Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

deux fois le bateau ». On atteint finalement une terre inconnue, la terre Loubet, lorsqu'une catastrophe faillit déterminer la perte de l'expédition. Le navire donne sur une tête de roche à fleur d'eau et menace de couler bas. Il faut alors revenir dans le nord,

[graphic]

toujours en pompant pour maintenir le bâtiment a flot. Mais telle est l'énergie de ces hommes solidement trempés qu'ils n'en abandonnent pas pour cela leurs travaux, et que sur leur bateau coulant bas ils continuent à fame hydrograph.e des côtes qu'ils ont découvertes.

[blocks in formation]

la littérature géographique française. Jamais l'intérêt du récit ne faiblit et chaque page est empreinte de cette crânerie et de cette gaîté devant le danger que nous prisons pardessus tout et que pour cette raison nous nous plaisons à qualifier de françaises. Après avoir conquis son équipage par les grandes qualités de son caractère, M. Charcot conquerra la sympathie de tous ses lecteurs. Mais suivons-le dans l'Antarctique, d'autant qu'aucune relation complète de l'expédition n'a été encore publiée.

Parti le 27 janvier 1904 de la baie Orange (terres magellaniques), le Français arrive le 1er février en vue des Shetlands du Sud et de là fait route au sud-ouest, relevant d'abord les grandes îles qui séparent du Pacifique le détroit de Gerlache, puis longeant la terre de Graham jusqu'à hauteur des îles Biscoe, vers le 65° 50′ de Lat. S. De tous côtés des îles et des «< chaussées» de cailloux sur lesquelles s'appuient des assemblées d'énormes icebergs et des masses compactes de glaces flottantes. La saison est déjà avancée; on est au 27 février (27 août de notre hémisphère), et dans ces parages pas le moindre havre où l'expédition puisse hiverner en sécurité; sur le continent voisin, toujours et partout une falaise de glace abrupte. On sait qu'une des principales causes des énormes difficultés que présente l'exploration antarctique est précisément l'extrême rareté, on pourrait même dire l'absence de mouillages. Dans ces conditions Charcot décidé de revenir dans le nord, à l'île Wandel où il a découvert un abri sûr. Mais voici qu'une énorme houle soulève toute la pesante carapace de glace qui couvre la mer et à travers laquelle le navire s'ouvre péniblement un passage. « Sur le fond noir du ciel nocturne, se détache la plaine blanche, qui dans l'obscurité parait compacte, maintenant tout en mouvement par de hautes et longues ondulations, sorte de liquide solide. Puis un grand talus blanc s'élève à l'avant du bateau, plus haut que notre hune, et lui barre la route, s'avançant menaçant, Mais sur ce talus qui fuit obliquement sous lui, le bateau semble monter, monter et l'horizon s'élargit, puis l'arrière se relève et nous descendons toujours dans le fracas et le bruit que, cependant, la nuit, de plus en plus épaisse, semble assourdir, pour courir audevant d'un nouveau talus qui se dresse, prend et soulève notre avant, passe sous nous de nouveau, et nous laisse encore glissant dans le creux, pour remonter ensuite... >>

Une fois hors de la, glace, le bâtiment est assailli par un de ces coups de vent formidables qui rendent l'océan Antarctique si dangereux, un véritable ouragan; avec cela une neige épaisse qui bouche complètement le temps, et de tous côtés des icebergs! On est paré à manoeuvrer, mais en aura-t-on le temps? La consolation sera dans une solution rapide, écrit flegmatiquement le Dr Charcot.

Enfin, voici l'expédition à l'île Wandel. Dès lors, durant neuf mois, ce sera l'immobilité, mais non le repos. Pendant toute cette longue détention, observations météorologiques, observations magnétiques, observations sur la pesanteur, observations des marées, recherches zoologiques, glaciologiques, bactériologiques, sont poursuivies régulièrement. Et par quel temps! A chaque instant d'effroyables ouragans accompagnés d'énormes variations de température; en plein hiver, en quelques heures, le thermomètre passe de plusieurs degrés en dessous de zéro à plusieurs degrés en dessus.

