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Elle est moins bien pourvue quand il lui faut subventionner une mission. Le don que lui fit, en 1869, M. de Lesseps, alimenta momentanément son Fonds des Voyages; mais 9000 francs sont vite absorbés et il fallut qu'une souscription et que des libéralités discrètes intervinssent à plusieurs reprises pour faire durer et au besoin ressusciter ce fonds sur lequel une vingtaine de voyageurs obtinrent des subventions, dont les plus élevées n'atteignirent pas 4000 francs. Quoi qu'il en soit, la Société, qui en 1893 recevait de M. Demersay un léger appoint de 1 000 francs, ne put entreprendre aucune mission importante sur ses propres deniers avant que M. Renoust des Orgeries ne l'ait mise en mesure de consacrer un capital de 275 000 francs à semblable entreprise. Ce legs universel remonte à 1894 et la mission Saharienne fut organisée en 1898.

En 1900, M. Henri Dumont assura une rente de 1 000 francs au Fonds des Voyages qui s'accrut la même année de l'intérêt de 2000 francs de madame Billet, mère d'un des membres infortunés de la mission Crevaux.

Le legs Buissonnet, de 22 000 francs, reçu en 1903, fut affecté, suivant le désir du testateur, à des explorations qui absorbèrent le capital; enfin, tout récemment, madame Francheterre, en constituant la Société sa légataire universelle, lui a réservé une somme d'environ 200 000 francs, dont le revenu actuellement grevé d'une rente viagère sera seul employé.

Répondent au même objet les Bourses de Voyage fondées par S. A. le Duc de Chartres en mémoire de son fils le Prince Henri d'Orléans, et par madame Georges Hachette en souvenir de son mari. La première est constituée par un capital de 11 000 francs; la seconde par un capital de 35 000 francs.

Au total la Société de Géographie a reçu, en dehors du legs Francheterre, une somme d'environ 400 000 francs pour subventionner différents voyages. Sur cette somme 82 000 francs seulement ont le caractère de fondations, puisque seuls ils assurent au Fonds des Voyages un revenu annuel, qui est cette année de 2 700 francs.

Une autre espèce de fondation qui rentre dans la catégorie des dons et legs, a donné lieu à l'organisation d'une œuvre d'assistance. En 1883, M. Poirier, léguait à la Société « un tiers de son avoir » (environ 246 000 francs) dans des conditions telles que seuls les intérêts des intérêts pouvaient être perçus pour former des rentes viagères au bénéfice de voyageurs ayant rendu des services à la science et au commerce. A cette fondation, qui prend chaque jour une importance plus grande, sont venus s'ajouter les fonds de deux Sociétés aujourd'hui fondues dans la Société de Géographie: 1o Les Maisons coloniales

de convalescence, créées par M. Le Myre de Vilers, dont le capital dépasse 200 000 francs et le revenu 6 000 francs; 2° Les Amis des Explorateurs, groupement organisé primitivement sous le patronage de la Société et dont l'apport, effectué en 1904, s'est élevé à 34 700 francs.

Les œuvres d'assistance, sur lesquelles nous reviendrons, sont administrées par une commission spéciale sous le contrôle de la commission centrale. Ce service, qui fonctionne à la Société depuis deux ans, a déjà produit les meilleurs résultats.

On peut regretter que les dispositions prises dans ces trente dernières années en faveur de la Société n'aient pas été dirigées du côté de la bibliothèque ni des publications. Ces deux services, dont l'importance n'échappe à personne, ont à peine attiré les libéralités de quelques amis de la géographie ou des voyages qui préfèrent ne pas être nommés et d'un jeune savant prématurément enlevé à l'affection des siens Christian Garnier, dont l'admirable mère, madame Ch. Garnier, connaissait et exécutera les généreuses intentions. Ce sera l'œuvre de l'avenir.

Il nous reste à parler des dons anonymes. Dès l'origine il y en eut; mais ils prirent des formes si diverses et s'effectuèrent souvent d'une façon si discrète qu'il serait impossible d'en faire le relevé sur les comptes de la Société.

