Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Laisse à peine échapper un reste
Qu'il promet aux plaines de Lens'?

C'est Condé qui, dans la carrière,
Entre pour la première fois ;

C'est lui dont Bossuet peint la fougue guerrière,
Couronnée à vingt ans par les plus hauts exploits.
Oh! comme l'orateur s'enflamme!

Du jeune Enghien à la grande âme

Comme il suit tous les pas, de carnage fumants! Ce n'est plus un tableau, c'est la bataille même, Bossuet! dont ton art suprême

Reproduit tous les mouvements.

Comme une aigle aux ailes immenses
Agile habitante des cieux,

Franchit, en un instant, les plus vastes distances,
Parcourt tout de son vol et voit tout de ses yeux,
Tel, à son gré changeant de place,

Bossuet à notre œil retrace

Sparte, Athènes, Memphis aux destins éclatants; Tel il passe, escorté de leurs grandes images, Avec la majesté des âges

Et la rapidité du temps 2.

Oui; s'il parut jamais sublime

C'est lorsqu'armé de son flambeau.
Interprète inspiré des siècles qu'il ranime,
Des états écroulés il sonde le tombeau.

C'est lorsqu'en sa douleur profonde,
Pour fermer le convoi du monde,
Il scelle le cercueil de l'empire romain,
Et qu'il élève alors ses accents prophétiques

1 Oraison funèbre du grand Condé.

2 Disc. sur l'Hist. univ., 3° partie, intitulée les Empires.

A travers les débris antiques

Et la poudre du genre humain!

(Note de l'Éditeur.)

NOTE E, page 67.

On jugera de l'éloquence de saint Chrysostome par ces deux morceaux traduits ou extraits

par Rollin, dans son Traité des études, tom. II, ch. II, pag. 493.

Extrait du discours de saint Chrysostome, sur la disgrace d'Eutrope.

Eutrope étoit un favori tout-puissant auprès de l'empereur Arcade, et qui gouvernoit absolument l'esprit de son maître. Ce prince, aussi foible à soutenir ses ministres, qu'imprudent à les élever, se vit obligé malgré lui d'abandonner son favori. En un moment Eutrope tomba du comble de la grandeur dans l'extrémité de la misère. Il ne trouva de ressource que dans la pieuse générosité de saint Jean Chrysostome, qu'il avoit souvent maltraité, et dans l'asile sacré des autels, qu'il s'étoit efforcé d'abolir par diverses lois, et où il se réfugia dans son malheur. Le lendemain, jour destiné à la célébration des saints mystères, le peuple accourut en foule à l'église pour y voir dans Eutrope une image éclatante de la foiblesse des hommes, et du néant des grandeurs humaines. Le saint évêque parla sur ce sujet d'une manière si vive et si touchante, qu'il changea la haine et l'aversion qu'on avoit pour Eutrope en compassion, et fit fondre en larmes tout son audi

TOME XIII.

19

toire. Il faut se souvenir que le caractère de saint Chrysostôme étoit de parler aux grands et aux puissants, même dans le temps de leur plus grande prospérité, avec une force et une liberté vraiment épiscopales.

[ocr errors]
[ocr errors]

« Si l'on a dû jamais s'écrier : Vanité des vanités, et » tout n'est que vanité, certainement c'est dans la con» joncture présente. Où est maintenant cet éclat des plus hautes dignités? Où sont ces marques d'honneur >>> et de distinction? Qu'est devenu cet appareil des festins et des jours de réjouissances? Où se sont ter» minées ces acclamations si fréquentes et ces flatteries » si outrées de tout un peuple assemblé dans le Cirque » pour assister au spectacle? Un seul coup de vent a dépouillé cet arbre superbe de toutes ses feuilles, et après l'avoir ébranlé jusque dans ses racines, l'a ar» raché en un moment de la terre. Où sont ces faux

>>

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

amis, ces vils adulateurs, ces parasites si empressés » à faire leur cour, et à témoigner par leurs actions et » leurs paroles un servile dévouement? Tout cela a dis>> paru et s'est évanoui comme un songe, comme une fleur, comme une ombre. Nous ne pouvons donc trop répéter cette sentence du Saint-Esprit : Vanité des vanités, et tout n'est que vanité. Elle devroit être » écrite en caractères éclatants dans toutes les places publiques, aux portes des maisons, dans toutes nos >> chambres : mais elle devroit encore bien plus être >> gravée dans nos cœurs, et faire le continuel sujet de

[ocr errors]
[ocr errors]

>> nos entretiens.

