Colin fuit avec l'embarras D'un cœur que trop d'ardeur arrête; Il suivoit pourtant son bonheur... Vois ce rossignol amoureux! Vois, dit Colette, comme il chante! « C'est, dit Colin, qu'il est joyeux; Lasse de compter des heureux Plus que Colin n'en pouvoit croire, Lui dit : «< Savez-vous quelque histoire? Je n'en sais point, dit-il, par cœur;...» Oui, monseigneur! oui, monseigneur! N'ayez pas peur! Par hasard passoit un seigneur Colette dit avec rougeur : Non, monseigneur! non, monseigneur! N'ayez pas peur! Colin, étourdi de frayeur, Fuit en pleurant; le seigneur reste : Ce seigneur étoit un conteur, Sachant des histoires de reste; Colette jugea le trompeur; Oui, monseigneur! oui, monseigneur! N'ayez pas peur! Ce seigneur étoit très-ardent; Il fait l'aveu, le suit, le presse ;... Dit : Trop de timidité blesse; Mais trop oser nuit au bonheur... » Oui, monseigneur! oui, monseigneur ! N'ayez pas peur! La bergère sort du bosquet; Colin, qu'un instant vient d'instruire, Obtient sa grâce; en voit l'effet... Le vrai plaisir n'est point jaseur; LE CALENDRIER DE VÉNUS, VOLÉ PAR L'AMOUR. CHANSON POUr une fête DE SAINT-PHIlippe. AIR: Dedans Paris il est venu. VÉNUS rioit avec l'amour, Qui toujours rêve à quelque tour; Toutes les fêtes de Cythère; Vénus a beau lui dire : «<) Que fais-tu là? » Holà, Le petit volontaire lui dit : Faire la pluie et le beau temps. Les plus longs et les plus beaux jours, Vieilles fêtes qu'on y voyoit; Est-ce ici, dit-il, qu'on révère Patrons du temps de ma grand'mère ? Il soit laissé, Pour honneurs de la guerre, Le don de parler aux enfants, Quand à Philippe il arriva: Il ne peut qu'orner la légende Son grand-papa Chez moi le recommande; Son Daphnis apprit aux amants D'où vient la pluie et le beau temps. C'est moi qui lui donnai l'éveil A mesure qu'il le prouvoit, De bonne foi m'assure, Qu'il n'a pas mieux, dans son printemps, Chanté la pluie et le beau temps. Auteur du roman de Daphnis et Chloé. Mon fils, je ne te boude plus; « Arrange tout, lui dit Vénus; « L'enfant qui nous ouvre les cieux, Doit se connoître en bienheureux. « Qu'entre nous l'aigreur se dissipe; « Mais toi, qui parles de Philippe, Sais-tu qu'on le fête aujourd'hui ? Les sources d'Aganippe! Bon! répond-il; chez les Talents BARJAUD. J. B. Barjaud, né à Montluçon, cultivait la poésie avec succès. Poète et guerrier tour à tour, il servit avec un zèle égal la patrie et les muses. Il était à peine âgé de vingt-six ans, lorsqu'il fut atteint à Leipsick (1813), d'un boulet de canon qui lui enleva les deux jambes et mit fin à ses jours. Ce jeune poète avait déjà publié un poëme d'Homère et quelques odes. Il a laissé inédits vingt chants d'un poëme de Charlemagne qui devait en avoir vingt-huit; nous en donnons ici un fragment extrait des Tablettes romantiques. LES DIEUX SCANDINAVES. Apparoît sur son char, une lance à la main: |