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ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

NOTE A, page 9.

On se refuse presque à croire que quelques-unes de ces notes soient de Voltaire, tant elles sont au-dessous de lui. Mais on ne peut s'empêcher d'être révolté à chaque instant de la mauvaise foi des éditeurs, et des louanges qu'ils se donnent entre eux. Qui croiroit, à moins de l'avoir vu imprimé, que dans une notule, faite sur une note, on appelle le commentateur, le Secrétaire de Marc-Aurèle, et Pascal, le Secrétaire de Port-Royal? Dans cent autres endroits on force les idées de Pascal, pour le faire passer pour athée. Par exemple, lorsqu'il dit que la raison de l'homme seule ne peut arriver à une démonstration parfaite de l'existence de Dieu, on triomphe, on s'écrie qu'il est beau de voir Voltaire prendre le parti de Dieu contre Pascal. En vérité, c'est bien se jouer du sens commun, et compter sur la bonhomie du lecteur.

N'est-il pas évident que Pascal raisonne en chrétien qui veut presser l'argument de la nécessité d'une révélation ? Il y a d'ailleurs quelque chose de pis que tout

pas

cela dans cette édition commentée. Il ne nous est démontré que les Pensées nouvelles qu'on y a ajoutées, ne soient pas au moins dénaturées, pour ne rien dire de plus. Ce qui autorise à le croire, c'est qu'on s'est permis de retrancher plusieurs des anciennes, et qu'on a souvent divisé les autres, sous prétexte que le premier ordre étoit arbitraire, de manière à ce qu'elles ne donnent plus le même sens. On conçoit combien il est aisé d'altérer un passage en rompant la chaîne des idées, et en séparant deux membres de phrase, pour en faire deux sens complets. Il y a une adresse, une ruse, une intention cachée dans cette édition, qui l'auroient rendue dangereuse, si les notes n'avoient heureusement détruit tout le fruit qu'on s'en étoit promis.

NOTE B, page 14.

Outre les projets de réforme et d'amélioration qui sont venus à la connoissance du public, on prétend que l'on a trouvé depuis la révolution, dans les anciens papiers du ministère, une foule de projets proposés dans le conseil de Louis XIV, entre autres celui de reculer les frontières de la France jusqu'au Rhin, et de s'emparer de l'Égypte. Quant aux monuments et aux travaux pour l'embellissement de Paris, ils pa

roissent avoir tous été discutés. On vouloit achever le Louvre, faire venir des eaux, découvrir les quais de la Cité, etc. etc.

Des raisons d'économie ou quelque autre motif arrêtèrent apparemment les entreprises. Ce siècle avoit

tant fait, qu'il falloit bien qu'il laissât quelque chose à faire à l'avenir.

NOTE C, page 37.

Je répondrai par un seul fait à toutes les objections qu'on peut me faire contre l'ancienne censure. N'est-ce pas en France que tous les ouvrages contre la religion ont été composés, vendus et publiés, et souvent même imprimés? et les grands eux-mêmes n'étoient-ils pas les premiers à les faire valoir et à les protéger? Dans ce cas, la censure n'étoit donc qu'une mesure dérisoire, puisqu'elle n'a jamais pu empêcher un livre de paroître, ni un auteur d'écrire librement sa pensée sur toute espèce de sujets : après tout, le plus grand mal qui pouvoit arriver à un écrivain, étoit d'aller passer quelques mois à la Bastille, d'où il sortoit bientôt avec les honneurs d'une persécution, qui quelquefois étoit son seul titre à célébrité.

NOTE D page 50.

L'auteur du Génie de l'homme, M. de Chênedollé, a reproduit en très-beaux vers quelques traits de ce chapitre, dans un des plus brillants morceaux de ses Études poétiques, intitulé BossUET:

Ainsi quand, défenseur d'Athène,

Au plus redoutable des rois,

Jadis l'impétueux et libre Démosthène

Lançoit, brûlant d'éclairs, les foudres de sa voix;

Ou quand, par l'art de la vengeance,
Armé d'une double puissance,

Il réclamoit le prix de la couronne d'or,
Et pressant son rival du poids de son génie,
Sous son éloquence infinie,

L'accabloit, plus terrible encor.

Bouillant de verve et de pensée,

Et fort de ses expressions,

L'orateur, sur la foule, autour de lui pressée,
Promenoit à son gré toutes les passions.

A la Grèce entière assemblée,

Muette, et ravie et troublée,

De sa foudre il faisoit sentir les traits vainqueurs;
Et de l'art agrandi redoublant les miracles,
Tonnoit, renversoit les obstacles,

Et triomphoit de tous les cœurs.

Tel, et plus éloquent encore,
Bossuet parut parmi nous,

Quand, s'annonçant au nom du grand Dieu qu'il adore,
De sa parole aux rois il fit sentir les

Dès qu'à la tribune sacrée,

De ses vieux défauts épurée,

coups.

Il monte étincelant de génie et d'ardeur;

Des grands talents soudain la palme ceint sa tête,

Et l'art dont il fait sa conquête
Luit d'une plus vive splendeur.

Toujours sublime et magnifique,

Soit que, plein de nobles douleurs,

Il nous montre un abîme où fut un trône antique,
Et d'une grande reine étale les malheurs;

Soit lorsque, entr'ouvrant le ciel même,
Il peint le monarque suprême

Courbant tous les états sous d'immuables lois;

Et de sa main terrible ébranlant les couronnes,
Secouant et brisant les trônes,

Et donnant des leçons aux rois !

Mais de quelle mélancolie

Il frappe et saisit tous les cœurs,

Lorsqu'attristant notre âme, et sombre, et recueillie,
Au cercueil d'Henriette il invoque nos pleurs!
Et comme il peint cette princesse,

Riche de grâce et de jeunesse,

Tout à coup arrêtée au sein du plus beau sort,
Et des sommets riants d'une gloire croissante,
Et d'une santé florissante,

Tombant dans les bras de la mort!

Voyez, à ce

coup de tonnerre,

Comme il méprise nos grandeurs,

De ce qu'on crut pompeux sur notre triste terre Comme il voit en pitié les trompeuses splendeurs! Du plus haut des cieux élancée

Sa vaste et sublime pensée

Redescend et s'assied sur les bords d'un cercueil :
Et là, dans la muette et commune poussière,
D'une voix redoutable et fière,

Des rois il terrasse l'orgueil.

Castillan si fier de tes armes!?

Quoi! tu fuis aux champs de Rocroi?

Ton intrépide cœur, étranger aux alarmes,
Vient donc aussi d'apprendre à connoître l'effroi !
Quel précoce amant de la gloire,

Dans ses yeux portant la victoire,

Rompt tes vieux bataillons jusqu'alors si vaillants? Et de tant de soldats, en ce combat funeste,

I Expression même de Bossuet.

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