Ces coups de vent et ces élévations de la température déterminent de fréquentes débâcles et par suite interdisent toute reconnaissance à grand rayon. Toutefois, à la fin de novembre le Dr Charcot avec trois compagnons accomplit dans le sud une longue excursion qui lui permit de reconnaître que dans ces parages aucun détroit n'existe dans l'épaisseur de la terre de Graham entre le Pacifique et l'Atlantique, comme on l'avait supposé. Le détroit découvert en 1874 par le baleinier allemand Dallmann et baptisé par lui du nom de Bismarck n'est autre que l'entrée sud du détroit de Gerlache.

Le 25 décembre 1904, le Français quittait définitivement l'ile Wandel et après quelques travaux hydrographiques reprenait la route du sud. Quelle navigation! Toujours de la brume et partout des écueils ou des icebergs. Un jour la brume blanchit, une énorme masse de glace avance sur le navire, à peine a-t-on eu le temps d'éviter, qu'un second glaçon non moins monstrueux se présente par l'avant. Et « miraculeusement le Français passe entre les deux montagnes flottantes par un chenal qui est à peine large comme

deux fois le bateau ». On atteint finalement une terre inconnue, la terre Loubet, lorsqu'une catastrophe faillit déterminer la perte de l'expédition. Le navire donne sur une tête de roche à fleur d'eau et menace de couler bas. Il faut alors revenir dans le nord,

[graphic]

toujours en pompant pour maintenir le bâtiment à flot. Mais telle est l'énergie de ces hommes solidement trempés qu'ils n'en abandonnent pas pour cela leurs travaux, et que sur leur bateau coulant bas ils continuent à faire l'hydrographie des côtes qu'ils ont découvertes.

FIG. 58.

LILE WANDEL.

(Gravure extraite de J.-B. Charcot, Le « Français» au Pôle Sud. E. Flammarion, Paris.)

Ce volume, d'un intérêt palpitant et rempli de faits et d'observations, est accompagné d'un exposé sommaire des travaux scientifiques par les membres de l'état-major du Français. Ce sont une excellente étude sur les observations météorologiques et magnétiques due au lieutenant de vaisseau Rey, une notice sur la zoologie et la botanique des régions parcourues, par M. Turquet, un mémoire très précieux sur la géologie et la glaciologie qui a pour auteur M. Gourdon. Signalons, enfin, un mémoire particulièrement important sur la géographie et dont l'auteur est M. le lieutenant de vaisseau Matha, « l'admirable second du Français dont la nature d'élite s'harmonisait si bien avec celle de son chef ». C'est en ces termes que l'amiral Fournier a tenu à rendre hommage aux grandes qualités de cet officier qu'il a pu apprécier lui-même comme il avait pu juger auparavant le Dr Charcot lorsque le chef de l'expédition antarctique française servait sous ses ordres. Un tel éloge venant d'une telle autorité est la plus belle récompense que puissent recevoir des marins et des hommes comme MM. Charcot et Matha. CHARLES RABOT.

Eugène Jung, ancien vice-résident de France en Indo-Chine. Les Puissances devant la Révolte arabe (La crise mondiale de demain). Un vol. in-16. Hachette et Cie. Prix: 3 fr. 50, Paris, 1906.

Le soulèvement récent des tribus arabes contre le gouvernement turc est gros d'éventualités pour l'Europe. Depuis plus d'un siècle l'Arabie lutte pour conquérir son indépendance politique; mais le manque de cohésion et la rivalité des diverses tribus ont toujours fait échouer ces tentatives.

Aujourd'hui, au contraire, conduite par un petit groupe d'Arabes instruits, énergiques et patriotes la lutte est devenue générale.

M. Eugène Jung, dans une étude très consciencieuse et très documentée, nous montre que ce pays n'est point seulement composé de vastes déserts, mais qu'il renferme de précieuses ressources qui en font pour l'Europe un remarquable champ de colonisation très heureusement situé au carrefour des routes de l'Occident à l'Extrême-Orient.

Aussi l'Europe ne saurait-elle se désintéresser de ce qui se passe en Arabie, surtout la France et l'Angleterre, grandes puissances musulmanes.

