Il dépend d'une conjoncture De lieux, de personnes, de temps, Non des conjonctions de tous ces charlatans 26. Qu'est-ce que Jupiter? un corps sans connoissance. Agit différemment sur ces deux hommes-ci? 65 ༡༠ Louis XIII. Un astrologue était caché près de la chambre d'Anne d'Autriche au moment où celle-ci mit au monde Louis XIV. » 26. C'est-à-dire de la conjonction des astres telle que l'imaginent ou l'établissent, dans leurs grimoires, tous ces charlatans. Le fabuliste joue sur les deux mots conjonctures et conjonctions. 27. « Jupiter » et, au vers 73, « Mars », les planètes de ces noms. 28. Pénétrer, et percer, dans les deux vers qui suivent, ont pour sujet l'influence. Le sens est : « Comment l'influence peut-elle pénétrer, percer...? » Le tour est un peu obscur. 29. On dit et a dit plus souvent : « les champs ou les plaines de l'air. » Littré ne cite de cet emploi de campagne que notre exemple. 30. Mars et le Soleil sont moins éloignés entre la Terre et Jupiter; ils peuvent donc, selon le poëte, arrêter en chemin ce qui vient de cette planète. Il omet Mercure et Vénus, qui sont entre la Terre et le Soleil. Pour influence, voyez Littré, à l'article de ce mot, 1o, et comparez le vers 36 de la fable x du livre II. 31. « .... Jamais il n'a été en ma puissance de concevoir comme on trouve écrit dans le ciel jusqu'aux plus petites particularités de la fortune du moindre homme. Quel rapport, quel commerce, quelle correspondance peut-il y avoir entre nous et des globes éloignés de notre terre d'une distance si effroyable? et d'où cette belle science enfin peut-elle être venue aux hommes ? quel Dieu l'a révélée, ou quelle expérience l'a pu former de l'observation de ce grand nombre d'astres qu'on n'a pu voir encore deux fois dans la même disposition? » (MOLIÈRE, les Amants magnifiques, 1670, acte III, scène 1, tome VII, p. 442.) 32 Un atome la peut détourner en chemin : L'état où nous voyons l'Europe 33 Mérite que du moins quelqu'un d'eux l'ait prévu : Permettent-ils à leur foiblesse De suivre pas à pas toutes nos actions? 75 80 32. La se rapporte au sujet influence, qui est au vers 69, c'est-àdire un peu loin de ce pronom personnel. 33. Nous avons eu déjà occasion de rappeler qu'à ce moment la France était en guerre avec une bonne partie de l'Europe: voyez ci-dessus, p. 203, la fin de la dernière fable du livre VII, et p. 229, le commencement de la fable rv du livre VIII. 34. Solvet et Nodier notent ce vers tout composé de monosyllabes, et Nodier ajoute que presque toujours les vers ainsi composés choquent singulièrement l'harmonie. Cette critique générale pourrait être juste si la prononciation faisait sentir le monosyllabisme, mais c'est ce qu'empêchent d'ordinaire la combinaison des syllabes muettes avec les sonnantes, l'adhérence des enclitiques et proclitiques, la manière dont la voix groupe les sons, dans ce vers de Racine, par exemple, le plus harmonieux de tous ceux de ce genre (Phèdre, acte IV, scène II, vers 1112): Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon cœur. : 35. La clarté de ce nom technique pris ainsi absolument laisse peut-être un peu à désirer, mais le sens est évident le point à saisir en toute hâte, le lieu exact et précis où se trouvent les astres au moment où on les observe, lieu qui change rapidement par suite de la vitesse des corps célestes. Pour les divers emplois de point, terme d'optique, voyez Littré, 13°; et VITESSE, 2°, pour ce mot appliqué à point. 