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véritable loi politique, qui frappoit d'un côté le vice dominant des Romains, et de l'autre la passion des Barbares.

Si l'évêque avoit des parents dans le besoin, il lui étoit permis de les préférer à des étrangers, mais non pas de les enrichir : « Car, dit le canon, c'est leur état d'indigence, et non les liens du sang qu'il doit regarder en pareil cas1. »>

Faut-il s'étonner qu'avec tant de vertus, les évêques obtinssent la vénération des peuples? On courboit la tête sous leur bénédiction; on chantoit Hozannah devant eux; on les appeloit très-saints, très-chers à Dieu, et ces titres étoient d'autant plus magnifiques, qu'ils étoient justement acquis.

Quand les nations se civilisèrent, les évêques, plus circonscrits dans leurs devoirs religieux, jouirent du bien qu'ils avoient fait aux hommes, et cherchèrent à leur en faire encore, en s'appliquant plus particulièrement au maintien de la morale, aux œuvres de charité et au progrès des lettres. Leurs palais devinrent le centre de la politesse et des arts. Appelés par leurs souverains au ministère public, et revêtus des premières dignités de l'Église, ils y déployèrent des talents qui firent l'admiration de l'Europe.Jusque

Lois eccl. pag. 742, can. Est probanda.

dans ces derniers temps, les évêques de France ont été des exemples de modération et de lumière. On pourroit sans doute citer quelques exceptions: mais, tant que les hommes seront sensibles à la vertu, on se souviendra que plus de soixante évêques catholiques ont erré fugitifs chez des peuples protestants, et qu'en dépit des préjugés religieux, et des préventions qui s'attachent à l'infortune, ils se sont attiré le respect et la vénération de ces peuples; on se souviendra que le disciple de Luther et de Calvin est venu entendre le prélat romain exilé, prêcher, dans quelque retraite obscure, l'amour de l'humanité et le pardon des offenses; on se souviendra enfin que tant de nouveaux Cyprien, persécutés pour leur religion, que tant de courageux Chrysostome se sont dépouillés du titre qui faisoit leurs combats et leur gloire, sur un simple mot du chef de l'Église; heureux de sacrifier, avec leur prospérité première, l'éclat de douze ans de malheur à la paix de leur troupeau.

Quant au clergé inférieur, c'étoit à lui qu'on étoit redevable de ce reste de bonnes mœurs que l'on trouvoit encore dans les villes et dans les campagnes. Le paysan sans religion est une bête féroce; il n'a aucun frein d'éducation ni de respect humain : une vie pénible a aigri son ca

ractère; la propriété lui a enlevé l'innocence du Sauvage; il est timide, grossier, défiant, avare, ingrat surtout. Mais, par un miracle frappant, cet homme, naturellement pervers, devient excellent dans les mains de la religion. Autant il étoit lâche, autant il est brave; son penchant à trahir se change en une fidélité à toute épreuve, son ingratitude en un dévouement sans bornes, sa défiance en une confiance absolue. Comparez ces paysans impies, profanant les églises, dévastant les propriétés, brûlant à petit feu les femmes, les enfants et les prêtres; comparezles aux Vendéens défendant le culte de leurs pères, et seuls libres quand la France étoit abattue sous le joug de la terreur; comparezles, et voyez la différence que la religion peut mettre entre les hommes.

On a pu reprocher aux curés des préjugés d'état ou d'ignorance; mais, après tout, la simplicité du cœur, la sainteté de la vie, la pauvreté évangélique, la charité de Jésus-Christ, en faisoient un des ordres les plus respectables de la nation. On en a vu plusieurs qui sembloient moins des hommes que des esprits bienfaisants descendus sur la terre pour soulager les misérables. Souvent ils se refusèrent le pain pour nourrir le nécessiteux, et se dépouillèrent de leurs habits pour en couvrir l'indigent. Qui ose

roit reprocher à de tels hommes quelque sévérité d'opinion? Qui de nous, superbes philantropes, voudroit, durant les rigueurs de l'hiver, être réveillé au milieu de la nuit, pour aller administrer, au loin, dans les campagnes, le moribond expirant sur la paille? Qui de nous voudroit avoir sans cesse le cœur brisé du spectacle d'une misère qu'on ne peut secourir, se voir environné d'une famille dont les joues hâves et les yeux creux annoncent l'ardeur de la faim et de tous les besoins? Consentirions-nous à suivre les curés de Paris, ces anges d'humanité, dans le séjour du crime et de la douleur, pour consoler le vice sous les formes les plus dégoûtantes, pour verser l'espérance dans un cœur désespéré? Qui de nous enfin voudroit se séquestrer du monde des heureux, pour vivre éternellement parmi les souffrances, et ne recevoir, en mourant, pour tant de bienfaits, que l'ingratitude du pauvre et la calomnie du riche?

CHAPITRE III.

CLERGÉ RÉgulier.

ORIGINE DE LA VIE MONASTIQUE.

'IL est vrai, comme on pourroit le croire, qu'une chose soit poétiquement

belle, en raison de l'antiquité de son origine, il faut convenir que la vie monastique a quelques droits à notre admiration. Elle remonte aux premiers âges du monde. Le prophète Élie, fuyant la corruption d'Israël, se retira le long du Jourdain, où il vécut d'herbes et de racines, avec quelques disciples. Sans avoir besoin de fouiller plus avant dans l'histoire, cette source des ordres religieux nous semble assez merveilleuse. Que n'eussent point dit les poëtes de la Grèce, s'ils avoient trouvé pour fondateur des colléges sacrés, un homme ravi au ciel dans un char de feu, et qui doit repa

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