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Les daubeurs 14 ont leur tour d'une ou d'autre manière : Vous êtes dans une carrière

Où l'on ne se pardonne rien.

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leur. L'inhumanité et la possession de soi sont les sources de l'humeur sarcastique. »

14. Ce mot, dont Littré cite ce seul exemple, n'a été admis que dans la quatrième édition (1762) du Dictionnaire de l'Académie; la fable, nous l'avons dit, avait été publiée, pour la première fois, en 1671.

FABLE IV.

LE POUVOIR DES FABLES.

A M. DE BARRILLON 1.

Ésope, fab. 178, Anμáòns 8 ¿htwp (Coray, p. 110, p. 363). Comparez la seconde, la troisième et la quatrième formes de la fable 320, "Ovov μwoάuevos, empruntées, l'une à un scoliaste d'Aristophane et deux à Photius (Coray, p. 212 et 213). Abstemius,

1. Paul de Barillon, comme écrivent nos éditions originales, ou plutôt de Barrillon d'Amoncourt, marquis de Branges (titre que d'ailleurs on ne lui donnait pas), conseiller au Parlement en 1650, maître des requêtes en 1651. Au moment où la Fontaine lui dédia cette fable, 1678, il était ambassadeur en Angleterre, où il resta jusqu'à la chute de Jacques II. Cette révolution, qu'il n'avait pas prévue, tandis qu'elle était chaque jour prédite par le comte d'Avaux, ambassadeur en Hollande, lui valut une sorte de disgrâce (voyez, entre autres témoignages, les Lettres de Mme de Sévigné à Mme de Grignan, des 28 février et 2 mars 1689, tome VIII, p. 489499; les Mémoires de Saint-Simon, tome VI, p. 262, et son Addition au Journal de Dangeau, à la date du 10 janvier 1689, tome II, p. 296, édition de 1854). Il mourut conseiller d'État ordinaire, en juillet 1691. C'était un esprit délicat, grand ami de Mme de Sévigné, de Mme de Grignan, de Mme de Coulanges. Solvet, qui soupçonne, sans aucune vraisemblance, à notre avis, qu'il aurait bien pu y avoir quelque malice dans le tour poétique et badin du vers 24, cite, à l'appui de sa conjecture, ce passage, d'ailleurs curieux, où Saint-Évremond s'est assez plaisamment égayé aux dépens de Barrillon et de sa gourmandise (OEuvres meslées, Londres, 1709, tome III, p. 428) : « Monsieur de Barrillon, qui mangeoit autant que personne, avoit un secret admirable contre la plénitude. Avoit-il mangé à crever? Il entretenoit Mme Mazarin des religieux de la Trappe, et, quand il avoit parlé demi-heure de leurs abstinences et de leurs austérités, il croyoit n'avoir mangé que des herbes non plus qu'eux. Son discours faisoit l'effet d'une diète. »>

2. Ailleurs la fable a le titre plus juste: "Ovou oxiá.

Proœmium.-G. Cognatus, p. 23, de Asini umbra. — Desmay, fab. 2, l'Éloge de la Fable ou la Nature plus éloquente que l'Art. Boursault, le Pouvoir des fables, au début du Prologue des Fables d'Ésope ou Ésope à la ville (1690).

Mythologia sopica Neveleti, p. 236, p. 533.

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Chamfort trouve le prologue « assez médiocre; mais la petite historiette qui fait le sujet de cette prétendue fable >> lui paraît « très-agréablement contée. » — – Il y a deux versions de cette historiette, celle de l'apologue ésopique no 178, reproduite, sauf le nom de l'orateur (voyez ci-après, la note du vers 35), par Abstemius et par la Fontaine, et celle que rapportent, nous venons de le dire, un scoliaste d'Aristophane et Photius, et, en outre, Plutarque; dans cette dernière, l'orateur est, non pas Démade comme dans l'autre récit grec, mais Démosthène, et le conte qu'il imagine pour réveiller ses auditeurs est tout différent. Voici, en substance, ce que dit Plutarque (Vies des dix orateurs, vi, Démosthène, vers la fin : Bibliothèque Didot, OEuvres morales, tome II, p. 1033): Un jour, Démosthène, impatienté de l'inattention de son auditoire, se mit à raconter l'histoire d'un jeune homme qui avait loué un âne pour aller à Mégare. Vers midi, on s'arrête pour se reposer; le jeune homme veut se coucher à l'ombre de l'âne; l'ânier lui dit qu'il lui a loué son âne, et non l'ombre; de là contestation. L'auditoire est attentif et attend la fin de la dispute. Mais l'orateur s'arrête. Cris des Athéniens qui demandent le dénouement de l'histoire; sortie de Démosthène, qui les gourmande, comme ici, de leur frivolité. Cognatus (Cousin), après avoir reproduit en le développant le récit de Plutarque, fait un curieux rapprochement avec un trait de Diogène, qui, voyant lui aussi qu'on n'écoute pas son sérieux discours, se met à chanter une sotte chanson. Aussitôt ses auditeurs s'éveillent, d'autres accourent, tous sont prêts à entrer en danse, et le cynique leur dit énergiquement leur fait.

