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Thessalonique. Dans sa liste des émissions de cet atelier 1, M. Jules Maurice, s'appuyant sur une communication que lui a faite le colonel O. Voetter, adopte la date de 308 et fixe à cette année la première émission dans laquelle figurent Maximin et Constantin, d'abord comme Césars, puis comme fils des Augustes, et où Licinius Auguste fait son apparition. L'émission est caractérisée par l'exergue SM.TS.

Mais dans son étude sur l' Iconographie des empereurs 2, parue deux ans plus tard, le même auteur cite, parmi les pièces de Galère César, une monnaie de bronze en deux exemplaires portant au droit GAL VAL MAXIMIANVS NOB. CAES; au revers, GENIO POPVLI ROMANI; à l'exergue TSA (Cohen no 78 de Galère, folles du Cabinet de France, nos 8615 et 8616). Cette pièce, frappée dans la première officine de l'atelier de Thessalonique, ne peut être classée dans aucune des émissions de cet atelier décrites par M. Jules Maurice; elle est donc antérieure à la première émission qui se place en 307-308. J'ai en ma possession une autre

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monnaie de bronze tout à fait semblable, sauf en ce qui concerne l'exergue où on lit T-S et la lettre numérale d'officine qui se trouve dans le champ, à droite. Il y a donc eu au moins deux émissions antérieures à la première de celles qu'a décrites M. Jules Maurice et, dans les deux, figure Galerius Valerius Maximianus Caesar. Ce nom, surtout à

1. Num. Zeitschrift, XXXIII, 1902, p. 111 et suiv.
2. Revue numismatique, 1904, planche IX, nos 8 et 9.

Thessalonique, ne peut désigner que Galère dont les folles du Cabinet de France me paraissent reproduire l'effigie, tandis que la monnaie en ma possession ne représente ni Galère, ni Maximin.

Missong1 attribue à Galère une monnaie d'or portant au droit MAXIMIANVS NOB CAES, et, au revers CONSVL. CAESS avec l'exergue TS, d'après Cohen et Tanini, et que Missong lit T.S. Il est permis de se demander, si cette monnaie doit être attribuée à Galère et si elle a été émise par l'atelier de Thessalonique ou par celui de Tarragone ; jusqu'à ce que les numismatistes aient résolu ce petit problème, cette pièce ne peut nous fournir aucune donnée certaine pour déterminer la date de l'ouverture de l'atelier de Thessalonique 2.

Comme ces monnaies de Galère César sont rares et comme on n'en cite aucune, à ma connaissance du moins, de son collègue Constance Chlore ayant exactement la même origine, on peut supposer que l'atelier de Thessalonique en frappa un très petit nombre, c'est-à-dire que l'émission doit se rapprocher de l'année 305. Pour ces raisons nous maintenons Thessalonique dans la liste des ateliers ouverts sous le règne de Dioclétien, mais en laissant indéterminée la date de l'ouverture qui paraît devoir se placer entre 300 et 305.

En revanche, le colonel Voetter me paraît avoir victorieusement démontré que l'atelier de Trèves, contrairement à l'opinion courante, n'existait pas avant Dioclétien et qu'il a été créé sous cet empereur environ un an avant la réforme

1. Zeitschr. f. Num., VII, p. 250. Il est à remarquer que l'exergue de la même pièce de Constance Chlore porte TS qui doit signifier, semble-t-il, Tarraconensis (moneta), (officina) secunda.

2. M. Jules Maurice, à qui j'avais signalé cette grave difficulté, a eu l'obligeance de m'informer: 1° que la pièce du Cabinet des médailles est bien de Galère César et de l'atelier de Thessalonique; 2o que, d'après ses recherches, cet atelier a été ouvert une première fois entre 293 et 305 et une seconde fois en 308.

qui a eu lieu à Trèves en 296, ainsi que l'a établi Hettner1, et enfin qu'il a été constitué avec une des officines de Lyon transportée dans cette ville. Aux arguments du savant numismatiste je me bornerai à en ajouter deux autres : 1o on ne connaît pas de monnaies frappées à Trèves qui soient antérieures à la nomination des Césars; on n'en trouve pas notamment une seule parmi les 50,000 qui composent le Trésor de la Venera dans lequel tous les ateliers monétaires d'Occident sont représentés; 2o une inscription 3 de Rome mentionnant un procurator monetae Trevericae a été considérée à tort jusqu'ici comme se référant à une époque antérieure à Dioclétien; cette interprétation de Mommsen est uniquement fondée sur l'hypothèse très contestable, à mon avis du moins, que la Liste de Vérone date de l'an 297.

Le colonel Voetter, à propos de Tripoli, décrit les monnaies qui ont été frappées dans l'atelier de cette ville jusque vers l'année 291; il ajoute qu'à cette date la frappe fut suspendue pour être reprise ensuite pendant un temps très court après l'abdication de Dioclétien. Il m'a été impossible de trouver, dans les recueils, trace des monnaies de cette période.

