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par laquelle l'une de ces deux armées se rend prisonnière à l'autre, moyennant certaines conditions fermes. Les lettres de Sombreuil sont inexplicables, s'il avait reçu des engagements de Hoche, ou de Blad et de Tallien; et les autres témoignages recueillis par M. Robert ne prouvent au fond qu'une chose, c'est qu'on a cru à une capitulation, ce qui est bien différent; 2° il est établi, par des documents retrouvés par M. Robert au Public Record office, à Londres, que le ministère anglais ne se souciait nullement de faciliter au comte d'Artois les moyens d'aller se mettre à la tête des Chouans ou des Vendéens. C'est ainsi qu'on lui cacha à dessein le départ du premier convoi pour Quiberon. Le prince dut littéralement forcer la main au gouvernement anglais pour obtenir d'être transporté sur les côtes de France. Mais une fois à l'ile d'Yeu, rien ne prouve que ce soit la « politique britannique» ou une impossibilité matérielle qui l'ait empêché de débarquer sur le continent; 3° d'une manière générale, je trouve que les invectives dirigées par M. Robert contre le gouvernement anglais, sont vraiment hors de proportion avec les faits relevés par lui. Je crains qu'il n'ait été influencé, plus que de raison, par un écrit anonyme, mais sorti d'une plume anglaise, découvert par lui à la Bibliothèque nationale, le mémoire intitulé: Résultat de la politique de l'Angleterre relativement à la Vendée. L'écrit est curieux, mais juge-t-on un gouvernement sur un article d'un journaliste d'opposition? — J'ai dû marquer ces divergences; on conçoit que je ne puis, sans sortir des limites d'un compte rendu, justifier en détail mes opinions. Il me semble plus intéressant de signaler encore quelquesuns des documents nouveaux produits par M. Robert. Je citerai entre autres Les instructions anglaises à Puisaye et à l'amiral commandant l'escadre, sir John Warren (elles sont contradictoires, les premières désignaient Puisaye, et les secondes d'Hervilly, comme chef de l'expédition); - plusieurs lettres de Puisaye aux ministres anglais, une entre autres, du 29 juillet, récit du désastre, fait à son point de vue, ou plutôt véritable acte d'accusation contre ses propres troupes; -d'autres lettres du chevalier de Montmuran, renfermant de curieux détails sur l'embauchage, en Angleterre, de prisonniers républicains enrôlés dans les rangs des Emigrés et sur le séjour du comte d'Artois à l'ile d'Yeu. L'appendice renferme aussi une liste très complète des royalistes, émigrés ou insurgés, fusillés sur l'ordre des commissions

militaires. En somme, livre digne d'être lu, dont les conclusions ne rencontreront certainement pas une adhésion unanime, mais qui, sur bien des points, étend et précise nos connaissances, et dont devront tenir compte tous ceux qui s'occupent de l'histoire de la période révolutionnaire en Bretagne.

E. JORDAN.

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A. LEFRANC Olivier de Clisson, Paris, Retaux, 1898, in-8° de X

460 p.

Parmi les grands hommes de guerre de la Bretagne du MoyenAge, Olivier de Clisson n'avait pas encore été l'objet d'une biographie détaillée, comme celle que Siméon Luce avait commencée de Du Guesclin, ou celle que M. Cosneau a consacrée à Richemont. M. Lefranc a essayé de combler cette lacune. Il raconte successivement l'enfance de Clisson à la cour d'Angleterre, ses premiers exploits à Auray, à Navarette, au service de l'Angleterre, puis son passage au service de la France, et ses campagnes aux côtés de Du Guesclin, avec lequel il s'est lié par le curieux pacte d'amitié de 1370. La mort de Charles V et de Du Guesclin fait passer Clisson tout à fait au premier plan; il devient connétable et prend comme tel la plus grande part à la campagne de Flandre et à la victoire de Rosebecque; pendant le gouvernement des Marmousets, il est l'un des maîtres de la France. Entre temps se placent des épisodes dramatiques comme l'attentat de l'Hermine, tramé contre lui par son grand ennemi Jean IV de Montfort. En 1392, la tentative d'assassinat dirigée contre Clisson par Pierre de Craon, avec la complicité du duc de Bretagne, est la cause de l'expédition au cours de laquelle se manifeste la folie de Charles VI, et l'occasion indirecte de la disgrâce de Clisson, poursuivi de la haine des oncles du roi revenus au pouvoir. Le vieux connétable a encore à soutenir contre Jean de Montfort quelques années de guerre acharnée terminées par une réconciliation sincère en 1395; et ses dernières années s'écoulent dans une tranquillité relative, au château de Josselin, où il meurt en 1407. Un chapitre spécial contient des renseignements sur la fortune de Clisson, énorme pour l'époque, et qui fut un de ses moyens d'influence. M. Lefranc revendique aussi pour son héros la

gloire de grand ingénieur militaire et cherche à retrouver la trace de ses idées en matière de fortification, dans les châteaux auxquels il fit travailler, notamment à Blain et à Josselin. Quelques vues de Josselin et de Clisson illustrent l'ouvrage. Il se termine par un appendice contenant des pièces justificatives parmi lesquelles nous signalerons : la restitution faite à Clisson, en 1361, par le roi de France, des terres de la Garnache, Beauvoir et Chateauceaux, le contrat de mariage de Clisson avec sa première femme, Béatrix de Laval, l'arrêt porté contre Pierre de Craon et ses complices, le traité d'alliance du duc d'Orléans avec Clisson (1397), enfin un état des sommes dues au Connétable au moment de sa mort. E. JORDAN.

