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pour servir à votre nourriture, et à tous les animaux de la terre, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui vit et se meut sur la terre, pour qu'ils aient de quoi se nourrir (1). »

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Nous voilà donc arrivés à ce chef-d'œuvre, terme final de la création, pour l'usage duquel tout a été fait, et qui seul, comme la clef de voûte de l'univers, peut nous donner l'intelligence et la raison du reste. Sans l'homme, la création est inutile; avec lui tout s'explique, et il est lui-même expliqué par tout ce qui l'entoure. Ce sont de graves et importantes questions qu'il nous reste à étudier, puisqu'elles doivent achever de nous initier à l'admirable conception du Créateur. Qu'est-ce que l'homme? quelle est sa destinée? quelle est sa fin? le texte sacré va nous répondre à toutes ces questions. Dieu dit ensuite Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur les animaux, et sur toute la terre, et sur tout animal rampant qui se meut sur la terre. Et Dieu créa l'homme à son image, et il le créa à l'image de Dieu; il les créa mâle et femelle. Dieu les bénit et leur dit: Croissez et multipliez-vous; remplissez la terre et vous l'assujettissez; dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se meut sur la terre... Le Seigneur Dieu forma l'homme du limon de la terre; il répandit sur son visage un souffle de vie, et l'homme eut une âme vivante... Et le Seigneur Dieu dit : Il n'est pas bon que l'homme soit seul; faisons-lui un aide semblable à lui. Le Seigneur Dieu, après avoir formé de la terre tous les animaux de la terre et tous les oiseaux du ciel, les fit venir devant Adam, afin qu'il vit comment il les nommerait; et tout nom en effet qu'Adam a donné à chaque être vivant, est son nom même. Adam donna donc leurs noms aux animaux domestiques, aux oiseaux du ciel et aux bêtes sauvages; mais il n'avait point trouvé d'aide qui fût semblable à lui. Le Seigneur Dieu envoya donc à Adam un profond sommeil, et pendant qu'il dormait, il prit une de ses côtes et la remplaça par de la chair. Le Seigneur Dieu forma de cette côte qu'il avait tirée du corps de l'homme, une femme, et la mena devant lui.

(1) Gen. 1, 29, 30.

Et Adam dit: Voilà maintenant l'os de mes os et la chair de ma chair! elle s'appellera Virago, parce qu'elle a été tirée de l'homme. C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à son épouse, et ils seront deux dans une même chair (1). .

La première vérité contenue dans le divin texte, c'est que l'homme est créé à l'image et à la ressemblance de Dieu; or, Dieu est un esprit, un être incorporel : l'homme donc aussi est un esprit, mais un esprit qui, tout incorporel qu'il est, est cependant uni à un corps, par lequel il doit se mettre en rapport avec le monde physique qui lui est donné et soumis; voilà pour la puissance intelligente de l'homme; mais de plus le texte nous le montre encore comme un être moral, capable de bien et de mal, voilà pour sa volonté. Il suit donc du texte de Moïse que l'homme n'est point un animal; en effet, il le sépare de la création des animaux d'une manière bien plus énergique, qu'il n'a séparé les animaux des végétaux. Dès-lors le texte enseigne formellement que l'homme ne forme point plusieurs espèces comme les animaux, mais qu'il est une espèce unique en son genre, puisqu'il n'y a qu'un homme et une femme de créés et que d'eux sont sortis tous les hommes. Enfin une dernière vérité renfermée dans le texte, c'est que l'homme est créé pour être social, et que par conséquent la société humaine est la dernière œuvre de la création. De là suit que l'homme est nécessairement religieux, et que la seule vraie religion lui a été révélée, puisqu'elle est une conséquence de la conception du Créateur, en même temps qu'elle la résume. Telles sont les vérités que nous devons étudier scientifiquement.

Pour suivre l'ordre logique du texte sacré nous avons d'abord à démontrer l'existence de l'âme humaine, avant d'étudier sa nature et ses attributs.

Il s'est rencontré des hommes qui ont nié que Moïse parlât de l'existence et de la création de l'âme humaine; ils ont prouvé par là qu'ils ne savaient pas lire! Moïse rapporte en effet la création de l'homme dans des termes si clairs et si explicites qu'ils ne donnent lieu à aucun doute; l'homme est créé à l'i

(1) Gen, I et u.

mage et à la ressemblance de Dieu; or, Dieu est esprit et ne peut avoir son image et sa ressemblance dans la matière. C'est donc uniquement par son âme spirituelle que l'homme est fait à l'image et à la ressemblance de Dieu. Les animaux sont des êtres purement matériels; ils ont tous été formés de la terre, formatis de humo cunctis animantibus terræ ; ils sont vivants, ayant le principe de vie, l'animam viventem, dans leur corps même, et au même instant que leur corps est formé, mais ils n'ont point l'âme distincte du corps. L'homme, au contraire, est bien tiré, pour sa partie physique, de la terre comme les animaux; mais, de plus, Dieu a inspiré sur sa face le spiraculum vitæ ; il lui a donné une àme. Cette grande et importante vérité ressort de la manière même dont l'homme a été créé, comparativement au mode de création des animaux. Un seul acte produit (les animaux; mais Dieu, par un premier acte, forme l'homme (corporel du limon de la terre; et, par un second acte, il envoie (d'en haut, de son souffle, l'âme humaine. C'est ce qui fait que le texte sacré met une différence en parlant du principe de vie donné à l'homme et de la vie des animaux; quand il dit que les animaux sont faits in animam viventem, l'original emploie l'expression nephesch haiah, qui veut dire souffle, respiration, vie; mais, en parlant de l'homme, le même original dit que Dieu souffla sur lui le nischemat haiim, le souffle des vies, ou mieux l'âme des vies. L'expression nephesch est employée trois fois dans les deux premiers chapitres de la Genèse, et toujours en parlant des animaux, toujours aussi avec le mot haiah au singulier; au contraire, le mot nischemat n'est employé qu'une fois, en parlant de l'homme, et il est joint au mot haiah, employé au pluriel haiim, comme si l'écrivain sacré avait voulu dire l'âme des vies; l'homme, en effet, participe, dans son corps, de la vie végétative et de la vie animale; mais l'âme domine et régit ces deux vies, puisque c'est par elle que l'homme devient le nephesch haiah, être animé. Le mot nephesch reparaît ici pour la quatrième fois, mais comme étant une dépendance, le résultat, l'effet du nischemat. Il y a donc, d'après le texte même, une grande différence entre la vie des animaux, qui est tout organique, et celle de l'homme, qui est de plus intellectuelle et spirituelle; l'homme seul a un nis

