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vice-consul de France à Massaouah, sur les églises monolithes qu'il avait visitées dans la ville sainte de Lalibela en Abyssinie. Ces églises, au nombre de dix, sont excavées dans une roche tendre et diffèrent surtout de celles dont il vient d'être question par l'importance relative de leur ornementation extérieure et la présence de certains bas-reliefs grossiers. Elles remonteraient au xre ou xe siècle, et la tradition locale en attribue le creusement à un certain Sidi-Meskal venu, semble-t-il, de Syrie.

COMMUNICATION

LES ÉGLISES SOUTERRAINES

DE GUEURÉMÉ ET SOGHANLE (CAPPADOCE),

PAR LE Ꭱ . P. GUILLAUME DE JERPHANION.

Bien que les églises souterraines de Gueurémé et Soghanle aient été vues par nombre de voyageurs, je ne pense pas qu'aucun en ait rapporté une description complète. Quelques-uns, comme Ainsworth, Hamilton, Sterret, n'ont fait que les traverser et n'ont deviné ni leur nombre ni les trésors de peinture qu'elles renferment. Pierre de Tchiatcheff, tout à ses préoccupations de géologue et de naturaliste, recommandait à l'attention des archéologues les peintures de Soghanle et s'en tenait là. (Asie Mineure, IVe partie Géologie, t. I, p. 164, note).

Texier nous donne une idée de ces peintures. Nous trouvons même dans l'ouvrage Architecture byzantine, par Texier et Pullan, la reproduction en couleurs d'une fresque vue aux environs d'Urgub.

C'est peu si l'on songe que des fresques semblables se rencontrent encore par centaines. Au cours de ces dernières années, M. Strzygowski, dans son bel ouvrage : Kleinasien, ein Neuland der Kunstgeschichte (1903), consacre quatre ou

cinq pages à ces églises; il en donne trois plans et trois photographies médiocres. Il tient ses renseignements de M. Smirnov qui visita Gueurémé et Soghanle en 1895. Les inscriptions relevées par ce dernier dans quelques chapelles ont été publiées et interprétées par M. Pridik dans le Journal du Ministère de l'Instruction publique (russe), année 1900.

Mais, à en juger par le petit nombre des inscriptions citées, il semble que M. Smirnov lui-même ne vit qu'une faible partie des monuments encore existants.

C'est une visite détaillée de ces mêmes monuments que j'ai entreprise, au mois d'août dernier, en compagnie du R. P. Gransault, missionnaire à Césarée. Nous ne prétendons pas avoir tout vu, car des mois n'y suffiraient pas. Mais, petites ou grandes, nous avons visité quatre-vingtquinze églises et plusieurs monastères. Nous nous sommes appliqués à relever le plan avec les dimensions exactes du monument, à noter les différents cycles figurés dans les fresques, à copier enfin les inscriptions qui les accompagnent. Nous avons photographié les sujets les plus intéressants, et, par un bonheur inespéré, nous avons rapporté une collection de près de cent cinquante bons clichés.

Comme ces documents me paraissent avoir quelque valeur, je me propose de les publier. Dès aujourd'hui, je me fais un honneur d'en présenter un aperçu à l'Académie. Quelques photographies groupées en planches serviront à illustrer les indications très brèves que je veux donner sur ces monuments 1. Je regrette de ne pouvoir en présenter une série plus complète : une partie de mes clichés ne sont entre mes mains.

pas

Les groupes d'églises visités par nous sont les deux principaux de la région. Gueurémé est situé à 60 kilomètres à

1. Nous ne reproduisons ici, à titre de spécimens, qu'une minime fraction des quatre-vingt-dix photographies ou plans présentés à l'Académie.

l'ouest de Césarée de Cappadoce, entre Urgub et Matchane (Procopium et Matiana). C'est une petite vallée aux bords escarpés, taillée dans un plateau de tuf volcanique et toute encombrée de pics, de pyramides et de cônes naturels. Cet amoncellement de roches de toutes tailles, blanches et élancées, semées dans la verdure des vignes, donne à ce coin de terre l'aspect le plus étrange, sauvage à la fois et riant.

A 40 kilomètres au Sud, entre les villes de Kara Hissar et Melogobi (Cyzistra et Malakopoea), au milieu de roches trachytiques s'ouvre une gorge profonde, d'aspect grandiose et triste. C'est là qu'est notre second groupe, celui de Soghanle.

En ces deux endroits, chapelles et églises sont taillées soit dans les pics et cônes naturels, soit à même le flanc de la montagne. Véritables cavernes artificielles, elles ne reçoivent le jour que par la porte et quelquefois par une petite fenêtre. Il arrive même que des églises soient placées très profondément dans la montagne derrière une série de salles et de corridors. Alors elles sont absolument obscures.

Au dehors, nos églises n'offrent en général rien qui les signale à l'attention du voyageur. Quelquefois la porte est entourée d'une moulure ou surmontée d'une croix nimbée, ou flanquée de pilastres. A Tchaouch-In, village voisin de Gueurémé, l'église est précédée d'un portique tétrastyle, taillé dans le roc. Un écroulement de la montagne n'a laissé que deux colonnes debout. A Soghanle, quelques cônes ont été travaillés extérieurement et présentent des formes architecturales: on trouve un pylône et deux dômes plus ou moins réguliers.

Mais ces cas sont l'exception. Le plus souvent, la porte de l'église n'est qu'un trou, la façade n'est qu'une paroi de rocher. Au dehors, nulle décoration. Tout l'effort de nos bâtisseurs troglodytes s'est concentré au dedans.

Avant de grouper nos églises d'après leur ordonnance intérieure, il faut faire une double remarque préalable: tout d'abord, la classification, que je vais essayer d'établir n'a rien de rigide; elle représente seulement les formes principales, formes que le caprice a variées presque à l'infini et qu'il a mélangées parfois de la façon la plus bizarre.

Ensuite, les termes rectiligne, rectangulaire, circulaire, etc. quand je les emploie - doivent s'entendre de façon tout à fait large nos architectes troglodytes ne semblent pas avoir recherché une régularité parfaite dans les lignes. Peut-être dédaignaient-ils ce qu'ils ne pouvaient atteindre. Et en effet, si un maçon même médiocre peut construire un mur droit, car il n'a qu'à tirer son cordeau et son fil à plomb, il n'en va pas de même pour un fouilleur de montagnes. Quel moyen a-t-il de se tracer d'avance dans le plein de la roche le chemin que devra suivre son pic?

Sous cette double réserve, énumérons les principaux types:

I. La chapelle rectangulaire avec abside. - Il faut remarquer que cette dernière est toujours supérieure à un demicercle. Ce modèle est celui d'une multitude de petits oratoires, et il serait difficile de noter toutes les variations qu'il présente. Mais comme la très grande partie de ces chapelles minuscules sont dépourvues d'ornementation et de peintures, elles ne présentent qu'un moindre intérêt. Notons cependant que toutes ont leur autel et leur iconostase taillés dans le rocher. La voûte est d'ordinaire en berceau; on rencontre aussi des plafonds qu'une grande croix divise parfois en quatre caissons.

II. Se rattachent au même type beaucoup de chapelles un peu plus vastes, généralement ornées de peintures. Même forme, seulement un pronaos précède l'église; des niches se creusent dans les parois, les absides se multiplient : il y en a deux ou trois. Dans ce dernier cas, la nef est plus

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