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gument (1). Ils débitoient donc leurs maximes » les plus importantes comme des leçons qu'ils avoient apprises de leurs pères, et ceux-ci de » leurs prédécesseurs, en remontant jusqu'aux premiers hommes à qui Dieu avoit parlé. Tous >> les païens en général étoient persuadés que la » loi venoit de Dieu, et que sa force obligatoire » étoit fondée sur une autorité divine. Le savant » Selden a rassemblé un grand nombre de témoignages de poëtes, de philosophes et d'his»toriens païens qui disent la même chose (2). Il est probable que cette croyance ne venoit pas » seulement de l'idée qu'ils avoient d'une Providence divine qui prenoit soin des hommes : » ́ elle étoit plutôt fondée sur une ancienne tradition qui portoit qu'au commencement Dieu » avoit donné sa loi aux hommes (3).

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Ce dogme fondamental ne fut jamais obscurci. Dans tous les temps on a cru que Dieu

(1) Notez que c'est un auteur protestant qui fait cet aveu. Edouard Ryan avoue aussi que « la tradition fut la » source d'où les nations et les sages de l'antiquité tirèrent » les idées raisonnables de l'existence et des attributs de » Dieu. Bienfaits de la relig. chrét., tom. I, ch. I, p. 12. (2) Selden, de Jure nat. et Gent., lib. I, cap. VII, p. 94 et seq. Ed. Lips.

(3) Leland, Nouvelle démonstrat. évangel, II part. ch. II, tom. III, p. 57–59.

avoit originairement révélé la vraie religion, ou la loi céleste, immuable d'où dérivent toutes les autres lois (1), et qu'on la reconnoissoit à ces caractères qui lui sont exclusivement propres, l'unité, l'universalité, l'antiquité.

C'étoit la doctrine de Pythagore (2) et il l'avoit trouvée établie dans l'Orient (3). Le méchant disoit-il, n'écoute point la loi divine, et c'est pourquoi il ne respecte aucune loi (4).

On n'imaginoit point, dans ces anciens temps, de société purement humaine, ni de législation qui ne reposàt sur l'autorité de Dieu. La religion étoit le fondement et la sanction des devoirs, le lien qui unissoit et les individus dans la famille, et les familles dans l'état; et comme on voyoit en elle la société tout entière, c'étoit

(1) Antè quàm ad populares leges venias, vim istius cœlestis legis explana, si placet. Cicer., de Legib., lib. II, cap. IV, n. 9.

(2) Ocellus Lucan., cap. IV.

(3) La vérité, disoit Zoroastre, n'est point une plante de la terre : Où yap àλnteíns qutòv évì xlovì. (Oracul. Zaroastr. ap. Cleric. Philosoph. orient., lib. IV, p. 237.) Invoque la pure loi, dit Ormuzd, dans le Vendidad, p. i15.

(4) Νόμου Θείου τὸ φᾶυλον ἀνήκοον, διὸ καὶ παρανομἔι. Demophil. Sentent., Pythagor.,, pag. 36. Lips. 1754. Et ap. Stob., Serm. II.

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elle aussi que la société respectoit et défendoit avant tout (1).

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Est-ce Dieu, ou bien quelque homme, qui » est l'auteur des lois? C'est Dieu, ô étranger; il » est très-juste d'affirmer que c'est Dieu (2). » Ainsi parle Platon; et ailleurs il déclaré qu'il n'y a de lois légitimes ou de véritables lois, que celles qui sont conformes à la loi souveraine, la loi royale, immuable règle de toute justice; loi universelle, perpétuelle, et que nul homme ne peut méconnoître à ces caractères. Le passage est trop important pour que nous hésitions à le citer en entier.

« SOCRATE. Pensez-vous que ce qui est juste puisse en même temps être injuste, et réci» proquement? Le juste et l'injuste ne sont-ils >> pas au contraire essentiellement distincts l'un » de l'autre?

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MINOS. Sans doute, ce qui est juste, ne peut » pas ne point être juste, et il en est de même. » de ce qui est injuste.

(1) Omnia namque post religionem ponenda semper civitas nostra duxit. Valer. Maxim.

(2) Θεὸς ἥτις ἀνθρώπων ὑμῖν, ὦ ξένοι, ἔἴληφε τὴν αἰτίαν τῆς τῶν νόμων διάθεσεως; Θεός, ὦ ξένε, θεός, ὥς γε τὸ δικαιότατον iety. Plat. De Legib., lib. I, Oper., tom. VIII, pag. 4.

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» SOCRATE. En juge-t-on par toute la terre » comme nous en jugeons ici?

» MINOS. Assurément.

» SOCRATE. Et chez les Perses aussi?

>> MINOS. Et chez les Perses.

» SOCRATE. Et toujours?

» MINOS. Oui, toujours.

» SOCRATE. De deux corps qui entraînent un

plus grand et un moindre poids, lequel esti» me-t-on le plus pesant?

» MINOS. Celui qui entraîne un plus grand › poids.

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» SOCRATE. Porte-t-on là-dessus le même ju»gement en Lycie et à Carthage?

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MINOS. Le même.

SOCRATE. Il paroît donc que partout l'on regarde comme beau ce qui est beau, et comme » honteux ce qui est honteux ?

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>> MINOS. Oui certainement.

» SOCRATE. Donc, en toutes choses, ce qui est › vrai est reconnu pour vrai, et ce qui est faux est » reconnu pour faux, tant par nous que par tous » les autres hommes (1).

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MINOS. Je le pense comme vous.

(1) Οὐκοῦν ὡς κατὰ πάντα εἰπεῖν, τὰ ὄντα νομίζεται εἶναι, οὐ τὰ μὴ ὄντα, καὶ παρ' ἡμῖν, καὶ παρὰ τοῖς ἄλλοις ἅπασιν.

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SOCRATE. Donc, celui qui s'éloigne de la vérité, viole la loi (1). »

Socrate continue de montrer, par différens exemples que ce qui est juste et vrai, est partout et toujours le même. Puis il reprend :

« Ce qui est légitime (2) ne varie donc pas? MINOS, Non certes.

(1) ὃς ἂν ἄρα τοῦ ὄντως ἁμάρτη, τοῦ νομίμου ἁμαρτάνει. Voici le raisonnement de Socrate: «La distinction du

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juste et de l'injuste est invariable comme la vérité, Ou plutôt est la vérité même, puisque la vérité n'est autre » chose que ce qui est, tò ov. On reconnoît donc ce qui » est juste ou injuste, comme on reconnoît ce qui est vrai » ou faux, par le consentement universel et perpétuel » des peuples. Or, il n'y a de véritable loi que celle qui » est conforme à la justice ou à la vérité immuable : » donc, quiconque s'éloigne de la vérité, viole la loi. » -Lex tua veritas. Ps. CXVIII, 142. Pindare dit, dans le même sens, que la vérité souveraine est le principe de toute vertu, et il appelle la loi, la reine des mortels et des immortels.

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Αρχὰ μεγάλας ἀρετᾶς, ὤνασσ ̓ Αλήθεια.

Principium magnæ virtutis, Regina veritas. Ap. Stob. Serm., LIX, pag. 230. Wech.

Νόμος ὁ πάντων βασιλεὺς θνατῶν τε καὶ ἀθανάτων.

Lex omnium Rex est mortalium et immortalium.

Schol. Pindari ad Ncm., IX, 35.

(2) Nóuipos ce qui a force de loi.

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