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l'ont publiée dans la Revue de l'art ancien et moderne1; ils ont prouvé que ce feuillet a fait partie du missel, exécuté en 1483 pour Thomas Jaime, évêque de Dol, dont plusieurs autres feuillets sont égarés et dont d'autres font partie du trésor de la cathédrale de Lyon, où ils ont été inventoriés et classés. Le missel de Jaime a occupé M. Delisle en 18822, après avoir appelé l'attention du comte de Bastard. La grande photographie que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie lui donnera une idée de la perfection du style d'Attavante, au début d'une carrière qui devait être si féconde et si brillante.

MM. Bertaux et Birot ont naturellement reconnu, dans la petite miniature de l'encadrement, en bas, à gauche, une imitation et presque une copie du célèbre tableau de Verrocchio, le Baptême du Christ, exécuté pour les moines de San Salvi et aujourd'hui à l'Académie de Florence. Tout ce que nous savons sur ce tableau tient dans quelques lignes de la biographie de Verrocchio par Vasari : « Il peignit un autre tableau à San Salvi, pour les moines de Vallombrosa. Le sujet est le Baptême du Christ par saint Jean; il y fut aidé par Léonard de Vinci, alors jeune élève d'Andrea, qui y peignit la figure d'un ange, très supérieure aux autres parties du tableau. Sur quoi Andrea résolut de ne plus jamais peindre, puisque Léonard, encore si jeune, l'avait surpassé à tel point dans cet art. »

Le témoignage de Vasari est confirmé, bien que d'une manière très vague, par le Memoriale d'Albertini, publié près d'un demi-siècle avant les Vite de Vasari: « Il existe à S. Salvi, écrit-il, de très belles peintures et un ange de Léonard de Vinci. » Pourtant, la critique moderne a révoqué en doute cette tradition, en se fondant sur l'identité de style et de technique de l'ange vu de profil avec le reste du

1. Revue de l'art ancien et moderne, t. XX (1906), p. 129-146.

2. Delisle, Bibliothèque de l'École des Chartes, 1882, t. XLIII, p. 311–

315.

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tableau de Verrocchio. On a fait observer que le Baptême du Christ paraît n'avoir jamais été achevé, ce qui peut s'expliquer de deux manières ou bien Verrocchio, se jugeant très inférieur à son élève Léonard, aurait, comme le dit Vasari, renoncé à la peinture; ou bien le Baptême appartiendrait à la dernière période de sa vie. Je rappelle que Léonard naquit en 1452 et resta dans l'atelier de Verrocchio jusque vers 1481; Verrocchio, né en 1435, mourut à Venise en 1488.

En l'absence de toute indication chronologique sur le Baptême, la miniature datée d'Attavante prend une certaine importance comme document. Des douze compositions bibliques reproduites dans l'encadrement de ce feuillet, une seule peut être identifiée : c'est le Baptême. Ce devait donc être, en 1483, un tableau célèbre. En outre, le fait qu'Attavante l'a copié dans un missel de 1483, le plus ancien travail de lui qui nous soit connu, porte à croire qu'il était l'élève de Verrocchio. Par son style, il se rattache surtout, comme on l'a remarqué depuis longtemps, à Domenico Ghirlandajo: mais ce dernier, de trois ans plus âgé seulement, fut aussi l'élève de Verrocchio, après s'être formé dans l'atelier d'Alessio Baldovinetti. Verrocchio luimême a été influencé par Baldovinetti, dont on montre à Florence un petit tableau représentant le Baptême, prototype évident de la composition mieux connue de Verrocchio 1.

Il résulte de là que Verrocchio devait être encore assez jeune quand il s'inspira d'une composition de Baldovinetti et qu'Attavante devait être jeune lui-même, et peut-être encore dans l'atelier de Verrocchio, quand il reproduisit la même composition en miniature. Une date entre 1475 et 1478 répondrait à ces présomptions: en 1478, Verrocchio, sculpteur et orfèvre de son état, a 43 ans, Léonard de Vinci et Attavante en ont 26. En tous les cas, il est désor1. Cruttwell, Verrocchio, pl. à la p. 48.

mais certain que le Baptême de Verrocchio doit être antérieur de quelques années à 1483, c'est-à-dire dater d'une époque où Léonard de Vinci travaillait encore avec son maître. Cela ne confirme pas la tradition rapportée par Vasari, mais prouve que la chronologie n'y fait point obstacle. L'état d'inachèvement du tableau, comme celui de plusieurs peintures de Léonard lui-même, peut s'expliquer par d'autres motifs que la vieillesse de l'artiste ou le découragement un peu romanesque qu'on lui attribue.

INSCRIPTION BILINGUE MINÉO-GRECQUE, DÉCOUVERTE A DÉLOS. NOTE DE M. CLERMONT-GANNEAU, MEMBRE DE L'ACADÉMIE.

Ce n'est pas la première fois que l'île de Délos a fourni à l'épigraphie sémitique une contribution inattendue. On se rappelle l'inscription bilingue', phénicienne et grecque, malheureusement très mutilée, qu'y a découverte, il y a quelque trente ans, notre savant confrère M. Homolle : une dédicace faite à l'Apollon délien par une théorie des hiéronautes de Tyr et de Sidon, sous le règne d'un de leurs rois nationaux répondant au nom de 'Abd'achtart, probablement un des Stratons des historiens classiques.

Je voudrais signaler brièvement aujourd'hui une nouvelle trouvaille qui vient d'y être faite et qui nous livre un autre document du même genre, mais encore plus imprévu; car il nous reporte à l'une des extrémités les plus reculées du monde sémitique, dans cette partie de la péninsule arabique où florissait jadis la civilisation sabéenne. Il aurait fait la joie de notre regretté confrère M. Hartwig Derenbourg. C'est à lui, s'il eût été encore des nôtres, qu'il eût appartenu de tenir sur les fonts baptismaux, en attendant son immatriculation définitive dans la section IV du Corpus

1. Corp. Inscr. Semitic., I, no 114.

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