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La flore des pâturages offre une ample moisson aux botanistes, bien qu'en raison de la faible altitude du plateau, elle ne puisse rivaliser pour le nombre et la qualité des espèces avec la flore du massif du Cantal. Parmi les plantes caractéristiques, nous citerons: Anemone montana, Aconitum vulgare, Cardamine amara, Viola luteola, V. gracilis, V. sudetica, V. palustris, Dianthus monspessulanus, Geranium pyrenaicum, Trifolium spadiceum, Geum rivale, Epilobium palustre, E. virgatum, Saxifraga stellaris, Angelica sylvestris, Meum athamanticum, Gentiana lutea, G. campestris, G. pneumonanthe, Arnica montana, etc.

Le versant oriental de la chaîne d'Aubrac ne comprend que des pâturages, du moins jusqu'à Prinsuéjols, et on ne trouve pas d'arbres sur cette partie du plateau, si ce n'est un bouquet de chênes à Montgrousset, un petit bois de hêtres entre Aubrac et Nasbinals, quelques hêtres aux Salles Basses et aux Salhiens. Au contraire, les escarpements du versant occidental sont revêtus d'une ceinture de forêts, d'une contenance totale de 4 800 hectares.

Ces forêts sont réparties en deux grandes masses, la première entre Laguiole et Aubrac, la deuxième au sud de ce dernier village. Elles occupent les pentes des bassins supérieurs de la Selves et de ses affluents, les ruisseaux de Vayssaire et de la Nuech, de la Boralde des Bastits, des ruisseaux d'Ourtigouse, de Ménepeyre, de la Boralde de la Poujade, de la Boralde de SaintChély, des ruisseaux des Mousseaux et de Vieurols. C'est grâce à la présence de cette armature végétale que ces cours d'eau, malgré la rapidité de leurs lits et l'étroitesse des vallées dans lesquelles ils coulent, ont un débit à peu près régulier et ne roulent pas une quantité de matériaux détritiques comparable à celle arrachée aux flancs des Cévennes par les autres affluents du Lot.

La masse de forêts comprise entre Laguiole et Aubrac s'étend sur 2750 hectares environ, du roc du Cayla (1300 m. d'altitude) au pic de Las Truques (1442 m. d'alt.). Au nord, la forêt de Laguiole appartenant à la commune de ce nom, étale ses taillis de hêtre furetés sur les mamelons du Suquet, des puechs de la Menthe (1 342 m. d'alt.) et de Montarquié et sur les vallées marécageuses des ruisseaux de la Nuech et de Vayssaire; entrecoupée de vides qui occupent le tiers de sa surface, elle réaliserait assez bien l'idéal du prébois tant vanté, si ses peuplements n'avaient été ruinés par des exploitations abusives. Dominée par la forêt sectionale de la Roquette-Curières que couronne le puy du Trap (1 390 m. d'alt.), la forêt domaniale de la RoquetteBonneval occupe 663 hectares du pic de Roussillon (1 407 m. d'alt.) au ruis

l'absorption de la chaleur pour le sol, couvert d'herbes épaisses. A partir du 15 septembre, la température diurne varie de +10° à +15°; la nuit, on observe 4° ou-5o1.

D'innombrables sources d'eau vive prennent naissance dans les replis des pâturages et vont former des ruisseaux, dont les eaux retombent souvent en cascades écumantes sur des seuils de basaltes. Nous citerons seulement la cascade du moulin du Roc, où les eaux du lac des Salhiens se déversent sur 30 mètres de hauteur, au milieu de prismes et de dykes basaltiques, du haut d'un rocher qui surplombe une curieuse excavation de 10 mètres de profondeur la cascade du ruisseau des Plèches, affluent du Bès, où les eaux se sont frayé un passage à travers des prismes basaltiques qu'elles ont nivelés peu à peu, en leur donnant l'aspect de gradins la cascade d'Ourtigouse, sur le ruisseau de même nom, affluent du Ménepeyre, où les eaux tombent d'une hauteur de 20 mètres celle du Saut del Grel, à 800 mètres au sudouest d'Aubrac celles de la Boralde, entre Aubrac et Saint-Chély.

