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régulier dans ses devoirs de chrétien, et donnoit l'exemple à ses domestiques. Rousseau, s'attachant au fond, et rejetant les formes du culte, montre dans ses écrits la tendresse de la religion avec le mauvais ton du sophiste; Buffon, par raison contraire, a la sécheresse de la philosophie, avec les bienséances de la religion. Le christianisme a mis au dedans du style du premier, le charme, l'abandon et l'amour; et au dehors du style du second, l'ordre, la clarté et la magnificence. Ainsi les ouvrages de ces hommes célèbres portent, en bien et en mal, l'empreinte de ce qu'ils ont choisi et de ce qu'ils ont rejeté eux-mêmes de la religion.

En nommant Montesquieu, nous rappelons le véritable grand homme du dix-huitième siècle. L'Esprit des Lois et les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains, et de leur décadence, vivront aussi long-temps que la langue dans laquelle ils sont écrits. Si Montesquieu, dans un ouvrage de sa jeunesse, laissa tomber sur la religion quelques-uns des traits qu'il dirigeoit contre nos mœurs, ce ne fut qu'une er-· reur passagère, une espèce de tribut payé à la corruption de la Régence 1. Mais dans le livre qui a placé Montesquieu au rang des hommes

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illustres, il a magnifiquement réparé ses torts, en faisant l'éloge du culte qu'il avoit eu l'imprudence d'attaquer. La maturité de ses années et l'intérêt même de sa gloire lui firent comprendre que, pour élever un monument durable, il falloit en creuser les fondements dans un sol moins mouvant que la poussière de ce monde; son génie, qui embrassoit tous les temps, s'est appuyé sur la seule religion à qui tous les temps sont promis.

Il résulte de nos observations que les écrivains du dix-huitième siècle doivent la plupart de leurs défauts à un système trompeur de philosophie, et qu'en étant plus religieux, ils eussent approché davantage de la perfection.

Il y a eu dans notre âge, à quelques exceptions près, une sorte d'avortement général des talents. On diroit même que l'impiété, qui rend tout stérile, se manifeste aussi par l'appauvrissement de la nature physique. Jetez les yeux sur les générations qui succédèrent au siècle de Louis XIV. Où sont ces hommes aux figures calmes et majestueuses, au port et aux vêtements nobles, au langage épuré, à l'air guerrier et classique, conquérant et inspiré des arts? On les cherche, et on ne les trouve plus. De' petits hommes inconnus se promènent comme des pygmées sous les hauts portiques des monuments d'un autre

âge. Sur leur front dur respirent l'égoïsme et le mépris de Dieu; ils ont perdu et la noblesse de l'habit et la pureté du langage: on les prendroit, non pour les fils, mais pour les baladins de la grande race qui les a précédés.

Les disciples de la nouvelle école flétrissent l'imagination avec je ne sais quelle vérité, qui n'est point la véritable vérité. Le style de ces hommes est sec, l'expression sans franchise, l'imagination sans amour et sans flamme; ils n'ont nulle onction, nulle abondance, nulle simplicité. On ne sent point quelque chose de plein et de nourri dans leurs ouvrages; l'immensité n'y est point, parce que la divinité y manque. Au lieu de cette tendre religion, de cet instrument harmonieux dont les auteurs du siècle de Louis XIV se servoient pour trouver le ton de leur éloquence, les écrivains modernes font usage d'une étroite philosophie qui va divisant et subdivisant toute chose, mesurant les sentiments au compas, soumettant l'âme au calcul, et réduisant l'univers, Dieu compris, à une soustraction passagère du néant.

Aussi le dix-huitième siècle diminue-t-il chaque jour dans la perspective, tandis que le dix-septième semble s'élever, à mesure que nous nous en éloignons; l'un s'affaisse, l'autre monte dans les cieux. On aura beau chercher à ravaler

le génie de Bossuet et de Racine, il aura le sort de cette grande figure d'Homère qu'on aperçoit derrière les âges : quelquefois elle est obscurcie par la poussière qu'un siècle fait en s'écroulant; mais aussitôt que le nuage s'est dissipé, on voit reparoître la majestueuse figure, qui s'est encore agrandie pour dominer les ruines nouvelles 1.

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TROISIÈME PARTIE.

BEAUX-ARTS ET LITTÉRATURE.

LIVRE CINQUIÈME.

HARMONIES DE LA RELIGION CHRÉTIENNE AVEC LES SCÈNES DE LA NATURE ET LES PASSIONS DU COEUR HUMAIN.

CHAPITRE PREMIER.

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DIVISION DES HARMONIES.

VANT de passer à la description du culte, il nous reste à examiner quelques sujets que nous n'avons pu suffisamment dé

velopper dans les livres précédents. Ces sujets se rapportent au côté physique ou au côté moral des arts. Ainsi, par exemple, les sites des monas

TOME XIII.

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