ANTHROPOLOGIE SCIENTIFIQUE. chemat, une âme, et ce nischemat, cette âme vient de Dieu et non de la terre comme le nephesch, la vie des animaux. Cette seule observation prouve, contre les esprits légers et superficiels, que Moïse a parfaitement distingué l'âme humaine dans la création.

Les erreurs grossières qui ont été avancées sur ce point capital, ont leurs racines dans l'ignorance de la véritable signification du mot latin anima et du mot chrétien âme. Ces deux mots ne sont nullement la traduction l'un de l'autre. Les Grecs, comme les Hébreux, avaient distingué les êtres organisés des corps bruts, par la respiration, signe caractéristique de la vie; ils avaient dit psychia pour les êtres vivants, qui respirent et que les Hébreux appellent nephesch, et ils avaient dit apsychia pour ceux qui ne sont pas doués de la vie. Parmi les premiers, Aristote comprend les végétaux, les animaux et l'homme, et il distingue la vie végétative, la vie nutritive, la vie sensitive et la vie intellective. Les végétaux, dit-il encore, ont les deux premières vies; les animaux ont les deux premières et de plus la vie sensitive. L'homme possède toutes ces vies et de plus la vie intellective; et il distingue l'homme des animaux, en le définissant par son caractère le plus élevé : Homo est animal capax scientiæ, « l'homme est l'être animé capable de science. » Tel est, en quelques mots, tout le fond du traité physiologique d'Aristote sur la vie (nepi ʊx De anima) qu'on a intitulé très-mal à propos, De l'âme. Il suit donc de là qu'Aristote n'a jamais pensé à traiter spécialement de l'âme dans son livre de l'âme, qu'il faut traduire : De la vie.

Les Latins, qui ont emprunté leur science aux Grecs, ont aussi défini la vie par ce qu'elle a de plus caractéristique, la respiration; mais le mot qu'ils ont employé a été tiré d'un autre radical, qui a, du reste, la même signification que celui des Hébreux et des Grecs; avaus, vent, souffle, est devenu par la terminaison latine animus, vent, souffle animé; d'animus les Latins ont fait anima, vie. Le Christianisme, en apportant la lumière en ce monde, en précisant et développant toute vérité, ne fit pourtant pas immédiatement de nouvelles langues; il éleva seulement la signification de plusieurs mots à une sublimité qu'ils n'avaient point: le mot anima ne signifia plus sim

plement la vie, il signifia le principe qui fait de l'homme un être distinct des animaux, un être intelligent et moral, et par suite immortel. Quand, plus tard, scus la féconde influence du Christianisme, naquirent des sociétés chrétiennes, l'esprit humain, trop avancé pour pouvoir se servir des langues dans lesquelles il avait bégayé les pensées de son enfance, se forma de leurs débris des langues plus viriles et plus puissantes, parce qu'elles étaient chrétiennes. Ces langues déterminèrent nettement la signification des mots et en créèrent de nouveaux; le mot anima fut contracté dans le mot àme, qui n'a plus la signification de vie, mais qui ne peut s'appliquer qu'au principe immortel et ne répond qu'au nischemah de Moïse. Ainsi, aux deux grandes époques de sa création et de sa rédemption, le principe immortel de l'homme, ce qui le fait véritablement homme, reçoit un nom propre et distinctif; l'expression nischemah de la création n'est traduite que par le mot âme de la rédemption.

le

Le récit de la création de l'homme, dont le corps est formé du limon de la terre et dont l'âme vient d'en haut, le contexte et la véritable étymologie des mots nous prouvent donc de la manière la plus évidente que l'homme n'est pas un animal, mais qu'il a une âme, principe de sa vie intellectuelle et morale. A un être intelligent, il fallait bien un but, une fin; or, c'est ce qu'enseigne Moïse; l'homme est créé pour dominer sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur les animaux et sur toute la terre, et sur tout animal qui se meut sur la terre; la terre lui est soumise et il lui est commandé de se l'assujettir. Or, il ne remplira pas cette destinée par sa force physique; lion et une foule d'animaux sont plus forts que lui; il ne peut poser des digues à la mer, et les montagnes de la terre sont, pour ses seules forces physiques, inébranlables. Il faut donc chercher la puissance de l'homme dans son intelligence; par elle, il vient à bout de tous les êtres; il les observe, en étudie les lois et en tire des applications pour son utilité non-seulement individuelle, mais encore sociale. L'homme est donc le dominateur de ce monde par sa seule puissance intellectuelle, et Adam commence à la mettre en exercice en passant en revue tous les animaux, auxquels il donne des noms convenables.

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