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Une des particularités caractéristiques du pays d'Aubrac, c'est la présence de nombreux lacs dans les dépressions du plateau. La plupart sont en voie de dessèchement et ne sont plus que des tourbières dont l'accès est des plus dangereux. Trois de ces lacs sont intéressants. Ce sont: 1° à trois kilomètres et demi de Nasbinals, le lac des Salhiens, mesurant 400 mètres dans sa plus grande longueur, et une largeur de 150 à 300 mètres; 2° 4500 mètres plus loin, le lac de Saint-Andéol, barré au nord-ouest par une moraine (2 km. de circonférence; profondeur maxima 30 mètres); le lac de Bord, long de 330 m. et large de 300 m.

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Le plateau des lacs offrait autrefois des ressources considérables pour la chasse des oiseaux d'eau. On n'y trouve plus que le martin-pêcheur, le petit chevalier et le cyncle plongeur; les bécassines, les canards et les sarcelles, jadis abondants, ont disparu. Sur le reste du plateau, le gibier est rare; les cailles et les perdrix s'y rencontrent cependant. Dans la forêt d'Aubrac et dans les forêts voisines, les chasseurs trouvent encore renards et sangliers; le loup semble avoir disparu entièrement depuis 1880.

1. Nous avons emprunté la plupart des détails qui précèdent à la thèse de M. le D' Andrieu, Aubrac, climat et sanatorium. Paris, 1901, Carré et Naud. Il ne faut pas perdre de vue que la station d'Aubrac, étant abritée contre les vents par une ceinture de sommets de 1 360 à 1 400 mètres d'altitude, se trouve dans une situation privilégiée et que par suite l'action des vents se fait sentir beaucoup plus sur tout le plateau. L'action thérapeutique du climat d'Aubrac parait très efficace dans les cas d'anémie, de neurasthénie, de prédisposition à la tuberculose pulmonaire. M. le Dr Saunal dirige un sanatorium qui se trouve à 500 mètres du village d'Aubrac, sur le versant méridional du puy de Regambal, entouré de prairies et d'un petit bois de hètres, dont la présence amortit la violence des vents du nord, déjà brisée par la montagne de Regambal et les puys voisins (las Truques, Puy de Gudette, Mossous); cet établissement, construit d'après les principes les plus nouveaux, est exposé au midi et renferme 30 chambres de malades, pouvant donner chacune un cube d'air de 56 mètres cubes.

2. Les annales de l'abbaye d'Aubrac font mention du plus beau vol de hérons que le roi François Ier ait vu de sa vie, près du lac des Salhiens, en juillet 1533.

La flore des pâturages offre une ample moisson aux botanistes, bien qu'en raison de la faible altitude du plateau, elle ne puisse rivaliser pour le nombre et la qualité des espèces avec la flore du massif du Cantal. Parmi les plantes caractéristiques, nous citerons: Anemone montana, Aconitum vulgare, Cardamine amara, Viola luteola, V. gracilis, V. sudetica, V. palustris, Dianthus monspessulanus, Geranium pyrenaicum, Trifolium spadiceum, Geum rivale, Epilobium palustre, E. virgatum, Saxifraga stellaris, Angelica sylvestris, Meum athamanticum, Gentiana lutea, G. campestris, G. pneumonanthe, Arnica montana, etc.

Le versant oriental de la chaîne d'Aubrac ne comprend que des pâturages, du moins jusqu'à Prinsuéjols, et on ne trouve pas d'arbres sur cette partie du plateau, si ce n'est un bouquet de chênes à Montgrousset, un petit bois de hêtres entre Aubrac et Nasbinals, quelques hètres aux Salles Basses et aux Salhiens. Au contraire, les escarpements du versant occidental sont revêtus d'une ceinture de forêts, d'une contenance totale de 4 800 hectares.