Comment ne pas souligner cependant, ne serait-ce que pour l'exemple, les libéralités de certain Mécène qui s'est toujours trouvé à la disposition de la commission centrale quand il y eut une carte ou une étude importante à publier, une séance solennelle à organiser, un concours à ouvrir. Nous sommes peut-être seul à connaître le détail de ces dons qui, concourant toujours au progrès scientifique, ont valu à la Société, depuis que nous nous occupons du secrétariat, une vingtaine de mille francs, sans préjudice des subventions remises directement aux explorateurs et des sommes beaucoup plus importantes par lesquelles il soutient les glorieuses traditions de la science française, telle cette mission géodésique, qui poursuit à l'Équateur les grands travaux auxquels Bouvier, La Condamine et Godin ont attaché leur nom.

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Les souscriptions n'ont pas été nombreuses et ne se sont produites que dans des circonstances exceptionnelles.

de nos pionniers en les dirigeant vers le Soudan et dont les lauréats furent le major Laing pour une faible part et René Caillié pour 9 000 francs, ne nécessita pas une souscription. De généreuses initiatives et le concours du Gouvernement rendirent ce moyen inutile.

Lors de l'expédition Le Saint sur le haut Nil, il en fut autrement. Une souscription ouverte à cet effet rapporta 21 000 francs, sur lesquels 16 500 francs furent versés, en 1867, à ce voyageur, qui devait mourir, l'année suivante, à l'entrée du Bahr el Ghazal. Une autre collecte, postérieure à 1870, n'approvisionna que faiblement le Fonds des Voyages. Trente ans après, lors du retour de la Mission Saharienne, le désir d'honorer la mémoire du commandant Lamy fit recourir au même moyen. Cette souscription, à laquelle prit part M. Loubet, président de la République, donna 9000 francs, qui servirent à constituer au 1er Tirailleurs algériens un prix en argent attribué par le colonel à un tirailleur indigène s'étant distingué par ses brillants

services.

Dans d'autres circonstances, la Société, sans ouvrir une souscription parmi ses membres, sollicita certains concours et réussit à grouper des fonds importants. Le fait s'est surtout présenté dans ces dernières années. Ces fonds ont rendu à la Société d'inestimables services en lui permettant de faire entreprendre des travaux profitables soit au progrès scientifique, soit au développement de nos colonies. Il suffit, pour s'en convaincre, de se rappeler les voyages auxquels elle s'est intéressée depuis 1903' et les deux missions dont la préparation nous a occupés depuis plusieurs mois la mission du Haut-Logone et la mission d'étude de la maladie du sommeil.

Le concours que le ministère des Colonies a bien voulu prêter à la Société de Géographie pour l'organisation et l'équipement de ces missions lui est d'autant plus précieux qu'elle se consacre avec plus d'activité à l'exploration méthodique de nos possessions d'outre-mer. Pour la première fois, en 1903, le Département subventionna une entreprise de la Société et le mérite de cette innovation, féconde pour le pays, revient à M. Doumergue. Au moment où se préparait la mission Niger-Bénoué-Tchad, il fit verser dans les caisses de la Socité une somme de 15 000 francs. Cet exemple a été suivi par ses successeurs, MM. Clémentel et Georges Leygues pour la misssion dont le commandant Lenfant a déjà pris la direction et pour celle qui s'organise. Leur haut patronage, l'appui très réel de M. le commissaire général Gentil, justement préoccupé d'assurer l'avenir de la colonie dont il a la charge, la participation très clairvoyante des grandes compagnies de colonisation, nous donnent l'espoir que ces tentatives, d'un intérêt national et colonial autant que scientifique,

seront fécondes.

1. Tableau des subventions aux explorateurs, p. 108.

Il est encourageant de noter que ces trois éléments de la prospérité du Congo ont répondu à l'appel de notre président, chacun d'eux étant également intéressé à la connaissance géographique de ces vastes territoires, à leur mise en valeur et à l'amélioration de la condition morale et matérielle des indigènes et des colons.

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DÉPENSES

Après avoir passé rapidement en revue les divers éléments qui composent les ressources de la Société cotisations, dons et legs, souscriptions et subventions il nous reste à examiner sommairement les différents chapitres de l'état général de ses dépenses.

Pour rendre cette lecture plus facile et permettre de comparer entre elles les dépenses de même nature, nous publions plus loin des tableaux correspondant aux quatre premières catégories frais d'administration publications prix et médailles subventions aux explorateurs. La cinquième comprendra le service des œuvres d'assistance, trop récent pour nécessiter des recherches statistiques, et un paragraphe spécial sera consacré aux dépenses extraordinaires.