La qualité d'ambassadeur

Peut-elle s'abaisser à des contes vulgaires?

3.

Contester sur l'ombre de l'âne » était devenu proverbial dès le temps d'Aristophane, au plus tard: voyez le vers 191 des

Vous puis-je offrir mes vers et leurs grâces légères ?
S'ils osent quelquefois prendre un air de grandeur*,
Seront-ils point traités par vous de téméraires?
Vous avez bien d'autres affaires

A démêler que les débats
Du Lapin et de la Belette.

Lisez-les, ne les lisez pas;

Mais empêchez qu'on ne nous mette

Toute 'Europe sur les bras 5.

Que de mille endroits de la terre

Il nous vienne des ennemis,

J'y consens; mais que l'Angleterre

Veuille que nos deux rois se lassent d'être amis,
J'ai peine à digérer la chose.

N'est-il point encor temps que Louis se repose?

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Guépes, et au tome IV, 2o partie, p. 304, de l'Aristote de la Bibliothèque Didot, les citations faites sous le n° 3.

4. L'expression rappelle celle de Virgile (1er vers de la ivo églogue):

Sicelides Musa, paulo majora canamus.

5. Voyez la fable xvi du livre VII, et, pour les vers 10 et 11, l'épilogue de la fable xvIII du livre VII, et l'Histoire de la Fontaine par Walckenaer, tome I, p. 308-310.

:

6. Notre poëte se rendait bien compte de l'influence prépondérante du Parlement sur la politique du gouvernement anglais. On sait comment les deux rois étaient amis Charles II recevait pension de Louis XIV pour servir les intérêts de la France au détriment des véritables intérêts de l'Angleterre, et surtout au mépris des vœux du Parlement et du peuple anglais. Aussi Charles II avait-il plus d'une fois déjà dû céder à l'attitude prise par les Communes; après avoir attaqué la Hollande, de concert avec Louis XIV, en 1672, il avait été contraint de conclure avec elle une paix particulière dès février 1674, et en janvier 1678 un traité d'alliance offensive. Les rapides succès obtenus par Louis XIV en personne, au commencement du printemps de cette dernière année, avaient encore exaspéré l'opinion en Angleterre. « La promptitude de ces expéditions (dit le président Hénault" parlant a Abrégé chronologique de l'histoire de France, tome III, p. 905.

Quel autre Hercule enfin ne se trouveroit las
De combattre cette hydre? et faut-il qu'elle oppose
Une nouvelle tête aux efforts de son bras"?

Si votre esprit plein de souplesse,

Par éloquence et par adresse,

Peut adoucir les cœurs et détourner ce coup,

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de la prise de Gand et d'Ypres, enlevés en quelques jours, au mois de mars 1678, pendant qu'on investissait Charlemont, Namur et Luxembourg) excita une si grande fermentation dans le parlement d'Angleterre, que Charles II y fut autorisé à faire des emprunts à sept pour cent de telles sommes qu'il jugeroit à propos, pour le maintien de ses armes. Cette démarche, qui n'avoit pour but que de donner du secours aux ennemis de la France, jointe à l'interdiction du commerce entre les deux royaumes ordonnée par le même parlement, étoit bien contraire à la qualité de médiateur qu'avoit prise Charles II; mais il n'en étoit pas le maître. On le força aussi à redemander les troupes angloises qui avoient été au service de la France dès le commencement de la guerre, et qui lui furent renvoyées en assez mauvais état. » En avril 1678, Louis XIV adressa son ultimatum au congrès de Nimègue. « Les agents anglais..., dit Henri Martin (tome XIII de son Histoire de France, 4o édition, p. 527), servant le Parlement plus que le roi Charles, travaillèrent, de concert avec le prince d'Orange, à faire repousser les propositions de la France. » Celle-ci ayant, à la fin de juin, élevé une difficulté qui remettait tout en suspens, « Charles II, engagé par Guillaume,... refusa de ratifier son traité secret du 27 mai avec Louis XIV, expédia des renforts aux garnisons anglaises d'Ostende et de Bruges, et envoya sir William Temple à la Haye et à Nimègue pour négocier de nouveau un pacte offensif avec les États Généraux, Temple.... était l'adversaire systématique de la France » (ibidem, p. 529). On peut supposer, avec vraisemblance, que la Fontaine écrivit ce prologue en 1678, année où furent éditées les fables des livres VII et VIII; il se préoccupait, avec tout le public, des négociations qui devaient enfin (en août) aboutir à la paix de Nimègue, mais que l'intervention de l'Angleterre menaçait de faire

rompre.

7. Malherbe (ode A Henri IV, tome I, p. 26) applique à la guerre civile la même figure qu'ici la Fontaine à la guerre étrangère :

Soit qu'en sa dernière tête
L'hydre civile t'arrête....

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