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- «Je pensais que nous eussions été époux,

Je suis heureux de vous voir, madame.

Si vous aviez la bonté

De me donner un habit à mettre,

De vos habits de paysanne

Pour que je m'habille en femme,

Pour vous servir je vous aime tellement,
Madame, que je ne puis plus le taire. »
Il part chez les nobles

Pour chercher condition.

Quand il est arrivé auprès de la porte,
Le gentilhomme l'a vu :

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Madame, dit-il, il y a ici une femme :
Si je savais qu'elle fût honnête. » —
La dame a répondu :

- « Elle a été longtemps mon amie. »
Celle-ci est donc reçue,

Devient gouvernante.

Ils vivent dans la crainte de Dieu
Jusqu'à ce que l'esprit malin vint
Mettre dans la tête du mari

De mauvais soupçons sur sa femme.
Un jour, sans penser à mal,
Après que le mari fut parti

Elle lui donna un habit à mettre

Un habit des plus beaux;

Elle mit son habit de noces.

Si bien qu'ils se voyaient des pieds à la tête :

La salle est pleine de glaces,

Partout, aux quatre coins de la salle,

Ils se voient des pieds à la tête.

Et viennent s'y mirer.

Il faut que ce soit conseillé par le démon

'N otrou d'ar ger zo distroët.

Eb kaout amser da chench ho dillet

En deveus o attrapet (1).

Ar zal a zo didapisset,

E du, e kaon, ez eo lakeet
Ranet eo 'tre pevar c'hartier,
Eun tam deuz a beb korn ar sal;
Tachet e'r gadeur a kreïs ar zal :
Eo bed condaonet 'pad eur bloas
Deiz noz da zeveilli e amourous
Kleuzet e ben 'vel eur skudel
Da servich a skudel dizi;

Trohet ar c'hig divar he zaouern

Da servich da loa da fourchetez dezi.

Ar pez a re a poan d'e speret

Renke a nespet dizi

Drebi bouet gant eskern en den maro;

E bouet e lakee da vantri.

Daou dad santel kabucin a deuas d'he goelet(2),

A houlenas e c'hraç dezi,

Evid ma vije dilivret.

Ne voan ket ed a dri bas dioc'h an ti,

An tan er maner zo kroget.

Ar maner zo demonnet (3),

An otrou a zo bed devet.

An itron 'zo ed d'ar goent

Da beurfinissa e buhez.

Graç dizi da veza recevet

En touez ar sont ag an ellez!

(Catou BOUDER, de Plouenan, 22 octobre 1852).

Collection Penguern, no 91, pp. 159-162.

(1) Ms. En deveus hi o attrappet. (2) d'he koelet. — (3) Je suppose que

ce mot, que Penguern a dû mal entendre, signifie démoli.

Que le mari est revenu à la maison.

Sans qu'ils aient eu le temps de changer d'habits

Il les a pris.

On a enlevé les tapisseries de la salle,

On l'a mise en noir, en deuil.

On a fait quatre morceaux de l'amoureux,

(On en a mis) un morceau à chaque coin de la salle.

On a attaché une chaise au milieu de la salle :

Et on a condamné la dame, pour une année,

A veiller jour et nuit son amoureux.

On a creusé la tête de celui-ci comme une écuelle
Pour lui servir d'écuelle

On a enlevé la chair de ses mains

Pour lui servir de cuiller et de fourchette.

Ce qui lui tourmentait l'esprit

Etait qu'il lui fallait malgré elle

Manger avec les os d'un homme mort.

Sa nourriture la faisait défaillir.
Deux pères capucins vinrent la voir,
Et demandèrent sa grâce,
Pour qu'elle fût délivrée.

Ils n'étaient pas à trois pas de la maison
Que le feu a pris au manoir.

Le manoir a été démoli,

Le seigneur a été brûlé.

La dame est allée au couvent

Terminer sa vie.

Qu'elle ait la grâce d'être reçue
Parmi les saints et les anges!

(Catherine BOuder).

(A suivre).

LA RÉVOLTE

DITE

DU PAPIER TIMBRÉ OU DES BONNETS ROUGES

EN BRETAGNE EN 1675

(Suite et fin)

12 octobre 1675.

CLV

Sentence de la Cour royale de Carhaix, condamnant aux galères Jean Dollo, prêtre de Carhaix.

(Copie. Arch. dép. de la Loire-Inférieure. B. 2818-2820).

Extrait des registres du greffe de la Cour et siège royal de Carhaix.

Entre le procureur du Roy, de Carhais, demandeur et

accusateur.

Contre missire Jan Dolo, prestre, deffendeur et accusé.

Nous, par jugement provostal et en dernier ressort, avons déclaré et déclarons ledit messire Jan Dolo, prestre, atteint et convaincu d'avoir esté cheff des révoltés et d'avoir fait signer à quelques habitants de ceste ville un brevet de capitaine des révoltés, remply de son nom, pour réparation de quoy l'avons condemné et condamnons aux galères perpétuelles, ses biens meubles acquis et confisqués au Roy, sur iceulx les frais de justice préalablement pris. Faict et arresté en la chambre du conseil et siège royal de Carhaix, au raport de Monsieur le

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LA RÉVOLTE DITE DU PAPIER TIMBRÉ EN BRETAGNE. sénéchal, ce jour 12 octobre 1676. Ainsi signé Boturel, de la Boissière, sénéchal, Jan Hervé, bailly, etc.

Je certifie que ledit Dolo a esté conduit à la Conciergerie de Rennes par le messager ordinaire de cette ville de Carhaix pour icelluy Dolo metre à la chaisne, le commencement du mois de may dernier. Faict à Carhaix, le 24 octobre 1676.

(1675).

CLVI

THEPAULT greffier.

Plainte d'Yves de Launay, sieur de La Salle, à Kergrist-Moëlou, contre ses vassaux révoltés.

(Arch. dép. du Finistère. Série B. Cour royale de Carhaix).

A Monseigneur

A Monseigneur de Marillac, conseiller du Roy en tous ses conseils, maistre des Requestes ordinaire en son hostel de la province de Bretaigne et intendant de justice, pollice, et finances.

Supplie et vous remontre humblement escuyer Yves de Launay, sieur de la Salle, demeurant en son manoir de la Salle, parrouesse de Moellou, esveché de Cornouaille et demandeur contre ses subjects.

Disant que le dix neuffiesme juillet dernier ils s'assemblèrent tous armés au bourg de Kergrist-Moellou à dessein de faire sonner le tocsein pour exciter et appeller les peuples circonvoisins pour piller et brusler sa maison, comme ils avoit faict en plusieurs autres lieux au Quergoet et le jour précédent chés le baron de Beaulieu et dans la bonne intention où ils estoint de suivre le torrent et le cours du temps, il est très certain qu'ils eussent exécuté ce premier dessein sans que vostre complaignant, adverti par le sacriste qui avoit esté son vallet du désordre qu'on lui préparoit et qui s'absenta après avoir fermé la porte de la tour, dont il a esté depuis malvoulu au point qu'on ne menaçoit que de le tuer, envoya sa femme rencontrer

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