Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

tères, les ruines des monuments religieux, etc., tiennent à la partie matérielle de l'architecture, tandis que les effets de la doctrine chrétienne, avec les passions du cœur de l'homme, et les tableaux de la nature, rentrent dans la partie dramatique et descriptive de la poésie.

Tels sont les sujets que nous réunissons dans ce livre, sous le titre général d'harmonies, etc.

[graphic][merged small][merged small][merged small][merged small]
[graphic]
[ocr errors]

Ly a dans les choses humaines deux
espèces de nature placées, l'une au com-

mencement, l'autre à la fin de la société. S'il n'en étoit ainsi, l'homme, en s'éloignant toujours de son origine, seroit devenu une sorte de monstre; mais, par une loi de la Providence, plus il se civilise, plus il se rapproche de son premier état : il advient que science au plus haut degré est l'ignorance, et que les arts parfaits sont la nature.

la

Cette dernière nature, ou cette nature de la société, est la plus belle : le génie en est l'instinct, et la vertu l'innocence, car le génie et la vertu de l'homme civilisé ne sont que l'instinct

[blocks in formation]

et l'innocence perfectionnés du Sauvage. Or, personne ne peut comparer un Indien du Canada à Socrate, bien que le premier soit, rigoureusement parlant, aussi moral que le second; ou bien il faudroit soutenir que la paix des passions non développées dans l'enfant a la même excellence que la paix des passions domptées dans l'homme; que l'être à pures sensations est égal à l'être pensant, ce qui reviendroit à dire que foiblesse est aussi belle que force. Un petit lac ne ravage pas ses bords, et personne n'en est étonné; son impuissance fait son repos : mais on aime le calme sur la mer, parce qu'elle a le pouvoir des orages, et l'on admire le silence de l'abîme, parce qu'il vient de la profondeur même des eaux.

Entre les siècles de nature et ceux de civilisation, il y en a d'autres que nous avons nommés siècles de barbarie. Les anciens ne les ont point connus. Ils se composent de la réunion subite d'un peuple policé et d'un peuple sauvage. Ces âges doivent être remarquables par la corruption du goût. D'un côté, l'homme sauvage, en s'emparant des arts, n'a pas assez de finesse pour les porter jusqu'à l'élégance, et l'homme social pas assez de simplicité pour redescendre à la seule nature.

On ne peut alors espérer rien de pur que dans

les sujets où une cause morale agit par ellemême, indépendamment des causes temporaires. C'est pourquoi les premiers Solitaires, livrés à ce goût délicat et sûr de la religion, qui ne trompe jamais lorsqu'on n'y mêle rien d'étran ger, ont choisi dans les diverses parties du monde les sites les plus frappants, pour y fonder leurs monastères 1. Il n'y a point d'hermite qui ne saisisse aussi bien que Claude le Lorrain ou Le Nôtre, le rocher où il doit placer sa grotte.

On voit çà et là, dans la chaîne du Liban, des couvents Maronites bâtis sur des abîmes. On pénètre dans les uns par de longues cavernes, dont on ferme l'entrée avec des quartiers de roche; on ne peut monter dans les autres qu'au moyen d'une corbeille suspendue. Le fleuve saint sort du pied de la montagne; la forêt de cèdres noirs domine le tableau, et elle est elle - même surmontée par des croupes arrondies, que la neige drape de sa blancheur. Le miracle ne s'achève qu'au moment où l'on arrive au monastère: au dedans sont des vignes, des ruisseaux, des bocages; au dehors, une nature horrible, et la terre qui se perd et s'enfuit avec ses fleuves, ses campagnes et ses mers, dans de bleuâtres profondeurs. Nourris par la religion, entre la terre

[ocr errors][merged small]

et le firmament, sur ces roches escarpées, c'est là que de pieux Solitaires prennent leur vol vers le ciel comme des aigles de la montagne.

Les cellules rondes et séparées des couvents égyptiens sont renfermées dans l'enceinte d'un mur qui les défend des Arabes. Du haut de la tour bâtie au milieu de ces couvents, on découvre des landes de sable, d'où s'élèvent les têtes grisâtres des pyramides, ou des bornes qui marquent le chemin au voyageur. Quelquefois une caravane abyssinienne, des Bédouins vagabonds, passent dans le lointain à l'un des horizons de la mouvante étendue; quelquefois le souffle du midi noie la perspective dans une atmosphère de poudre. La lune éclaire un sol nu, où des brises. muettes ne trouvent pas même un brin d'herbe, pour en former une voix. Le désert sans arbres se montre de toutes parts sans ombre; ce n'est que dans les bâtiments du monastère qu'on retrouve quelques voiles de la nuit.

Sur l'isthme de Panama en Amérique, le cénobite peut contempler du faîte de son couvent les deux mers qui baignent les deux rives du Nouveau-Monde : l'une souvent agitée quand l'autre repose, et présentant aux méditations le double tableau du calme et de l'orage.

Les couvents situés dans les Andes voient s'aplanir au loin les flots de l'Océan Pacifique.

« ZurückWeiter »