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stries glaciaires; les stries suivaient les ondulations de la paroi, mais disparaissaient dans les creux.

Un doute relatif à l'origine glaciaire de ces stries subsistait cependant dans notre esprit. Nous avions, en effet, remarqué, pendant le lavage, que les ouvriers avaient fait mouvoir les brosses de gauche à droite, c'est-à-dire dans le sens des stries, et nous avions quelque crainte que ces légers sillons eussent été produits par les poils des brosses sur une roche si altérée que la moindre pression de l'ongle y détermine de profondes rigoles.

Or, au coin sud-ouest de la fouille, la paroi de la rive droite formait un ample bossage dont la surface était recouverte d'un enduit stalagmitique.

Nous employâmes de longues heures à débarrasser cette partie de la paroi de son enduit de concrétion, en prenant toutes les précautions pour ne pas altérer la surface de la roche. Ce travail achevé à notre parfaite satisfaction, nous lavâmes la paroi en ayant soin de faire mouvoir la brosse verticalement. La surface ainsi appropriée se trouva d'un beau noir miroitant et très compacte. Elle était, en outre, couverte de stries fines ayant la même direction. que les premières observées.

De cette contre-épreuve résultait que les stries des parois du cañon étaient fort anciennes et qu'elles n'avaient pas été produites par les poils de blaireau.

De tous ces faits résultent les conclusions suivantes :

1o Les calcaires marneux du Bajocien supérieur étaient, au moment du creusement du cañon, incomparablement moins altérés qu'ils ne le sont aujourd'hui, puisque, sous l'induit stalagmitique qui les a protégés, ils ont conservé toute la dureté qu'ils ont en profondeur (on les dirait régénérés par l'effet des eaux carbonatées).

2o Le glacier quaternaire qui occupait la vallée de Gap se moulait et sc mouvait dans le fond du cañon dont il polissait et striait les parois, et, après l'avoir débarrassé des graviers de rivière qu'il pouvait contenir, il le maintint libre de toute moraine profonde jusqu'à sa retraite.

3o Dans sa retraite, il le combla surtout avec les matériaux anguleux de sa moraine superficielle.

4° Seul le glacier de la Vallouise a pu remblayer le cañon avec les diorites de la vallée de l'Onde et les protogines de celle du Gyr, et cela au moment où tous les affluents secondaires étaient éteints et que seul le glacier du Pelvoux survivait et occupait encore le fond de la vallée de Gap'.

Mode de remplissage. D'après la nature et les autres caractères des

1. Le glacier de la Durance édifia sur les pentes de la rive droite de la Luye, 29 moraines latérales étagées; 28 de ces moraines sont surtout formées de grès du Flysch provenant des vallées de l'Embrunais. Mais la plus basse, la vingt-neuvième et dernière ne présente plus guère que des éléments granitiques, provenant des vallées du Pelvoux: lors de son dépôt par le glacier du Pelvoux, tous les affluents secondaires étaient donc éteints.

matériaux de remblai, il nous semble facile de concevoir le mode de remplissage opéré par le glacier.

Lorsque, par l'ablation, le glacier abandonna la rive gauche du cañon. (il n'occupait plus alors que le bas talweg de la Luye), les matériaux anguleux de la moraine superficielle glissaient des bords du glacier dans l'étroite fissure et s'accumulaient sur le talus du cañon comme des éboulis. Les blocs trop volumineux se coinçaient dans la crevasse, mais lors de son élargissement ils roulaient dans le fond où ils s'entassaient au fur et à mesure de la retraite du glacier. Avec eux se mélangeaient les éléments arrondis et striés de la moraine profonde, qui devenaient libres par la fusion. Lorsque le glacier quitta le fond du cañon et se retira sur la berge de la rive droite, les mêmes phénomènes s'accomplirent sur le talus de cette rive.

Mais pendant ce temps, l'aval du cañon demeurant momentanément occupé par le glacier, les eaux de ruissellement s'accumulaient en une flaque, dans la partie médiane du cañon non encore comblée, y déposaient leurs troubles. Ces troubles garnirent l'intervalle des blocs et achevèrent de combler la rigole. Les blocs et les cailloux qui roulaient pendant ce temps des talus du glacier venaient s'enliser en équilibre plus ou moins instable dans la vase molle.

Autres rivières mortes du Gapençais

Le cañon de la Blache n'est pas le seul lit de « rivière sèche » de la région; si l'on parcourt les environs de Gap, depuis le fond de la vallée jusqu'aux points culminants du col Bayard ou de l'Ermitage, on a l'impression qu'une puissante rivière y a creusé un grand nombre de vallées aujourd'hui délaissées. Les unes sont à peine ébauchées, tandis que d'autres, profondément excavées se raccordent par des profils d'équilibre avec la rivière actuelle (Colombis, torrent du Villard de la Tourronde), ou bien y aboutissent par des rapides (Riotors); quelques-unes, enfin, à l'état de tronçons béants, demeurent suspendues comme des énigmes hydrographiques au-dessus des talwegs et ne sont plus désignées que sous le nom de cols (cols de la Freyssinouse, de la Bâtie, de Chorges, etc.).

Ainsi, à moins d'un kilomètre du cañon de la Blache, c'est-à-dire à la sortie aval de Gap, la vallée s'élargit un peu, mais elle est divisée en couloirs par les buttes rocheuses du Moulin-Neuf, du Serre-de-l'Aure, du Matagot et de Chabanas qui fait suite à Puymaure. Les vallonnements compris entre ces buttes se raccordent et se confondent bientôt avec la plaine aval, mais ils semblent avoir eu une suite à travers la région de collines de la Tourronde distantes de 4 kilomètres.

