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COMPTES RENDUS DES SÉANCES

DE

L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

ET BELLES-LETTRES

PENDANT L'ANNÉE 1908

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST BABELON

SÉANCE DU 3 AVRIL

PRÉSIDENCE DE M. E. BABELON.

Le PRÉSIDENT prononce l'allocution suivante :

<< Hier ont été célébrées, en l'église Saint-Thomas d'Aquin, les obsèques de notre confrère M. Barbier de Meynard, décédé, comme vous le savez, mardi dernier, 31 mars, après une longue et cruelle maladie.

<«<< Plusieurs discours ont été prononcés au cimetière Montparnasse et je me suis fait l'interprète des regrets profonds de l'Académie à laquelle M. Barbier de Meynard a appartenu pendant vingt-neuf ans.

<< La mort de ce confrère très aimé et d'une si grande activité scientifique creuse un grand vide dans nos rangs où sa parole avait tant d'autorité et où son souvenir attachant se perpétuera longtemps.

Suivant l'usage, les funérailles ayant eu lieu, je me contente de ce rappel douloureux, pour qu'il en soit fait mention au

1908.

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procès-verbal de la séance de ce jour, le discours que j'ai prononcé devant être imprimé.

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M. Léon Dorez communique la photographie d'un tableau de Botticelli représentant un professeur de médecine de l'Université de Pise, Lorenzo di ser Piero Lorenzi dit Lorenzano, qui, après avoir joué un rôle de précurseur en remettant en lumière les œuvres des grands médecins grecs, se jeta dans un puits en juin 1502. M. Dorez essaie d'établir que Botticelli connut Lorenzano dans l'entourage de Savonarole, après l'expulsion des Médicis, et que le portrait a dû être exécuté entre 1495 et 1500. Ce portrait fait partie des collections de M. le baron Michel Lazzaroni, qui a non seulement le mérite d'y avoir reconnu la main du grand artiste, mais aussi celui d'avoir découvert en haut du tableau, sous un repeint du xvIIe siècle, le nom de Lorenzano. M. Dorez publiera très prochainement une biographie et une bibliographie de Lorenzo Lorenzi.

M. Jean Psichari fait une communication sur le Philoctète de Sophocle et Hippocrate 1.

M. Alfred CROISET présente quelques observations.

M. Charles Diehl commente deux inscriptions découvertes dans les fouilles autrichiennes d'Ephèse. Il montre que le premier de ces documents, dont le texte est identique à celui d'une ordonnance impériale de 569, peut être daté avec précision et est un fragment d'une novelle sur la vénalité des charges appartenant à la moitié du vi° siècle 2.

1. Voir ci-après. 2. Voir ci-après.

COMMUNICATIONS

NOTE SUR DEUX INSCRIPTIONS BYZANTINES D'ÉPHÈSE, PAR M. CHARLES DIEHL, CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE.

Dans le dernier fascicule, paru il y a quelques semaines, des Jahreshefte des österr. archaeol. Instituts (t. X, fasc. 2, Beiblatt, p. 68-69), M. Heberdey a publié le texte de deux inscriptions découvertes au cours des fouilles que poursuit à Éphèse la mission autrichienne. Le second de ces textes (B), auquel je m'arrêterai peu, renferme les dernières lignes d'une novelle impériale, datée du 3 des ides de février de la troisième année du règne de l'empereur Maurice Tibère, première année après son consulat. Maurice étant monté sur le trône le 14 août 582, et ayant pris le consulat le 20 décembre 5831, l'acte doit être daté du 11 février 585. Le nom de l'empereur a été partiellement martelé, conséquence de la révolution qui, en 602, substitua Phocas à Maurice. Je dois faire observer que, par un lapsus assez singulier, M. Heberdey a attribué le rescrit à l'empereur Tibère, lequel régna de 578 à 582: cette attribution est inadmissible, ce souverain étant toujours dénommé dans les actes publics Fl. Tiberius Constantinus, au lieu que les noms de Fl. Mauricius Tiberius, que nous lisons dans le fragment B, désignent toujours son successeur Maurice.

