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signalés dans la vase, quand un accident grave, qui même a failli devenir mortel, est venu jeter le désarroi parmi les scaphandriers. Comme la mer continuait à être mauvaise, nous imposant des suspensions de travail onéreuses, et que la saison favorable était passée, j'ai pensé qu'il n'y avait aucun avantage à poursuivre les recherches dans des conditions aussi peu propices et qu'il était préférable, après un mois de fouilles, de suspendre les opérations pour le

moment.

Si, au point de vue des découvertes, la campagne de cet été n'a pas donné tous les résultats que nous pouvions attendre des efforts que nous avons faits, cette première reconnaissance nous facilitera beaucoup les explorations que nous comptons pouvoir effectuer à l'avenir, en y consacrant d'abord ce qui n'a pas été dépensé de la somme que nous avait confiée l'Académie. Nous ne manquerons pas de profiter de l'expérience acquise et nous pourrons nous organiser d'une façon mieux appropriée pour venir à bout d'obstacles que nous avons maintenant éprouvés. Mais dès aujourd'hui une question importante est élucidée. Comme je l'ai dit plus haut, il n'est plus douteux que nous sommes en présence d'un bateau qui a sombré, et des constatations que nous avons effectuées découle toute une série de renseignements nouveaux précisant les notions que nous avions sur les œuvres d'art découvertes précédemment.

Ce bateau, dont les dimensions sont approximativement d'une trentaine de mètres sur sept ou huit, appartient à la classe des navires de commerce, qui étaient d'ordinaire quatre à cinq fois plus longs que larges1. Il portait une singulière cargaison des colonnes, des chapiteaux, des blocs de marbre, même des dalles de calcaire et des tuyaux de plomb, et, à côté de ces pièces quelconques, des statues en

1. Cecil Torr, art. Navis, dans Daremberg et Saglio, Dict. des ant., IV, p. 30-31.

1908.

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bronze d'un grand mérite artistique, des vases monumentaux décorés de beaux bas-reliefs.

D'où venaient tous ces objets? Où allaient-ils? Comment étaient-ils réunis? Les moulures des bases, les volutes des chapiteaux ioniques, les détails des ornements qu'a respectés l'eau salée sont d'une remarquable fraîcheur, d'un contour très net; il me paraît évident que les marbres n'ont pas été utilisés ailleurs, qu'ils ont été chargés sur le bateau, sans avoir encore jamais servi, pour être transportés là où ils devaient être employés. Ce n'est pas le produit de la mise à sac d'un temple ou d'une ville - les pillards au reste ne s'encombrent pas de colonnes pesantes, volumineuses, d'un intérêt nul; ce sont des matériaux qui étaient expédiés pour une construction projetée. Certains blocs de marbre offrent, à des endroits où l'on n'en saisit pas la raison d'être, des saillies frustes laissées à dessein et destinées sans doute à disparaître après avoir fourni des points de repère pour le placement. L'analyse du marbre que nous nous proposons de faire faire par un spécialiste nous apprendra dans quelle carrière ils avaient été taillés, ce qui permettra de conjecturer la contrée d'où le bateau était parti.

Il n'en demeure pas moins surprenant qu'on ait admis sur ce même vaisseau des effigies de bronze, dont l'une signée d'un maître célèbre, ayant une valeur marchande considérable. Celles-ci avaient-elles été volées? Essayait-on de les dérober aux recherches et espérait-on les vendre au loin? Avait-on profité d'un bateau en partance pour les faire parvenir à un amateur qui les avait achetées? Désirait-on en décorer la construction à laquelle les colonnes étaient destinées? Autant d'interrogations qui se posent.

Il semble d'ailleurs que le bâtiment était trop chargé et que ce fut sa perte. On peut évaluer en gros le poids qu'il portait à trois ou quatre cents tonnes, ce qui est beaucoup pour un bateau comme le nôtre; cette cargaison, logée tout entière à fond de cale, nuisait à la mobilité du navire et, en

cas de tempête, l'exposait sans défense aux violences du vent et des lames. C'est sans doute ce qui est advenu : qu'il fît voile vers la côte africaine, qu'il en fût parti ou qu'il y ait été jeté, il fut surpris par un ouragan qui lui brisa sa mâture et le submergea. Il coula à pic et descendit d'un seul bloc par 40 mètres de fond, à l'endroit où les hasards de la pêche aux éponges l'ont fait rencontrer l'an dernier.

LIVRES OFFERTS

Le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL dépose sur le bureau le fascicule de juillet 1908 des Comptes rendus des séances de l'Académie (Paris, 1908, in-8°).

