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intacte. A une époque ancienne, des pillards ont pénétré dans le tumulus et ont enlevé la plupart des objets de la chambre funéraire, dont nous ignorons, par conséquent, la disposition complète et originale. Des fragments des objets volés ont été trouvés sur toute la route qu'ont suivie les maraudeurs. Là aussi ont été trouvés la plupart des fragments d'ossements humains. Ils ont appartenu à deux individus, et les anthropologues norvégiens ont pu les déterminer comme féminins. L'une des femmes était âgée d'environ cinquante ans, d'une structure fine et gracile, mais très goutteuse, comme le montre la déformation des ossements. C'était sans doute la « reine ». L'autre femme, dont il ne reste que des fragments plus petits, était plus jeune, robuste et bien portante.

La chambre n'est pas la seule place où l'on eût déposé des objets mobiliers. Les autres parties du navire étaient remplies d'une foule d'objets divers. Heureusement, ils n'ont pas été touchés par les maraudeurs. Mais la plupart étaient fortement endommagés par le poids du grand tumulus et par des glissements survenus dans le sous-sol. Les fouilles ont donc présenté de très grandes difficultés. C'est pourquoi elles ont duré toute une demi-année. Plus difficile encore est la conservation et la restauration des objets trouvés.

Je ne puis énumérer ici tous les objets, dont la restauration n'est pas encore terminée. J'espère, l'année prochaine, pouvoir exposer le tout dans notre Musée de Christiania. La trouvaille y occupera un emplacement de 200 mètres carrés au moins, sauf le navire, qui est déjà exposé ailleurs, après un travail de restauration qui a duré presque un an et qui a réussi bien au delà de nos espérances.

Un des objets les plus intéressants est un chariot à quatre roues, que nous avons maintenant complet dans toutes ses parties. Le corps de cette voiture a la forme d'une cuve. Il est formé de planches de chêne, fixées par des rivets de fer,

et la surface extérieure en est décorée, tout autour, d'ornements en bas-relief représentant des animaux fantastiques d'un caractère singulier. Au milieu de ces ornements se trouvent par deux fois de petites scènes avec des hommages, etc., ayant peut-être quelque relation avec une ancienne saga. Le corps du chariot repose sur deux supports en tréteau, dont les extrémités sont sculptées en forme de têtes d'homme, avec barbe et moustaches. Plusieurs autres parties sont décorées, et le tout offre une apparence riche et originale.

La défunte n'avait pas seulement besoin d'une voiture d'été pour la vie d'outre-tombe on a donc aussi déposé dans la tombe des véhicules pour l'hiver. Des quatre traîneaux trouvés, l'un est tout à fait simple et doit être un traîneau de bagages. Mais les autres sont tous décorés d'ornements d'une étonnante richesse et d'un style très élégant.

C'est la richesse des ornements de tant d'objets de cette trouvaille, qui lui donne un intérêt extraordinaire. Nous avons ici une abondance de motifs décoratifs supérieurs à tous ceux que l'on connaissait auparavant chez nous.

On y peut distinguer deux styles quelque peu différents. L'un est le style ancien dans son développement ultime, mais représenté par des spécimens pleins de saveur, comme on en trouve rarement à la fin d'une période. L'autre style est représenté par des motifs que plusieurs savants du Nord. ont fait dériver, à tort ou à raison, de la renaissance carolingienne en France. Ces motifs commencent à se montrer chez nous vers l'an 800, et je crois que c'est aussi la date approximative de notre trouvaille. Naturellement, il y a, dans une trouvaille aussi considérable, des objets de dates différentes, mais je crois que rien ne peut être plus récent que le milieu du 1xe siècle, et l'ensemble est vraisemblablement plus ancien encore.

Je citerai encore plusieurs lits, dont l'un a été partiellement décoré de peintures, une selle, des linteaux, une

meule à deux pierres, des ustensiles de cuisine, des baquets; puis quelques ustensiles de tisserand, dont l'un renferme encore un fragment de tissu, un dévidoir en bois, des pelotes, de la cire à coudre, etc.

Nous avons aussi beaucoup d'accessoires du navire, comme une ancre de fer, admirablement conservée, tous les avirons, dont plusieurs bien conservés aussi, la passerelle de débarquement, de grandes écopes, etc.

Quant au navire lui-même, il est entièrement construit en chêne, et le bois en est si bien conservé, qu'on a pu le chauffer à l'étuve pour lui faire reprendre sa forme primitive.

