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LIVRES OFFERTS

M. PERROT donne, au nom de M. HEUZEY, lecture de la note sui

vante :

« J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie, au nom de M. le colonel Allotte de La Fuÿe, la première livraison d'un ouvrage dont il commence la publication sous le titre de Documents présargoniques. L'occasion m'a déjà été fournie de signaler les services rendus par cet officier supérieur à la connaissance de la haute antiquité chaldéenne. Le dévouement passionné avec lequel il se consacre aux études assyriologiques le range parmi les savants qui contribuent le plus activement à développer les résultats des grandes découvertes faites à Tello et à Suse par nos explorateurs français.

<< S'il n'a pas exploré lui-même le sol de la Chaldée, il a réussi à former, non sans de sérieux sacrifices, une remarquable collection, dont la partie principale comprend plus de 500 monuments appartenant à la période archaïque de cette histoire. Les documents les moins anciens de la série finissent, en effet, avec le règne d'Ouroukaghina, c'est-à-dire avant l'époque reculée de Sargon l'Ancien et de Naram-Sin. Ils sont pour nous d'autant plus intéressants qu'ils proviennent pour la plupart d'une même trouvaille faite par les Arabes sur l'emplacement de l'antique Sirpourla ou Lagash, peu de temps après la mort de M. de Sarzec; ce fut comme une suite accidentelle et irrégulière de ses fouilles. Les résultats de la découverte s'étant répartis entre différentes collections publiques ou privées de l'Occident, le Musée du Louvre a pu en retenir un choix important; mais M. le colonel Allotte de La Fuÿe a eu de son côté le mérite d'arrêter au passage, sur une autre piste, nombre de pièces qui auraient pu aller à l'étranger et dont plusieurs sont de premier ordre.

«Ayant fait provision, pour ses études, de ces matériaux précieux, il a encore augmenté l'intérêt qu'ils présentent par le travail d'examen, de comparaison et de classement auquel il s'est livré, pour en faire ressortir la signification et la portée scientifique. Un officier appartenant comme lui au corps du Génie ne pouvait manquer d'apporter tout spécialement dans les questions de métrologie et de chronologie une compétence des plus utiles pour aborder les minutieux problèmes que pose à tout instant l'esprit mathématique de la civilisation chaldéenne.

<«<La présente livraison des Documents présargoniques ne contient encore que des planches où sont reproduits les soixante-huit premiers numéros de la collection. Cela ne veut pas dire que l'auteur n'intervienne pas déjà pro parte virili dans la publication de son œuvre : car c'est à son habileté personnelle que l'on doit le dessin d'un certain nombre de figures et la copie de tous les textes épigraphiques. Or les inscriptions de cette époque, gravées avec une remarquable finesse, sont de véritables modèles de l'écriture sur argile, et l'on sait l'importance que prend dans les publications assyriologiques la partie matérielle du travail, quand elle est exécutée ainsi avec une précision scrupuleuse et avec la parfaite connaissance des originaux. <«<< Pour la chronologie historique, nous avons là tout un premier lot de tablettes qui s'accordent avec celles du Louvre, publiées par M. Thureau-Dangin, sur la place qu'il convient d'assigner aux règnes, hier encore inconnus, des patésis Lougalanda et Enlitarzi, prédécesseur d'Ouroukaghina. Elles ajoutent même à la liste un nom nouveau, celui d'Énétarzi. Elles confirment d'autre part un fait que l'on ne s'attendait pas à rencontrer dans l'ancienne société orientale: je veux parler du contrôle officiel exercé par les épouses des patésis, telles que Barnamtarra, femme de Lougalanda, et Shagshag, femme d'Ouroukaghina, sur la gestion de certaines sections tout au moins du domaine princier.

«Non moins curieuses et instructives sont les tablettes relatives aux offrandes religieuses: elles témoignent d'un culte rendu aux statues des rois et des patésis, de leur vivant comme après leur mort, et la statue même du roi Our-Nina, le fondateur de la très antique dynastie de Tello, est déjà mentionnée comme recevant un pareil hommage. Le développement de l'art statuaire en Chaldée dès cette haute antiquité ne peut soulever aucun doute après la reconstitution que j'ai pu faire au Louvre d'une statue en diorite datant de la même époque.

