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jour vint où, le cœur navré, le pauvre malade vit s'évanouir le dernier rayon d'espérance! Vaincu, mais non pas abattu, il eut encore le courage de travailler à ce dernier rapport sur les travaux du Conseil d'hygiène, que nous avons tous lu, non sans émotion, et dans lequel sa main défaillante dispute à la mort le temps d'achever l'œuvre menée si héroïquement à bonne fin. Ce fut son dernier effort, et l'on y sent, en maint endroit, comme une touche douloureuse, une sorte de pressentiment fatal qu'y laissa sa main glacée.

Ce travail accompli, il sembla se recueillir pour mieux mourir.... il appela à lui les suprêmes consolations de la religion, et, muni de ce secours d'en haut qui donne au chrétien la force de dire au monde un dernier adieu, il s'éteignit le 3 novembre 1867, agé seulement de quarante-sept ans.

Par ce dernier hommage rendu à sa mémoire, Messieurs, vous donnez à sa famille un nouveau témoignage de votre pieuse sympathie, et en même temps, vous acquittez envers votre regretté collègue une dette de reconnaissance, pour la collaboration précieuse et soutenue qu'il a constamment prêtée à vos travaux. Puisse son exemple trouver des imitateurs!

Dr II. DUPUIS.

NOTICE SUR DOM PIERRE COUSTANT,

Prêtre religieux bénédictin.

DEUXIEME SUPPLÉMENT.

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LETTRES.

En consultant une première fois les manuscrits bénédictins de la Bibliothèque Impériale, nous avions été assez heureux pour découvrir plusieurs lettres de D. Coustant. La première était relative à l'édition du Saint-Augustin, et toutes les autres aux Décrétales des Papes. Il était à présumer que d'autres lettres, concernant ses travaux intermédiaires, devaient avoir été recueillies et nous avoir échappé. Aussi avons-nous renouvelé nos recherches, et nous avons été assez heureux pour en trouver une nouvelle série de sept, que l'on pourrait intituler Correspondance de D. Martène (1).

La première, du 23 août 1691, nous initie à une partie des travaux que la congrégation avait entrepris à cette époque. D. Pierre s'occupait de son édition du Saint-Hilaire, une de ses œuvres capitales.

1 Nous profitons de cette occasion pour rectifier une faute d'impression qui s'est glissée à la fin du premier Supplément. Il y est question des regrets qu'inspira la perte de D. Coustant, et on associe par erreur aux regrets de D. Tassin D. Mabillon, au lieu de D. Martene

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J'ay reçu l'effet de votre zèle pour le bien public, que vous ne procurez pas moins dans l'occasion que si vous n'aviez pas de desseins particuliers. Je vous remercie de la peine que vous vous êtes donnée, et je ne doute pas que vous n'en ayez reçu quelque récompense en voyant l'utilité de votre travail. Il m'est venu assez à temps pour en profiter et faire une honorable mention du manuscrit de Saint-Martin. Je voudrois une marque courte et expressive pour y faire faire plus d'attention. J'avois trouvé un semblable manuscrit chez M. Colbert, mais je suis fort aise qu'il soit confirmé par un autre. D'ailleurs, n'étant que d'environ 600 ans et fautif, le vôtre pourra le rectifier comme étant plus original. Si vous trouviez de même quelque manuscrit singulier de la première requeste à Constance, il y auroit espérance de faire des corrections plus considérables. L'ancien manuscrit de Saint-Pierre de Rome a été une source gâtée d'où la corruption s'est glissée dans les copies. Notre ouvrage ya lentement, quoique de mon côté je n'aye pas manqué de fournir, sans délai, tout ce qu'on m'a demandé. Comme je ne suis pas importun, et que M. Muguet (l'éditeur du Saint-Hilaire n'a pas grand ouvrier, il se sert de l'occasion; le cinquième livre de la Trinité s'achève.

Le Saint-Athanase, de D. Bernard (de Montfaucon), se repose toujours, et M. Anisson ne paraît pas plus libéral et moins attaché à son profit que le libraire de Paris. Il veut des ouvriers à si bon marché qu'il a de la peine à en trouver. Le Saint-Jérôme (de D. Jean Martianay) va mieux son train à deux feuilles par semaine. Le Père Prieur d'Argenteuil (D. Julien Garnier), avec D. Pierre Hue, s'exerce sur Saint-Basile. D. Jean Mabillon m'a dit qu'il n'avoit aucun dessein et qu'il ne sçavoit pas au vray le sentiment que M. de la Trape (l'abbé de Rancé) avoit eu de son dernier livre (Traité des études monastiques). Plusieurs personnes ont trouvé d'abord à redire dans sa Bibliothèque. Il n'a pas de connoissance des Miracles de SaintMartin, par Herbertus.

