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Les autres dates inscrites sur des stèles de même provenance devront donc également être rapportées au règne d'Auguste, et l'âge de cette intéressante nécropole se trouve par là définitivement établi.

Si les inscriptions grecques sont fort communes en Égypte, les documents épigraphiques latins le sont beaucoup moins: on en connaît tout au plus quelques centaines. Aussi est-ce avec un vif plaisir que j'ai reconnu chez un marchand du Caire l'original perdu d'une inscription latine d'Alexandrie, communiquée en 1870 à l'Académie des inscriptions par Léon Renier1. L'examen de la pierre elle-même montre que. l'inscription est complète et que ce n'est pas un simple fragment d'une liste d'officiers romains ainsi qu'on avait pu le supposer: c'est l'épitaphe de deux porte-enseigne de la XXIIe légion dont la garnison se trouvait, comme on le sait, à Nicopolis, faubourg d'Alexandrie; voici du reste ma copie :

M LIBVRNIVS M F POL SATVRN
INVS ANCY SIGN LEGXXII>VALERI
PRISCI M VALERIVS M F POL
SATVRNINVS ANCY SIGNIFE

LEGXXII>SERVIlizVFI

III

Le Caire, 10 décembre 1908.

J'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui à l'Académie la description sommaire de quelques antiquités que j'ai eu l'occasion d'examiner chez divers marchands du Caire.

1. Léon Renier, Comptes rendus de l'Académie des inscr., t. VI (1870), p. 181, et Revue archéologique, t. XXII (1870), p. 103; Neroutsos, Bull. de l'Institut égyptien, t. XII (1873), p. 118, citée seulement; Mommsen, C. I. L., III, n. 6023 Suppl., p. 1206, n. 6606, et Ephem. epigr., t. II, p. 468, n. 1021.

Permettez-moi d'abord de signaler une importante inscription grecque découverte, m'affirmait-on, il y a un an au moins, dans les environs de Rosette et achetée dans cette ville par son possesseur actuel. En voici le texte :

ΥΠΕΡΒΑΣΙΛΕΩΣ ΠΤΟΛΕΜΑΙΟ
ΚΑΙ ΒΑΣΙΛΙΣΣΗΣ ΚΛΕΟΠΑΤΡΑΣ
ΤΗΣ ΑΔΕΛΦΗΣΘΕΩΝ ΦΙΛΟ ΜΗ
ΤΟΡΩΝ ΚΑΙΤΩΝΤΕΚΝΩΝ ΑΥΤΩΝ
ΑΡΕΙΟΣΤΩΝ ΑΡΧΙΣΩΜΑΤΟΦΥ
ΛΑΚΩΝ Ο ΣΤΡΑΤΗΓΟΣ

ΤΟΥ

ΦΑΡΒΑΙΘΙΤΟΥ ΤΟΠΤΟΛΕΜΑΙΟΝ
ΚΑΙΤ Ο ΝΘΡΟΝΟΝ

EPMEIHPAKAEI

Cette inscription est remarquable à plus d'un égard : par son intégrité, par la mention (fort peu commune) du nome Pharbaethite, par l'objet enfin de la dédicace, une chapelle en honneur du roi (≈τoλɛμzov) et un trône sans doute analogue à celui qui portait l'inscription d'Adulis. Il était intéressant de rechercher la provenance exacte de la pierre : je tiens de M. Michel Casira qu'elle a été découverte l'an passé à Horbeit dans le Delta. Or, c'est précisément en cet emplacement que les géographes s'accordent à placer l'ancienne. Pharbaethos. En 1905, une inscription analogue, établissant l'identité du Tell-Moqdam moderne avec l'antique Leontopolis, fut expédiée au Palais-Royal chez M. Geladakis, qui la céda presque aussitôt à M. Frohner.

Chez l'antiquaire qui m'a montré l'inscription de Pharbaethos, j'ai vu un feuillet d'un palimpseste syriaque très ancien : « Le reste, me dit-il, comprend environ cent cinquante feuillets et se trouve dans un couvent des environs de Diarbekir. Pour dix mille francs je puis vous le procurer. » Tels sont les actes de vandalisme par lesquels les monastères de l'Orient sont quotidiennement dépouillés de leurs trésors. Le même individu possédait il y a trois ans un

1908

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autre palimpseste syriaque d'une centaine de feuillets. Trente feuillets environ recouvraient un texte grec

du

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Vi siècle, en onciale penchée, où je pus reconnaître une harmonie évangélique. Ce n'était pas le Diatessaron de Tatien (dont on aurait récemment confisqué à Constanti

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nople un manuscrit en syriaque), mais un récit éclectique de la Passion, inconnu jusqu'ici en grec et dont on avait déjà

signalé plusieurs manuscrits syriaques. Ce manuscrit, vendu d'abord à M. Rubensohn pour le musée de Berlin, a été rétrocédé depuis à MMmes Lewis et Gibson de Cambridge.

Chez un autre marchand, j'ai vu plusieurs beaux bronzes grecs le plus important est une magnifique statuette de lionne ou de panthère, provenant de l'île de Chypre et dont j'espère pouvoir bientôt envoyer à l'Académie une photographie. Un autre beau bronze est une tête de nègre, formant boîte à parfum. Chez le même négociant se trouve un fragment de diplôme militaire en langue latine, ainsi que divers marbres et bronzes grecs de moindre importance. Il possède aussi dix de ces curieux portraits funéraires sur bois dont feu Theodor Graf avait réuni une collection peut-être trop vantée. Le Louvre en a quelques bons spécimens; mais certains de ceux que j'ai vus au Caire (et qui proviendraient du Kom es-Salamoun à Akhmim) peuvent soutenir la comparaison avec les plus beaux morceaux du genre. Je signalerai notamment les deux beaux portraits d'homme dont j'ai réussi à me procurer des photographies (fig. 3 et 4). La vigueur du coup de pinceau, la franchise du dessin, la liberté de l'exécution méritent les plus grands éloges. J'ajouterai que ces pièces sont fort bien conservées et que je n'y ai pas trouvé trace de ces repeints modernes que l'on constatait sur plus d'un portrait de la collection Graf.

Deux Arabes de Thébaïde ont apporté de Qeneh à mon intention toute une valise de papyrus et de manuscrits. Les papyrus sont en majorité des contrats byzantins fort bien conservés, mais dont l'acquisition ne me semblait pas urgente 1; trois ou quatre rouleaux assez gros contenaient peut-être en partie des textes littéraires; mais ils étaient si fragiles et si mal conservés que je n'ai pas osé suivre l'exemple d'un savant allemand qui aurait déjà, m'assuret-on, fait l'acquisition d'un de ces rouleaux pour un prix fort élevé.

1. Ils ont été achetés le jour même pour un musée allemand.

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