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COMMUNICATIONS

LA CHRONOLOGIE DE PISANELLO,

PAR M. SALOMON REINACH, MEMBRE DE L'ACADÉMIE.

Il vient d'être fait une découverte si intéressante pour l'histoire de l'art du xve siècle et pour celle de l'art français en particulier, que je demande la permission de l'annoncer brièvement à l'Académie.

Ceux qui ont étudié le célèbre livre d'heures du duc de Berry à Chantilly ont été frappés des points de contact de l'art qu'il révèle avec la manière du Véronais Pisanello et celle de son collaborateur Gentile da Fabriano. Il y a là des analogies portant sur les figures humaines, les types d'animaux, les éléments orientaux du costume, les compositions même, qui ne peuvent pas être dues au hasard. On rappelait que le duc de Berry avait eu pour bibliothécaire Pierre de Vérone, qui vécut à Paris de 1397 à 1421, et que d'autres artistes ou marchands de livres ont passé, à cette époque, d'Italie en France, et réciproquement.

Les plus belles peintures du manuscrit de Chantilly étant antérieures à 1416, date de la mort du duc de Berry, le problème se posait ainsi : Est-ce l'école des miniaturistes franco-flamands qui a imité Pisanello? Est-ce Pisanello qui a imité les miniaturistes 1?

M. Durrieu faisait remarquer avec raison que nous ne savons rien de Pisanello avant 1420; mais comme les sources récentes les plus autorisées, par exemple le catalogue rai

1. Voir Müntz, Histoire de l'art, t. I, p. 337; Courajod, Leçons, t. II, p. 271; Durrieu, Les Belles Heures, p. 37; S. Reinach, Gazette des BeauxArts, 1904, I, p. 60; etc.

sonné de la Galerie de Berlin (1904), font naître Pisanello vers 13801, il était toujours possible et même vraisemblable que des œuvres perdues de ce maître, exécutées entre 1400 et 1410, eussent été connues des frères de Limbourg.

Aujourd'hui, cette hypothèse n'est plus admissible. Le professeur Biadego a établi, par des documents tout récemment découverts, dont le Corriere della sera (25 juin 1908) a donné une analyse, que le grand peintre et médailleur de Vérone est né en 1397, soit dix-sept ans après la date proposée dans le catalogue de Berlin; cela ressort d'un texte de 1433, où Antonius Pisanus pictor est dit âgé de 36 ans. Donc, à l'époque où les frères de Limbourg enluminaient les Heures du duc de Berry, Pisanello avait à peine dix-huit ans; la priorité de l'œuvre franco-flamande est donc désormais établie, ainsi que l'imitation qu'en a faite le maître véronais.

Le prénom de Vittore, attribué à cet artiste par Vasari, semblait confirmé par la signature d'un tableau de Berlin 2; mais ce tableau n'est pas de Pisanello et la signature est fausse. Le vrai nom du maître que nous appelons Pisanello était Antonio Pisano.

1. M. Hill, se fondant sur le témoignage vague de Vasari, plaçait la naissance de Pisanello entre 1380 et 1390, mais plus près, pensait-il, de cette dernière date (Pisanello, Londres, 1905, p. 4 et 235).

2. Cf. Hill, Pisanello, p. 4.

LES RÉSULTATS DES DERNIERS TRAVAUX

DE LA

DÉLÉGATION SCIENTIFIQUE EN PERSE.
CAMPAGNE DE 1907-1908,

PAR M. J. DE MORGAN, DIRECTEUR.

MESSIEURS,

En vous rendant compte, l'an passé, de nos découvertes à Suse pendant la campagne de fouilles de 1906-1907, j'ai signalé à votre attention les indices rencontrés aux grandes profondeurs, les couches renfermant la céramique peinte archaïque et l'intention dans laquelle je me trouvais de pousser les travaux, au cours de la campagne suivante, jusqu'au sol sur lequel la première ville de Suse avait été construite.

Ce projet, je l'ai mis à exécution, et nous possédons aujourd'hui une coupe complète des ruines depuis le sommet du monticule jusqu'à 28 mètres de profondeur, niveau des eaux souterraines.

A la base, nous avons rencontré les collines naturelles d'argile compacte jaune sur lesquelles s'est élevée la première Suse. Ces hauteurs ne dépassaient pas horizontalement le site de la ville; elles dominaient de 5 à 6 mètres seulement le niveau de la rivière Chaour.

