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Et le reste; en un mot l'étalage vulgaire,
Des termes consacrés au style lapidaire.

Ces mots en lettres d'or frappent le conquérant; Ce témoignage si touchant

Qu'aux vertus de son roi rendoit un peuple immense, Emeut le roi barbare; il médite en silence

Sur ce genre d'honneurs qu'il ne connut jamais; Long-temps de ce bon prince il contemple les traits. Il se fait expliquer l'histoire de sa vie.

Ce prince, dit l'histoire, horreur de ses sujets,
Naquit pour le malheur de sa triste patrie.
Devant son joug de fer il fit taire les lois;
Il étouffa l'honneur, ce brillant fanatisme
Qui sert si bien les rois,

Et fit le premier pas vers l'affreux despotisme. »>
Tel étoit le portrait qu'à la postérité

Transmettoit l'équitable histoire.

Le Scythe confondu ne sait ce qu'il doit croire.
Pourquoi donc, si l'histoire a dit la vérité,

Par un monument si notoire
Le mensonge est-il attesté?

Sa majesté sauvage étoit bien étonnée.

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Seigneur, dit un des courtisans,

Qui durant près d'un siècle à la cour des tyrans

Traîna sa vie infortunée,

Seigneur, ce monument qui vous surprend si fort, Au destructeur de la patrie

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GILLE, histrion de foire, un jour par aventure,
Trouva sous sa pate un miroir:

Mon singe au même instant de chercher à s'y voir. « O le museau grotesque! ô la plate figure!

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S'écrie-t-il, que je suis laid!

Puissant maître des dieux, j'ose implorer tes grâces:

« Laisse-moi le lot des grimaces;

« Je te demande au reste un changement complet.

Jupin l'entend et dit : « Je consens à la chose.

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Regarde: es-tu content de ta métamorphose?

Le singe étoit déjà devenu perroquet.

Sous ce nouvel habit mon drôle s'examine,

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Aime assez son plumage et beaucoup son caquet;

Mais il n'a pas tout vu : Peste la sotte mine

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Que me donne Jupin; le long hec que voilà!

« J'ai trop mauvaise grâce avec ce bec énorme: << Donnez-moi vite une autre forme. »>

Par bonheur en ce moment-là

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Le seigneur Jupiter étoit d'humeur à rire :
Il en fait donc un paon; et cette fois le sire,
Promenant sur son corps des yeux émerveillés,
S'enfle, se pavane, et s'admire;

Mais las! il voit ses vilains pieds;

Et mon impertinente bête

A Jupin derechef adresse une requête.

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Ma bonté, dit le Dieu, commence à se lasser: Cependant j'ai trop fait pour rester en arrière, Et vais de chaque état où tu viens de passer

<< Te conserver le caractère :

« Mais aussi plus d'autre prière; Que je n'entende plus ton babil importun. » A ces mots, Jupiter lui donne un nouvel être.

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Et qu'en fait-il? un petit maitre.

Depuis ce temps, dit-on, les quatre n'en font qu'un,

Le Chameau et le Bossu.

Au son du fifre et du tambour,
Dans les murs de Paris on promenoit un jour
Un chameau du plus haut parage;

Il étoit fraîchement arrivé de Tunis,

Et mille curieux, en cercle réunis,

Pour le voir de plus près lui fermoient le passage.
Un riche, moins jaloux de compter des amis
Que de voir à ses pieds ramper un monde esclave,
Dans le chameau louoit un air soumis.

Un magistrat aimoit son maintien grave,
Tandis qu'un avare enchanté,
Ne cessoit d'applaudir à sa sobriété.

Un bossu vint, qui dit ensuite :
-Messieurs, voilà bien des propos;

Mais vous ne parlez pas de son plus grand mérite;
Voyez s'élever sur son dos

Cette gracieuse éminence;

Qu'il paroît léger sous ce poids! Et combien sa figure en reçoit à la fois

Et de noblesse et d'élégance!

En riant du bossu, nous faisons comme lui;
A sa conduite en rien la nôtre ne déroge,

Et l'homme tous les jours dans l'éloge d'autrui,
Sans y songer, fait son éloge.

Le Sage et le Conquérant.

SORTI vainqueur de cent combats,
Et fier d'avoir porté le deuil et les alarmes
Jusques aux plus lointains climats,
Un nouveau Tamerlan visitoit les états

Soumis au pouvoir de ses armes.
Un sage, par hasard accompagnoit ses pas;
Sage, qui ne le flattoit pas;

Mais on vantoit son talent oratoire.

Et l'adroit conquérant l'admettoit à sa cour,
Espérant le charger un jour

Du soin d'écrire son histoire.

Epuisés de fatigue, ils arrivent tous deux

Au sommet d'un roc sourcilleux,

Où le Tartare enfin s'arrête,

Jaloux de contempler sa dernière conquête :
C'étoit jadis une vaste cité

Qu'embellissoient les arts, enfants de l'opulence;
Mais en proie au pillage, à la férocité,

Ce n'étoit plus alors qu'une ruine immense.
Le sage, à cet aspect, se sent glacé d'horreur.

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Regarde, lui dit le vainqueur,

C'est là que j'ai livré dix assauts, vingt batailles; Là que les ennemis surpris

M'ont abandonné leurs murailles;

Ici, que par milliers des soldats aguerris
Ont rencontré leurs funérailles.

Quels beaux titres de gloire! Ils sont partout écrits.
-Ah! lui répond le sage, osez-vous bien le croire?
Non, je ne vois autour de ces remparts

Que cendres, que débris et qu'ossements épars: Vainement j'y cherche la gloire.

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