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Qui m'en fait faire une fortie Par un tems froid & pluvieux. Enfin, je me trouve asservie A tant de peines en ces lieux, Qu'il me faut afpirer par force à l'autre vie (35).

ARTICLE

TROISIEME.

LA VIE DES PEINTRES Flamands, Allemands & Hollandois &c. par Mr. J. B. DESCAMPS &c. Tome II. *. à Paris Chez Charles Antoine Fombert MDCCLIV. grand 8. de 480 pages.

CE que nous avons prévů, en don

nant l'Extrait du I. Tome de cet Ouvrage, eft arrivé; M. DESCAMPS a mis plus de détails & des détails plus_intéresfans dans fes vies des Peintres. Soit que les fources où il puife fe foient trouvées plus abondantes, foit que fon pinceau ait pris plus de hardieffe en s'exerçant ce volume nous a paru beaucoup mieux écrit que le précédent, plus instructif, plus

?

(35) Oeuvres mêlées de St. Evremont. Tom. II. p. 34.

Voyez l'Extrait du Tom. I. dans la I. partie de cette Bibliothèque, Art. IV.

plus agréable, plus propre à donner de juftes idées de l'Art & des Artiftes qui y

ont excellé.

On y trouve dabord la Vie de Jacques Fordaens né à Anvers en 1594. Elle appartenoit par l'ordre chronologique au prémier volume, & auroit dû être placée après celle d'Adrien de Bye, à la page 407; mais quelques doutes fur les événemens particuliers de la Vie de Jordaens, ainsi que fur l'année de sa mort, n'ont pû être éclaircis que dans un voyage que l'Auteur a fait fur les lieux, depuis l'impreffion du prémier Tome.

Facques Fordaens eut pour maitre Adam van Oort, dont il époufa la fille. Peu content d'égaler fon beau-père, il tâcha de le furpaffer. Il étudia, il copia les tableaux du Titien. Bientôt fa réputa

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tion s'accrut. Rubens le rechercha; les ,, grands hommes ne font ni envieux ni ", jaloux. Virgile ne le fut point d'Hora"ce ni d'Ovide. Jamais Rubens ne le fut d'aucun grand Peintre... Sandrart a prétendu que ce grand Artiste enga,,gea Fordaens à peindre en détrempe, ,, pour lui faire perdre infenfiblement le ,, goût du coloris. Loin de craindre d'être furpaffe par Jordaens, Rubens lui donna des avis fi utiles, que fordaens, en imitant la manière de Rubens, en devint plus vigoureux & plus parfait. On ac,,quiert quelquefois plus de gloire en

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,, imitant, qu'en s'efforçant d'être origi"nal ". Fordaens gagna beaucoup de bien. Ses mœurs furent réglées; il attei gnit l'âge de 84 ans & mourut de la Suette à Anvers le 18 Octobre 1678. Sa fille Elizabeth Jordaens décéda le même jour. Ils furent enterrés comme Calviniftes dans la Seigneurie & Bourg de Pulte, où ,, étoit déjà inhumée Catherine van Óort fa femme, morte le 17 Avril 1639.

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,, Dans tous les ouvrages de Jordaens „ on remarque une grande harmonie de couleurs & une belle entente du clair obfcur. Ses compofitions font ingénieu" fes & abondantes: fes expreffions naturelles; mais fon deffein étoit souvent fans goût. Il copioit la nature fans en choisir les beautés & fans en écarter les défauts. Il drappoit de meilleur goût; mais fon principal mérite confiftoit dans la facilité & dâns la touche de fon pin,, ceau. Mal-à-propos a-t'on voulu l'égaler à Rubens. Ce dernier avoit bien plus 39 de nobleffe & d'élevation. Jordaens ,, favoit arrondir fes figures & donner le même éclat à fa couleur, & peut-être plus de vigueur; mais le prémier a "toûjours l'avantage dans toutes les parties de la peinture ".

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On conferve un très-grand nombre de tableaux de Jordaens. Son plus bel ouvrage eft celui qu'il fit pour Emilie de Solms Douairière de FREDERIC-HENRI Prince

d'Oran

d'Orange.

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Cette Princeffe fit peindre à Fordaens les actions mémorables de fon époux, en plufieurs tableaux auffi ingénieux par les allégories, qu'expreffifs par la couleur & l'harmonie.,, Le chef-d'œuvre de ce Peintre eft le tableau où il a répréfenté FREDERIC-HENRI dans ", un char de triomphe tiré par quatre Chevaux blancs, entouré de grouppes fymboliques. Ces tableaux décorent 99 le Sallon d'Orange à la maison du bois "près de la Haye, & ils fuffifent pour ,, montrer combien Sandrart s'eft trompé, quand il a dit que Jordaens colo,,rioit froidement depuis qu'il avoit peint en détrempe".

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La Vie de van Dyck, qui fuit ici, est écrite avec plus d'étendue encore que celle de Fordaens. Ce fameux maître vêcut vite; & quoiqu'il ait prodigieufement travaillé, on fait que ce ne fut pas dans l'exercice de fon art qu'il s'ufa le plus. Après avoit fait une fortune immenfe & donné dans un fafte exceffif, il eut la folie de fe jetter dans l'Alchymie, & vit en peu de temps s'évaporer par le creufet, l'or qu'il avoit créé avec fon pinceau. Les vapeurs du charbon & les déplaisirs de fe voir trompé le jettèrent dans la mélancolie. Epuifé de foibleffe, extenué par les remédes, il tomba dans une espéce de phtifie & mourut à Londres en 1641, avant qu'il eût fini fa quarante deuxième

année.

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année. On peut juger des fommes prodigieufes qu'il avoit gagnées par ce qui lui refta après des dépenfes exceffives & la folie du grand Oeuvre. On lui trouva cent mille rixdales.

CHARLES I. enrichit van Dyk; il taxa lui même les portraits en pied qu'il faifoit à cent Livres Sterling, ceux à demi corps à cinquante Livres. Il lui donna deux logemens, le créa Chevalier du Bain, & porta fon attention à tout ce qui pouvoit lui procurer dans l'opulence une vie honorable & douce,

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Un jour que van Dyck faifoit le portrait de ce Monarque, Charles, qui fe plaignoit très bas au Duc de Nortfolck du mauvais état des finances, s'apperçut que le Peintre l'écoutoit;,, Et vous Chevalier, luidit-il en riant, favez vous ce que c'eft ,, que d'avoir befoin de cinq ou fix mille guinées? Oui, Sire, repondit van Dyck, un Artiste qui tient table ouverte à fes amis & bourse ouverte à ses maitref,, fes, ne fent que trop fouvent le vuide de fon coffre fort.

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On rapporte encore de lui une réponfe affez heureuse à Marguerite de Bourbon fille de Henry IV, & dont il faifoit le portrait. Elle avoit des mains admirables. Van Dyck excelloit à peindre ces extrémités. Comme il s'y arrêtoit long-tems, la Princeffe s'en apperçut & lui demanda d'un air enjoué, pourquoi il carreffoit plus Tome IV. Part I D

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