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pleine de détails intéressants et nouveaux, est suivie d'un volumineux répertoire donnant la description des 306 numéros qui composent le catalogue alphabétique des cartes de toute espèce publiées par Lopez jusqu'à la veille de sa mort arrivée en 1803. »

M. Hartwig DERENBOURG a la parole pour un hommage :

<«< Mile Clifford Barney et M. Hippolyte Dreyfus m'ont demandé de vous présenter le livre qu'ils viennent de publier sous le titre de: 'Abd-oul-Béla, Les leçons de Saint-Jean d'Acre. C'est dans cette ville de la Palestine que Mlle Barney a fait plusieurs pèlerinages, au cours de ces dernières années, pour noter, sous la dictée de l'apôtre persan, l'exposé de sa doctrine religieuse. Après que le réformateur du bâbisme, Béha-oul-Allâh « la Beauté d'Allâh », interné par le sultan de Constantinople, comme un révolutionnaire dangereux, à Saint-Jean d'Acre en 1868, y fut mort le 29 mai 1898, son fils 'Abbâs Efendi, dit 'Abd oul-Béha, prit la direction de la religion persécutée et lui recruta des adhérents dans toutes les parties du monde. Le livre que je vous offre sera le bréviaire de la communauté béhaïste parisienne, dont l'importance grandit incessamment et dont les adhérents appartiennent aux classes les plus cultivées de la société française. Il ne s'agit pas ici, comme là-bas, de transformer « les loups sanguinaires en gazelles de la plaine de l'amour de Dieu ». C'est pour les initiés actuels et futurs que M. Dreyfus a traduit en français le texte persan de ces confidences édifiantes, puisées à la source même par Mlle Barney. Il ne tardera pas, avec sa compétence spéciale, à la publier. Le but de la reproduction scrupuleuse et surtout de la traduction fidèle serait atteint, si elles parvenaient à la conversion de notre Compagnie ou au moins de quelques-uns de ses membres au Béhaïsme. »

SÉANCE DU 10 AVRIL

PRÉSIDENCE DE M. E. BABELON.

M. le commandant Lenfant fait une communication sur les races de l'Afrique centrale.

MM. FOUCART, DERENBOURG, Bouché-Leclercq, S. REINACH et HAMY présentent à ce sujet quelques observations..

M. COLLIGNON donne lecture d'un travail de M. G. Radet, correspondant de l'Académie, doyen de la Faculté des lettres de l'Université de Bordeaux, sur l'invention du type archaïque de la Niké volante. M. Radet recherche quel peut être le prototype de la statue de Niké trouvée à Délos et qui a été attribuée à un sculpteur chiote du vro siècle, Archermos. Il propose de le reconnaître dans les représentations d'une déesse asiatique, la Souveraine des animaux, que les Ioniens assimilaient à leur Artémis, et qui est connue sous le nom d'Artémis persique. Une série de monuments la montre en effet dans l'attitude de la course et du vol, tenant de chaque main un animal. Archermos, l'inventeur du type dont procède la statue de Délos, aurait comme dédoublé le type de la déesse asiatique, et créé celui d'Artémis-Niké. Mais cette création ionienne n'aurait eu qu'une courte durée 1.

L'Académie accorde, sur la fondation Benoît Garnier, une somme de 10.000 francs à la mission Prins dans le Congo français.

COMMUNICATION

L'INVENTION DU TYPE ARCHAÏQUE DE LA NIKÉ VOLANTE, PAR M. GEORGES RADET, CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE.

Le type archaïque de la Niké volante est un des plus célèbres de l'art grec. Il avait fait grand bruit dès son apparition. Toute une tradition littéraire, à laquelle s'alimente le Scoliaste d'Aristophane 2, en attribuait la paternité à l'un des sculpteurs ioniens qui s'illustrèrent dans la première moitié du vie siècle : Archermos de Chios. Ce témoignage, puisé à d'excellentes sources, a été confirmé avec éclat

1. Voir ci-après.

2. Au vers 573 des Oiseaux.

1908.

16

par

la découverte, à Délos, de deux monuments d'une importance capitale la statue de femme ailée que M. Homolle déblaya, en juillet 1878, dans le téménos d'Artémis (fig. 1), et la base, avec dédicace mentionnant Archermos, qui fut ramenée au jour, en 1880 et en 1882, dans cette même région du sanctuaire 1.

