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la modération dudit feu sieur de Montgaillard de ne s'estre pas expliqué autrement, voyant au milieu de son chasteau ses Ennemis, les armes à la main, sans aucun ordre, caractère, ny marque de justice luy dire des injures indignes d'un gentilhomme...

Mais quand le dit sieur de Montgaillard auroit refusé audit sieur du Pongan d'abandonner à sa passion quelques-uns de ses vassaux, bien loin que ce fût une offense, c'eust esté un coup de prudence puisqu'ils avoient bruslé la maison de la dame de Trévigny sa sœur, dont il les accuse, il n'eust pas esté raisonnable de les exposer à sa fureur, pour en faire autant de victimes à sa passion et à sa colère par le fer et par le feu.

C'est toutefois en ce mesme endroit que ledit sieur du Pongan avoue encore que ledit sieur de Montgaillard ne témoigna aucune chaleur, quoyqu'il luy eust dit des paroles qui avoient dû l'outrer, mais pour avoir un prétexte de le rendre agresseur dans la dernière occasion l'on a eu la malice de supposer, « que quelques jours apprès il dit en pleine table, en présence de Madame sa femme, qu'il luy donneroit des coups de baston entre les bras de Monsieur de Chaulnes, de mesme qu'il en avoit donné à Bréval entre les mains de Monsieur de Turenne. »

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CXLIII

(1677). Extrait d'un autre factum de la marquise
de Montgaillard.

(Impr. Bibl. nat. Fm. 13367, 4 p. in-fol. s. 1. n. d.).

Factum touchant l'assassinat commis en la personne

marquis de Montgaillard.

Pour dame Mauricette Renée de Plouc...

du défunt

Contre Francois Bernard sieur de Beaumont et sept de ses complices défendeurs et accuséz.

Ils [les sieurs de Pongan et de Beaumont] avoient intérest de se défaire du marquis de Montgaillard, parce qu'il les empeschoit de piller quatre cens mille livres sur les paysans du marquisat du Tymeur et sur leurs voisins. Ils exécutoient et enlevoient ceux qui avoient du bien sans aucune forme de justice, sous prétexte de l'incendie de leur maison du Kergouët que les paysans avoient brûlée durant la révolte de Bretagne. Depuis qu'ils ont assassiné le marquis de Montgaillard et qu'ils n'ont pu exécuter leurs projets par la violence, ils ont réduit leurs prétentions dans les formes de la justice à deux cens cinquante mille livres; l'instance est pendante aux requestes de l'hostel. Beaumont qui a épousé ou croyait épouser la damoiselle de Trévigny, avoit son interest dans ce butin pour le payement de sa dot...

CXLIV

(1677). Extrait d'un factum en faveur de M. de Beaumont

(Imp. Bibl. nat., Recueil Thoisy, vol. 99, 12 p. in-fol. s. 1. n. d.).

Responce de Messire François Bernard, chevalier, seigneur de Beaumont.

Au Factum que la dame de Montgaillard a fait imprimer touchant l'arrest du grand conseil du 29 mars 1677.

... Information faite par nous, René de Marillac, commissaire départi par Sa Majesté en Bretagne au sujet des troubles et séditions qui s'y sont élevées, à la requeste des sieurs de Pongan et Beaumont.

... Du 18 sept. 1675, en la ville de Carhaix.

Gauvin Guillou, tanneur, demeurant au village de Quernen, en la trève de S. Demins, paroisse de Plouenezel, âgé de 38 ans.

Dépose par l'interprète susdit que le lundy précédant la mort de Le Balp, son recteur luy ayant deffendu de sonner aucune

cloche sans son ordre, il fut surpris d'entendre sonner les cloches de la dite trève où il trouva un homme inconnu à luy qui sonnoit la cloche, et lui ayant demandé le sujet de ce qu'il s'avançoit de sonner la dite cloche, ledit homme inconnu luy respondit qu'il sonnoit de l'ordre de Monsieur de Montgaillard, et pour temoignage de cela il dit au déposant que le fils du métayer dudit sieur de Montgaillard estoit allé à cheval faire sonner les cloches des autres paroisses voisines pour advertir le peuple de se trouver au Timur...

François Sizien, laboureur de terre, demeurant au village de Quernan, en la tenue du sieur Lerantin, paroisse de Carnot, âgé de 40 ans.

Dépose... que le lundy lendemain de la feste et assemblée qui se célèbre en la paroisse de Carlot pour S. Cilledas, il apprit que ledit jour de lundy précédent, il y avoit eu une personne de Timur audit S. Cilledas, lequel avoit donné à entendre au peuple de se trouver le lendemain au Timur, que M. de Montgaillard avoit à leur parler, les peuples s'y estant rendus le mercredy ensuite, le déposant les vit revenir avec grande réjouissance et plusieurs dudit peuple disoient qu'ils avoient esté remerciez par M. de Montgaillard, lequel avoit donné quelques pistolles pour boire à sa santé, qui est tout ce qu'il a dit savoir...

