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Le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL Offre ensuite l'ouvrage suivant : Les maîtres de l'art. GIOTTO, par C. BAYET (Paris, Librairie de l'Art, in-8°) :

« L'étude que notre correspondant, M. Bayet, vient de consacrer à Giotto dans une collection qui compte déjà nombre de monographies intéressantes, est à la fois œuvre de science et de goût. Dans un premier chapitre, l'auteur écrit la vie de Giotto et il montre, avec une très sûre critique, à combien peu de chose se réduit ce que l'on en sait avec quelque apparence de certitude; il relève quelques-unes des erreurs dont fourmille la biographie de Vasari. Dans le chapitre suivant: Comment s'est formé Giotto, il résume avec beaucoup de précision les quelques données que nous possédons sur l'histoire de la peinture italienne avant l'apparition de Giotto. Dans les chapitres III, IV, V, VI et VII, les principaux ouvrages de Giotto sont passés en revue, ceux qu'il a exécutés à Rome, à Assise, à Padoue et à Florence. Enfin, dans sa conclusion, M. Bayet définit en termes très heureux les caractères originaux des fresques de Giotto; il fait très bien comprendre quelles innovations il a introduites dans la peinture religieuse et quels sont ses titres à être considéré comme un initiateur, comme le maître dont relèvent, à des degrés divers, tous les artistes qui, dans les siècles suivants, ont porté si haut la gloire de l'art italien. L'illustration est très soignée. Les sujets des vingt-quatre planches hors texte ont été bien choisis et l'exécution de ces planches est aussi bonne que le permet le procédé de la similigravure. Enfin, ce qui rendra service à tous les historiens de l'art, le volume se termine par trois appendices: un tableau chronologique, un catalogue des œuvres de Giotto et une bibliographie des travaux qui ont eu pour objet la vie du peintre et les tableaux auxquels, à tort où à raison, son nom reste attaché. »

M. DELISLE dépose sur le bureau, au nom de M. Brutails, correspondant de l'Académie, un Album d'objets d'art existant dans les églises de la Gironde (1907, in-fol.).

SÉANCE DU 10 JANVIER

PRÉSIDENCE DE M. E. BABELON.

L'Académie procède à la nomination de la Commission du prix Lefèvre-Deumier, qui doit être décerné cette année à l'ouvrage le plus remarquable sur les mythologies, philosophies et religions comparées.

Sont élus MM. Bréal, Foucart, Senart, Boissier, Alfred Croiset, Philippe Berger, S. Reinach, Chavannes.

M. S. REINACH fait une communication intitulée : Cicéron et Lucain. M. S. Reinach essaye de montrer qu'un passage du VIIe livre de la Pharsale, relatif à la tristesse muette de Rome lors du retour de César, dérive d'un passage de la deuxième Philippique relatif aux mêmes événements. L'enthousiasme juvénile de Lucain pour Pompée, dont il fait, à l'exemple de Cicéron, un demi-dieu, est un souvenir des bancs de l'école où l'on apprenait par cœur cette Philippique, qualifiée de « divine » par Juvénal.

M. BOISSIER Confirme ce qu'a dit M. Reinach de la popularité de la seconde Philippique dans les écoles de rhéteurs. Il explique pourquoi, après avoir été très froid pour Pompée jusqu'à sa mort, Cicéron a parlé de lui si magnifiquement dans la seconde Philippique. Celle-ci a d'ailleurs été si goûtée, parce que c'est celle où il y a le plus de rhétorique. Elle n'a jamais été prononcée. C'est parce que Lucain est surtout un rhéteur qu'il a tant goûté la seconde Philippique.

M. Bouché-LECLERCQ, utilisant des documents qui n'ont pu qu'être indiqués en passant dans son Histoire des Lagides, extrait des papyrus de Gourob (Pap. Petrie) la matière d'une notice sur les travaux de dessèchement et d'irrigation du Fayoûm (nome du Lac ou Arsinoïte) dirigés par l'ingénieur Cléon sous le règne de Ptolémée II Philadelphe.

Il écarte le problème insoluble posé par les textes des auteurs anciens concernant le lac Moris, en constatant que le système

accepté durant un demi-siècle (depuis 1842), sur la foi de l'ingénieur français Linant de Bellefonds, est récusé et disqualifié par les observations et mensurations plus précises du major R. H. Brown (The Fayûm and Lake Maris. London, 1892), lequel considère le lac actuel (le Birket el-Keroun) comme le reliquat du lac Moris. Les papyrus provenant des bureaux de l'ingénieur Cléon nous donnent une foule de détails sur l'emploi et le prix des matériaux, des terrassements, la manoeuvre des vannes sur les canaux, l'entretien des ponts et des routes, les salaires des ouvriers, l'observance du repos décadaire, attestée par les comptes mensuels qui déduisent les décades de la somme des journées de travail, et aussi de la somme des salaires. Il arrive de temps à autre que les ouvriers, las d'attendre leur paye ou se refusant à des travaux non stipulés dans leurs contrats, se mettent en grève et se livrent à des violences sur leurs chefs d'équipe. Enfin, pour des raisons qu'il faut sans doute chercher dans la comptabilité des bureaux de l'ingénieur, après avoir présidé durant six ou sept ans (258-252 a. C.) à la direction des travaux, l'ingénieur Cléon est disgracié par le roi, comme en témoigne sa correspondance privée, et remplacé par son auxiliaire, l'ingénieur Théodore.

