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FAIT EN MDCCXC

DANS

UNE PARTIE DE LA FRANCE

ET

DE L'ITALIE *

PAR LE BARON SIGISMOND DE ***

3

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A

AVERTISSEMENT.

EST-IL nécessaire de prévenir que ces

lettres d'un frère à un frère n'étoient pas destinées au public? Le lecteur le verra bien à leur style simple et souvent négligé. N'ayant jamais eu l'ambition d'être auteur, j'ai quelque droit à être cru sur ma parole, lorsque j'allégue la contrainte où je suis de publier cette foible production; ce n'est pas ici une coquetterie usée à laquelle je me garderois de recourir. La vérité est que ces lettres étant tombées entre les mains de quelques-uns de mes amis, ils me déclarèrent qu'ils les rendroient publiques, si je ne m'engageois à le faire moi-même. Il fallut promettre pour avoir la liberté d'y corriger du moins les fautes les plus grossières, et je m'acquitte de ma promesse dans l'espérance que la critique aura égard à l'alternative qui m'a décidé.

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Mon avant-dernière lettre est de Gênes et la dernière de Strasbourg après un an et demi d'intervalle; voilà un saut qui paroîtra sans doute énigmatique et que je dois expliquer. Gênes ne fut pas le terme de mon voyage; je pris mon retour par Novi, 'Alexandria, Asti, Turin, St. Ambroise, Suse, Novalaise où je passai le Mont Cenis, Lanebourg, St. Jean, Aygnebelle, Chambery, Aix en Savoye, Rimouli, Frangi, Carrouge, Genêve, d'où je traversai la Suisse jusqu'à Bâle. Cette partie de mon voyage m'offrit une infinité d'objets dignes d'occuper une correspondance amicale; mais la crainte d'être indiscret m'empêche de la publier; mon but est dans ce moment de tenir la parole que j'ai donnée et je crois m'acquitter en mettant au jour la première partie. Si elle agrée au public et qu'il témoigne du désir de voir l'autre, je m'empresserai de répondre à ses voeux.

J'avois parlé à plusieurs reprises dans ces lettres de la révolution de la France et de sa nouvelle constitution. Il étoit possible que je fusse mal entendu, mal interprêté, vû que la situation des affaires de la France.

V

et

ne m'avoit pas permis alors d'en porter un jugement décisif. Il m'importoit donc d'attendre le dénouement de cette scène voilà pourquoi ma dernière, écrite de Strasbourg a tant tardé à suivre les autres; voilà le saut de Gênes à Strasbourg expliqué.

Presque assuré que le public indulgent ne condamnera pas les motifs qui m'ont déterminé à la publication de cet ouvrage, je ne sais, s'il voudra de même faire grace au style dans lequel il est écrit. La langue françoise est étrangère pour moi; j'aurois pu m'exprimer avec plus de facilité et peut-être plus de goût dans la mienne; hé! pour'quoi, me dira-t-on, ne l'avez-vous pas fait ? Voilà, j'en conviens, une apparence de tort; je fournis moi-même des armes aux François qui ne me pardonneront pas d'avoir estropié leur langage, et aux Allemands qui m'accuseront d'avoir méprisé ma langue natale. L'exposé des raisons que j'ai eues d'écrire de préférence en François dissipera, j'espère, ce dernier soupçon, et adoucira la nation françoise.

Les voyageurs rencontrent souvent dans les pays, les provinces et les villes qu'ils

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