36. Que l'horoscope a pour objet de savoir d'avance et fixer en quelque sorte. Cela rappelle ce qu'Horace, avec l'idée de saisir au sens propre, dit de Protée (livre I, épître 1, vers 90): Quo teneam vultus mutantem Protea nodo? 37. C'est-à-dire, comme le définit Littré, « entrecoupée, semée Ne va, non plus que nous, jamais d'un même pas ; Il ne se faut point arrêter 85 Aux deux faits ambigus" que je viens de conter. Ce sont des effets du hasard 40 de variations, » dans lequel mille accidents se succèdent. Malherbe avait dit (poésie vi, vers 35-38, tome I, p. 24–25): L'aise et l'ennui de la vie Ont leur course entre-suivie (alternative) Aussi naturellement Que le chaud et la froidure; et la Fontaine a répété l'expression dans le Discours à Mme de la Sablière (1684, tome V, p. 155, de l'édition de M. Marty-Laveaux, vers 47-49) : Douze lustres et plus ont roulé sur ta vie; Ne t'a pas vu goûter un moment de repos. Dans ces deux exemples, le participe entre-suivie est accompagné du même mot course que dans le nôtre, mais le pluriel des noms qui précèdent rend la clarté plus frappante qu'elle ne l'est ici. 38. Obscurs, dont l'interprétation est difficile et prête à la controverse; c'est le sens du latin anceps. 39. Ces exemples, fussent-ils vrais, ne prouvent rien contre ma thèse. 40. Et pourtant, nous dit la Bruyère (tome II, p. 201, no 69), avec la plus piquante ironie, « l'on souffre dans la république les chiromanciens et les devins...; et ces gens sont en effet de quelque usage... ils trompent.... à très-vil prix ceux qui cherchent à être trompés. » FABLE XVII. L'ANE ET LE chien. Abstemius, fab. 109, de Cane adversus Lupum Asino non opitulante, quia sibi panem non dederat. Mythologia æsopica Neveleti, p. 581. M. Taine (p. 207-209), comparant le portrait de l'âne par Buffon, « qui se fait son avocat et change en mérites tous ses défauts, » à la peinture qu'en fait la Fontaine, trouve « le naturaliste moins impartial que le poëte, et la fable plus complète que l'histoire. » Il maltraite fort, pour son compte, le pauvre Baudet, chez qui, « sous les os pesants de cette tête mal formée, l'intelligence est comme durcie, » et le sentiment émoussé par «< cette peau épaisse et rude, couverte de poils grossiers et entrelacés,... qui est indocile, têtu, sourd aux cris, aux coups, aux prières. » Tel n'est point le sentiment d'un autre écrivain, Töpfer, qui s'étonne et s'afflige de voir l'Ane calomnié par la Fontaine, et qui, dans ses Réflexions et menus propos d'un peintre genevois (livre III, chapitre VIII), a écrit à son sujet des pages charmantes. — M. Soullié analyse cette fable (p. 274-280), pour y montrer l'application de toutes les qualités qu'il recherche dans l'apologue et qu'il a signalées chez la Fontaine. Il se faut entr'aider; c'est la loi de nature. Car il est bonne créature1. Il alloit par pays, accompagné du Chien, 5 1. La Fontaine est l'ami de l'Ane; il sait qu'il est bonne créature; aussi s'étonne-t-il lui-même du trait qu'il va raconter : c'est une exception. Il a donc répondu d'avance à la critique, dont il est parlé dans la notice, du spirituel Genevois. Gravement, sans songer à rien', Tous deux suivis d'un commun maître. Ce maître s'endormit : l'Ane se mit à paître : Il étoit alors dans un pré Dont l'herbe étoit fort à son gré. Point de chardons pourtant; il s'en passa pour l'heure : Il ne faut pas toujours être si délicat ; Et faute de servir ce plat, Rarement un festin demeure*. Notre Baudet s'en sut enfin Passer pour cette fois. Le Chien, mourant de faim, Il ne perdit un coup de dent. >> 6 15 20 2. « Trait de satire excellent, dit Geruzez. La gravité, qui exprime habituellement la préoccupation d'une pensée sérieuse, est une fausse enseigne pour ceux qui ne pensent pas; mais elle trompe aisément; c'est 'hypocrisie de la sottise visant à la capacité. » 3. Même conseil que plus haut (fable iv du livre VII, vers 27-28): Ne soyons pas si difficiles : Les plus accommodants, ce sont les plus habiles, c'est-à-dire ceux qui entendent le mieux leur intérêt. 4. Reste là, n'agrée pas, est dédaigné. Plaisant passage du particulier au général. 5. « Pas un mot. Ellipse. » (WALCKENAER.) << Mot me paraît mis ici pour motus, interjection familière qui commande le silence. » (GERUZEZ.) — Bien que Littré nous dise, à l'article Morus, que mot s'est quelquefois pris dans le sens que lui donne ici Geruzez, qui, en conséquence, remplace, après réponse, la simple virgule des éditions originales par un point et virgule, l'interprétation de Walckenaer nous paraît plus probable. 6. Voyez livre VI, fable xix, vers 17. |