LIVRES OFFERTS

Le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL dépose sur le bureau, au nom de M. Theodor Gomperz, correspondant étranger de l'Académie, la 14 livraison de sa publication intitulée: Griechische Denker, eine Geschichte der antiken Philosophie (Leipzig, 1908, in-8°).

Le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL offre ensuite, au nom de M. Jules Baillet, les volumes suivants: Les noms de l'esclave en égyptien (extr. du Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes, Paris, 1906, in-8°); Les tapisseries d'Antinoé au Musée d'Orléans (Orléans, 1907, in-8°) :

<«< Ancien élève de l'École normale, agrégé des lettres, M. Jules Baillet a été pendant deux ans membre de la mission archéologique du Caire. A son retour en France, il n'a pas cessé, tout en servant avec distinction dans l'enseignement secondaire, de s'intéresser à des études dont il avait pris le goût dès son temps d'École. Il a donné, par divers travaux, maintes preuves de l'attachement qu'il leur gardait, et les deux essais que j'offre aujourd'hui à l'Académie viennent encore attester sa persévérance et sa compétence. L'un d'eux, où il essaye de définir avec plus de précision qu'on ne l'avait fait jusqu'alors le sens de différents mots qui désignaient le serviteur ou l'esclave, est une étude de lexicologie égyptienne qui a obtenu l'approbation du plus autorisé des juges, notre confrère M. Maspero (Revue critique, 1907, t. II, p. 382). Dans l'autre dissertation, il étudie et décrit avec beaucoup de soin une collection d'objets qui ont été trouvés par M. Gayet à Antinoé, ville fondée l'an 140 de notre ère par Hadrien, en l'honneur de son favori Antinoüs, pour être la capitale de la Haute-Égypte; collection qui a été acquise par la Société archéologique de l'Orléanais. C'est surtout d'après les restes d'étoffes qu'il définit le caractère de l'art dont les monuments ont été recueillis à Antinoé, art de basse époque, mais qui a l'intérêt de nous montrer comment étaient venus se rencontrer et se confondre, dans le répertoire des ornemanistes du monde antique finissant, des motifs qui provenaient de sources très diverses, des traditions locales, de l'art classique et des industries de l'Asie antérieure. Vingt-quatre planches en phototypie permettent de suivre les descriptions et d'apprécier les réflexions de l'auteur. »

M. COLLIGNON présente à l'Académie, au nom de l'auteur, M. W. Deonna, ancien membre étranger de l'École française d'Athènes, un volume intitulé Les statues de terre cuite dans l'antiquité; Sicile, Grande-Grèce, Étrurie et Rome (Paris, 1908), et une brochure qui a pour titre La statuaire céramique à Chypre (Genève, 1907).

<«< Ce nouvel ouvrage de M. Deonna est la suite et le complément d'un travail dont l'auteur a publié la première partie en 1906 (Les statues de terre cuite en Grèce). L'auteur s'était proposé d'étudier dans son ensemble l'histoire de la statuaire céramique, et cette étude, qu'il avait déjà menée à bonne fin pour la Grèce, il la poursuit et l'achève pour la Sicile, la Grande-Grèce, l'Étrurie et Rome. Ce volume est le fruit de recherches très consciencieuses, très méthodiques, et l'on y trouve réunis, pour la première fois, de nombreux documents disséminés dans les collections et les musées. Le travail commence par une intéressante introduction où l'auteur étudie la

technique de la statuaire céramique et ses rapports avec l'art du bronze, montrant l'étroite parenté de la plastice avec les arts du métal. Si la Sicile et la Grande-Grèce, en raison des fouilles de Megara Hyblaea et de Tarente, ont fourni à M. Deonna une assez riche moisson de documents, c'est surtout en Étrurie, à Rome, à Pompéi qu'il faut constater la faveur dont a joui la statuaire céramique. L'art de l'argile est en Étrurie une industrie nationale, qui reprend tout son essor à partir du me siècle, et joue un rôle capital dans la décoration des temples. M. Deonna en trouve la preuve dans les statues de frontons, témoin celles du temple de Luni, et il s'attache à en grossir la liste avec d'autres monuments moins connus, comme les belles statues de style grec découvertes à Civita Castellana, sur l'emplacement de l'ancienne Faléries et conservées aujourd'hui au musée national de la villa Giulia. Ce développement de la statuaire céramique, l'auteur le suit à Rome avec les statues de terre cuite qui décoraient les édifices romains, publics ou privés, avec les statues de culte, funéraires ou votives, et les statues décoratives qui ornaient les maisons pompéiennes. Dans sa conclusion, il montre quelle place secondaire, il est vrai, la statuaire en terre cuite occupe dans l'histoire de l'art antique, et comment, après avoir été florissante au vie siècle, elle subit une éclipse pendant les deux siècles suivants, pour retrouver faveur, et jouir de sa plus grande vogue au rer siècle avant notre ère. Une étude sur la statuaire céramique à Chypre complète ce travail, œuvre d'une érudition sûre, bien informée, qui comble une lacune dans l'histoire de la plastique antique. >>

M. CAGNAT offre à l'Académie, de la part de M. C. Jullian, la leçon d'ouverture que le savant professeur a faite cette année au Collège de France. Après avoir, pendant deux ans, entretenu ses auditeurs de la géographie ancienne de la Gaule, M. Jullian vient d'aborder l'étude de la période préhistorique. C'est une vue d'ensemble sur cette période en Gaule et un plaidoyer pour le préhistorique qu'il a écrits avec le talent et l'ardeur qui lui sont habituels.

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