Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

COMPTES RENDUS DES SÉANCES

DE

L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

ET BELLES-LETTRES

PENDANT L'ANNÉE 1908

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST BABELON

SÉANCE DU 2 OCTOBRE

PRÉSIDENCE DE M. E. BABELON.

L'Académie décide qu'il y a lieu de pourvoir au remplacement de M. Gaston Boissier, décédé.

L'Académie procède à la nomination des Commissions qui seront chargées : 1o de donner le sujet du prix ordinaire à décerner en 1911; 2o de donner le programme du prix extraordinaire Bordin à décerner en 1911.

Sont désignés :

Commission du Prix ordinaire (antiquité classique): MM. Alfred Croiset, Cagnat, Chatelain, Haussoullier;

Commission du Prix extraordinaire Bordin (moyen âge): MM. Delisle, de Lasteyrie, Paul Meyer, Longnon.

La séance publique annuelle de l'Académie est fixée au vendredi 20 novembre.

1908.

35

M. Henri CORDIER est désigné pour faire une lecture dans cette séance.

M. le comte R. DE LASTEYRIE donne une seconde lecture de son mémoire sur l'église de Saint-Philbert de Grandlieu.

Les RR. PP. Jaussen et Savignac font une communication sur le résultat de la mission archéologique en Arabie que leur a confiée la Société française des fouilles archéologiques. Ce résultat est exposé dans l'ordre suivant : I. Itinéraire; II. Épigraphie; III. Archéologie.

L'itinéraire, orné de nombreuses illustrations, s'étend de Jérusalem à Médâïn Şâleh, situé à 955 kilomètres sur la voie du chemin de fer de Damas à La Mecque.

La seconde partie est consacrée à l'épigraphie qui comprend 201 inscriptions ou graffites nabatéens, 34 inscriptions ou graffites minéens et lihyanites, 180 graffites tamoudéens, 5 inscriptions arabes, 1 inscription turque. On n'insiste pas sur les inscriptions nabatéennes présentées jadis à l'Académie. Les inscriptions minéennes mentionnent un nom divin nouveau. Les graffites tamoudéens permettent de fixer la lecture d'un signe resté incertain jusqu'ici. Les inscriptions arabes parlent de la construction des châteaux destinés à protéger les pèlerins de La Mecque au XVIIe siècle.

La troisième partie est relative à l'étude archéologique des monuments de Hégra: tombes et stèles ou niches religieuses. De nombreuses photographies sont destinées à illustrer le texte du rapport qui sera prochainement publié.

M. Paul Gauckler, correspondant de l'Académie, rend compte des fouilles récemment exécutées, sur son initiative et sous sa direction, au Janicule, à Rome. Ces recherches ont porté sur l'emplacement de l'ancien Lucus Furrinae où se tua Caius Gracchus, et que M. Gauckler avait précédemment réussi à identifier avec le ravin de la villa Sciarra; elles avaient pour objet de retrouver l'installation hydraulique et le temple des dieux syriens qu'il supposait avoir jadis existé à cet endroit. Elles ont donné tous les résultats qu'on en attendait.

Un premier chantier ouvert dans le fond du ravin Sciarra,

pour le compte de la Société immobilière du Janicule, amena la découverte, à 12 mètres de profondeur, de l'antre des Nymphae Furrinae, caverne trilobée toute revêtue de stalactites, et d'une source abondante et pure, qui constitue une véritable richesse naturelle.

D'autres recherches, entreprises à peu de distance sur le versant nord du ravin par MM. Georges Nicole et Gaston Darier, de Genève, mirent au jour, exactement au point indiqué par M. Gauckler, une des chapelles du sanctuaire syrien. C'est une cella rectangulaire qui se termine au fond par une abside, avec niche abritant encore une statue de divinité assise sur un trône, sans doute un Jupiter syrien; la statue recouvrait un petit ossuaire creusé dans le sol de la niche et renfermant un demicrâne humain, dont il est difficile de s'expliquer la présence et le rôle en cet endroit. Au milieu du petit temple se dressait un autel triangulaire, dont la face antérieure est évidée en demilune. Le seuil, remanié, était formé d'une table d'autel en marbre blanc, présentant d'une part, sur la tranche, une dédicace exactement datée des derniers mois de l'année 186 après J.-C. et due à un certain Gaionas, qui porte ici le titre énigmatique de Cistiber Augustorum, et de l'autre, sur le plat, une seconde. inscription consacrée par le flamine C. Aeflanius Martialis à Venus Caelestis, sans doute l'Atargatis syrienne.

Ces découvertes confirment, d'une façon éclatante, toutes les hypothèses émises par M. Gauckler au sujet du Lucus Furrinae. Elles apportent une importante contribution à la connaissance de Rome antique en révélant, dans un quartier presque inexploré jusqu'ici, l'existence d'un groupe de monuments du plus haut intérêt pour l'histoire des religions'.

1. Voir ci-après.

COMMUNICATION

LES FOUILLES DU «LUCUS FURRINAE », A ROME 1,
PAR M. PAUL GAUCKLER, CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE.