[ocr errors]

N'avois-je pas raison, dit saint Chrysostome en

[ocr errors]
[ocr errors]

» s'adressant à Eutrope, de vous représenter l'incon» stance et la fragilité de vos richesses? Vous connoissez >> maintenant, par votre expérience, que comme des esclaves fugitifs elles vous ont abandonné, et qu'elles » sont même, en quelque sorte, devenues perfides et » homicides à votre égard, puisqu'elles sont la principale cause de votre désastre. Je vous répétois souvent que vous deviez faire plus de cas de mes reproches, » quelque amers qu'ils vous parussent, que de ces fades louanges dont vos flatteurs ne cessoient de vous ac>> cabler, parce que les blessures que fait celui qui aime » valent mieux que les baisers trompeurs de celui qui hait. Avois-je tort de vous parler ainsi? Que sont >> devenus tous ces courtisans? Ils se sont retirés : ils

[ocr errors]

>>

[ocr errors]
[ocr errors]

» ont renoncé à votre amitié : ils ne songent qu'à leur sûreté, à leurs intérêts, aux dépens même des vôtres. » Il n'en est pas ainsi de nous. Nous avons souffert vos emportements dans votre élévation; et, dans votre chute, nous vous soutenons de tout notre pouvoir. L'Église, à qui vous avez fait la guerre, ouvre son sein » pour vous recevoir : et les théâtres, objet éternel de >> vos complaisances, qui nous ont si souvent attiré » votre indignation, vous ont abandonné et trahi.

[ocr errors]
[ocr errors]

»Je ne parle pas ainsi pour insulter au malheur de >>> celui qui est tombé, ni pour rouvrir et aigrir des plaies » encore toutes sanglantes, mais pour soutenir ceux qui sont debout, et leur faire éviter de pareils maux. » Et le moyen de les éviter, c'est de se bien convaincre >> de la fragilité et de la vanité des grandeurs humaines. >> De les appeler une fleur, une herbe, une fumée, un

[ocr errors]

>>

>> songe, ce n'est pas encore en dire assez, puisqu'elles » sont au-dessous même du néant. Nous en avons une » preuve bien sensible devant les yeux. Qui jamais est » parvenu à une plus haute élévation? N'avoit-il pas des >> biens immenses? Lui manquoit-il quelque dignité? >> N'étoit-il pas craint et redouté de tout l'Empire? Et » maintenant, plus abandonné et plus tremblant que les » derniers des malheureux, que les plus vils esclaves, » que les prisonniers enfermés dans de noirs cachots, n'ayant devant les yeux que les épées préparées contre >> lui, que les tourments et les bourreaux, privé de la » lumière du jour au milieu du jour même, il attend à chaque moment la mort, et ne la perd point de vue. Vous fûtes témoins, hier, quand on vint du palais » pour le tirer d'ici par force, comment il courut aux >> vases sacrés, tremblant de tout le corps, le visage pâle et défait, faisant à peine entendre une foible » voix entrecoupée de sanglots, et plus mort que vif. » Je le répète encore, ce n'est point pour insulter à sa >> chute que je dis tout ceci, mais pour vous attendrir » sur ses maux, et pour vous inspirer des sentiments de clémence et de compassion à son égard.

[ocr errors]
[ocr errors]

>>

>>

>>

Mais, disent quelques personnes dures et impi>>toyables, qui même nous savent mauvais gré de lui >> avoir ouvert l'asile de l'Église, n'est-ce pas cet homme» là qui en a été le plus cruel ennemi, et qui a fermé >> cet asile sacré par diverses lois? Cela est vrai, répond >> saint Chrysostome; et ce doit être pour nous un motif >> bien pressant de glorifier Dieu, de glorifier Dieu, de ce qu'il oblige un >> ennemi si formidable de venir rendre lui-même hom

« ZurückWeiter »