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paraît avoir été porté de la main gauche : c'était là sans doute une virtuosité personnelle, obtenue par un long exercice.

Sur la même stèle, un autre détail est plus difficile encore à expliquer que le maniement de la lance royale. Quel nom donner à l'objet de forme coudée (fig. B), arme ou sceptre, que le roi tient de la main droite?

Cet engin dérive assurément de celui (fig. A) que porte l'un des deux chefs figurés sur le monument, encore plus ancien, que nous avons nommé le Bas-relief circulaire 1; seulement, il s'est modifié, et sans doute perfectionné, par des dispositions nouvelles. On n'y voit plus l'extrémité évasée, à bec pointu, qui le terminait dans sa première forme; maintenant, la tige contournée semble cerclée de plusieurs anneaux, comme si elle se composait de deux ou de trois lames, serrées ensemble par des liens, que ce soient des cordes, des bandes de métal ou des fils métalliques 2. Dans un sceptre, dans un bâton de commandement, ces nœuds pourraient être purement décoratifs; mais un engin tout semblable, sur une coquille gravée, intervient dans une chasse au lion 3, et l'on est bien forcé de rechercher quelle efficacité il pouvait avoir contre un pareil adversaire. Dans cet exemple, où la main du chasseur est seule conservée, la façon dont elle tient l'arme, en attaquant de près, donne cependant la preuve que ce n'était pas non plus un bâton de jet, une sorte de boumerang, d'ailleurs également inefficace dans une lutte de ce genre.

On ne peut songer, je crois, qu'à une arme faite pour frapper de taille. Ce n'était peut-être à l'origine qu'une sorte de sabre en bois dur, analogue à celui que de très anciennes peintures égyptiennes représentent entre les

1. Découvertes en Chaldée, pl. 1 ler, fig. 1a.

2. Découvertes, pl. 3 bis.

3. Découvertes, pl. 46, fig. 3.

mains de quelques guerriers asiatiques. Ensuite, pour rendre cette arme plus coupante, on l'aurait formée de deux lames de bois, entre lesquelles de nombreux liens maintenaient des éclats de silex ou d'obsidienne, à la manière des faucilles préhistoriques. Il est certain que l'on

Α

B

C

rencontre assez souvent dans les couches du sol chaldéen de ces pierres tranchantes ou dentelées (prétendus couteaux ou scies de roche éclatée). Je ne trouve d'ailleurs aucun autre moyen d'expliquer les nodosités particulières à l'arme du roi Êannadou.

Plus tard, à l'époque de Goudéa, on insérait encore dans le bois de ces prétendus sceptres recourbés, des lames coupantes dont le tranchant en épousait la courbure exté

rieure et en faisait une arme dangereuse. J'en trouve la preuve dans un fragment de bas-relief1 que nous devons aux découvertes du Commandant Cros, et qui provient, sans aucun doute possible, d'une grande stèle érigée par le célèbre patési. On y voit représentée une série de sym

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E

F

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boles dressés dans le sanctuaire et parmi eux un de ces bâtons contournés dont la courbe, terminée en tête de lion, est doublée par une seconde ligne que l'on prendrait à première vue pour une sorte de jabot appartenant à la forme. de quelque animal fantastique (fig. C). Il n'en est rien cependant, et, si l'on y regarde de près, on est forcé de recon

1. Inédit.

!

naître que cette proéminence est un tranchant adapté au bois par une fente longitudinale.

De là, on en vint à fabriquer tout d'une pièce, en métal, des armes à tranchant recourbé, d'une forme analogue aux précédentes et servant au même usage. C'est au Commandant Cros que le Musée du Louvre doit de posséder deux de ces sortes de couperets ou de hachoirs, qui ne sont plus de simples images, mais des armes réelles en cuivre, que l'on peut tenir et manier. Bien que trouvés ensemble dans un même tombeau chaldéen, formé de deux cloches de terre cuite accolées avec du bitume, ils présentent deux types très différents.

Le premier (fig. D), qui n'a plus sa poignée, se rapproche beaucoup de la forme primitive que nous avons observée sur le très antique Bas-relief circulaire. La courbe, coupante des deux côtés, se termine par une tête élargie, qui seulement, au lieu de s'évaser vers le haut, se retourne en avant, un peu comme un fer de hachette.

La seconde arme (fig. E), encore intacte, longue de 41 centimètres, y compris sa poignée également en cuivre, est d'une forme savante et compliquée. Coudée presque à angle droit, elle présente en avant un tranchant recourbé dont le haut et le bas s'amortissent par des enroulements d'une disposition élégante. C'est un premier essai de l'épée courbe, dont nous verrons le type, avec l'usage du fer, s'acheminer vers des formes plus pratiques et plus simples, comme la copis de l'antiquité classique, comme le yatagan et le cimeterre des Orientaux, pour aboutir au sabre moderne.

Toutefois, la tradition des engins primitifs ornés de pierres tranchantes subsiste dans les représentations chaldéo-babyloniennes. Les cylindres-cachets nous montrent souvent les dieux et particulièrement la déesse guerrière Istar tenant une grande arme coudée, et, dans un exemple depuis longtemps publié par Menant1, j'aperçois sur la 1. Cylindres chaldéens, pl. IV, fig. 6.

courbe une série de points saillants qu'il est difficile d'interpréter d'une autre manière. Cette arme traditionnelle se retrouve d'ailleurs à l'époque assyrienne, dans des proportions beaucoup plus grandes et avec une précision de dessin qui laisse peu de doutes. C'est l'arme abaissée que tient de la main gauche la statue du roi Assournazirabal 1. L'extrémité

en est courbée plus qu'en demi-cercle et cette courbure est munie extérieurement d'une couronne de 23 plaquettes oblongues, séparées à la fois et serrées comme les dents d'une mâchoire (fig. F). Il m'est difficile d'y reconnaître autre chose que les éléments d'une garniture en pierres éclatées. Rappelons ici la fantastique harpé, aux dents aiguis du Cronos hellénique, ἅρπην πελώριον, μακρὴν, xxрxxрóбоvтx2, avec la différence que la harpé (si du moins l'on en juge par juge par des représentations d'une époque avancée) ressemblait plutôt à une sorte de faucille, dont le tranchant était sur la courbe intérieure.

De même, chez les anciens Chaldéens, les premières armes tranchantes furent considérées à l'origine comme particulièrement redoutables, et pour cette raison on les mit volontiers aux mains des dieux, en les grandissant dans les temples par des représentations gigantesques et en symbolisant sous leur nom les forces de la nature. Dans les textes religieux de Goudéa, les armes du dieu Nin-Ghirsou prennent ce caractère. Celle que les assyriologues appellent le sarour est surnommée « l'ouragan de combat »; une autre, le mi-ab, est comparée à un « tourbillon ». Les récits de

1. Voir la statue dans Perrot et Chipiez, Histoire de l'Art, p. 537. 2. Hésiode, Théogonie, 175, 179, 180,

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