Les traces les plus anciennes de l'homme se trouvent appuyées sur ces collines naturelles. 24 mètres de débris accumulés les recouvrent.

A cette profondeur, un massif de terre battue, large de 4 à 5 mètres, montre les restes d'une muraille irrégulière qui ceignait la ville. A l'intérieur, des couches de cendres, de débris archaïques indiquent les restes des anciennes habitations. A l'extérieur de l'enceinte est la nécropole, renfermant sur une épaisseur de 3 mètres environ une foule de sépultures.

Bien que fort décomposés, les squelettes sont encore très visibles, ils gisent à même la terre sans direction spéciale, sans position constante. On ne trouve les traces d'aucune construction, d'aucune chambre.

Autour de la tête de chaque mort est son mobilier funéraire; pour tous, de trois à cinq vases peints très remarquables par leur technique: ce sont ces vases dont j'ai eu l'honneur de vous entretenir l'an passé.

Les sépultures masculines offrent fréquemment des celts de cuivre de forme très primitive, tandis que dans les tombes de femmes nous avons généralement rencontré, avec un petit vase-cornet de pierre ou d'argile contenant du fard, des miroirs, simples disques de cuivre poli.

En s'oxydant, les objets métalliques ont conservé l'empreinte des tissus déposés avec le mort dans le tombeau. C'est ainsi que nous avons pu reconnaître la présence de toiles très fines et de nattes, soit que le cadavre eût été placé dans la terre revêtu de ses hardes, soit que préalablement il eût été roulé dans une natte, tout comme faisaient les Egyptiens primitifs de Négadah.

Tant dans les ruines de la ville que dans la nécropole, les objets autres que la céramique et les instruments de cuivre étaient rares; nous avons cependant rencontré des colliers, dont quelques-uns renfermant des perles de turquoise, matière étrangère à l'Élam et dont la présence dénote de la part des Susiens primitifs des relations commerciales très étendues

Mais une découverte plus intéressante encore nous attendait. Nous avons trouvé tant dans la ville que dans les tombes quelques cachets d'une facture très primitive et une boule d'argile portant l'empreinte d'un sceau. Ce fait tendrait à prouver que dès la plus haute antiquité susienne, dès les premiers vestiges laissés par l'homme, l'écriture, probablement figurative, était connue en Élam.

On conçoit aisément qu'il ne soit pas aisé d'explorer

A

une nécropole recouverte par plus de 20 mètres de terre et de débris; cependant, au cours de notre dernière campagne, nous en avons fouillé environ 750 mètres carrés, soit 2.250 mètres cubes.

J'évalue à mille environ le nombre des tombes découvertes; elles nous ont fourni plus de 2.000 vases peints, sans compter les autres objets.

Ces vases peints, les dessins que j'ai l'honneur de vous présenter en donnent les principaux types. Un millier vient d'arriver au Musée du Louvre; quant aux autres, je n'ai pu les transporter cette année, faute de moyens d'emballage. Je n'avais pas prévu qu'ils se pussent rencontrer en si grande abondance.

Ainsi les traces les plus anciennes de l'homme rencontrées jusqu'ici à Suse montrent une industrie déjà très avancée et en possession du métal. C'est l'aurore, il est vrai, de la métallurgie; mais ce n'est plus l'état néolithique dont cependant nous devinons l'existence grâce aux nombreux instruments de pierre qu'on rencontre dans toute l'épaisseur du tell disséminés à l'état sporadique.

Un jour viendra, je pense, où sur un point des ruines nous rencontrerons ces restes plus anciens dans le site même où cette industrie s'est développée.

Quant à l'âge de la nécropole, m'appuyant sur le niveau auquel se rencontrent les restes contemporains de Sargou l'ancien et de Naram-Sin (vers 4000 av. J.-C.), je crois pouvoir leur attribuer une antiquité minima de cinq mille ans avant notre ère.

Dix mètres de débris séparent ce premier niveau de celui où se rencontrent les premières tablettes proto-élamites rencontrées jusqu'à ce jour et attribuées par V. Scheil au début du IVe millénaire.

Dans cet intervalle, on voit évoluer la glyptique, l'art de travailler la pierre, la métallurgie et la céramique. Mais alors que les trois premières industries se développent, la

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