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son d'Anjou, issue du frère de saint Louis, Charles Ier, comte d'Anjou '.

A la suite de la mort de la reine Jeanne, René, au commencement de 1435, prit le titre de roi, sous lequel il fut désormais connu, et, tout en conservant les éléments de ses premières armoiries, il y ajouta les blasons des trois royaumes hérités de Jeanne de Naples, Hongrie, Sicile et Jérusalem. Il en résulta l'adoption, par le roi René, d'un écusson à six quartiers (coupé de 1 et parti de 2) : en chef, tiercé de Hongrie, de Sicile (ou Anjou ancien) et de Jérusalem; en pointe, tiercé d'Anjou moderne (duché), de Bar et de Lorraine.

C'est là ce qu'on peut appeler la premier type de blason royal du Bon roi René 2.

Ce blason fut porté de 1435 à 1453. Mais au mois d'août 1448, le roi René institua, à l'imitation de la Jarretière et

1. Entre l'instant où la mort de son frère aîné fit de René un duc d'Anjou et le moment où le trépas de la reine Jeanne de Naples lui donna le titre de roi, il y eut une période transitoire de quelques semaines. Durant cette période, on trouve, sur un sceau de justice au nom de René, un blason, en quelque sorte intérimaire, portant : écartelé aux 1 et 4 des trois royaumes de Hongrie, Sicile et Jérusalem, aux 2 et 3 d'Anjou moderne (duché). Mais il est probable que ce fut plutôt un écusson d'ordre officiel, employé uniquement à titre administratif et pour le duché d'Anjou, car il n'y est pas tenu compte de l'engagement jadis pris par René, et toujours scrupuleusement observé par lui-même, de placer un quartier aux armes de Bar dans ses armoiries personnelles.

2. Il est à remarquer que, dans ce blason royal du premier type, à six quartiers, le quartier de Lorraine n'est pris par René qu'en sa qualité d'époux d'Isabelle de Lorraine. La disposition est différente quand il s'agit, non plus des armes de René en personne, mais des armes de la reine Isabelle de Lorraine. Ces armes de la reine sont formées, conformément aux règles du blason, par un parti des écussons des deux époux, celui de René à dextre, celui d'Isabelle à senestre. Or, dans ce parti, les armes pleines de Lorraine sont réservées à Isabelle seule et occupent toute la moitié du senestre; elles sont au contraire supprimées dans la moitié de dextre, où les quartiers sont réduits au nombre de cinq, présentant un aspect semblable à celui que devait offrir plus tard le second type des armoiries royales de René. Mais, je le répète, cet arrangement ne s'applique qu'à la reine Isabelle de Lorraine et jamais au roi René.

de la Toison d'Or, un ordre de chevalerie, l'ordre du Croissant, qu'il avait en projet depuis l'année précédente. L'insigne de cet ordre était un croissant portant la devise: LOS EN CROISSANT. A dater de ce moment, on trouve assez fréquemment le croissant joint aux armoiries royales audessous desquelles il est placé comme un support.

Le 23 février 1453, la reine Isabelle de Lorraine mourut. En devenant veuf, René perdait, au moins en principe, la possession de la Lorraine qui devait passer de droit au fils issu de son mariage avec la défunte reine, Jean d'Anjou, duc de Calabre. Les choses furent très régulièrement faites. Dès le 26 mars 1453 le roi René ratifiait la remise du duché de Lorraine au duc de Calabre.

Dès lors les anciennes armoiries du premier type, à six quartiers, furent dévolues au duc de Calabre, Jean d'Anjou, et plus tard à son fils, Nicolas d'Anjou, dernier descendant en ligne masculine du roi René, qui mourut en 1473. Mais ces deux princes ne portèrent l'écusson aux six quartiers qu'en y introduisant des modifications qui empêchent toute confusion avec les armes de René. Jean d'Anjou le brisa d'un grand lambel de gueules brochant sur le tout, et Nicolas d'Anjou y ajouta en surcharge l'écusson d'Anjou posé en abîme 1.

Quant au roi René, après avoir rendu la Lorraine à son fils, il dut naturellement faire disparaître de ses armoiries ce qui rappelait ce duché, et il ne porta plus qu'un écusson réduit à cinq quartiers : en chef, toujours les trois royaumes de Hongrie, Sicile (Anjou ancien) et Jérusalem; en pointe, seulement les deux duchés d'Anjou et de Bar. C'est là le second type du blason royal de René.

1. Il est possible que cette dernière disposition ait d'abord été introduite, à partir de la fin de 1466, dans le blason du père de Nicolas, Jean d'Anjou; mais je n'en ai pas rencontré d'exemple, ayant toujours trouvé, pour marque distinctive de Jean d'Anjou, seulement le grand lambel brochant sur le tout.

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I. Blason de René d'Anjou avant son avènement au trône (1420-1434).
II. Premier type du blason royal de René d'Anjou (1435-1453).
III. Deuxième type du blason royal de René d'Anjou (1453-1466).
IV. Troisième type du blason royal de René d'Anjou (1466-1480).