« On examinera surtout avec un vif intérêt les planches consacrées aux empreintes de cylindres sur bulles d'argile. Bien que ces bulles forment une catégorie à part et soient indépendantes des tablettes, on peut dire cependant qu'elles viennent en illustrer le texte par leurs représentations figurées. Ce sont les sceaux authentiques des patésis nommés ci-dessus, et le même privilège appartenait à leurs femmes et à quelques hauts dignitaires de leur entourage. Dans le nombre on remarque plusieurs pièces très rares, uniques même, qui ne se retrouvent pas dans la collection similaire publiée par M. de Likhatcheff. La rigueur scientifique avec laquelle les cylindres originaux sont restitués, grâce à une série concordante de

photographies, d'agrandissements et de dessins, est à citer comme un modèle de démonstration archéologique par les figures.

«Les motifs de la gravure sont exclusivement empruntés à la légende de Ghilgamès : l'éternelle lutte du héros contre les animaux réels ou fantastiques, en compagnie de son fidèle Éabani, en fait tous les frais; mais dans cette apparente monotonie l'ingéniosité des graveurs chaldéens a introduit d'innombrables variantes donnant à chaque cachet un caractère individuel. Il faudra maintenant y regarder de très près, si l'on veut étudier avec fruit les origines de la glyptique chaldéenne. Parmi les détails inédits, signalons les suivants : l'aigle à tête de lion entre deux oiseaux aquatiques, deux figures humaines entrecroisées dans une lutte corps à corps, et surtout la victoire sur le taureau androcéphale symbolisée par une petite figure couchée du monstre tenue dans la main de son vainqueur.

<«< D'autres reproductions nous font connaître un certain nombre d'objets de nature diverse, mais appartenant toujours à la période présargonique, par exemple une inscription sur pierre, une statuette archaïque de femme, un cône marqué d'une empreinte de cylindre, et même quelques pièces ne provenant pas de Tello, au nombre desquels un groupe de tablettes et un vase en pierre portant des caractères d'un type très antique.

«Par la méthode et par le soin avec lesquels elles sont présentées, ces vingt-cinq premières planches témoignent de l'esprit scientifique qui présidera à la rédaction de l'ouvrage tout entier. Elles font vivement désirer la publication aussi prochaine que possible des interprétations et des commentaires qui doivent leur donner toute leur valeur. »

SÉANCE DU 25 SEPTEMBRE

PRÉSIDENCE DE M. BOUCHÉ-LECLERCQ, VICE-PRÉSIDENT.

M. CLERMONT-GANNEAU annonce que, au cours des fouilles exécutées à Délos grâce à la libéralité de M. le duc de Loubat, les membres de l'École française d'Athènes ont découvert une inscription bilingue, grecque et sabéenne, gravée sur un autel'.

1. Voir le cahier du mois d'octobre.

M. Ph. BERGER communique les estampages de deux inscriptions votives suffétales, envoyées par le R. P. Delattre, et de cinq nouvelles inscriptions puniques trouvées à Carthage par M. Eusèbe Vassel.

M. Maurice CROISET donne lecture d'une notice de M. Gustave Lefebvre, inspecteur du service des antiquités dans la MoyenneÉgypte, sur deux stèles récemment trouvées à Batn-Herit, l'ancienne Théadelphie, au Sud-Ouest du Caire. Ces stèles reproduisent un acte officiel de la reine Bérénice IV (58 à 55 av. J.-C.), accordant le droit d'asile à un temple du dieu Pnephéros. C'est un document intéressant pour l'histoire administrative et religieuse de l'Égypte ptolémaïque '.

M. BOUCHE-LECLERCQ continue la lecture de son mémoire sur les Écoles ou Université d'Athènes sous le Bas-Empire.

1. La note de M. G. Lefebvre paraîtra dans un des prochains cahiers du Bulletin.

Le Gérant, A. PICARD.

MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS

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