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je n'ai pas été obligé d'en lever une seule, faute de lecteurs inscrits à l'ordre du jour. Grâce aux modifications apportées à nos règlements ou à nos usages, les courtes lectures, faites au début des séances, sont devenues plus nombreuses; bref, l'activité de notre ruche ne s'est pas démentie, et j'ai même le sentiment très net qu'elle s'est accrue.

« L'an dernier, à pareille date, j'exprimais le regret que nos séances commençassent toujours trop tard; ce répit initial, qu'on appelle ailleurs le quart d'heure académique, était déjà devenu une demi-heure et tend, je le crains, à grandir encore. Notre inexactitude hebdomadaire ne se manifeste qu'au début de nos réunions; elles se terminent toujours régulièrement à cinq heures. Cela n'est pas une excuse, mais plutôt une aggravation de nos torts. Aussi n'est-ce pas sans surprise que j'ai lu dans l'histoire de notre Compagnie, publiée récemment par son Secrétaire perpétuel, cette phrase troublante : « Nous avons tous une même passion, celle de l'exactitude. » Réflexion faite et après examen du contexte, je me suis assuré que M. Perrot entendait par là cette précision scientifique qui, en effet, nous tient fort à cœur; mais avouons que l'autre espèce d'exactitude nous préoccupe moins. Il est malaisé de remonter les pentes où l'indolence se laisse glisser; je m'y suis employé sans succès; si mon successeur réussit là où j'ai échoué, je l'en féliciterai bien cordiale

ment.

<< Laissez-moi dès aujourd'hui, Messieurs, féliciter notre nouveau président, mon vieux compagnon des fouilles de Gightis et de Carthage, où nous apprîmes, il y a vingt-quatre ans, à nous connaître et à travailler ensemble. Le meilleur souhait que je puisse former pour lui, c'est, quand à son tour il rentrera dans le rang, de garder de sa présidence des souvenirs pareils à ceux que j'emporte, avec la conscience d'avoir maintenu ces traditions courtoises et laborieuses qui font le charme et la dignité de nos

travaux.

« J'invite M. Babelon à occuper le fauteuil du président, et M. Bouché-Leclercq, vice-président, à prendre place à côté de lui. »

M. BABELON, en prenant le fauteuil de la présidence, prononce le discours suivant :

«MES CHERS CONFRÈRES,

« L'honneur très grand auquel viennent de m'appeler vos suffrages, et qui m'échoit aussi par mon rang d'ancienneté à l'Académie, m'impose un premier devoir qu'il m'est agréable de remplir c'est de remercier en votre nom le Président sortant.

« Il y a quelques semaines, en ouvrant notre séance publique de rentrée et tout à l'heure encore, le confrère de qui je reçois l'investiture, jetant un regard d'ensemble sur l'année écoulée, constatait avec complaisance l'abondance presque débordante des communications faites à nos séances, la variété et l'intérêt des découvertes scientifiques qui nous ont été apportées par notre correspondance hebdomadaire, l'ampleur qu'ont prise nos Comptes rendus, enfin le travail particulièrement fécond de nos Commissions. Vous reconnaîtrez avec moi, Messieurs, que l'activité personnelle de votre Président n'a pas été étrangère à ce développement de notre vie académique.

<«< Il a si brillamment rempli sa tâche qu'il rend la mienne moins aisée. Je ne saurais me flatter de prodiguer, dans l'exercice de la magistrature académique, une pareille bonne grâce, une ardeur aussi entraînante et surtout une compétence aussi universelle. Vous subissez aujourd'hui, Messieurs, l'inéluctable loi du changement, et j'appréhende de vous en faire éprouver quelque regret. J'espère au moins, et c'est bien là mon vou le plus cher, qu'il me sera épargné la douloureuse épreuve que mon prédécesseur a, une fois, subie, celle de dire l'adieu suprême à quelqu'un de mes confrères.

« La vice-présidence, qui est une si agréable période d'initiation, m'a fait comprendre que, pour être un bon président, il ne suffit pas de se montrer l'interprète scrupuleux et circonspect d'un règlement que personne ne songe à violer. Il faut deux autres qualités que toute votre bienveillance ne saurait me donner c'est l'expérience et le sentiment de la dignité de l'Académie.

« Je songe que la Compagnie aux travaux de laquelle je suis appelé à présider pendant un an, jouit aux yeux du public de l'autorité scientifique qui lui vient, à la fois, de son passé et de la renommée de chacun de vous. Si cette pensée jette quelque

trouble dans mon esprit, je sens pourtant qu'elle doit me servir d'inspiration constante et guider mes actes et mes paroles.

<«< Pour rassurer ma bonne volonté mise à l'épreuve, notre cher et si dévoué Secrétaire perpétuel me permettra de m'appuyer sur ses avis et son expérience: il est le gardien vigilant de nos traditions, le conseiller averti et permanent de votre Bureau.

<< En même temps que je vous exprime toute ma gratitude pour vos suffrages, Messieurs, je vous propose de voter, par acclamation, des remerciements au Président sortant, M. Reinach. >>

M. le baron DE COURCEL adresse au Secrétaire perpétuel la lettre suivante :

Monsieur le Secrétaire perpétuel et honoré Confrère,

L'Académie française, l'Académie des inscriptions et belles-lettres et l'Académie des sciences morales et politiques ont bien voulu se charger à ma demande, il y a quelques années déjà, de décerner alternativement un prix triennal fondé pour l'encouragement des études mérovingiennes et carolingiennes.