Pour l'atelier de Nicomédie, M. Fr. Kenner démontre bien qu'il fut ouvert vers 300; mais il m'a paru que c'était un peu arbitrairement qu'il arrivait à fixer la date de l'ouverture à l'an 303. M. Jules Maurice, dans une note qu'il a bien voulu me communiquer, me fait savoir que l'ouverture

1. Num. Zeitschr., XXXI, p. 260.

2. L. A. Milani, Il ripostiglio della Venera, dans les Atti R. Ac. dei Lincei, serie III, Memorie cl. disc. mor., vol. IV (1880). Dans ce trésor, le plus important du Ie siècle (de Gordien III à 290 ou 291), trouvé en 1878 près de Vérone, sont seuls représentés les ateliers de Rome, Lyon, Tarragone, Siscia, et peut-être Cyzique.

3. Corp. I. L., VI, 1641.

4. Num. Zeitschr., XXXII, 1895, p. 8 et suiv. Die ältesten Prägungen der Münzstätte Nicomedia.

de cet atelier a eu lieu sûrement, selon lui, entre 298 et 300.

Tout compte fait, en négligeant l'atelier de Tripoli dont l'existence éphémère postérieurement à l'an 291, même si elle était prouvée, n'aurait pas grande importance, 15 ateliers monétaires fonctionnent dans l'empire romain, dont 8 datent de l'époque qui a précédé l'avènement de Dioclétien, tandis que les 7 autres ont été ouverts par cet empereur successivement dans un court intervalle compris entre les années 291 et 300 et peut-être 305. Le fait, absolument certain, que ces créations n'ont pas eu lieu à une seule et même date a une grande importance, ainsi que nous le montrerons bientôt. Contentons-nous, pour le moment, d'établir les rapports qui peuvent exister entre les diocèses de la Liste de Vérone et les 15 ateliers en activité sous Dioclétien. On constate qu'il y en a deux dans les diocèses d'Orient (Antioche et Alexandrie), des Mysies (Serdica et Thessalonique), d'Italie (Rome et Aquilée) et des Gaules (Lyon et Trèves); un seul dans les six diocèses d'Asie, du Pont, des Pannonies, d'Afrique, d'Espagne et de Bretagne, et aucun dans le diocèse de Vienne. La règle d'après laquelle il y aurait un atelier monétaire par diocèse n'est donc vérifiée que pour la moitié des diocèses: autant dire qu'elle n'a jamais existé.

Si l'on s'en tenait strictement à la date de 297 que Mommsen assigne à la Liste de Vérone, comme les ateliers d'Aquilée, de Nicomédie et de Thessalonique ont été créés à une date postérieure, il faudrait les retrancher de la liste, et on obtiendrait ainsi le chiffre de 12 ateliers monétaires correspondant, en 297, à un nombre égal de diocèses. Mommsen aurait alors raison, mais avec des chiffres différents de ceux qu'il a donnés. Mais s'il en était ainsi, comment s'expliquerait-on que Dioclétien se soit plu à détruire si vite, de ses propres mains, la concordance qu'il venait d'établir entre les diocèses et les ateliers? Cette concordance n'aurait eu aucune utilité pratique puisqu'on y renon

çait si facilement après une expérience de trois ans. D'ailleurs cette concordance ne serait qu'apparente; elle n'existe que pour le chiffre global des diocèses et des ateliers, car, dans l'hypothèse où nous nous sommes placés, on peut voir que nous ne trouvons pas un atelier par diocèse, comme l'exigerait la règle énoncée plus haut. En effet, il y aurait alors deux ateliers dans les diocèses d'Orient et des Gaules, et les diocèses du Pont et de Vienne en seraient dépourvus.

En résumé donc, il est impossible d'imaginer une combinaison quelconque qui puisse faire concorder la distribution des ateliers existant sous Dioclétien avec les 12 diocèses de la Liste de Vérone.

Ainsi, même en supposant exacte la date de 297 que Mommsen attribue à la Liste de Vérone, on voit qu'il n'y a pas de concordance, à cette date, entre les circonscriptions administratives et les divisions monétaires. Le désaccord est encore plus profond si, comme nous le croyons fermement, ce document date de la fin du règne de Constantin.

Au surplus, Mommsen avoue, lui-même que la concordance qu'il avait artificiellement obtenue entre les diocèses et les ateliers monétaires aurait été de très courte durée. En effet, en 309, l'atelier d'Aquilée est fermé et c'est celui d'Ostie qui le remplace; en 311, l'atelier de Carthage est fermé; en 313, l'atelier d'Ostie ferme à son tour et est remplacé par l'atelier d'Arles; en 320 a lieu l'ouverture de l'atelier de Sirmium qui ferme ensuite lorsque s'ouvre, en 326, celui de Contantinople; cette même année, les ateliers de Londres et de Tarragone sont fermés1. Il est impossible, on le voit, d'établir la moindre corrélation entre l'ouverture ou la fermeture de ces ateliers et les divers diocèses auxquels ils correspondent. On a eu tort, à mon avis, de vouloir identifier l'organisation financière à l'organisation

1. Je renvoie pour les détails aux intéressants articles de M. Jules Maurice sur les ateliers de Carthage, Ostie, Londres, Tarragone, Aquilée, Arles, Sirmium et Constantinople à l'époque constantinienne.

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