Ce second type, inauguré en 1453, fut employé jusque dans la seconde moitié de l'année 1466.

A la fin de 1466, nouvelle et dernière modification. La Catalogne s'étant soulevée contre le roi Jean II d'Aragon, et l'infant de Portugal, don Pedro, qu'elle avait d'abord proclamé roi étant mort, les Catalans offrirent la couronne d'Aragon à René, dont la mère, Yolande, était de la Maison d'Aragon. René accepta. De là l'adjonction, dans le protocole officiel de ses actes, du titre de roi d'Aragon aux autres titres antérieurs du prince et l'introduction, dans ses armoiries, de l'écusson d'Aragon (d'or à quatre pals de gueules), que l'on plaça en cœur sur le blason du second type. L'écusson aux cinq quartiers, surchargé de l'écu d'Aragon, tel est donc le troisième type du blason royal de René, inauguré dans les derniers mois de 1466 et que le roi conserva jusqu'à sa mort arrivée le 10 juillet 1480 1.

1. Ce blason est le seul, entre tous ceux que nous étudions, qui ne soit pas exclusivement propre au Bon roi René. Après la mort de René, en 1480, il semble avoir été porté par le neveu de René, Charles d'Anjou, comte du Maine, devenu comte de Provence sous le nom de Charles III. Mais Charles III, dernier descendant mâle de la seconde maison d'Anjou, n'a survécu que fort peu de temps à son oncle, étant mort dix-huit mois seulement après lui, le 11 décembre 1481.

Le petit-fils en ligne féminine du Bon roi René, René de Vaudemont, duc de Lorraine sous le nom de René II, et qui a pris aussi le titre de roi, s'est également servi pendant plusieurs années, à partir de 1480, du blason royal du troisième type, mais sans jamais l'employer seul et en l'écartelant en seconde ligne (2 et 3) avec les armes pleines de Lorraine, placées au rang d'honneur : 1 et 4, ce qui fait qu'il ne peut y avoir de confusion.

René II a adopté ensuite d'autres armoiries. Tous les éléments de ces nouvelles armoiries avaient jadis figuré dans tel ou tel des blasons du Bon roi René. Mais ici encore, il est facile de faire la distinction, car les pièces sont disposées dans un ordre qui diffère nettement des dispositions plus anciennes; c'est, en effet, un coupé : le chef de quatre pièces qui sont Hongrie, Sicile (ou Anjou ancien), Jérusalem et Aragon; la pointe de deux pièces, savoir Anjou moderne (duché) et Bar; avec l'écusson plein de Lorraine posé en cœur, en surcharge sur le tout. Ces armoiries sont demeurées celles de la Maison de Lorraine, sauf une dernière modification, opérée après la mort, en 1545, de Philippine de Gueldre, veuve de René II, et qui a consisté dans l'introduction en pointe, entre les quartiers d'Anjou moderne et de Bar, d'un parti des armes de Gueldre et de Juliers.

A l'aide de ces constatations, il devient aisé de déterminer à quelle période de la vie du Bon roi René remonte un monument ou une création d'art quelconque, depuis un édifice jusqu'aux enluminures d'un manuscrit, sur lequel se trouve un écusson de René.

L'écartelé d'Anjou moderne et de Bar, avec le blason de Lorraine en surcharge, se rapporte à la période de 1420 à 1434, antérieure à la prise du titre de roi par René. Pour l'époque où René était devenu roi, si l'écusson est encore du premier type royal à six quartiers, l'âge du monument est compris entre les années 1435 et 1453. Si, à cet écusson du premier type royal, s'ajoute comme support le croissant de l'Ordre, nous sommes limités entre les années 1448 et 1453. Le second type royal, à cinq quartiers seulement, marque la période de 1453 à fin 1466. Enfin la présence de l'écusson d'Aragon, en surcharge, constituant le troisième type royal, indique les derniers mois de 1466 ou les années 1467 à 1480 1.

On conçoit de quelle utilité pratique peut être cette échelle de classification. Elle permet tout d'abord de traiter sur des bases absolument nouvelles une étude que je ne ferai que mentionner aujourd'hui, car son examen détaillé demanderait beaucoup trop de temps, l'étude des emblèmes et devises du Bon roi René.

Le roi René a pris, durant sa longue existence, toute une série de devises et emblèmes, comme une double croix,

1. Il doit être bien entendu que ce sont là des dates en quelque sorte officielles, qui ont été strictement observées surtout par les artistes et ouvriers de l'entourage immédiat du roi René. Pour ceux qui vivaient loin de sa cour et dans des pays éloignés de ses états, il a pu arriver que les modifications d'armoiries aient été ignorées ou oubliées pendant un certain laps de temps. Ainsi un miniaturiste flamand, employé par le duc de Bourgogne, a encore appliqué au roi René après 1455 le type de blason que René avait quitté après la mort d'Isabelle de Lorraine, décédée en 1453. Mais ce sont là des erreurs accidentelles, aisées à démêler, et qui ne se produisent d'ailleurs jamais que dans un seul sens, le sens du retard.

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