La remarquable étude de M. Eugène Jung intéressera tous ceux suivant la politique musulmane, dont l'influence sur la politique mondiale a de tout temps, et plus encore si possible de nos jours été si considérable. A.

Dr L. Laloy. — Parasitisme et mutualisme dans la nature. Préface de M. le professeur A. Giard. Paris, Alcan, 1906 (Bibliothèque scientifique internationale). Un vol. in-8° de VIII et 284 p. contenant 82 figures.

La distribution des animaux et des plantes est dominée d'une part par des causes historiques sur lesquelles nous renseignent la géologie et la paléontologie, en second lieu par le milieu cosmique, enfin, par leurs réactions réciproques, ou milieu biologique. C'est ce dernier ordre de facteurs qu'étudie notre collaborateur. Parmi les chapitres qui intéressent plus particulièrement la géographie, nous citerons celui qui a trait à la distribution des maladies infectieuses et à leur propagation par les insectes, ceux qui exposent la répartition des flores et des faunes, l'origine des associations végétales et des sociétés animales. Les découvertes récentes ont modifié grandement nos conceptions sur les êtres vivants; elles ont montré notamment l'infinie complexité de leurs relations. M. Laloy a su faire la synthèse de ces notions nouvelles et les exposer d'une façon claire et méthodique; son ouvrage intéressera tous ceux qui aiment à lire au grand livre de la nature. CH. R.

ACTES DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE

Séance du 9 novembre 1906.

Présidence de M. le baron de GUERNE

La séance ouverte, le président donne la parole au secrétaire général pour résumer la correspondance reçue par la Société de Géographie depuis le mois de juin dernier. C'est un coup d'oeil d'ensemble sur le mouvement des explorations pendant une période de quatre mois, et plus spécialement un aperçu des travaux des voyageurs français durant ce temps. Les lecteurs de La Géographie ayant eu la faculté de suivre chaque mois les progrès accomplis ou les nouvelles reçues tant dans le « Mouvement géographique » que dans la « Chronique de la Société », nous ne reproduirons pas cet exposé.

La Société s'est associée à l'hommage rendu à la mémoire de ses membres disparus pendant les vacances et parmi lesquels se trouve un de ses anciens présidents, M. Himly, le vénérable doyen de la Faculté des lettres, attachant par sa bonté, attrayant par son esprit et dont le large savoir et la droiture impeccable motivaient l'autorité.

Les congrès tenus pendant les vacances ont été nombreux et brillants. La Société s'est fait un devoir d'y participer. C'est ainsi qu'elle a été représentée au Congrès national des sociétés françaises de Géographie de Dunkerque par M. le baron de Guerne, président de la Commission centrale; au Congrès des sociétés de Géographie et de l'Alliance française de Marseille, par M. E.-A. Martel, vice-président; au Congrès international pour l'étude des régions polaires, de Bruxelles, par le prince Roland Bonaparte, MM. Charles Rabot et Charcot, au Congrès des américanistes, de Québec, par M. de Périgny.

A Marseille, où l'exposition coloniale a obtenu le plus légitime succès, d'autres congrès se sont succédé.

Il faut surtout signaler le Congrès colonial réuni en cette ville et qui a fait d'utile besogne dans ses sections, tant à propos du régime économique que du commerce et des cultures dans nos possessions d'outre-mer. Dans les séances du soir, MM. Charles Roux, Chailley et de Lanessan ont été particulièrement applaudis. La Geographie a, dans ses numéros des 15 mai et 15 juillet 1906, attiré l'attention sur les publications parues à l'occasion de cette belle manifestation.

Présentation d'ouvrages. A la suite de ces communications, le prince Roland Bonaparte prend la parole pour offrir à la Société plusieurs brochures concernant le congrès international pour l'étude des questions polaires, réuni à Bruxelles. Il présente le tirage à part de son article du Figaro « Avec les Polaires » paru à cette occasion, entretient ensuite l'assistance du Congrès des jardins alpins, tenu sous sa présidence, et des résolutions prises par le gouvernement suisse pour veiller à la conservation et au développement de la flore alpestre.

« ZurückWeiter »