La longueur du navire est de 21 m 50, et sa largeur de 5 mètres. Il se compose d'une quille, d'une étrave et d'un étambot, de couples, de baux, de bordages, d'un gouvernail et d'un dispositif destiné à consolider la mâture. Entre les genoux des couples, il y a des barrots en bois de pin. Le troisième bordage se compose d'un gros linteau formant une étroite saillie à la face interne de la coque, et qui est évidé par dehors. Aux deux extrémités, ce bordage se continue le long de l'étrave et de l'étambot par des pièces décoratives en bois de hêtre. On ne voit malheureusement pas comment ces pièces ont été fixées à l'étrave et à l'étambot, ni comment ceux-ci ont été décorés à leur extrémité.

Il y a, en tout, douze planches; dans le bordage supérieur sont pratiquées les ouvertures destinées à laisser passer les avirons, quinze de chaque côté. Le navire était donc à quinze bancs, ce qu'on nommait dans le langage ancien de Norvège une fimtánsessa.

A proximité du bastingage étaient des supports en fourche pour appuyer les avirons. Le gouvernail est fixé au côté droit de la poupe par une ligature en osier, et le col du gouvernail est maintenu contre le bastingage par une bride en cuir artistement décoré.

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Le navire a un fond passablement plat, mais il a des formes élégantes et a certainement été bon marcheur. Tou

tefois, ce n'était certainement pas un navire de haute mer. Tout semble indiquer que c'était plutôt un navire d'apparat, un bâtiment de plaisance destiné à voyager dans le fiord et dans des bassins fermés.

J'espère que ces quelques renseignements sur une trouvaille aussi complète intéresseront l'Académie, que je remercie de m'avoir admis à lui en faire part.

APPENDICE

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FAIT AU NOM DE LA COMMISSION DES ANTIQUITÉS DE LA FRANCE SUR LES OUVRAGES ENVOYÉS AU CONCOURS DE L'ANNÉE 1908, PAR M. NOËL VALOIS,

MEMBRE DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES, LU DANS LA SÉANCE DU 17 JUILLET 1908.

Notre Académie avait à décerner, cette année, outre le prix Gobert et le prix Prost, le prix Louis Fould à des ouvrages relatifs à l'histoire des arts du dessin, le prix Saintour à des ouvrages relatifs au moyen âge ou à la Renaissance, le prix Berger à des œuvres concernant la ville de Paris et enfin le prix La Fons-Mélicocq à des livres relatifs à l'histoire et aux antiquités de la Picardie et de l'Ile-deFrance. Dans ces conditions, il était à craindre qu'il ne restât guère de concurrents pour les médailles et mentions honorables attribuées aux Antiquités de la France. Ce dernier concours cependant ne semble inférieur ni par la quantité ni par la qualité à ceux des années précédentes. Histoire, archéologie, géographie historique, histoire littéraire y sont représentées, et d'une manière si honorable que la Commission, pour s'acquitter équitablement de sa tâche, a jugé nécessaire de porter à quatre le nombre des médailles. Elle

y a joint sept mentions et regrette de ne pouvoir disposer de deux récompenses de plus.

La première médaille a été décernée, à l'unanimité, à M. le commandant Émile Espérandieu, correspondant de l'Académie, pour le tome Ier de son Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine.

L'utilité de ce grand travail, qui répond à un projet conçu par Montfaucon dès le début du xvIe siècle, était reconnue de tous; l'exécution en demandait un certain courage. Du jour où, sur la proposition de la section archéologique du Comité des travaux historiques, M. le commandant Espérandieu en fut officiellement chargé, il se mit à l'œuvre, parcourut les provinces, décrivit lui-même sur place et photographia les monuments susceptibles d'entrer dans son recueil, non sans se heurter souvent à de réelles difficultés. Deux ans à peine après l'arrêté ministériel qui lui confiait la publication, son tome Ier voyait le jour.

Il comprend les sculptures gallo-romaines de la Narbonnaise, des Alpes Maritimes et des Alpes Cottiennes, c'est-à-dire de la partie de la Gaule la plus voisine de l'Italie, partant la plus anciennement et la plus entièrement soumise à l'influence de Rome.

Les 835 sculptures réunies dans ce volume sont toutes, à part quelques bas-reliefs connus seulement par des dessins, reproduites au moyen d'un procédé photographique qui assure la sincérité des images. Le texte, sobre et soigné, qui est joint à ces illustrations, comprend des indications d'origine, l'histoire du monument, sa bibliographie, sa description et, s'il y a lieu, en quelques mots, l'interprétation du sujet.

En feuilletant ce recueil, chacun peut se rendre compte, non seulement du goût de nos ancêtres, de l'état de l'art en Gaule à l'époque romaine, des idées qui présidaient à la décoration ordinaire des tombeaux, des ex-voto ou des grands édifices, mais aussi de mille détails relatifs à la vie

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