Ces forêts sont réparties en deux grandes masses, la première entre Laguiole et Aubrac, la deuxième au sud de ce dernier village. Elles occupent les pentes des bassins supérieurs de la Selves et de ses affluents, les ruisseaux de Vayssaire et de la Nuech, de la Boralde des Bastits, des ruisseaux d'Ourtigouse, de Ménepeyre, de la Boralde de la Poujade, de la Boralde de SaintChély, des ruisseaux des Mousseaux et de Vieurols. C'est grâce à la présence de cette armature végétale que ces cours d'eau, malgré la rapidité de leurs lits et l'étroitesse des vallées dans lesquelles ils coulent, ont un débit à peu près régulier et ne roulent pas une quantité de matériaux détritiques comparable à celle arrachée aux flanes des Cévennes par les autres affluents du Lot.

La masse de forêts comprise entre Laguiole et Aubrac s'étend sur 2750 hectares environ, du roc du Cayla (1300 m. d'altitude) au pic de Las Truques (1442 m. d'alt.). Au nord, la forêt de Laguiole appartenant à la commune de ce nom, étale ses taillis de hêtre furetés sur les mamelons du Suquet, des puechs de la Menthe (1342 m. d'alt.) et de Montarquié et sur les vallées marécageuses des ruisseaux de la Nuech et de Vayssaire; entrecoupée de vides qui occupent le tiers de sa surface, elle réaliserait assez bien l'idéal du prébois tant vanté, si ses peuplements n'avaient été ruinés par des exploitations abusives. Dominée par la forêt sectionale de la Roquette-Curières que couronne le puy du Trap (1 390 m. d'alt.), la forêt domaniale de la RoquetteBonneval occupe 663 hectares du pie de Roussillon (1 407 m. d'alt.) au ruis

du Bouissou, d'Ourtigouse, des Martiols et des Bastits, tributaires de la Boralde de la Poujade. Elle est grevée sur 80 p. 100 de son étendue de droits d'usage au bois et outils aratoires, concédés par les moines bénédictins de l'abbaye de Bonneval au profit des habitants de Curières; ceux-ci enlevaient chaque année de la forêt du bois en quantité illimitée, prenant les brins les plus droits et les plus élancés, laissant les sujets mal conformés et abandonnant sur place les branchages, si bien qu'en 1882 on dut leur interdire toute exploitation. Après un repos de dix ans, la forêt s'est reconstituée et il a été possible de permettre aux usagers de recommencer leurs exploitations, mais en les obligeant cette fois à respecter les règlements forestiers violés jusque-là. 137 hectares de la forêt, qui ne sont pas grevés de droits d'usage, constituent le Devez, magnifique futaie de hêtre de 100 à 150 ans, qui peut donner tous les ans 150 mètres cubes de bois de choix : des plantations de sapin effectuées sous le couvert des hètres sur 60 hectares environ ont admirablement réussi1. De l'autre côté du ruisseau de Ménepeyre, qui sort d'un pli de terrain entre puy du Trap et celui de Las Truques (1 442 m. d'altitude), s'étend la forêt communale de Condom, d'une contenance de 695 hectares. La plus grande partie était autrefois la propriété de l'hôpital d'Aubrac; sous prétexte de droits d'usage à l'herbe, au bois, au pâturage et au panage à eux concédés en 1276 par les religieux, les habitants de Condom se sont fait attribuer en 1811 la propriété de 540 hectares, au mépris des droits de l'État, possesseur des biens de la communauté depuis 1792.

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A l'est de la forêt de Condom, nous traversons le canton forestier de Regambal, dépendant de la forêt domaniale d'Aubrac. Il est situé sur les pentes escarpées d'un mamelon que couronne le signal de Las Truques et sur les deux versants de la vallée profondément encaissée où coule le ruisseau de Canut, tributaire de la Boralde de la Poujade. Ce ruisseau prend sa source dans une sorte de cirque, dominé par les puys de Las Truques, de Gudette (1 435 m. d'altitude) et de Regambal (1424 m. d'alt.), au pied de la croix dite des Trois-Évêques. Le peuplement de la forêt se compose d'un taillis fureté de hètre, mélangé d'alisier blanc sur les sommets et d'aune dans les parties basses. Sur le périmètre méridional, on a effectué en 1901 et 1903 des plantations d'épicéa, de sapin, de mélèze et de pin à crochets.