Mélanges d'archéologie et d'histoire de l'Ecole française de Rome, 1897, La perception du cens apostolique en France en 1291-1293, par M. Paul Fabre.

Sous ce titre, M. Fabre publie les comptes de maître Albert de Grondola, chargé par Nicolas IV de lever en France les cens dus au Saint-Siège par un certain nombre de monastères et de seigneuries. Nous y relevons les mentions suivantes, qui intéressent la Bretagne. Diocèse de Rennes :

15 avril 1292. Jean de Beaumont, seigneur de la Guerche, fait payer 16 livres de petits tournois pour le cens des quarante dernières années.

Diocèse de Nantes :

12 avril 1292. Mathieu prieur de Saint-Sauveur de Béré, paie 54 livres de petits tournois pour le cens des trente-six dernières années.

Diocèse de Quimper :

24 mars 1292. Olivier, cellérier du monastère de Quimperlé, paie 46 livres de petits tournois pour le cens des quarante-six dernières années.

Diocèse de Vannes :

17 mars 1292. Guillaume, moine de Saint-Sauveur de Redon, paie 23 sous de petits tournois pour le cens de l'année suivante.

Paul SÉBILLOT. Petite légende dorée de la Haute-Bretagne. Nantes, Société des Bibliophiles bretons, 1897.

M. Sébillot a fait pour les saints de la Haute-Bretagne ce que M. Le Braz a entrepris pour ceux de la Basse-Bretagne. Son travail sera lu avec plaisir par tout le monde et ne sera pas sans profit pour le folkloriste. Il n'est pas sans intérêt de voir commencer les légendes des vies de saints transformées par l'imagination populaire. Il faudrait toutefois se garder en cette matière d'une illusion dangereuse c'est que toutes ces légendes remontent fort loin et sont toujours de source populaire : souvent elles viennent d'une source écrite ou sont mises en circulation par les prédicateurs. Les récits. en prose ou en vers recueillis par M. Le Braz le prouvent. Il en est de même pour les légendes de Haute-Bretagne. En général, quand un récit se retrouve à peu près textuellement dans une vie de saint, il y a tout lieu de croire qu'il n'est pas populaire dans son origine.

Les légendes qui forment ce volume, n'ont pas été toutes recueillies par M. Sébillot; il en a emprunté à divers auteurs. Les légendes sont suivies de courtes notes sur les saints qui en font l'objet. Ces notes sont généralement prises dans la Vie des saints de Bretagne d'Albert le Grand. Il est regrettable que l'auteur n'ait pas contrôlé par la Vie des saints de Dom Lobineau et les nombreuses publications dont ils ont été l'objet depuis, soit séparément, soit dans des recueils comme les Analecta Bollandiana.

Quoi qu'il en soit, l'auteur a donné un bon exemple en recueillant les légendes de nos saints locaux. Espérons avec lui que ce petit volume sera le point de départ d'un supplément d'enquête sur les saints de la Haute-Bretagne.

J. LOTH.

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Paul SEBILLOT. Légendes locales de la Haute-Bretagne. Nantes, Société des Bibliophiles bretons, 1899. Première partie Le Monde physique.

Comme le dit l'infatigable auteur dans sa préface, ce livre est la suite naturelle de la Petite légende dorée; « il en forme le pendant,

qu'on pourrait appeler laïque. » Il comprend les récits qui parlent des particularités du monde physique, à des endroits déterminés de notre pays. Pour les légendes qui n'ont pas été nettement localisées, M. Sébillot les laisse de côté. Ce n'est pas d'ailleurs une lacune; on les retrouve dans ses Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne, 1882 (I L'Homme, les Esprits et les Démons; II: les Animaux, les Plantes et les Météores).

Ce nouveau livre de M. Sébillot est d'un bout à l'autre des plus intéressants. Tout n'y est pas neuf; plusieurs de ces légendes ont déjà été publiées, mais on les revoit sans déplaisir; l'auteur y a d'ailleurs toujours ajouté. Peut-être ne s'est-il pas toujours assez méfié de ses sources. J'ai peine à croire, par exemple, que la ville submergée près de Corseul fût connue dans ce pays sous le nom d'Is. Je ne vois pas non plus comment Rohouan, en Avessac, peut signifier la butte aux fées : roc'h hoanek aurait ce sens en breton. L'auteur a été évidemment induit en erreur. Je me méfie aussi de kourigan, que Souvestre a retrouvé dans la Grande-Brière.

J. LOTH.

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G. DOTTIN. Les désinences verbales en R en sanscrit, en italique et en celtique. Rennes, Plihon, 1896.

Peu de questions, dans le domaine de la linguistique indo-européenne, offrent autant d'intérêt et de difficultés que celles dont M. Dottin a fait le sujet de sa thèse de doctorat. Il n'en est pas, au point de vue de la classification et de l'histoire des langues italiques et celtiques, qui ait plus d'importance. Enfin, elle soulève inévitablement de graves questions de méthode et de principe. L'auteur en avait pleinement conscience et c'est sans doute ce qui a dicté son choix. La critique, en revanche, me paraît avoir été moins compréhensive, car elle me semble s'être exercée surtout sur des points de détail qui ne sont pas sans intérêt, mais auxquels l'auteur n'attachait avec raison qu'une importance secondaire. La méthode suivie par l'auteur, et qui n'est qu'une conséquence de ses idées en linguistique, méthode dont sa thèse est une application, méritait tout autant l'attention que les faits qu'il a classés, étudiés et dont il a tiré les conséquences.

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