Le 15 mars 1907, j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie un certain nombre d'inscriptions inédites, qui venaient d'être découvertes par hasard au fond du ravin de la villa Sciarra, au Janicule 2. C'était, pour la plupart, des ex-voto, grecs ou latins, consacrés : au dieu syrien Adados3; - à Jupiter Maleciabrudès, le Baal local de la ville de

1. La présente communication, abrégée ici par nécessité, recevra les développements qu'elle comporte dans une étude détaillée qui paraîtra prochainement dans les Mélanges d'archéologie et d'histoire de l'École française de Rome.

2. Cf. Comptes rendus des séances de l'Académie des inscriptions, 1907, p. 134 et suiv. Ma communication a été insérée dans ce même périodique, 1907, p. 135 et suiv., sous le titre : Le bois sacré de la nymphe Furrina et le sanctuaire des dieux syriens, au Janicule, à Rome. Elle était déjà imprimée lorsque, le 19 avril suivant, M. le prof. Huelsen reprit le même sujet dans une conférence faite à l'Institut archéologique allemand à Rome. J'assistai à cette conférence, ce qui me permit d'en discuter les conclusions dans un article que je publiai dans le Bullettino della commissione archeologica comunale di Roma, 1907, p. 45 à 81. D'autre part, M. Clermont-Ganneau proposa une nouvelle interprétation de l'un des principaux textes découverts au Lucus Furrinae, dans une communication faite à l'Académie des inscriptions le 17 mai 1907, insérée dans les Comptes rendus, 1902, p. 250 et suiv., et reproduite dans le Recueil d'archéologie orientale, du même auteur, VIII, 1907, p. 51 à 59. Les trouvailles épigraphiques faites, en 1906, dans la villa Sciarra ont aussi été signalées presque toutes par MM. les prof. G. Gatti et Dante Vaglieri dans le Bullettino comunale, 1906, p. 332, et dans les Notizie degli Scavi, 1906, p. 248 et suiv. et p. 433; 1907, p. 88 et suiv. Enfin M. le prof. Huelsen a publié, en le développant, le texte de sa conférence dans un article intitulé: Der Hain der Furrina am Janiculum, paru dans les Mitteilungen, XXII, 1907, p. 225 à 254.

[ocr errors]

=

3. Gauckler, Comptes rendus, p. 144 Bull. comun., p. 61; Vaglieri, Notizie, p. 88, 89; Huelsen, Mitteilungen, p. 230 et suiv.; ClermontGanneau, Comptes rendus, p. 250.

3

Iabruda en Syrie1; — à Zeus Keraunios et aux Nymphes Furrinae, unis dans une même invocation 2; - puis, sur un grand socle carré de marbre blanc, percé d'un trou en son milieu, une dédicace métrique grecque, assez obscure 3, paraissant concerner une fontaine monumentale qu'aurait installée dans un sanctuaire, pour une utilisation religieuse, un certain Gaionas, portant le titre de deipnocritès 4.

De l'étude de ces textes j'avais tiré les conclusions suivantes :

1o Le site de la villa Sciarra actuelle correspond au Lucus Furrinae antique, où Caius Gracchus trouva la mort 5;

2o Furrina, déesse archaïque du vieux calendrier romain ", est identique aux Nymphes Furrinae, dont le nom n'apparaît que sur des inscriptions de l'époque impériale 7;

=

1. Gauckler, Comptes rendus, p. 145 et suiv. Bull. comun., p. 64 et suiv.; Clermont-Ganneau, Comptes rendus, p. 251 et suiv.; Vaglieri, Notizie, p. 89; Huelsen, Mitteilungen, p. 232 et suiv.

=

2. Gauckler, Comptes rendus, p. 149 et suiv. Bull. comun., p. 69 et suiv.; Saint Clair Baddeley, Athenaeum, 1907, p. 417; Vaglieri, Notizie, p. 88; Huelsen, Mitteilungen, p. 228 et suiv.

3. Je crois utile de rappeler ici le texte de cette dédicace, dont le sens exact reste encore à trouver :

Δεσμὸς ὅπως κρατερὸς θῦμα θεοῖς παρέχει

Ον δὴ Γαιώνας δειπνοκρίτης ἔθετο.

4. Gauckler, Comptes rendus, p. 139 et suiv., et Bull. comun., p. 50 et suiv.; G. Gatti, Notizie, 1896, p. 248 et 433; Clermont-Ganneau, Comptes rendus, p. 252 et suiv.; Huelsen, Mitteilungen, p. 233 et suiv.

5. Gauckler, Comptes rendus, p. 152 et suiv. suiv. avec tous les textes.

[ocr errors]

Bull. comun., p. 74 et

6. C.1. L., I, p. 298, Fasti Pinciani, et p. 398 (Mommsen).

7. C.I.L., VI, 422. — L'inscription publiée au Corpus, VI, 10200, et conservée au Musée de Naples, a été, d'après M. Huelsen, Mitteilungen, 1905, p. 293 et suiv., fabriquée par Ligorio. Trois autres inscriptions de Ligorio mentionnant Furina ou les Forinae ne sont peut-être fausses qu'en partie, à en juger par la provenance que l'éditeur leur attribue; cf. C. I. L., 252*, 253*, 396*. Si le génial faussaire qu'était Ligorio n'a pas connu exactement l'emplacement du Lacus Furrinae, il me semble l'avoir tout au moins soupçonné.

« ZurückWeiter »