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nière d'Isocrate: aussi Libanius lui destinoit-il sa chaire de rhétorique avant que le jeune orateur fût devenu chrétien.

Avec plus de simplicité, saint Basile a moins d'élévation que saint Chrysostome. Il se tient presque toujours dans le ton mystique, et dans la paraphrase de l'Écriture 1.

Saint Grégoire de Nazianze 2, surnommé le Théologien, outre ses ouvrages en prose, nous a laissé quelques poëmes sur les mystères du christianisme.

<< Il étoit toujours en sa solitude d'Arianze, dans son pays natal, dit Fleury : un jardin, une fontaine, des arbres qui lui donnoient du couvert, faisoient toutes ses délices. Il jeûnoit, il prioit avec abondance de larmes... Ces saintes poésies furent les occupations de saint Grégoire dans sa dernière retraite. Il y fait l'histoire de sa vie et de ses souffrances... Il prie, il enseigne, il explique les mystères, et donne des règles pour les mœurs... Il vouloit donner à ceux qui aiment la poésie et la musique des sujets utiles pour se divertir, et ne pas laisser

On a de lui une lettre fameuse sur la solitude, c'est la première de ses épîtres; elle a servi de fondement à sa règle.

Il avoit un fils du même nom et de la même sainteté que lui.

aux païens l'avantage de croire qu'ils fussent les seuls qui pussent réussir dans les belles-lettres 1.

Enfin, celui qu'on appeloit le dernier des Pères, avant que Bossuet eût paru, saint Bernard, joint à beaucoup d'esprit une grande doctrine. Il réussit surtout à peindre les mœurs, et il avoit reçu quelque chose du génie de Théophraste et de La Bruyère.

L'orgueilleux, dit-il, a le verbe haut et le silence boudeur; il est dissolu dans la joie, furieux dans la tristesse, déshonnête au dedans, honnête au dehors; il est roide dans sa démarche, aigre dans ses réponses, toujours fort pour attaquer, toujours foible pour se défendre; il cède de mauvaise grâce, il importune pour obtenir; il ne fait pas ce qu'il peut et ce qu'il doit faire; mais il est prêt à faire ce qu'il ne doit pas et ce qu'il ne peut pas 2. »

N'oublions pas cette espèce de phénomène du treizième siècle, le livre de l'Imitation de JésusChrist. Comment un moine, renfermé dans son cloître, a-t-il trouvé cette mesure d'expression, a-t-il acquis cette fine connoissance de l'homme, au milieu d'un siècle où les passions étoient gros

Fleury, Hist. Eccl. tom. iv, liv. xix, p. 557, c. 9. 2 De Mor. lib. xxxiv, cap. 16.

sières, et le goût plus grossier encore? Qui lui avoit révélé, dans sa solitude, ces mystères du cœur et de l'éloquence? Un seul maître : JésusChrist.

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CHAPITRE III.

MASSILLON.

I nous franchissons maintenant plusieurs siècles, nous arriverons à des orateurs dont les seuls noms embarrassent beaucoup certaines gens; car ils sentent que des sophismes ne suffisent pas pour détruire l'autorité qu'emportent avec eux Bossuet, Fénélon, Massillon, Bourdaloue, Fléchier, Mascaron l'abbé Poulle.

Il nous est dur de courir rapidement sur tant de richesses, et de ne pouvoir nous arrêter à chacun de ces orateurs. Mais comment choisir au milieu de ces trésors? comment citer au lecteur des choses qui lui soient inconnues? Ne grossirions - nous pas trop ces pages, en les chargeant de ces illustres preuves de la beauté du christianisme? Nous n'emploîrons donc pas toutes nos armes; nous n'abuserons pas de nos

avantages, de peur de jeter, en pressant trop l'évidence, les ennemis du christianisme dans l'obstination, dernier refuge de l'esprit de sophisme poussé à bout.

Ainsi nous ne ferons paroître à l'appui de nos raisonnements, ni Fénélon, si plein d'onction dans les méditations chrétiennes, ni Bourdaloue, force et victoire de la doctrine évangélique: nous n'appellerons à notre secours ni les savantes compositions de Fléchier, ni la brillante imagination du dernier des orateurs chrétiens, l'abbé Poulle. O religion, quels ont été tes triomphes! qui pouvoit douter de ta beauté, lorsque Fénélon et Bossuet occupoient tes chaires, lorsque Bourdaloue instruisoit d'une voix grave un monarque alors heureux, à qui, dans ses revers, le ciel miséricordieux réservoit le doux Massillon !

Non toutefois que l'évêque de Clermont n'ait en partage que la tendresse du génie; il sait aussi faire entendre des sons mâles et vigoureux. Il nous semble qu'on a vanté trop exclusivement son Petit Carême: l'auteur y montre, sans doute, une grande connoissance du cœur humain, des vues fines sur les vices des cours, des moralités écrites avec une élégance qui ne bannit pas la simplicité; mais il y a certainement une éloquence plus pleine, un style plus hardi, des

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