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matériaux de remblai, il nous semble facile de concevoir le mode de remplissage opéré par le glacier.

Lorsque, par l'ablation, le glacier abandonna la rive gauche du cañon (il n'occupait plus alors que le bas talweg de la Luye), les matériaux anguleux de la moraine superficielle glissaient des bords du glacier dans l'étroite fissure et s'accumulaient sur le talus du cañon comme des éboulis. Les blocs trop volumineux se coinçaient dans la crevasse, mais lors de son élargissement ils roulaient dans le fond où ils s'entassaient au fur et à mesure de la retraite du glacier. Avec eux se mélangeaient les éléments arrondis et striés de la moraine profonde, qui devenaient libres par la fusion. Lorsque le glacier quitta le fond du cañon et se retira sur la berge de la rive droite, les mêmes phénomènes s'accomplirent sur le talus de cette rive.

Mais pendant ce temps, l'aval du cañon demeurant momentanément occupé par le glacier, les eaux de ruissellement s'accumulaient en une flaque, dans la partie médiane du cañon non encore comblée, y déposaient leurs troubles. Ces troubles garnirent l'intervalle des blocs et achevèrent de combler la rigole. Les blocs et les cailloux qui roulaient pendant ce temps des talus du glacier venaient s'enliser en équilibre plus ou moins instable dans la vase molle.

Autres rivières mortes du Gapençais

Le cañon de la Blache n'est pas le seul lit de « rivière sèche » de la région; si l'on parcourt les environs de Gap, depuis le fond de la vallée jusqu'aux points culminants du col Bayard ou de l'Ermitage, on a l'impression qu'une puissante rivière y a creusé un grand nombre de vallées aujourd'hui délaissées. Les unes sont à peine ébauchées, tandis que d'autres, profondément excavées se raccordent par des profils d'équilibre avec la rivière actuelle (Colombis, torrent du Villard de la Tourronde), ou bien y aboutissent par des rapides (Riotors); quelques-unes, enfin, à l'état de tronçons béants, demeurent suspendues comme des énigmes hydrographiques au-dessus des talwegs et ne sont plus désignées que sous le nom de cols (cols de la Freyssinouse, de la Bâtie, de Chorges, etc.).

Ainsi, à moins d'un kilomètre du cañon de la Blache, c'est-à-dire à la sortie aval de Gap, la vallée s'élargit un peu, mais elle est divisée en couloirs par les buttes rocheuses du Moulin-Neuf, du Serre-de-l'Aure, du Matagot et de Chabanas qui fait suite à Puymaure. Les vallonnements compris entre ces buttes se raccordent et se confondent bientôt avec la plaine aval, mais ils semblent avoir eu une suite à travers la région de collines de la Tourronde distantes de 4 kilomètres.

ment par les schistes calloviens des buttes; mais il existe, sur leur partie médiane, une région dans laquelle des sondages que nous avons vus pratiquer jusqu'à 5 et 6 mètres de profondeur, n'ont rencontré que des argiles glaciaires à cailloux striés. Il paraîtrait donc vraisemblable que tous ces vallonnements sont des lits de rivière comblés, non pas comme celui de la Blache par des éléments anguleux, mais par des matériaux provenant de la moraine profonde1.

Au nord de Puymaure est une large et profonde dépression qui se poursuit à l'amont et à l'aval sur une étendue de 19 kilomètres depuis, au delà de Romette, et, à l'aval, jusqu'aux Piles et à la Durance, par la rivière de Rosine (le petit Rose ou Rhône). Sur cette étendue, les vallonnements et les collines

Pentas de Paymaure

S.E

Pentes de Mens.

N.O.

FIG. 2.

COUPE DE LA VALLÉE DE LA LUYE AU SUD DE GAP, DRESSÉE PAR M. DAVID MARTIN. a, alluvions modernes; b, calcaires marneux bajociens; s, s, s, schistes gapençais du Jurassique moyen; g, dépôts glaciaires; n, traces d'anciens cañons. Echelles des longueurs: 50 000; des hauteurs: 2500. Horizon

tale à 713 mètres.

qui les limitent sont coupés par de nombreux et profonds ravins dont les berges vives montrent cette dépression comblée de cailloutis et de boues glaciaires sur 30 à 40 mètres d'épaisseur.

Au-dessus du bassin de Puymaure, et jusque sous les escarpements de Charance et aux cols de Bayard, règne un épais manteau de dépôts glaciaires organisés en moraines superbement crêtées. Mais les nombreux ravins qui coupent perpendiculairement et profondément cette topographie glaciaire montrent que les schistes oxfordiens du substratum présentent une série de gradins dont les faibles vallonnements sont séparés par de très basses crêtes sur lesquelles se sont, en général, greffées les moraines latérales. Ces ondulations de la surface des schistes donnent l'impression de vieux lits successifs d'un agent d'érosion rivière ou glacier.

En somme, les érosions ont imprimé, au bassin schisteux de Gap, une topographie peu accusée et dans laquelle leur principal effort semble s'être exercé sur l'emplacement de Gap, c'est-à-dire vers la limite des schistes

1. Ainsi, au mois de septembre dernier, des sondages pratiqués au faubourg de Porte-Colombe, ont exhumé des boues glaciaires au niveau du lit de la Luye. Nous avons fait, dans le même temps, de pareilles et très intéressantes constatations au Moulin-Neuf lors des travaux de captage pour une source. Nous avons pu faire aussi à des époques antérieures, des observations analogues au nord du Matagot dans les fouilles pour fondations des caveaux du cimetière de Gap.

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