenait la route du sud. Quelle navigation! Toujours de la brume et partout des écueils ou des icebergs. Un jour la brume blanchit, une énorme masse de glace avance sur le navire, à peine a-t-on eu le temps d'éviter, qu'un second glaçon non moins monstrueux se présente par l'avant. Et « miraculeusement le Français passe entre les deux montagnes flottantes par un chenal qui est à peine large comme

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