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Base et statue faisaient-elles partie d'un ensemble unique? On l'a cru longtemps. Et en effet si le spécimen délien du type de la Niké volante inventé par Archermos n'a aucun rapport avec la base délienne où Archermos est précisément loué pour ses facultés d'invention, il faut convenir que

1. Sur le site d'où proviennent exactement ces marbres, voir Homolle, Bull. de Corr. hellen., t. III, 1879, p. 398, et t. V, 1881, p. 275; Monuments grecs, t. I, n° 7, 1878, p. 53 et 58; Revue archéol., t. XL, 1880, p. 89. L'exhumation de la moitié droite de la base est due à M. S. Reinach (Bull. de Corr. hellén., t. VII, 1883, p. 254).

c'est là, sans parler de l'identité du marbre dans les deux groupes de fragments, une coïncidence vraiment extraordinaire. Cependant, de bons juges1 enlèvent aujourd'hui la Niké délienne à la base d'Archermos pour l'affecter au fronton du vieil Artémision où elle aurait joué le rôle d'acrotère. Dans cette hypothèse, comme il est difficile malgré tout de ne pas revendiquer pour l'école de Chios le type ailé de la Niké délienne, il y aurait eu à Délos pour le moins deux œuvres d'Archermos ou de l'atelier d'Archermos. On peut donc, en somme, continuer à laisser sous le nom d'Archermos la Niké délienne 2, que la statue ait appartenu ou non à la base. Mais ce sont là choses connues 3, sur lesquelles il est inutile d'insister. Le point que je voudrais mettre en lumière, c'est comment le vieux maître insulaire put être conduit aux «< inventions ingénieuses dont lui fait honneur la dédicace du piédestal délien 4. Une première remarque nous guidera : la dynastie d'artistes à laquelle appartenait le créateur de la Niké volante semble avoir eu pour Artémis une prédilection marquée. Une Artémis de Lasos, due au ciseau de Boupalos et d'Athénis, les fils d'Archermos, est citée par Pline, qui vante également leur Artémis de Chios, dont le visage exprimait la tristesse, quand on l'abordait de face, et la joie, quand on l'examinait de profil 5. A Délos, c'est de l'enclos sacré

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1. Entre autres F. Studniczka et G. Treu (voir Perrot, Hist. de l'Art, t. VIII, p. 300, n. 1).

2. Cf. la solution toute voisine qu'adopte Lechat (La sculpture attique avant Phidias, p. 176).

3. Collignon, Hist. de la sculpture grecque, t. I, p. 134-142; Perrot, Hist. de l'Art, t. VIII, p. 299-307; Lechat, La sculpture attique avant Phidias, p. 169-181.

4. La lecture de Six: 'Apzéppov σo[p]inov (Ath. Mitth., t. XIII, 1888, p. 143) offre toutes les garanties de la certitude.

5. Hist. nat., XXXVI, 13 (éd. Sillig): « Conplura in finitimis insulis simulacra fecere, sicut in Delo. Ostendunt et Lasii Dianam manibus eorum factam. In ipsa Chio narrata est operis eorum Dianae facies in sublimi posita, cuius voltum intrantes tristem, abeuntes exhilaratum

d'Artémis qu'est sortie la base d'Archermos, et c'est sous le nom d'«< Artémis ailée » que M. Homolle publia d'abord la statue exhumée là. Bien d'autres œuvres, que Pline laisse malheureusement anonymes, s'étaient répandues, de l'atelier de Chios, dans tous les coins du monde grec. Plus d'une, sans doute, représentait Artémis. Mais quelle Artémis?

Il y eut, au viie siècle et au vie, une Artémis dont la vogue fut immense c'est celle en qui, depuis Gerhard1, maint archéologue a vu le prototype de l'Artémis persique, celle à qui l'Épopée décernait l'épithète de « Souveraine des animaux » (Ilótviz Oppov)2, celle dont la toreutique corinthienne décora une des zones du coffre des Cypsélides. Sur cet ex-voto fameux, elle tenait de la main droite une panthère et de la main gauche un lion. Ses épaules, et cela étonnait fort Pausanias 3, étaient munies d'ailes. Cette vieille divinité, bien reconnaissable à sa pose et à ses attributs, fut, pendant toute la durée de la Renaissance ionienne, un des thèmes favoris de la plastique, de la céramique et de la glyptique. Signaler toutes les représentations que les marbres, les bronzes, les poteries, les gemmes nous ont fournies d'elle est inutile à notre dessein. Bornons-nous à indiquer les plus caractéristiques : la stèle de Dorylée3, la plaque d'Olympie ", les bijoux de Camiros, la brique de

putant. » Au lieu de Lasii (Lasos en Crète), Brunn (Gesch. gr. Künstler, t. I, p. 40) lit Iasii (Iasos en Carie). Cette correction ne s'accorde pas avec le contexte : Iasos n'est pas une île, et il s'agit de statues insulaires. 1. Archäol. Zeitung, t. XII, 1854, col. 177 sqq.

2. Iliade, XXI, 470.

3. V, 19, 5 : "Αρτεμις δὲ οὐκ οἶδα ἐφ' ὅτῳ λόγῳ πτέρυγας ἔχουσά ἐστιν ἐπὶ τῶν ὤμων.

4. J'ai dressé ce catalogue ailleurs : La déesse Cybébé, dans la Revue des Études anciennes, t. X, 1908, p. 109 sqq.

5. Radet et Ouvré, Bull. de Corr. hellén., t. XVIII, 1894, p. 129-136; A. Körte, Ath. Mitth., t. XX, 1895, p. 1-19; Perrot, Hist. de l'Art, t. VIII, p. 342-346.

6. Collignon, Hist. de la sculpture grecque, t. I, p. 89.

7. Radet, Cybébé, no 6-11.

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