1° Frais d'administration'.

Comprenant les dépenses relatives au personnel, au secrétariat, aux séances, à la bibliothèque, aux frais généraux (impôts, assurances, entretien, chauffage, éclairage, etc.)

Réduits à trois ou quatre mille francs quand la Société, vivant à l'étroit, ne comptait qu'une centaine de membres, ces frais augmentèrent d'importance en même temps que les services auxquels il fallut pourvoir. Cet accroissement des charges se constate surtout après la construction de l'hôtel. Jusqu'en 1870, elles n'avaient pas dépassé 12 000 francs; en 1876 elles sont de plus de 24 000 francs; en 1878 de 32 300 francs; en 1880 de 41 300 francs; en 1886 de 51 000 francs. Le fait s'explique si on observe que la bibliothèque, devenue très riche, est ouverte aux travailleurs, qu'elle exige un classement rigoureux, que les séances de la commission centrale sont suivies par un public nombreux et comportent des cartes-itinéraires, des projections, parfois des expositions de vues et de documents rapportés par les explorateurs, que les publications, la correspondance, la comptabilité, les recouvrements, l'entretien des salles nécessitent un personnel plus complet et des frais accessoires plus élevés.

En 1891 les frais d'administration s'élèvent exceptionnellement à 56000 francs. Depuis 1898, ils se sont toujours tenus au-dessous de 48 000 francs, sauf pendant l'exercice 1900 en raison de l'Exposition univer

selle et de l'organisation par la Société du Congrès national des Sociétés françaises de Géographie. Malgré la transformation de l'ancien Bulletin en un recueil mensuel beaucoup plus important, malgré la construction d'une seconde bibliothèque double de la première, le nombre des employés n'a pas été augmenté.

Les chiffres qui figurent dans la colonne du secrétariat de la Société, depuis 1865, ont dépassé 10 000 francs en 1885 et 1886 et se sont maintenus aux environs de 8 000 francs en moyenne jusqu'en 1895. Brusquement, en 1898, ils descendent au-dessous de 1000 francs. Depuis 1904, la somme inscrite sous cette rubrique est fixée à 6 000 francs, en vertu d'un vote de la commission centrale.

2o Publications'. - Elles sont de trois sortes le Bulletin qui n'a jamais cessé de paraître depuis la fondation de la Société; les Mémoires, parus de 1823 à 1867 à des intervalles très irréguliers et formant un recueil de sept volumes (texte français des voyages de Marco Polo, de la géographie d'Édrisi, plusieurs récits de voyages en Orient, la grammaire et le dictionnaire de la langue berbère, l'ethnographie de la Perse, etc.); les publications diverses faites par la Société et ne rentrant pas dans les deux premières collections.

Le Bulletin n'était, dans la pensée des fondateurs, « qu'un moyen de faire connaître ce qui se passe dans les séances ». Les ressources de la Société devaient aller de préférence aux mémoires ou plus exactement au Recueil de Voyages et de Mémoires, qui constituait la partie savante des publications. En fait, le Bulletin, qui paraissait tous les mois, prit rapidement de l'importance et devint << un véritable moyen de correspondance entre les membres, entre eux et les Sociétés savantes, entre eux, les voyageurs et les savants épars sur tous les points du globe ». Il s'agissait même, dès 1845, « de fournir les nouvelles géographiques de tout le monde, de suivre les travaux des auteurs étrangers, ce qui n'existe pas encore en français ».

Depuis 1882, le Bulletin se scinda en deux parties : l'une, trimestrielle, garda le titre de Bulletin et contint les mémoires, notices et rapports; l'autre parut en petits fascicules séparés et concerna les Comptes rendus des séances. Ce double organe devint en 1900, par suite d'un traité passé avec MM. Masson et C, La Géographie, que nous n'avons pas à présenter à ses lecteurs et dont il ne nous appartient pas de faire l'éloge. Comme secrétaire de la rédaction, M. Charles Rabot consacre son temps et son savoir à cette VIII série du Bulletin agrandi et transformé. La collection forme jusqu'ici un ensemble de

1. Voir tableau des frais de publications, p. 104.

2. Notice de M. Barbié du Bocage en 1832. Bulletin, t. XVII, p. 298.

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