D. Jacques Lopin vous fait ses recommandations; s'il a été bien bas, on ne peut pas avoir été mieux soigné, ayant été veillé non seulement de nos confrères, mais encore de deux garçons et même trois. Le médecin ne manquoit guères de le venir voir jusqu'à sept et huit fois par jour. Il commence à se lever et à manger. Il a eu toujours l'œil bon, et Fr. Mathias ne se souvient pas d'avoir vu personne qui ayt conservé si longtemps les

forces du corps. C'est un effet de la Providence que leur libraire se soit arrêté, et D. Bernard remarque mieux que jamais qu'il n'est pas à propos de se presser si fort, puisqu'étant plein de sa matière il est plus en état de profiter des différentes lectures, et qu'en effet il en fait peu d'où il ne tire quelque avantage. Je ne scay si je vous ai mandé que Gronovius le fils avoit parlé d'une manière désobligeante de son Rationarium pour préparer le lecteur à le recevoir selon les mémoires de son père. Il attend que cet ouvrage paroisse pour y respondre, s'il le mérite. La critique de nos Pères de Saint-Vanne commence à paroître; elle se vend 50 sols. L'abbé du Pin a dit il y a bien six semaines icy que sa response étoit toute imprimée. Le Saint-Grégoire de M. de Goussainville se vend neuf escus. Le Bède pourra valoir 40 livres, et les Epitres de Saint-Thomas de Cantorbéry 12 livres. Ces sortes de livres, n'étant pas dans le commerce, n'ont pas un prix fixe, et en marchandant et dans les hazards on peut les avoir à bon marché. On se frustre néanmoins lorsqu'on a recours à D. Jean Prou. qui prend les livres au prix qu'il plaît à MM. les libraires, et souvent fort mal conditionnés. Je ne scay si vous avez lu la ligne, que le R. P. Prieur ajoute au bas de votre lettre, qui me lie les mains. Il me marque qu'il y a défense de la diette de donner des commissions à d'autres que D. Jean Prou, et que vous ne scaviez pas ce réglement en escrivant votre lettre. Mandez-moy, si vous le jugez à propos, quel party je dois prendre. Vous ne devez pas douter que je m'employe, dans ce qui regarde votre service, avec tout le zèle avec lequel je suis, mon révérend Père, votre trèshumble et très-obéissant confrère.

De Saint-Germain-des-Prez, ce 25 août 1691.

F. P. COUSTANT, M. B.

J'ay fait vos recommandations à ceux que vous m'avez marquez. Fr. René en particulier vous en remercie. Tout le cours se soutient toujours dans les bonnes inclinations, et il seroit difficile de demander une plus grande assiduité pour l'étude. Nous avons vu D. Pierre de la Mare ces jours passez icy, qui est non seulement continué zélateur, mais encore semeur. Il dit que le noviciat est bien rempli et de sujets aussy bons qu'il y en ayt eu de longtemps. D. Jean Mabillon, qui y a fait quelques retraites depuis son dernier livre, y conte au moins dix excellents sujets. D. Pierre Thiébaut est sous-prieur à Compiègne, et D. Th. de la Barde à Saint-Quentin.

Je prie le révérend Père Prieur d'agréer mes très-humbles prières et de me faire la grâce de me donner quelque part à ses saintes prières auxquelles j'ay grande confiance.

Au révérend Père Dom Edmond Marlène, religieux bénédictin
de Marmoutiers, à Tours.

La lettre suivante, par ordre de date, est encore adressée à D. Martène, dans le cœur duquel D. Coustant croit pouvoir verser sûrement ses peines. Nommé, en 1693, Prieur de Nogentsous-Coucy, D. Pierre avait d'abord cherché à décliner cet honneur; obligé de se soumettre, il n'a cessé de protester; mais les Diètes de l'ordre l'ont toujours maintenu. Il se croit incapable de remplir convenablement ces fonctions, et il espère que le Chapitre lui fera enfin « justice » en le délivrant de cette responsabilité, qu'il considère comme « fort dangereuse pour lui. » II en est tellement tourmenté qu'il prie D. Martène de lui « obtenir par avance cette grâce auprès de Dieu.» Cette année mème devait le voir revenir à Saint-Germain-des-Prez.

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C'est une douceur très grande pour moy de recevoir des marques de votre souvenir et de votre amitié. J'y ay aussy cette confiance que comme il n'y a pas d'espace qui me puisse vous faire oublier, il n'y en a pas aussi qui me puisse effacer de votre cœur. Je crois y pouvoir verser le mien sûrement et vous déclarer que, quoyqu'on en dise, je reconnois tous les jours de plus en plus que je n'ay pas de talens pour la supériorité, et que cet état est fort dangereux pour moy. J'espère que le chapitre me fera la justice que je n'ay pu obtenir dans les diètes. C'est ce que je vous prie de m'obtenir par avance auprès de Dieu. Je le bénis du repos qu'il vous donne, et je souhaitte d'un grand cœur qu'il le comble de ses grâces, prenant part à ce qui vous touche comme estimant beaucoup l'avantage que j'ay d'être et de me dire toujours, mon révérend Père, votre trèshumble et très-affectionné ami et confrère.

A Nogent, ce 26 janvier 1696.

F. P. COUSTANT, M. B.

Je me recommande, avec beaucoup de confiance, aux prières du R. P. Prieur, et je continue d'être toujours avec respect tout à luy, et je m'estimerois fort privilégié d'être son très humble religieux.

Au révérend Père D. Edmond Marlène, religieux bénédictin

de Marmoutiers, à Tours.

T. VII.

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