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Là, d'un fils qui mourut en suçant la mamelle,
Une mère au destin reprochoit le trépas,

Et sur la pierre étroite elle attachoit ses bras.
Ici, des laboureurs au front chargé de rides,
Tremblants, agenouillés, sur des feuilles arides,
Venoient encor prier, s'attendrir dans ces lieux,
Où les redemandoit la voix de leurs aïeux.

Quelques vieillards surtout, d'une voix languissante,
Embrassoient tour à tour une tombe récente.
C'étoit celle d'Hombert, d'un mortel respecté,
Qui depuis neuf soleils en ces lieux fut porté.
Il a vécu cent ans, il fut cent ans utile.
Des fermes d'alentour le sol rendu fertile,
Les arbres qu'il planta, les heureux qu'il a faits,
A ses derniers neveux conteront ses bienfaits.
Souvent on les vanta dans nos longues soirées,
Lorsqu'un hiver fameux désoloit nos contrées...

Ce rempart tutélaire, élevé par son bras,
Du fleuve débordé contint les eaux rebelles.
Que de fois il calma les naissantes querelles!
Lui seul para ces monts de leurs premiers raisins;
Et même il transplanta, sur les mûriers voisins,
Ce ver laborieux qui s'entoure en silence
Des fragiles réseaux filés pour l'opulence.
Tu méritois sans doute, ô vieillard généreux!
Les honneurs de ce jour, nos regrets et nos vœux:
Aussi le prêtre saint, guidant la pompe auguste,
S'arrêta tout à coup près des cendres du juste.
Là, retentit le chant qui délivre les morts.
C'en est fait! et trois fois, dans ces pieux transports,
Le peuple a parcouru l'enceinte sépulcrale:
L'homme sacré trois fois y jeta l'eau lustrale;
Et l'écho de la tombe, aux mânes satisfaits,
Répéta sourdement : Qu'ils reposent en paix !

Tout se tut: et soudain, ô fortuné présage!
Le ciel vit s'éloigner les fureurs de l'orage:
Et brillant, au milieu des brouillards entr'ouverts,
Le soleil, jusqu'au soir consola l'univers.

(Note de l'Éditeur.)

NOTE V, page 214.

« Au-dessus de Brig, la vallée se transforme en un étroit et inabordable précipice dont le Rhône occupe et ravage le fond. La route s'élève sur les montagnes septentrionales, et l'on s'enfonce dans la plus sauvage des solitudes; les Alpes n'offrent rien de plus lugubre. On marche deux heures sans rencontrer la moindre trace d'habitations, le long d'un sentier dangereux, ombragé par de sombres forêts, et suspendu sur un précipice dont la vue ne sauroit pénétrer l'obscure profondeur. Ce passage est célèbre par des meurtres, et plusieurs têtes exposées sur des piques étoient, lorsque je le traversai, la digne décoration de son affreux paysage. On atteint enfin le village de Lax, situé dans le lieu le plus désert et le plus écarté de cette contrée. Le sol sur lequel il est bâti penche rapidement vers le précipice, du fond duquel s'élève le sourd mugissement du Rhône. Sur l'autre bord de cet abîme, on voit un hameau dans une situation pareille; les deux églises sont opposées l'une à l'autre; et, du cimetière de l'une, j'entendois successivement les chants des deux paroisses, qui sembloient se répondre. Que ceux qui connoissent la triste et grave harmonie des cantiques allemands, les imaginent chantés dans ce lieu,

!

accompagnés par le murmure éloigné du torrent et le frémissement des sapins.

(Lettres sur la Suisse, de Williams Coxe, tom. II. Note de M. Ramond.)

NOTE X, page 225.

Monuments détruits dans l'abbaye de Saint-Denis, les 6, 7 et 8 août 1793.

Nous donnerons ici au lecteur des notes bien précieuses sur les exhumations de Saint-Denis: elles ont été prises par un religieux de cette abbaye, témoin oculaire de ces exhumations.

SITUATION DES TOMBEAUX.

Dans le sanctuaire du côté de l'épître.

Le tombeau du roi Dagobert Ier, mort en 638, et les deux statues de pierre de liais, l'une couchée, l'autre en pied, et celle de la reine Nantilde sa femme, en pied.

On a été obligé de briser la statue couchée de Dagobert, parce qu'elle faisoit partie du massif du tombeau et du mur on a conservé le reste du tombeau, qui représente la vision d'un hermite, au sujet de ce que l'on dit être arrivé à l'âme de Dagobert après sa mort, parce que ce morceau de sculpture peut servir à l'histoire de l'art et à celle de l'esprit humain.

Dans la croisée du choeur, du côté de l'épitre, le long des grilles.

Le tombeau de Clovis II, fils de Dagobert, mort en 662. Ce tombeau étoit de pierre de liais.

Celui de Charles Martel, père de Pépin, mort en 741. Il étoit en pierre. Celui de Pépin son fils, premier roi de la deuxième race, mort en 768. A côté, celui de Berthe ou Bertrade sa femme, morte en 783.

Du côté de l'évangile, le long des grilles.

Le tombeau de Carloman, fils de Pépin, et frère de Charlemagne, mort en 771; et celui d'Hermentrude, femme de Charles-le-Chauve, à côté, laquelle mourut en 869. Ces deux tombeaux en pierre.

Du côté de l'épitre.

Le tombeau de Louis III, fils de Louis-le-Bègue, mort en 882; et celui de Carloman, frère de Louis III, mort en 884. L'un et l'autre en pierre.

Du côté de l'évangile.

Le tombeau d'Eudes-le-Grand, oncle de Hugues Capet, mort en 899; et celui de Hugues Capet, mort en 1033.

Celui de Henri I, mort en 1060; de Louis VI, dit le Gros, mort en 1137; et celui de Philippe, fils aîné de Louis-le-Gros, couronné du vivant de son père, mort en 1131.

Celui de Constance de Castille, seconde femme de Louis VII, dit le Jeune, morte en 1159.

Tous ces monuments étoient en pierre, et avoient été construits sous le règne de saint Louis, au treizième siècle. Ils contenoient chacun deux petits cercueils de pierre, d'environ trois pieds de long, recouverts d'une pierre en dos d'âne, où étoient renfermées les cendres de ces princes et princesses.

Tous les monuments qui suivoient étoient de marbre, à l'exception de deux qu'on aura soin de remarquer: ils avoient été construits dans le siècle où ont vécu les personnages dont ils contenoient les cendres.

Dans la croisée du chœur, du côté de l'épitre.

Le tombeau de Philippe-le-Hardi, mort en 1285, et celui d'Isabelle d'Aragon, sa femme, morte en 1272. Ces deux tombeaux étoient creux, et contenoient chacun un coffre de plomb, d'environ trois pieds de long, sur huit pouces de haut. Ils renfermoient les cendres de ces deux époux.

Celui de Philippe IV, dit le Bel, mort en 1314.

Côté de l'évangile.

Louis X, dit le Hutin, mort en 1316, et celui de son fils posthume (Jean, que la plupart des historiens ne comptent pas au nombre des rois de France), mort la même année que son père, et, quatre jours après sa naissance, pendant lequel temps il porta le titre de roi.

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