L'expérience a fait voir que le mode de procéder ainsi prévu n'était pas sans inconvénient, parce que les travaux auxquels chacune des trois Académies doit porter un intérêt plus spécial se répartissent le plus souvent d'une manière inégale entre les périodes qui leur sont respectivement dévolues. On a fait observer qu'au lieu d'appeler ces compagnies savantes à rendre chacune à son tour, de neuf en neuf ans, un verdict séparé, il y aurait avantage à les associer dans un jugement collectif qu'elles prononceraient de commun accord tous les trois ans.

Pour ce qui me concerne, je donne volontiers mon assentiment à cette modification de la procédure primitive, s'il convient aux Académies de l'adopter. On pourrait donc décider qu'à l'avenir le prix dont il s'agit sera décerné de trois ans eu trois ans par un vote concordant des trois Académies, après avis d'une Commission où chacune d'elles serait représentée par son Secrétaire perpétuel, assisté d'un délégué spécial.

Je me permets seulement d'insister sur deux conditions, déjà exprimées, si je ne me trompe, dans l'acte de fondation.

La première, c'est que le prix soit décerné par les Académies motu proprio, c'est-à-dire sans attendre la sollicitation des auteurs,

après que le rapporteur de la Commission aura rendu compte des principaux ouvrages historiques ou littéraires, publiés pendant les neuf dernières années, intéressant les origines politiques de la France depuis la période de formation franque jusqu'aux environs de l'an mil, et après que, ce rapport entendu, les Académies auront fixé leur choix sur l'auteur, ou sur l'ouvrage, qui leur paraîtra le plus digne.

La seconde condition, c'est que le prix, actuellement d'une valeur de 2 400 francs, mais susceptible d'augmentation par la suite, reste indivisible, et soit attribué à un seul auteur ou à un seul ouvrage.

Veuillez agréer, monsieur le Secrétaire perpétuel et honoré Confrère, l'expression de mes sentiments de haute et affectueuse considération.

L'Académie donne son approbation. Lorsque les deux autres Académies que cette lettre concerne auront été consultées, il y aura lieu d'établir une entente interacadémique et de répondre à M. de Courcel.

Le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL fait connaître, ainsi qu'il suit, la situation des Concours pour l'année 1908 :

PRIX DU BUDGET (La préfecture du prétoire au IVe siècle): 1 mémoire.

ANTIQUITÉS DE LA FRANCE: 19 concurrents.

Prix de numismaTIQUE (moyen âge): aucun concurrent.

PRIX GOBERT: 3 concurrents.

PRIX BORDIN (antiquité classique): 11 concurrents.

PRIX FOULD (histoire des arts du dessin) : 5 concurrents.

PRIX LA FONS-MÉLICOCQ (antiquités de la Picardie): 6 concur

rents.

PRIX STANISLAS JULIEN (ouvrages relatifs à la Chine): 1 concur

rent.

PRIX DELALANDE-GUÉRINEAU (ouvrages relatifs à l'Orient): 3 concurrents;

PRIX DE LA GRANGE: 2 concurrents.

PRIX SAINTOUR (moyen âge): 10 concurrents.

Prix J.-J. BergER (à l'œuvre la plus méritante concernant la ville de Paris): 5 concurrents.

PRIX PROST (à l'auteur français d'un travail sur Metz): 4 con

currents.

PRIX LE FÈVRE-DEUMIER (à l'ouvrage le plus remarquable sur les mythologies, philosophies et religions comparées) : 3 concur

rents.

M. Héron de VilLEFOSSÉ a la parole pour une communication : « Le R. P. de Jerphanion a passé plusieurs années dans les missions françaises d'Anatolie. Parlant couramment le turc et l'arménien, connaissant à fond le pays, il a pu visiter en détail les curieuses églises qu'il décrit et dont la plupart avaient échappé aux recherches des précédents voyageurs, trop pressés dans leur exploration ou renseignés d'une manière insuffisante par les indigènes. Pendant son séjour, le P. de Jerphanion a relevé le plan de la plupart de ces églises, copié avec soin les inscriptions encore lisibles et photographié les peintures qui font le principal intérêt de ces chapelles souterraines monolithes. Il se propose de publier bientôt les documents importants qu'il a réunis ; il croit pouvoir prendre date en appelant la bienveillante attention des membres de l'Académie sur les monuments qu'il vient d'étudier et dont ses nombreuses photographies permettent d'apprécier la nature, le style et la décoration intérieure. Suivant l'usage byzantin, les parois verticales de ces églises sont occupées par des théories de saints debout, dans des poses hiératiques, traités d'une manière uniforme, d'après des modèles immuables. Il était urgent de faire des relevés de ces peintures, car beaucoup des' inscriptions qui les accompagnent sont déjà effacées et chaque jour il en disparaît encore'. »

M. HAMY rappelle à ce propos une communication faite à l'Académie, il y a vingt-cinq ans, par M. Achille Raffray, alors 1. Voir ci-après.

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