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se réduit à ces termes, il n'est pas difficile de prouver que la messe est le plus beau, le plus mystérieux et le plus divin des sacrifices.

Une tradition universelle nous apprend que la créature s'est jadis rendue coupable envers le Créateur. Toutes les nations ont cherché à apaiser le ciel; toutes ont cru qu'il falloit une victime; toutes en ont été si persuadées, qu'elles ont commencé par offrir l'homme lui-même en holocauste : c'est le Sauvage qui eut d'abord recours à ce terrible sacrifice, comme étant plus près, par sa nature, de la sentence originelle, qui demandoit la mort de l'homme.

Aux victimes humaines on substitua dans la suite le sang des animaux ; mais dans les grandes calamités on revenoit à la première coutume; des oracles revendiquoient les enfants mêmes des rois : la fille de Jephté, Isaac, Iphigénie, furent réclamés par le ciel; Curtius et Codrus se dévouèrent pour Rome et Athènes.

Cependant le sacrifice humain dut s'abolir le premier, parce qu'il appartenoit à l'état de nature, où l'homme est presque tout physique ; on continua long-temps à immoler des animaux: mais quand la société commença à vieillir, quand on vint à réfléchir sur l'ordre des choses divines, on s'aperçut de l'insuffisance du sacrifice matériel; on comprit que le sang des boucs

et des génisses ne pouvoit racheter un être intelligent et capable de vertu. On chercha donc une Hostie plus digne de la nature humaine. Déjà les philosophes enseignoient que les dieux ne se laissent point toucher par des hécatombes, et qu'ils n'acceptent que l'offrande d'un cœur humilié : Jésus-Christ confirma ces notions vagues de la raison. L'Agneau mystique, dévoué pour le salut universel, remplaça le premier-né des brebis; et, à l'immolation de l'homme physique, fut à jamais substituée l'immolation des passions, ou le sacrifice de l'homme moral.

Plus on approfondira le christianisme, plus on verra qu'il n'est que le développement des lumières naturelles, et le résultat nécessaire de la vieillesse de la société. Qui pourroit aujourd'hui souffrir le sang infect des animaux autour d'un autel, et croire que la dépouille d'un boeuf rend le ciel favorable à nos prières? Mais l'on conçoit fort bien qu'une victime spirituelle, offerte chaque jour pour les péchés des hommes, peut être agréable au Seigneur.

Toutefois, pour la conservation du culte extérieur, il falloit un signe, symbole de la victime morale. Jésus-Christ, avant de quitter la terre, pourvut à la grossièreté de nos sens, qui ne peuvent se passer de l'objet matériel: il institua

l'Eucharistie, où, sous les espèces visibles du pain et du vin, il cacha l'offrande invisible de son sang et de nos cœurs. Telle est l'explication du sacrifice chrétien; explication qui ne blesse ni le bon sens, ni la philosophie; et si le lecteur veut la méditer un moment, peut-être lui ouvrira-t-elle quelques nouvelles vues sur les saints abîmes de nos mystères.

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CHAPITRE VI.

CÉRÉMONIES ET PRIÈRES DE LA MESSE.

L ne reste donc plus qu'à justifier les rites du sacrifice . Or, supposons que la messe soit une cérémonie antique, dont on trouve les prières et la description dans les jeux séculaires d'Horace, ou dans quelques tragédies grecques : comme nous ferions admirer ce dialogue qui ouvre le sacrifice chrétien ! *. Je m'approcherai de l'autel de Dieu.

R. Du Dieu qui réjouit ma jeunesse.

. Faites luire votre lumière et votre vérité ; elles m'ont conduit dans vos tabernacles et sur votre montagne sainte.

R. Je m'approcherai de l'autel de Dieu, du Dieu qui réjouit ma jeunesse.

I

Voyez la note Q à la fin du volume.

TOME XIII.

11

*. Je chanterai vos louanges sur la harpe, ó Seigneur! mais, mon âme, d'où vient ta tristesse, et pourquoi me troubles-tu?

1. Espérez en Dieu, etc.

Ce dialogue est un véritable poëme lyrique entre le prêtre et le catéchumène : le premier, plein de jours et d'expérience, gémit sur la misère de l'homme, pour lequel il va offrir le sacrifice; le second, rempli d'espoir et de jeunesse, chante la victime par qui il sera racheté.

Vient ensuite le Confiteor, prière admirable par sa moralité. Le prêtre implore la miséricorde du Tout-Puissant pour le peuple et pour lui-même.

Le dialogue recommence.

*. Seigneur, écoutez ma prière !

R. Et que mes cris s'élèvent jusqu'à vous. Alors le sacrificateur monte à l'autel, s'incline, et baise avec respect la pierre qui, dans les anciens jours, cachoit les os des martyrs. Souvenir des catacombes.

:

En ce moment le prêtre est saisi d'un feu divin comme les prophètes d'Israël, il entonne le cantique chanté par les anges sur le berceau du Sauveur, et dont Ezéchiel entendit une partie dans la nue.

« Gloire à Dieu dans les hauteurs du ciel, et paix aux hommes de bonne volonté sur la

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