VERS Qu'il mit au bas de son portrait qu'il avoit fait faire le jour même de son exécution, pour l'envoyer à sa femme et à ses enfants. Ne vous étonnez pas, objets charmants et doux, Si quelque air de tristesse obscurcit mon visage, Quand un savant crayon dessinoit cette image, On dressoit l'échafaud, et je pensois à vous. MONTJOURDAIN. Montjourdain mourut sur l'échafaud révolution naire; ce fut peu de temps avant d'être traîné à la mort qu'il composa la pièce que nous donnons ici. ROMANCE. L'HEURE avance où je vais mourir, Je n'ai point de lâche désir, Je meurs plein de foi, plein d'honneur, Mais je laisse une douce amie, Ah! je dois regretter la vie! Demain mes yeux inanimés Ne s'ouvriront plus sur tes charmes; Si dix ans j'ai fait ton bonheur, Des jours de paix, des nuits d'amour; Je ne regrette plus la vie. Je revolerai près de toi, Des lieux où la vertu sommeille Je ferai marcher avec moi Un songe heureux qui te réveille; Puisse encore la volupté Ramener à ma douce amie L'amour aux bras de la beauté ! Je ne regrette plus la vie. Si le coup qui m'attend demain Si l'âge, l'ennui, le chagrin, AUBERT. LE LIVRE DE LA RAISON. LORSQUE le ciel, prodigue en ses présents, Ce livre, ouvert aux yeux de tous les âges, Le Miroir. UN miroir merveilleux et d'utile fabrique, Les regards de tous les passants. J'ignore chez quel peuple; il n'importe en quel temps. Et combien je m'en vais humilier la belle! Et la glace aussitôt présente pour image Beaucoup d'orgueil, et fort peu de raison. Parbleu! je suis ravi que l'on ait peint Damon, S'écrie, en se mirant, l'important personnage; Et je voudrois que, pour devenir sage, De ce miroir malin il prît quelque leçon. Après ce fat vint un vieil Harpagon D'une espèce tout-à-fait rare. Il tire une lunette, et se regarde bien; Puis ricanant d'un air bizarre : C'est Ariste, dit-il, ce vieux fou, cet avare, Qui se feroit fouetter pour accroître son bien; Mille gens vicieux, sur les pas de cet homme, Tout homme est vain, tout homme aime à médire : Si la présomption dont naquit le dédain BOISSARD. L'HISTOIRE. La capitale d'un empire Que le glaive du Scythe achevoit de détruire, Du sauvage vainqueur éblouissoit la vue. D'un prince qui régna dans ces murs malheureux Il admiroit surtout la superbe statue. On lisoit sur le monument: A très-puissant, très-bon, très-juste et très-clément, |