Le village d'Aubrac est à 1 200 mètres de là, exposé en plein midi, dominant la pittoresque vallée de la Boralde et protégé contre les vents du nord par une ceinture de sommets de 1 360 à 1 400 mètres d'altitude. L'air sain et vif, la siccité de l'atmosphère remplie pendant l'été de senteurs tièdes et par

1. Le sapin est presque introuvable sur le plateau d'Aubrac. A 45 kilomètres, au nord de Laguiole, on remarque cependant la belle sapinière de Guirande, à l'altitude de 1 050 mètres; sa contenance est de 32 hectares. Cette essence serait donc tout à fait à sa place sur les sommets et sur les flancs de la chaine d'Aubrac, où son introduction serait facile.

fumées en font une station délicieuse. Combien plus agréable serait-elle cependant si l'on pouvait trouver dans les pâturages qui l'environnent l'ombre au pied de bouquets de mélèzes et de sapins que l'on y cherche en vain!

A 1 200 mètres d'Aubrac, sur la route qui conduit à Espalion, l'Adrech, petit bois de 17 hectares, offre aux gaspijayres (buveurs de petit lait) un abri contre la chaleur et des sièges moussus sous des voûtes de verdure. Mais l'Adrech n'est qu'un taillis de hêtre fureté, dont les branches sont courbées chaque année sous le poids de la neige et du givre; en suivant la route d'Aubrac à Saint-Chély, les promeneurs trouvent une magnifique futaie de hêtre de 100 à 120 ans, dont la belle végétation contraste singulièrement avec l'aspect des taillis de l'Adrech et de Régambal. C'est la futaie de Gandilloc, assise à 1160 mètres d'altitude moyenne sur un versant rapide, au pied duquel la Boralde roule ses flots écumants et rebondit de cascade en cascade sur des seuils de basalte, avant d'arroser les riches prairies du vallon de Saint-Chély.

De l'autre côté de la Boralde s'étend sur 1613 hectares le grand bois. d'Aubrac. Ce vaste ténement occupe le plateau de Monterbosc (1 310 m. d'altitude), circonscrit au nord par le ruisseau de Campiols, à l'ouest par la Boralde, au sud et à l'est par le ruisseau des Mousseaux et les pentes rapides qui vont du haut plateau de Tournecoupe (1 388 mètres d'alt.) aux ruisseaux des Mousseaux et de Vieurols. Il revêt ainsi de ses masses sombres les versants abrupts de l'immense cirque qui termine brusquement la vallée du ruisseau des Mousseaux, les pentes escarpées des versants du Soutou et du Martinet, couvertes de rocs basaltiques et dominées par des falaises de rochers à pic de plus de 100 mètres de hauteur. Dans la vallée, les futaies de la Verrière et du Martinet occupent 277 hectares; la profondeur du sol et l'abri que leur prêtent les hauteurs voisines contre les vents permettent aux arbres d'acquérir de belles dimensions; nous avons compté dans cette partie de la forêt 302 hêtres, mesurant 0 m. 70 de diamètre à 1 m. 30 du sol et de 18 à 20 mètres de hauteur totale de fùt. Sur les plateaux et les versants, on trouve 1 336 hectares de taillis furetés, généralement clairiérés, rabougris, souvent dépérissants, ruinés par les abus de toute sorte qui y ont été exercés depuis plusieurs siècles. L'origine de cette situation désastreuse remonte vraisemblablement à l'époque de la guerre de Cent ans et des guerres de Charles VII contre Jean V, comte de Rodez et d'Armagnac; en tout cas, elle a été constatée officiellement en 1658, lors de la visite des forêts de l'abbaye d'Aubrac par les commissaires réformateurs et a été aggravée singulièrement à la fin du XVIIe siècle et pendant tout le cours du xix. Jusqu'en 1898, en dépit des efforts de l'administration des Eaux et Forêts, les habitants des communes de l'Aveyron, de la Lozère et du Cantal les plus rapprochées de cette partie de

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