M. MASPERO a la parole pour un hommage :

« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie le tome Ier des Œuvres Diverses de notre ancien confrère le Vte Emmanuel de Rougé. La notice biographique par laquelle il débute vous a été offerte il y a quelques mois par M. Héron de Villefosse; les œuvres contenues dans le corps du volume sont celles de la jeunesse, de 1846 à 1849, l'Examen critique de l'ouvrage de M. de Bunsen, les Lettres à Alfred Maury, à F. de Sauley, à Leemans, la critique de l'Introduction à la Chronologie de Lepsius. Rougé s'y manifeste déjà le maître dans tous les champs de l'Égyptologie, dans l'histoire, dans la chronologie, dans la philologie hiéroglyphique ou démotique: il y donne les modèles de cette méthode sévère qui allait renouveler notre science et lui permettre de se développer dans toutes les directions avec une sûreté d'allure et une rapidité inattendues. Il y a encore à apprendre dans ces mémoires, après soixante ans écoulés depuis l'apparition : en en corrigeant les épreuves, j'y ai retrouvé l'origine de beaucoup de notions et de faits tombés aujourd'hui dans le domaine commun et que la génération présente répète sans se douter qu'elle en doit la possession à ces premiers essais d'E. de Rougé.

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M. HAMY offre à l'Académie un volume récent de M. Hewett :

<< M. Hewett, directeur de l'École d'archéologie américaine fondée

par l'Institut archéologique d'Amérique, vient de publier en français à l'usage des étudiants européens, l'exposé sommaire des recherches qu'il a poursuivies depuis une douzaine d'années dans le grand désert qui occupe le Sud-Ouest des États-Unis et le Nord du Mexique. Je suis chargé de vous présenter cet intéressant ouvrage qui a pour titre : Les communautés anciennes dans le désert américain (Genève, Kündig, 1908, in-4o de 107 p. avec 37 pl. et 20 fig.). L'auteur, après quelques vues d'ensemble sur la contrée fort singulière qui a fait l'objet de ses travaux, reprend dans autant de chapitres les cinq régions entre lesquelles il la subdivise: Rio-Grande, S. Juan, Colorado chiquito, Rio Gila et Chihuahua, et dont une carte spéciale précise nettement les limites archéologiques. Dans chacune de ces régions, il étudie d'abord la distribution de la population ancienne, son activité industrielle, son organisation sociale, ses manifestations religieuses et artistiques, les relations ethniques et les échanges ethnographiques. Il détermine ensuite les causes qui ont amené la disparition de ces vieilles civilisations par extinction, par dispersion ou par mélange. De nombreuses photographies ajoutent à l'intérêt et à la clarté du volume, que nous devons accueillir avec d'autant plus d'empressement qu'il est écrit dans notre langue et vient mettre à la portée des lecteurs de notre pays des matériaux d'étude nouveaux et curieux qui ne leur avaient été accessibles jusqu'ici que sous la forme de résumés insuffisants, quand ils n'étaient pas inexacts. >>>

SÉANCE DU 16 OCTOBRE

PRÉSIDENCE DE M. E. BABELON.

Le PRÉSIDENT annonce que le Prix extraordinaire Bordin sera décerné, en 1911, à un ouvrage imprimé sur l'histoire ou l'archéologie du moyen âge, publié depuis le 1er janvier 1908.

M. le comte R. DE LASTEYRIE continue la seconde lecture de son mémoire sur l'église de Saint-Philbert de Grandlieu.

La présentation des titres des candidats à la place de membre ordinaire laissée vacante par la mort de Barbier de Meynard est fixée au 30 octobre.

M. S. REINACH montre la photographie d'une admirable miniature du Florentin Attavante, conservée au Musée du Havre, où elle a déjà été étudiée par M. Bertaux. Cette miniature fait partie d'un missel daté de 1483; comme le Baptême de Verrocchio est reproduit dans l'encadrement, on peut en conclure, d'abord, qu'Attavante fut l'élève de ce maître, puis, que le Baptême, dont on ignorait la date, est sensiblement antérieur à 1483, probablement de 14782.

M. CLERMONT-GANNEAU déchiffre et commente l'inscription bilingue minéo-sabéenne et grecque dont il a signalé à une précédente séance la découverte récente dans l'île de Délos. Il montre que c'est la dédicace d'un autel élevé à leur dieu national par deux Minéens originaires de l'Arabie méridionale et fixés dans le grand centre commercial et religieux qu'était alors Délos, probablement pour y faire l'importation des parfums et autres produits similaires d'Arabie si estimés des anciens. L'apparition de ce monument inattendu, que le texte grec permet de classer au 1o siècle avant notre ère, vient à l'encontre de la théorie préconisée en Allemagne d'après laquelle le royaume minéen aurait pris fin au viie siècle avant notre ère 3.

COMMUNICATIONS

UNE MINIATURE D'ATTAVANTE, PAR M. SALOMON REINACH, MEMBRE DE L'ACADÉMIE.

Le Musée du Havre expose une admirable miniature du Florentin Attavante (1452-1517), qui lui a été léguée par Mme Langevin-Bazan. En 1906, MM. Bertaux et Birot

1. Voir, sur Attavante, l'excellent article de P. D'Ancona, publié en 1908 dans le t. II du Künstlerlexicon de Thieme. L'auteur a connu, par la publication de MM. Bertaux et Birot, la miniature du Musée du Havre, 2. Voir ci-après.

3. Voir ci-après.

4. Hauteur, 0m 34.

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