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question, plus on est convaincu que la plupart des insultes prodiguées au culte chrétien retombent sur l'antiquité. Mais revenons aux prières.

Les actes de foi, d'espérance, de charité, de contrition, disposoient encore le coeur à la vertu : les oraisons des cérémonies chrétiennes, relatives à des objets civils ou religieux, ou même à de simples accidents de la vie, présentoient des convenances parfaites, des sentiments élevés, de grands souvenirs, et un style à la fois simple et magnifique. A la messe des noces, le prêtre lisoit l'épître de saint Paul: « Mes Frères, que les femmes soient soumises à leurs maris comme au Seigneur; » Et à l'évangile : « En ce temps-là, les Pharisiens s'approchèrent de Jésus pour le tenter, et lui dirent: Est-il permis à un homme de quitter sa femme?... Il leur répondit : Il est écrit que l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme. »

A la bénédiction nuptiale, le célébrant, après avoir répété les paroles que Dieu même prononça sur Adam et sur Eve: Crescite et multiplicamini, ajoutoit :

« O Dieu, unissez, s'il vous plaît, les esprits de ces époux, et versez dans leurs cœurs une sincère amitié. Regardez d'un œil favorable votre servante... Faites que son joug soit un joug d'a

mour et de paix; faites que, chaste et fidèle elle suive toujours l'exemple des femmes fortes; qu'elle se rende aimable à son mari comme Rachel, qu'elle soit sage comme Rebecca; qu'elle jouisse d'une longue vie, et qu'elle soit fidèle comme Sara... qu'elle obtienne une heureuse fécondité; qu'elle mène une vie pure et irréprochable, afin d'arriver au repos des Saints et au royaume du ciel; faites, Seigneur, qu'ils voient tous deux les enfants de leurs enfants jusqu'à la troisième et quatrième génération, et qu'ils parviennent à une heureuse vieillesse. »>

A la cérémonie des relevailles, on chantoit le psaume Nisi Dominus : « Si l'Éternel ne bâtit la maison, c'est en vain que travaillent ceux qui la bâtissent. >>

Au commencement du carême, à la cérémonie de la commination, ou de la dénonciation de la colère céleste, on prononçoit ces malédictions du Deutéronome:

Maudit celui qui a méprisé son père et sa

mère.

« Maudit celui qui égare l'aveugle en chemin, etc. >>

Dans la visite aux malades, le prêtre disoit en

entrant:

« Paix à cette maison et à ceux qui l'habitent.» Puis au chevet du lit de l'infirme :

« Père de miséricorde, conserve et retiens ce malade dans le corps de ton Église, comme un de ses membres. Aie égard à sa contrition, reçois ses larmes, soulage ses douleurs. >>

Ensuite il lisoit le psaume In te, Domine : Seigneur, je me suis retiré vers toi, délivrepar ta justice. >>

moi

Quand on se rappelle que c'étoit presque toujours des misérables que le prêtre alloit visiter ainsi, sur la paille où ils étoient couchés, combien ces oraisons chrétiennes paroissent encore plus divines!

Tout le monde connoît les belles prières des Agonisants. On y lit d'abord l'oraison PROFICISCERE: Sortez de ce monde, áme chrétienne; ensuite cet endroit de la Passion: En ce tempslà, Jésus étant sorti, s'en alla à la montagne des Oliviers, etc.; puis le psaume Miserere met; puis cette lecture de l'Apocalypse: En ces jourslà j'ai vu des morts, grands et petits, qui comparurent devant le tróne, etc.; enfin la vision d'Ézéchiel: La main du Seigneur fut sur moi, et m'ayant mené dehors par l'esprit du Seigneur, elle me laissa au milieu d'une campagne qui étoit couverte d'ossements. Alors le Seigneur me dit: Prophétise à l'esprit; fils de l'homme, dis à l'esprit: Venéz des Quatre-Vents, et soufflez sur ces morts afin qu'ils revivent, etc.

Pour les incendies, pour les pestes, pour les guerres, il y avoit des prières marquées. Nous nous souviendrons toute notre vie d'avoir entendu lire, pendant un naufrage où nous nous trouvions nous-même engagé, le psaume Confitemini Domino : « Confessez le Seigneur parce qu'il est bon... »

<< Il commande, et le souffle de la tempête s'est élevé, et les vagues se sont amoncelées... Alors les mariniers crient vers le Seigneur, dans leur détresse, et il les tire de danger.

» Il arrête la tourmente, et la change en calme, et les flots de la mer s'apaisent. >>

Vers le temps de Pâques, Jérémie se réveilloit dans la poudre de Sion pour pleurer le Fils de l'Homme. L'Église empruntoit ce qu'il y a de plus beau et de plus triste dans les Pères et dans la Bible, afin d'en composer les chants de cette Semaine consacrée au plus grand des mystères, qui est aussi la plus grande des douleurs. Il n'y avoit pas jusqu'aux litanies qui n'eussent des cris ou des élans admirables; témoin ces versets des litanies de la Providence :

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Providence de Dieu, consolation de l'âme pèlerine; >> Providence de Dieu, espérance du pécheur délaissé;

>> Providence de Dieu, calme dans les tempêtes;

» Providence de Dieu, repos du cœur, etc.,

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Enfin nos cantiques gaulois, les noëls même de nos aïeux, avoient aussi leur mérite; on y sentoit la naïveté, et comme la fraîcheur de la foi. Pourquoi dans nos missions de campagne se sentoit-on attendri, lorsque des laboureurs venoient à chanter au salut :

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C'est qu'il y avoit dans ces voix champêtres un accent irrésistible de vérité et de conviction. Les noëls, qui peignoient les scènes rustiques, avoient un tour plein de grâce dans la bouche de la paysanne. Lorsque le bruit du fuseau accompagnoit ses chants, que ses enfants, appuyés sur ses genoux, écoutoient avec une grande attention l'histoire de l'Enfant-Jésus et de sa crèche, on aurait en vain cherché des airs plus doux, et une religion plus convenable à une mère.

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