Maistre Barthélémy Lebrumnin, prestre habitué dans la paroisse de Clédin, âgé de 54 ans.

Dépose ne savoir rien desdits faits sinon qu'un jour de samedy matin, estant à déjeuner dans une maison du bourg de Clédin, il luy fut apporté un écrit signé de Monsieur de Montgaillard et de sa part par deux garçons d'environ quatorze ans chacun qui se dirent estre du village de Quinze mille fers, de la trève de Quergloff, en ladite paroisse de Clédin, lequel écrit il avoit publié aux prosnes de la messe, le lendemain audit Clédin, que luy déposant fit et nous ayant représenté ledit écrit l'avons trouvé du vendredy, en interligne six septembre 1675. Fait au Timur Signé DE MONTGAILLARD.

(A suivre).

COMPTES RENDUS

Paul PARFOURU, Anciens livres de raison des familles bretonnes conservés aux Archives d'Ille-et-Vilaine, Saint-Brieuc, 1898, 1 vol. in-8°, 72 p.

Pour l'histoire des mœurs et de la société de l'ancienne France, il est toute une catégorie de documents qui présentent un réel intérêt : ce sont les livres de raison. Ces mémoriaux de famille, ces livres de comptes domestiques nous fournissent de précieux renseignements non seulement sur les coutumes, mais sur les fortunes privées, le revenu des terres, le prix des marchandises.

Il importerait donc de dresser pour chaque province la liste exacte des livres de raison, qui y ont été retrouvés. Tel est le travail que M. Parfouru, au début de son étude, a tenté pour la Bretagne. Il distingue soigneusement les livres de raison, qui ont été déjà publiés, et ceux qui, encore inédits, sont conservés aux archives d'Ille-et-Vilaine.

Puis l'auteur nous donne une analyse très complète et très précise des livres de raison les plus anciens, au nombre de cinq, qui datent du XVe et du XVIe siècles. Le plus intéressant me paraît être celui des familles Dautye, Juhel et Becdelièvre (1467-1576). Les Dautye s'enrichissent dans le commerce; des membres de la noblesse vont rechercher leur alliance: en 1502, Jeanne Dautye épouse un gentilhomme breton, Estienne Becdelièvre. Leur fils, Gilles Becdelièvre, est un personnage considérable: il possède, dans les environs de Rennes, de nombreuses propriétés, dont les revenus, en 1549, s'élèvent à 1,000 livres, ce qui constituerait aujourd'hui environ 20,000 fr. de rente. Gilles Becdelièvre, comme un certain nombre de gentilshommes bretons, rechercha les offices de judicature: conseiller au présidial de Rennes, en 1552, il devint, en 1557, juge criminel de la sénéchaussée. Mais, en 1559, il fut accusé par l'un de

ses collègues, François de Cahideuc, non seulement de fautes professionnelles, mais de concussions et malversations. M. Parfouru a eu l'excellente idée de nous retracer, d'après les archives d'llle-etVilaine, les principales phases de ce curieux procès. Becdelièvre, après avoir subi un long emprisonnement préventif, fut destitué de sa charge et perdit les émoluments de son office. Mais voici que, quelques années plus tard, l'un des témoins qui avaient le plus contribué à sa condamnation, fut poursuivi pour crime de fausse monnaie et de brigandage; bien plus, il avoua qu'il avait porté contre Becdelièvre un faux témoignage, à l'instigation de François de Cahideuc, contre lequel, à ce moment même, se dressait une autre accusation de faux. Il sembla alors aux esprits impartiaux que Becdelièvre avait dû être victime d'ennemis peu scrupuleux. Il est probable aussi que « les passions religieuses ne furent pas étrangères à l'affaire Becdelièvre, » car ce magistrat avait adhéré à la religion réformée. Il fut réhabilité et il devint conseiller au Parlement de Bretagne.

Quant au livre de raison de Gilles Satin, sieur de la Teillaye, il contient des détails vraiment intéressants sur les troubles de la Ligue en Bretagne. Henri SEE.

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Questionnaire pour l'enquête de la vie populaire traditionnelle aux pays normands, Honfleur, 1897.

La société « le Vieux Honfleur » a publié l'année dernière, en vue du congrès de la Société d'Ethnographie nationale et d'art populaire qui doit se tenir à Honfleur, en 1899, un questionnaire sur la vie populaire traditionnelle aux pays normands. Ce questionnaire, beaucoup plus détaillé que celui qu'a publié M. Paul Sébillot dans la Revue des traditions populaires (t. XII, p. 130), pourra rendre de grands services aux folkloristes. Nous le reproduisons ici en le modifiant sur quelques points pour l'approprier à la Bretagne.

LES MARINS

Quels sont les marins célèbres ou peu connus, méritant d'être honorés qui sont nés dans votre pays?

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