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Je dois à M. Breccia l'autorisation de publier les inscriptions suivantes qui se lisent sur deux fragments d'autels conservés au musée d'Alexandrie, mais dont la provenance est inconnue.

Premier autel:

IOVIAVGVSTEVINCAS

Deuxième autel :

ARVINCAS

A la première lecture on est étonné de rencontrer un datif Iovi accolé à un vocatif Auguste et à une deuxième personne vincas. A la réflexion on reconnaît que Iovi doit être aussi un vocatif correspondant au nominatif Iovius.

Mais qui est ce personnage nommé Iovius à qui on souhaite la victoire? L'épithète Auguste prouve qu'il s'agit d'un empereur. Cet empereur n'est autre que Dioclétien, dont Iovius était un des surnoms officiels. Ce surnom suffisait même à désigner le prince, comme le prouvent les monnaies

au revers :

MONETA IOVI ET HERCVLI AVGG.

Les autels en question ont dû être élevés en l'honneur de l'empereur après qu'il eut reconquis l'Égypte révoltée (vers 296). La deuxième inscription devait porter le nom de Galère Maximien, fils adoptif de Dioclétien et associé par lui au gouvernement de l'Orient. Comme ce César portait aussi le surnom de Iovius, nous restituerons sur l'autel du musée d'Alexandrie :

[IOVICAES]ARVINCAS

Les travaux de construction du quai d'Alexandrie ont fait récemment découvrir quatre statues mutilées en marbre blanc. L'amabilité de M. Breccia me permet d'envoyer à

l'Académie la photographie des deux morceaux les plus intéressants de cette trouvaille qui est entrée tout entière dans le musée qu'il dirige.

Le premier de ces marbres est la partie inférieure d'une magnifique statue de femme assise. La vigueur et la pureté

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de la draperie indiquent une œuvre de la plus belle époque; je ne crois pas me tromper en attribuant ce type à un artiste attique du début du ive siècle.

L'autre statue semble plus récente, et je regrette que la photographie rende si peu justice à l'excellence de ce beau

torse féminin dont la draperie à petits plis moule étroitement les lignes élégantes. Le sein droit est nu; la jambe

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Fig. 2. Fragment de statue trouvé à Alexandrie..

droite, projetée légèrement en avant, porte à sa partie supérieure, vers la moitié de la cuisse, la trace d'un tenon métallique. L'on distingue dans le dos quatre trous rectangulaires; d'autres trous se voient sur les côtés un peu plus bas que les aisselles.

Comme me l'a fait remarquer M. Breccia, cette statue est celle d'une Nikè et les trous indiquent le point d'attache des ailes et des tenons qui les soutenaient. Le mouvement des bras et du torse rappelle quelque peu celui de la Vénus de Milo. Devons-nous supposer que le bras droit levé tenait une couronne? Ou ne devons-nous pas conclure du tenon métallique relevé sur la cuisse droite que la déesse, sur son genou ployé, tenait un grand bouclier ovale? Quoi qu'il en soit, l'école et l'époque dont émane cette statue affectionnaient à ce point les représentations dévêtues du corps féminin qu'ils ne pouvaient se résoudre à vêtir une Nikè de draperies même légères : ils se bornaient à la voiler d'une étoffe mince et transparente, moulant étroitement le torse et les jambes. Je n'ose faire remonter ce motif gracieux jusqu'à Praxitèle et à son école. Dans l'Alexandrie des Ptolémées il ne manquait pas, à coup sûr, d'artistes capables de le concevoir et de l'exécuter.

II

Le Caire, le 5 décembre 1908.

Monsieur le Secrétaire perpétuel,

Dès mon arrivée au Caire, j'ai fait le tour des magasins des principaux marchands d'antiquités. Cette rapide inspection m'a permis de voir et de copier deux inscriptions qui m'ont semblé dignes d'être communiquées à l'Académie.

En 1886, M. Naville entreprenait des fouilles dans le Delta à Tell el-Yahoudiyeh, localité qui occupe l'emplacement de l'antique Oniôn. C'est là que le juif Onias construisit, sous le règne de Ptolémée Philométor, un temple bâti sur le modèle de celui de Jérusalem. M. Naville décou

vrit à cette époque tout un cimetière juif avec de nombreuses épitaphes en langue grecque, qu'il publia dans un des premiers volumes de l'Egypt Exploration Fund. On y avait trouvé quelques années auparavant une inscription hébraïque disparue sans avoir été copiée et un fragment d'une dédicace au Oss "Toto; des Juifs. Depuis 1887, deux ou trois épitaphes grecques sont venues se joindre à celles publiées par M. Naville. Aucune de ces inscriptions n'était datée avec précision; on y relevait, à la vérité, la mention des années 10, 11, 18, 19, 27 et 35 d'un règne ; mais le nom du prince ne figurait pas sur la pierre. Le style des inscriptions et leur paléographie semblant indiquer les environs de l'ère chrétienne, j'avais considéré l'an 35 comme se rapportant au règne d'Auguste, le seul empereur romain qui ait régné trente-cinq ans. Cette'hypothèse qu'avait acceptée M. Milne, dans son Catalogue des inscriptions grecques du Musée du Caire, vient de recevoir une heureuse confirmation. Un marchand du Caire vient de me proposer une stèle dont la forme et l'aspect indiquent suffisamment la provenance : identique à celles découvertes par M. Naville, elle vient certainement aussi de Tell el-Yahoudiyeh. On y lit :

ΕΛΑΖΑΡΟ

CXPHCTOC

АСІФІЛОС

LA

LBKAICAP

MEXIP K

Ελαζαρος χρηστος πασιφιλος ετων λ' έτους β ́ Καισαρ(ος), Μεχιρ κ'.

Elazaros, bon, cher à tous, àgé de trente ans ; l'an II de César, le 20 Mechir.

L'an II d'Auguste va d'août 29 à juillet 28 avant JésusChrist. Le 20 Mechir correspond au 14 février de l'an 28.

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