Quant à l'objet du rescrit, il est assez malaisé de le démêler sous la phraséologie un peu vague par où se termine, selon l'habitude byzantine, le document. L'acte semble être adressé au proconsul d'Asie, qui résidait, on

1. Théophane, Chronographie, éd. de Bonn, p. 388 et 390.

le sait, à Éphèse, et auquel ordre est donné de ne laisser sous aucun prétexte « imaginer, même en parole, quelque chose de tel » (μέχρι μόνης ονομασίας τοιοῦτόν τι φαντασθῆναι), mais de maintenir l'ordre dans son gouvernement et de punir sévèrement les contrevenants à l'ordonnance. On peut supposer avec vraisemblance, par ce que nous savons de l'état des provinces asiatiques au vie siècle, qu'il s'agit soit des usurpations des grands propriétaires fonciers sur la terre des petits tenanciers, soit des exactions des soldats. Ce sont là, en effet, deux catégories de personnes que les novelles impériales signalent sans cesse à l'attention des gouverneurs de provinces et qu'il importe de surveiller, si l'on veut, comme dit le texte, que « tous soient en repos » (τὰς ἡσυχίας ἅπαντες ἄγειν). Ce n'est la au reste qu'une conjecture à laquelle, comme on verra plus loin, une autre hypothèse pourrait être substituée.

L'autre inscription (A), plus étendue et plus intéressante, est ainsi conque :

Χ]ρή [τ]οίνυν μηδὲν

ὑ[πε]ναντίον ὑμᾶς τῶν νόμων
διαπράξασθ(αι), ἀλλὰ τοῖς μὲν δη
μοσίοις ἀγρύπνως προσέχειν καὶ
5 τοῖς περὶ τὸ δημόσιον εὐγνωμονού-
σ]ιν πράως χρῆσθαι, τοὺς δὲ ἀγνω-
μονοῦντας εἰσπράττειν μετὰ τοῦ
προσήκοντος, μηδὲν ὑπὲρ τούτου
κ]έρδος παντάπασιν ἀποφερομένους,
10 ὡς τοὺς ὑποτελεῖς πανταχόθεν

ἀ]νεπερεάστους (sic) φυλάττεσθαι. Χρὴ δ'
ὑμᾶς οὐδὲν ἧττον καὶ τοῖς δικα-

ζομένοις ἅπασιν τὸ ἴσον ται (sic) κ(αι) δίκ(αι)ον

φυλάττειν, σὺν τάχει δὲ τούτους ἀπαλ

15 λ]άττειν, βλέποντας πρὸς τοὺς

ν]ό[μ]ους, ὡς μὴ καὶ δαπάναις κ(αι) χρό

νο]ις μακροῖς ἀυτοὺς ἐπιτρίβεσθαι, ἐπεξειέν(αι) δὲ καὶ τοῖς ἁμαρτάνουσιν καὶ πρὸς τὸν νό μον] ἐπάγειν αὐτοῖς τὰς) τιμωρίας καὶ πᾶ 20 σι]ν δικ(αι)ωσύνην (sic) ἐπειδίκνυσθαι (sic). Τοὺς γὰ]ρ οὕτως ἄρχοντας τε καὶ διαγινομένους ἀμ]οιβῶν ἀξιώσωμεν (sic), τοὺς δὲ τὰ ἐναν τία] πράττοντας κ(αι) δημεύσει κ(αι) ἐξωρίᾳ περ]ιβ[ά]λομεν (sic), πολλάκις δὲ καὶ τῶ[ν .ω]ν τ[ε] (και) τιμ[ω]ρι[ῶν...

...

25

Aux 1. 19-20, il faut, par analogie avec un document que l'on citera plus loin, restituer au lieu de mão. 㤠πᾶσιν. La 1. 25 doit être probablement, par analogie avec un passage de la novelle VIII de Justinien, sur lequel je reviendrai tout à l'heure, être restituée ainsi :

καὶ τῶν

εἰς τὸ σῶμα βασάνω]» τ[ε] και τιμ[ω]ρι[ῶν].

Si j'appelle sur cette inscription l'attention de l'Académie, c'est que M. Heberdey en dit simplement qu'elle est un fragment « d'un acte malheureusement impossible à dater avec précision » (eines leider nicht genauer datierbaren Aktenstückes). Je crois, au contraire, qu'il est possible de dater le document avec certitude et d'en déterminer exactement l'objet.

Dans la grande ordonnance du 15 avril 535, par laquelle Justinien supprima la vénalité des charges et traça leurs devoirs aux gouverneurs provinciaux, un passage présente la même suite d'idées, exprimées dans le même style et parfois avec les mêmes formules que nous rencontrons dans notre document. Dans cette novelle VIII, au chapitre vi, il est question en premier lieu du soin que doivent prendre les gouverneurs de l'administration des

1. Cf. sur cet acte mon Justinien, p. 276 et suiv,

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