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Nombreux sont les objets antiques, de toute nature, que l'on découvre ainsi au jour le jour. La plupart sont immédiatement enregistrés et décrits dans les inventaires que dresse le Service des fouilles, qui surveille de près les principaux chantiers. Il en est pourtant quelques-uns qui échappent à l'examen des agents de l'administration. Ce ne sont pas toujours les moins intéressants. Parmi ceux que j'ai eu l'occasion d'étudier récemment, il en est un au moins qui me paraît mériter d'attirer l'attention des archéologues. C'est une statue de marbre blanc, sortie de terre il y a quelques jours seulement, et que je suis à peu près seul à connaître jusqu'ici.

Elle a été découverte par hasard, à 10 mètres de profondeur, dans un lot de terrain détaché de l'ancienne villa Spithoever qui occupait l'emplacement des jardins de Salluste1, et où l'on a déjà trouvé précédemment tant de sculptures grecques, archaïques ou archaïsantes, d'une haute valeur 2, notamment la Niobide de la Banque commerciale que j'ai eu l'honneur de signaler l'an dernier à l'attention de l'Académie3; les Niobides de la collection Jacobsen; deux statues de femmes vêtues du péplos, reproduisant le type d'une des figures du fronton oriental du temple d'Olympie 5; une Minerve armée de l'égide¤; un

1. Cf. Jordan-Huelsen, Topographie der Stadt Rom im Altherthum, III, p. 435 et suiv. et pl. VII.

2. Voir en dernier lieu la liste dressée par R. Lanciani, dans le Bullet. comunale, 1906, p. 157 et suiv.

3. Gauckler, La Niobide des jardins de Salluste à Rome, dans les Comptes rendus de l'Acad. des inscript., 1907, p. 104 et suiv. et planche hors texte de la page 105.

4. Arndt, La glyptothèque Ny-Carlsberg, pl. 51-52, et pl. 38-40=Notizie degli Scavi, 1886, p. 252; Furtwaengler, Sitzungsberichte Bayerischer Akademie, 1899, II, 2, p. 279.

5. Lucio Mariani, Statue muliebri vestite di peplo, Bullet. comunale, 1897, p. 169 et pl. XII, XIII, XIV (statue Boncompagni=Helbig, Fuehrer, n° 883); Di un altra statua muliebre vestita di peplo, Bullet. comunale, 1901, p. 71 et suiv. et pl. VI (statue du couvent des sœurs de Saint-Joseph, trouvée le 12 mars 1901 à 100 mètres à peine de l'Amazone).

6. Notizie degli Scavi, 1885, p. 42.

torse de Diane à la biche1; un Hercule presque intact et encore inédit trouvé en 1887 dans les travaux de construction de l'hôtel Fischer, 39, via Sallustiana; un bas-relief éleusinien d'une grande beauté, aujourd'hui conservé au Musée des Thermes2; et nombre d'autres débris de statues ou de bas-reliefs d'un caractère hellénistique très accusé.

La sculpture est taillée dans un bloc de marbre pentélique d'un grain très fin et très brillant, qui mesure aujourd'hui 1m 04 de hauteur, avec le socle haut de 0 m 04. Elle a subi diverses mutilations, qui semblent s'être produites toutes en même temps. La base, demi-circulaire, ayant été cassée en avant, avec l'extrémité du pied droit de la statue, celle-ci est tombée face contre terre et s'est brisée en trois endroits : une faille presque horizontale, qui traverse le marbre juste au-dessous du genou, le partage en deux morceaux qui se raccordent exactement; deux autres fractures ont détaché du corps la tête et le bras gauche, qui n'ont pu être retrouvés. La main droite a perdu deux doigts, l'index et le medius, qui étreignaient l'extrémité recourbée d'un arc dont le bout est aussi brisé. La pointe du téton droit s'est légèrement émoussée en heurtant le sol. Le sein a été quelque peu éraflé par le coup de pioche qui a fait reparaître au jour la statue enfouie dans un amas de terres rapportées. Tout le reste est intact, et d'une grande fraîcheur. Le marbre, ciselé avec un soin minutieux, a gardé son poli, auquel la patine du temps ajoute un incomparable éclat.

La statue représente une très jeune fille, dans le premier épanouissement de sa chair délicate. C'est une vierge, à peine sortie de l'adolescence, comme on le voit à ses formes graciles, à sa taille svelte et à ses hanches minces. Mais la gorge, d'un galbe charmant, est déjà parfaitement modelée. La jeune fille est figurée au repos, debout à côté d'un

1. Bullet. comunale, 1886, p. 299, p. 390 et pl. XIV-XV.

2. Visconti, Un singolare monumento di scultura ultimamente scoperto negli orti Sallustiani, Bullet, comunale, p. 267 et suiv. et pl. XV et XVI,

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tronc d'arbre sur lequel elle laisse retomber la main droite. Ses jambes immobiles et rapprochées se dressent comme deux colonnes vivantes. Celle de droite, sur laquelle porte surtout le poids du corps, se tend toute rigide, le pied posant à plat. La jambe gauche, au contraire, s'infléchit quelque peu, et le talon se relève insensiblement, ce qui suffit à varier l'aspect des deux membres pareils. Entraînées par ce mouvement à peine perceptible, la hanche gauche s'efface et la droite s'accuse, tandis que, pour rétablir l'équilibre, le ventre se bombe un peu en sens inverse.

Contrastant avec la disposition des jambes ainsi étroitement unies, les bras, très séparés, s'opposent l'un à l'autre; et leurs deux gestes divergents dérangent l'harmonie des épaules, en imprimant à chacune d'elle un rythme particulier. L'épaule gauche se hausse, suivant le mouvement du bras qui se détache entièrement du corps. Il devait se relever de côté, tout droit d'abord, puis replié à partir du coude, pour ramener vers le sommet de la tête la main, qui s'appuyait peut-être sur l'occiput. Ce geste de repos, si fréquent dans la statuaire antique, est tout à fait de mise ici, et je n'éprouve aucune hésitation à le restituer par hypothèse. Il convient à merveille à la légère cambrure du torse que le seul poids du bras suffit à rejeter un peu en arrière, mais qui se creuserait davantage si ce membre faisait quelque effort, s'il maniait une pelte ou s'il brandissait une bipenne. On ne peut davantage admettre qu'il s'appuyait sur une longue lance, car à l'endroit où cette arme aurait dû reposer sur le sol, le piédestal n'en laisse apercevoir aucune amorce; et, d'autre part, ce geste, intéressant le corps tout entier, dont il déplaçait le centre de gravité, aurait nécessairement rompu la verticalité de son axe.

Tandis que le bras gauche se relevait, le bras droit tombe le long du corps, mollement abandonné, et retenant à peine, entre le pouce et les deux premiers doigts, l'extrémité d'un arc désormais inutile. L'arme, en partie cachée

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